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EAN : 9782369149033
336 pages
Libretto (16/05/2024)
4.07/5   23 notes
Résumé :
Rédigé sur commande par un auteur anonyme au mitan du XIVe siècle et à l'occasion d'une promesse de mariage, ce roman chevaleresque destiné à une princesse est un témoin ambitieux de la littérature de la fin du Moyen Âge.
Il est traduit du français moyen par Nathalie Koble.

C'est l'histoire d'un amour. Mariée, la Belle Dame est partout suivie par la Licorne, animal magique gardien de son honneur. Mais voilà qu’elle s'éprend d’un Beau Chevalier.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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L'histoire de la Dame à la Licorne est nettement moins connue que celle de Tristan et Iseult, alors même qu'elle a également été écrite au Moyen-Âge. Je n'en connaissais que les tapisseries, exposées au musée de Cluny de Paris. « le Rommans de la Dame a la Licorne et du Biau Chevalier » a été copié en 1349 pour être offert en cadeau de mariage à Blanche de Navarre. Nathalie Koble l'a traduit du moyen français pour nous en offrir une version dans un français plus moderne, sans doute plus compréhensible également, et de ce fait nettement plus buvable et moins barbante (enfin je suppose). « La Dame à la Licorne et le Beau Chevalier » vient ainsi combler les lacunes quant à mes connaissances sur ce conte médiéval.

Pour avoir relu récemment Tristan et Iseult, encore frais dans ma tête, j'ai pu me rendre compte que les deux oeuvres avaient énormément de points communs. Il ne fait aucun doute que l'une a été fortement inspirée par l'autre. Les thèmes sont les mêmes : amants maudits, amour interdit/impossible entre un preux chevalier et une princesse, avec une touche de fantastique, des actes héroïques, des tournois, des combats, des batailles, des quêtes. La seule grosse différence se situe à la fin : tragique pour l'une, heureuse pour la seconde.

Les amants, ici, ce sont, comme le titre l'indique, la Blanche Dame à la Licorne et le Beau Chevalier au Lion. La première est d'une beauté à couper le souffle et est adulée de tout le monde. Elle a de nombreux admirateurs et admiratrices, le monde est à ses pieds et c'est limite si on ne perd pas connaissance rien qu'à la regarder. le second est le plus beau, le plus valeureux et le plus fort des chevaliers. Et quand je dis qu'il est le plus fort, je vous assure que je ne mens pas : il terrasse à lui tout seul 40 chevaliers rien qu'avec sa lance et son épée, c'est dire s'il ne fait qu'une bouchée des dragons et des géants ! Enfin bref, ces deux-là étaient faits pour s'entendre et former le couple parfait. C'est juste dommage que la Dame soit déjà mariée et que le mari soupçonneux ait chassé le preux Chevalier...

Séparé de sa Dame mais fidèle à son amour, le Beau Chevalier s'en va à l'aventure, là où le destin le porte. Et il ne perdra pas son temps : il sauvera des jeunes filles en détresse, aidera des rois à gagner des guerres contre d'autres rois, combattra nombre de chevaliers félons, des géants aussi, un dragon et même un nain (trop fastoche d'ailleurs !). Il participera à pas mal de tournois, qu'il gagnera systématiquement. Sa réputation n'est plus à faire, son nom est connu dans le monde entier, et il est soit adulé, soit hautement détesté.

Autant dire que les protagonistes trop parfaits, c'est pas trop mon truc. Et à toujours réussir tout ce qu'ils entreprennent élimine toute part au suspense. Les personnages sont soit des gentils, soit des méchants. Il n'y a pas de demi-mesures (en dehors du mari cocufié, seul personnage énigmatique). Je n'ai donc eu aucun attachement pour eux.

Il m'a fallu à quelques reprises me rappeler l'époque où ce récit a été écrit pour que les bondieuseries et leçons de morale (peu nombreuses heureusement) passent plus facilement.

En revanche, et même si on en connaît systématiquement l'issue, le récit regorge d'aventures et d'action. Il n'y a pas de temps mort. Ce sont des duels, des combats et des batailles en veux-tu en voilà. Il y a tout ce qu'il faut d'exploits chevaleresques, de courage, vaillance, bravoure, loyauté et honneur. On est vraiment à 100% dans le roman dit courtois.

Et parce que les actes héroïques s'imposent tout du long, le côté romance prend beaucoup moins de place que ce que j'en attendais et je dois dire que ce n'était pas pour me déplaire.

