Lorsque l'horreur de la radicalisation et de la guerre me prennent à la gorge, je suis sans mots. Cette chronique est difficile à écrire tant les images me submergent. Les questionnements se font tenaces. L'incompréhension me coupe les ailes.
Cela fait longtemps que je m'intéresse aux questions de la radicalisation, de la prévention des extrémismes religieux et politiques. J'en comprends bien les mécanismes. Et je me sens impuissante face à l'ampleur du phénomène.
Les théories du complot et la désinformation véhiculées par les médias et réseaux de notre temps ne font rien pour améliorer cela.
Et donc, comment Mahar le lionceau est-il entré dans ma vie ?
Grâce à Ali, mon élève yézidi qui m'a donné envie d'en savoir un peu plus sur son peuple, ses croyances et la fuite forcée de son coin de Syrie.
Mahar le lionceau est entré chez moi par la petite porte. Par celle que l'on pousse lorsque la raison veut comprendre. Avec beaucoup d'humilité.
Et là, à nouveau, mes mots se taisent, ma chronique se fait tremblante, lorsque je repense au génocide de cette minorité ethnique totalement méconnue par ici.
Anne Poiret, journaliste d'expérience et de terrain, a voulu nous en dire plus sur ces enfants oubliés, victimes de toutes les manipulations, témoins de toutes les horreurs, contraints au plus profond de leur être et de leur vie à commettre les pires actes guerriers.
Très intelligemment, elle s'est associée à
Lars Horneman, dessinateur de talent, pour permettre la compréhension de ce monde terrible et terrifiant au plus grand nombre.
La lecture de cet ouvrage est ardue, noire et difficile. Mais elle est nécessaire.
Cette bande dessinée est une perle. Pas de celles qui nous enrichissent financièrement ou qui ornent nos colliers. Mais de celles qui nous font grandir, avancer, gagner en humanité.
Merci à Babelio par l'opération Masse Critique ainsi qu'aux Editions Delcourt pour ce livre qui va trouver sa place sur les étagères de la bibliothèque de mon école.
Et je ne serais pas surprise d'apprendre qu'Ali en sera l'un des premiers lecteurs.