« - Que cette mer lointaine soit mise à mort! Elle renferme la sédition en son sein. Deux attentats ignobles ont été perpétrés contre les plus hautes autorités de ce pays. La science nous permettra d'effacer une mer frondeuse qui n'a pas sa place dans le monde radieux que nous édifions.
Ainsi ordonne-t-il, le 12 septembre 1950, de creuser le grand canal turkmène* qui détournera le fleuve Amou-Daria vers la mer Caspienne. Plus de mille kilomètres de tranchées à travers le désert du Karakoum, en cinq ans. Il exige que trois usines hydro-électriques géantes sortent de terre, il envisage de décupler la production de coton de la région. »
Staline a bu la mer,
Fabien Vinçon @fabienvincon @editions.anne.carriere
Un écocide! Dont le point de départ remonte aux années 60, que j'ai pu constater par moi-même il y a quelques semaines lors de mon voyage en Ouzbékistan… un écocide commandité par Staline en personne: la disparition de la Mer d'Aral!
Un écocide est un meurtre! Un assassinat en bonne et due forme! Il n'y a pas d'autre mot pour définir cela: la disparition d'une mer n'est pas un fait divers… c'est toute une région qui se meurt à présent, décimée par les vents de sel, les bactéries libérées et semées au vent…
Cela n'a rien d'amusant certes, mais c'est la réalité, c'est notre monde aussi, notre Terre… même à des milliers de kilomètres!
Et c'est la raison qui m'a poussée à constater par moi-même les dégâts lors de mon récent voyage: je voulais prendre la mesure de la bêtise humaine, me confronter à ce que l'on engendre, ce qui peut se produire chez nous également avec d'autres acteurs et d'autres scènes…
Mais soit! Cette chronique n'est pas un plaidoyer écologique, je ne pense pas avoir le talent pour cela… cette chronique a pour but de vous parler d'un livre qui révèle l'origine de ce meurtre: la folie de Staline!
« Staline a ordonné que la mer d'Aral soit vidée, reprend l'ingénieur-amiral. L'opération exceptionnelle, classée secrète, a reçu la nuit dernière pour nom de code la « Grande Soif». Elle doit donner lieu à l'expression du génie soviétique et sera pilotée ici même par un collège de neuf académiciens que j'ai l'honneur de présider. Nous avons sélectionné nos meilleurs éléments pour la mener à bien. Compte tenu de la modernité des moyens techniques inédits que nous mettrons en oeuvre et de vos capacités louées par vos professeurs, j'ai décidé de vous en confier le commandement sur le terrain. »
Cet homme « génial » qui est-il? Leonid Borisov! Personnage de fiction, celui-ci ne nous permet pas moins de remonter le cours d'une mer aujourd'hui disparue…
« Deux fleuves alimentent la petite mer perdue au milieu du désert: le Syr-Daria dévale des monts Célestes dans un tourbillon d'écume tandis que l'Amou-Daria bondit sur les pentes enneigées du Pamir où il prend sa source, réduisant en affluents toutes les rivières qu'il croise. Lequel des deux géants faut-il décapiter en premier? »
Ce récit, mâtiné de fantaisie, teinté d'un soupçon de folklore aussi, nous offre une vision peu commune de ce drame fort méconnu sous nos latitudes…
J'ai apprécié d'en apprendre davantage au sujet de cette catastrophe écologique!
J'ai aimé retrouver
Omar Khayyâm, poète cher à mon coeur…
« Écoute cette vérité d'
Omar Khayyâm:
Bois du vin, vole sur les grands chemins, mais sois humain! »
… et plonger au coeur des mots, à l'origine de cette terre riche en récits, à l'Histoire incroyable et fascinante!
« … mais il reste dans nos coeurs de vieilles croyances! Dans le delta de l'Amou-Daria, celles-ci précèdent de plusieurs siècles l'arrivée des cavaliers arabes. Les zoroastriens avaient fait de la mer d'Aral leur berceau sacré. »
Un récit que je ne suis pas prête d'oublier et que j'ai découvert grâce à la chronique de @ego_lector_ que je vous recommande vivement de lire! Elle en vaut le détour…
La Mer d'Aral mérite d'être contée… et écoutée! le chant des vagues meurt une seconde fois si l'on ne prête pas attention au message d'une mer assassinée!