Tout comme on a quand même le droit à quelques surprises, notamment pendant les derniers chapitres. Tout ne s'est pas déroulé comme je l'avais pourtant vu venir à des kilomètres à la ronde, d'autant que je m'étais préparée à un dénouement des plus tragiques et que je n'y étais en fait pas du tout (les derniers événements tendaient pourtant à une fin à la Roméo et Juliette).

Voilà pour le fond, passons maintenant à la forme. La couverture, pour commencer, qui est superbe, représentant l'une des six tapisseries (le goût ici) qui composent la tenture de la Dame à la Licorne. J'ai apprécié également les quelques miniatures en couleur disséminées ça et là, venant représenter certaines scènes du récit. J'étais un peu déçue sur le moment que l'autrice ait fait une sélection plutôt que de toutes les mettre ; il y a bien quelques notes en bas de page, pour en décrire certaines qui sont absentes, mais j'avoue que j'aurais préféré les voir plutôt que d'en lire une succincte description. C'est après coup que j'ai su qu'il y en avait une centaine au total, je comprends donc pourquoi il a fallu faire un choix.

Côté écriture, on reste dans le très moyenâgeux, mais la lecture se veut très fluide, pas du tout complexe, et même très plaisante, si l'on réussit à faire abstraction des (trop) nombreuses répétitions. Les ballades y apportent une petite touche poétique plutôt agréable et reposante.

Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Nicolas de Babelio et les éditions Libretto pour la découverte de ce vieux roman médiéval revisité, vers lequel je ne me serais peut-être pas tourné spontanément.
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Long poème de 8575 vers octosyllabiques contant quêtes et péripéties et chantant l'amour, La Dame à la Licorne et le Beau chevalier fut écrit pour les noces de Blanche de Navarre, surnommée « Belle Sagesse » et du roi de France Philippe VI.
Traduit par Nathalie Koble, maîtresse de conférences à l'ENS, l'oeuvre est un écrin qui préserve l'idéal courtois, la pureté de l'amour incarné par la Dame parfaite, féminine et pure, symbolisée par la Licorne, et le chevalier au Lion, honorable, vertueux et courageux. alors que les épidémies et les luttes intestines menacent l'Europe.

La Virilité du chevalier à la forcé léonine et la Féminité immaculée de la belle Dame est un idéal de perfection, de valeurs, appartenant peut-être au domaine du songe. On imagine que cette oeuvre, copiée à la main, mais transmise oralement, chantée, clamée, véhicula cet idéal courtois.
Lire de la littérature médiévale aujourd'hui, surtout via une traduction moderne, n'est pas anachronique puisque depuis quelques années, les succès populaires s'en inspirent, enroulant leur écheveau. comme les trouvères et les troubadours jadis. On y trouve des contrées mythiques inscrites dans des géographies fantaisistes, Jérusalem, la Turquie, Chypre, les Pouilles jouxtant la Frise, des êtres de valeur affrontant de vils ennemis, un nain sadique, un géant diabolique, se livrant à des quêtes dans des lieux teintés de magie aux noms chargés de sens, le Pré au Gerfaut, Val Griffons, Val Aventureux…On termine La Dame à la Licorne et le Beau Chevalier avec une envie farouche de relire Les Dames à la Licorne de Barjavel qui m'avait transportée jadis.


Je remercie les Editions Libretto pour l'envoi de ce joli livre et de son marque-page reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique. « Pendu soit, qui jamais aimera! »
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"Le Roman de la Dame à la Licorne et du Beau Chevalier est transmis par un unique manuscrit de 89 feuilles (315x228 mm), copié et enluminé dans un atelier parisien vers 1350, aujourd'hui conservé au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. le roman y a été relié au 15ème siècle avec la copie d'un autre roman en vers, issu d'un atelier bien postérieur, le Roman de Floire et Blanchefleur." Citation relevée dans la postface de l'autrice.

C'est ce manuscrit en partie traduit en français moderne par Nathalie Koble, archiviste paléographe, professeure de langue française et de littérature du Moyen Age, qui nous est présenté dans ce beau livre richement illustré par les enluminures en couleur choisies dans le texte original.

Ce texte en prose, agrémenté de poèmes lyriques, de rondeaux, de complaintes, de ballades à la mode au milieu de 14ème siècle, ainsi que d'une longue lettre d'amour, a vraisemblablement été commandé à cet auteur anonyme pour Blanche de Navarre épouse de Philippe VI de Valois sans que l'on soit sûr qu'elle l'ait eu en sa possession.

Les célèbres tapisseries de la Dame à la Licorne, exposées au musée de Cluny, auraient été commandées pour une autre dame (mais c'est une autre histoire) au 16ème siècle. Elles reprennent l'histoire inscrite dans ces écrits du 14ème siècle.


Léonor de Récondo dans sa préface de ce livre ainsi que Nathalie Koble dans son introduction replacent le manuscrit dans son contexte  historique et dans le chaos politique de la Guerre de Cent ans et l'épidémie de peste. " … il est cependant intéressant de voir comme de telles épreuves qui ne sont pas seulement sanitaires mais aussi politiques et sociales, viennent métamorphoser notre vision du monde, amplifiant notre imaginaire d'un bestiaire métaphorique sans limites." Léonor de Récondo . En effet, dans ce roman, la licorne et le lion mais aussi toute une faune et une flore magiques (grillon, pie, sanglier d'or, demoiselle au Porc-épic...) sont la toile de fond des épreuves que devra endurer le Beau chevalier au Lion pour mériter l'amour de la Dame à la Licorne.

Puis, vient le texte, traduit du Moyen français par Nathalie Koble. Les chapitres courts et l'écriture moderne, dynamique et agréable rendent ce livre très accessible et plaisant à lire.

La postface écrite par Nathalie Koble retranscrit échanges poétiques, complaintes, ballades, rondeaux ainsi que le Dit de la chaîne d'Amour composé par le chevalier, des lettres (d'amour, toujours ;) ) dans leur version originale. Un peu compliquée à lire, j'ai juste survolé cette partie mais c'est très intéressant de voir l'évolution de la langue, et cette quarantaine de pages nous mettent bien dans l'ambiance de l'époque même si elles arrivent à la fin du livre.


Alors, l'histoire : Un beau chevalier s'éprend d'une belle dame, fille de roi et d'une grande bonté mais mariée à Privé Danger, un influent fils de baron. Aimée de tous et ravie de l'être, elle accorde son amour au beau chevalier. Mais la médisante Dame à la Pie, avec ses commérages, alerte Privé Danger afin que ce dernier sépare les amoureux. Les 2 tourtereaux ayant fait le serment d'un amour éternel, n'auront cesse de s'attendre et de se retrouver avec l'aide du Chevalier Fée.
Mais tout n'est pas simple. Pour prouver son amour et mériter sa dame, le chevalier va devoir faire ses preuves (d'amour) et affronter bien des épreuves.
Dans le Val aventureux, il combattra un géant diabolique. de la cour de l'empereur Frédéric à Jérusalem, à Chypre, en Turquie, chez le roi de Tunis, en Hongrie, les têtes tombent !
Le courageux chevalier, accompagné par Petit affûté (qui apporte une belle touche d'humour) n'hésite pas à s'attaquer aux plus forts de ses ennemis et le nombre ne lui fait pas peur. "Que nul n'en doute, néanmoins, quand il le voulait, le Beau Chevalier avait à mon avis, la capacité d'affronter tout seul trente chevaliers simultanément, sinon plus." Et on le verra, ce sera beaucoup plus !

Respectant tous les codes de l'honneur chevaleresque, il fera face avec foi et courage à tous les obstacles et défis jusqu'à revenir couvert de gloire dans son pays d'origine, la Frise, pour y retrouver sa belle dame.

Comme dans les livres de Chrétien de Troyes entre autre, on retrouve ici la fin'amor et les moeurs courtoises du Moyen Age.

J'ai quand-même trouvé beaucoup de répétitions dans les descriptions des nombreuses batailles notamment, ce qui représentera mon petit bémol pour ce beau roman courtois.

Néanmoins, avoir ce livre dans sa bibliothèque représente un trésor et je suis ravie de l'avoir reçu.

Je n'ai pas encore parlé de la magnifique couverture avec le marque-page assorti. Elle représente une partie des tapisseries de la Dame à la Licorne exposées au musée de Cluny. La couleur des pages (blanc cassé) rajoute du plaisir à la lecture. L'objet livre est un joyau.

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Libretto pour ce beau cadeau reçu en Masse critique.
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Seigneur des Éditions Libretto, Seigneur du site Babelio, nous vous sommes extrêmement reconnaissants d'avoir mis en nos mains avisées ce bien bel ouvrage. Ouvrage dont le titre est à lui-même, un voyage que disons-nous une plongée dans des temps immémoriaux : La Dame à La Licorne & le Beau Chevalier.
Qui dit temps immémoriaux dit langue d'un autre temps que bien peu de monde serait capable de ouyr et à fortiori de ouïr, sans un merveilleux travail de traduction.

Étant actuellement plongé dans un livre qui traite de ce sujet, la gageure était loin d'être gagnée, et pourtant, Nathalie Koble a réussi un travail admirable. Travail de traduction et de passeur à nul autre pareil. Car combien de ces romans chevaleresques, arthuriens, fruits de la rencontre de la chanson de geste, et de la Fin'amor dorment dans des archives dont ils ne demandent qu'à sortir pour notre plus grand plaisir.

Car si d'aventure nous prenait l'envie de déclamer ces quelques mots
"J'ai coer et corps du tout entirement
Mis en amer, si m'en est mescheü,
Quar Amours set que j'ai moult longuement
Pour ma dame langui, que recheü
N'ai aucun bien dont me puisse esjoïr :
Par tel raison m'en doi bien departir
Et en chantant dire, puiqu'ensi va,
Pendus soit il qui jamés amera!

Pour un fou serions-nous pris et sur un écran tous ces mots seraient invariablement soulignés de rouge, tels les résultats d'une dictée du regretté Bernard Pivot, voire celle de Prosper Mérimée, à l'assaut de laquelle nous serions monté tel un chevalier sans armure, ni préparation, et encore moins de stratégies...

Alors qu'a la lumière d'une formidable plume de traductrice tout s'éclaircit :
«J'ai corps et âme voué absolument
Ả l'amour, je suis infortuné.
Amour le sait, interminablement
J'ai langui pour ma dame, affligé.
Je n'ai plus rien qui puisse me réjouir
Et c'est pourquoi il m'a fallu partir,
Et chantant dire le monde comme il va :
Pendu soit, qui jamais aimera !

Mais les plus curieux pourront consulter le manuscrit original et richement enluminé, sur le site de la BnF.
L'histoire dit qu'il aurait été copié pour Blanche de Navarre, on ignore si la future reine de France, deuxième épouse de Philippe VI de Valois, l'a réellement eu entre les mains. Autour de toutes ce qui ne sont que hypothèses, fort heureusement restent des certitudes :
Le manuscrit nous est parvenu, et une auteures/traductrice, se charge de nous le transmettre pour notre plus grand plaisir. Car c'est un vrai plaisir de lecture que de s'immerger dans ce roman, rythmé de poèmes à refrain, ballades, rondeaux, complainte pour les aspects littéraires.

De cette lecture du chevalier vaillant
Des pérégrinations que j'ai pu suivre
Par le monde, au gré d'aventures allant
Quel plaisir ce fut de pouvoir le lire
Au sein des plus dangereux tournois,
Car le bonheur par lui me vient
Chaque fois qu'il m'en souvient.

J'ai pu lire et ouïr des armes le fracas
À la rencontre d'êtres merveilleux,
de mon imagination à défaut de mes yeux
J'ai pu grâce à cette plume partir,
Et aux enluminures dans ce livre découvrir
Car le bonheur par lui me vient
Chaque fois qu'il m'en souvient.

Alors bien entendu, au travers de ce roman le merveilleux est loin d'être absent, le lecteur, tout comme le Beau Chevalier, croisera des sangliers à soies d'or, des femmes-cerfs, des personnages chevauchant des porcs-épics, des gerfauts qui parlent, un géant diabolique, un nain sadique, un géant maléfique....

Les chevaliers portent des noms, tous aussi improbables et merveilleux, que les lieux qu'ils traversent ou que les créatures qu'ils rencontrent :
"Le Chevalier Tronçonné, le Chevalier Malmoulé, le Chevalier Pitié, le Chevalier Boutonné, le Chevalier Gros, le Chevalier à l'Aigle, le Chevalier Hérissé, et le dernier, sans mentir, le Chevalier au Chien d'Argent.
Et puis il y en avait d'autres, dont les noms étaient extraordinaires : le Chevalier au Sanglier (qui était apprécié partout) ; le Chevalier à l'Écu mi-parti; le Chevalier au Rossignol (qui n'était pas triste, car la Dame au Chardonneret, son amie, était dans la salle. Pourtant, aucun amant n'a trouvé amie plus fausse en amour qu'elle. Son coeur était rempli d'amertume. Elle n'était pas belle, mais elle était élégante, et elle se fichait bien de lui) ; le Chevalier Brun (qui avait donné tout son coeur à une dame belle, plaisante, irréprochable, qui s'appelait, je crois, la Dame à la Mauvis. Elle avait un visage d'une clarté merveilleuse, incomparable. le Chevalier Brun avait un fls, jeune et renommé, qu'on appelait Hausse-Pied) ; le Chevalier à la Rose; le Chevalier-qui-était-gris (celui-ci m'a bien fait tre) ; le Chevalier-qui-était-maure; le Chevalier-au-long-bras."

Mais au milieu de toutes ces armes, armures, hommes d'armes reste l'amour, les amants et les amantes, rattachés à la tradition courtoise :
" Il agit comme je vous le dis : dans le royaume des Pouilles, en Allemagne, en France, en Bourgogne. partout il envoya des lettres. La fête dura huit jours, pour qu'enfin a vérité éclate au grand jour. Chacun jura et jugea que la Dame à la Licorne était la meilleure du monde et la plus belle aussi. Elle faisait I'unanimité. le roi demanda alors à chaque participant de voter en secret pour celui qui était à leur avis le meilleur chevalier du monde. Tous, sans exception, désignèrent le Chevalier au Lion: il était le meilleur du monde, il avait toutes les qualités requises, et sa beauté était à nulle autre pareille. Ce sont les mots mêmes que les chevaliers prononcèrent pour prêter serment. le roi s'en trouva ravi, car son royaume comptait un chevalier qui avait plus de valeur que nul autre vivant. Et l'amour qu'il ressentait pour sa fille se renforça lorsqu'il entendit chacun jurer qu'elle était la fine fleur de la beauté et la meilleure du monde.
Les festivités commencèrent. le roi ordonna qu' on apportât deux couronnes. Devant toute l'assistance, il en coiffa les deux amants, déclarant solennellement qu'ils étaient les meilleurs du monde."

Dans ce tourbillon je fus pris à mon grand dam
De cette lecture de la Blanche Dame
À la licorne je ressentis un immense plaisir
Non sans penser à ce « Mon seul désir »
Qui fait penser à la tapisserie merveille
Qui met nos sens en éveil
Car le bonheur par elle me vient
Chaque fois qu'il m'en souvient.

J'ai pu lire, ouïr, et rêvasser
À la rencontre de ce manuscrit du passé ,
Par une passionnée exhumé des archives
Pour qu'enfin sur ces pages il vive,
Aux futurs lecteurs je ne peux que le conseiller
Et une belle découverte je ne peux que souhaiter
Car le bonheur par lui me vient
Chaque fois qu'il m'en souvient.
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Je remercie tout d'abord les éditions libretto et Babelio pour l'envoi de ce splendide ouvrage.
Il s'agit de la traduction d'un manuscrit en français moyen datant du XIV ème siècle par Nathalie Klobe. Il faut reconnaître à cette dernière un travail remarquable et passionnant car cet ouvrage est unique et doté de magnifiques enluminures. Il aurait même inspiré les célèbres tapisseries que l'on peut admirer au musée de Cluny.

C'est d'ailleurs la première page de couverture représentant une des tapisseries de la Dame à la licorne qui a bien sûr retenu mon attention.
Je suis très admirative de ces tapisseries et j'avais hâte de découvrir ce roman médiéval qui reprenait le thème de la Dame à la licorne.

J'ai un peu déchanté à vrai dire. Il faut croire que lire les histoires de chevalerie et d'amour courtois finissent par un peu m'ennuyer. J'y ai beaucoup retrouvé ce que j'avais déjà lu dans Tirant le Blanc : un héros chevalier parfait, tellement trop parfait, des combats et des tournois à répétition et deux amoureux transis éloignés. Certes, il s'agit d'une pépite si on replace cet ouvrage médiéval dans son contexte mais en ce qui me concerne, je me suis ennuyée. Il donne une place importante au Beau Chevalier au Lion au détriment de la Dame à la Licorne, ce qui m'a un peu frustrée. J'espérais retrouver dans ce roman tout l'univers merveilleux que je m'imagine à travers les tapisseries.

Ceci dit, mon ressenti de lecture mis à part, je trouve fantastique de pouvoir lire un de ces romans si rares du Moyen âge et d'avoir un aperçu de ces pièces poétiques accompagnées d'enluminures. C'est un très beau cadeau de la part de la traductrice et des éditions libretto.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
02 avril 2021
Oyez, oyez ! La Dame à la Licorne et le Beau Chevalier se révèle mine de rien beaucoup plus actuel qu’il n’y paraît.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ah ! seigneur, il en est qui ont bien du mérite, et qui n'en retirent aucun bien pour autant ! Vous aimez ! Je sais bien que vous êtes amoureux, Dieu vous bénisse ! Moi, je prie Dieu pour être dévoré si jamais je tombe amoureux. Ce n'est que folie, je le sais. On se torture jour et nuit. Est-ce là un plaisir si agréable ?
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Le Chevalier au Chef d'Or chargea, impatient de profiter du combat pour briller auprès de ces dames. Le Beau Chevalier au Lion ne manifesta pas le moindre signe d'appréhension. Sa lance était imposante, son cheval de course excellent et massif. Légèrement incliné sur son bouclier, il partit, lance levée. Les dames observaient ses mouvements avec attention. Autour de lui, il faisait tout trembler. Son galop était tonitruant, et personne ne pouvait tout à fait le suivre des yeux. Son attaque à la lance fut précise : son coup frappa le Chevalier au Chef d'Or à la mâchoire, et l'assomma. Le cheval partit tout seul en hennissant du côté où se trouvaient les dames - le Chef d'Or gisait au sol, un ami dut venir le chercher!
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— Pour établir le serment avec clarté, je vais vous en préciser les détails. En premier lieu, vous jurerez que vous serez chaste, loyal en amour sans tromper, et sans nourrir d'idée inconvenante. Jamais vous n'exposerez notre amour, au contraire, vous le couvrirez, et vous aurez à cœur de m'aimer et de me servir. Jamais vous ne dévoilerez que vous m'avez vue. Quel que soit l'endroit, si j'étais dans le besoin et que vous le sachiez, vous me viendriez en aide et feriez votre devoir. Vous ne m'abandonnerez pas pour une autre, à moins d'avoir la certitude que je vous ai trompé, ce qui n'arrivera jamais.
— Ma dame, dit l'autre avec joie, je suis prêt à prêter serment. Rajoutez des clauses, si cela vous plaît, je serai toujours disposé à signer.
La dame :
— C'est suffisant.
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C'était en mai, temps où tous les oiseaux se réjouissent d'échapper à la redoutable froidure : une promenade fut lancée dans une verte prairie, près d'une forêt profonde - beau paysage -, sur les rives d'une claire fontaine. Cette reverdie m'a poussé à raconter une histoire : j'aimerais relater en détail la vie douce et belle d'une dame qui a toutes les qualités, une dame de toute beauté. Plus qu'aucune autre, elle resplendit de joie, menant une vie vouée aux plaisirs. Elle était noble, de grande famille, réputée partout pour son intelligence. Sa grâce et sa beauté incomparable en faisaient depuis longtemps I'aimée d'un chevalier, merveilleusement vaillant de sa personne. Jusqu'à sa mort, il n'y eut ni jour ni heure où iI ne se déclarât tout entier à elle.
Commenter  J’apprécie          120
-Dieu vous bénisse, car je suis à l'origine de cette aventure qui vous est arrivée. Je vais vous révéler ma nature et ma fonction, sans le moindre mensonge.
"Je vais vous révéler la vérité sur ma naissance et sur mes origines. Je suis le fils d'une belle dame, qui aimait, sans penser à mal, un chevalier vaillant et courageux. Un jour, les deux amants s'étaient donné rendez-vous : ma mère attendait seule dans un jardin. Elle se mit à pleurer tendrement l'absence de son ami, puis elle se leva pour se promener dans les allées. Elle vit alors, sur un pommier une fleur rouge et blanche : Amour lui souffla l'idée qu'elle figurait le doux visage et le portrait de son amour, de celui qu'elle attendait. Elle s'absorba dans la contemplation de la fleur, ne voulant plus la quitter. Alors Amour fit un miracle : en contemplant la fleur vermeille, ma mère tomba enceinte de moi par la toute-puissance d'Amour. Et, pour tout vous dire, à la naissance, Amour me désigna pour secourir les amants véritables : il n'est rien de leur amour que je ne sache - c'est mon pouvoir -,et je ne peux fréquenter quiconque n'est pas parfaitement loyal. Loyal, vous l'êtes absolument, je le sais pertinemment : vous êtes un chevalier parfait, vaillant et de grande renommée. Je connais vos plus profonds désirs, et je sais comment vous avez été exilé de votre amour par des médisants qui vous causent injustement du tort. Je sais que vous aimez avec ardeur la Dame à la Licorne Blanche. On vous nomme le Beau Chevalier, mais il vous faut aujourd'hui changer de nom : le Beau Chevalier au Lion - tel sera désormais votre titre.
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