Citations à l'affiche
A propos du tik (méthamphétamine)
Sous forme de cristaux (crystal meth), le tik coûtait le sixième du prix de la cocaïne pour un effet dix fois plus puissant. Fumer ou injecter de la méthamphétamine produisait un flash rapide : stimulant physique, illusion d'invincibilité, sentiment de puissance, maîtrise de soi, énergie, volubilité excessive, euphorie sexuelle... A moyen terme, les effets s'inversaient : fatigue intense, décoordination des mouvements, nervosité incontrôlable, paranoïa, troubles hallucinatoires visuels et auditifs, plaies et irritation de l'épiderme, délire (fourmillement d'insectes sur la peau), sommeil incoercible, nausée, vomissements, diarrhée, vision brouillée, étourdissements, douleurs à la poitrine... Hautement addictif, le tik menait à la dépression ou à des psychoses proches de la schizophrénie, avec des dommages irréversibles au niveau des cellules du cerveau. La paranoïa pouvait en outre entraîner des pensées meurtrières ou suicidaires et les symptômes psychotiques persister pendant des mois après le sevrage...
La médiocrité ne voit rien au-dessus d'elle ; en revanche, le talent s'incline tout de suite devant le génie.
La violence est partout puisque la pauvreté est immense. Tu ne peux pas mettre ensemble près de dix mille hommes, venant des pays les plus dangereux de la Terre, quasiment enfermés, tributaires de la générosité des Calaisiens et des humanitaires, sans autre espoir qu'une traversée illégale, et croire que tout va bien se passer. Des morts, il y en a toutes les semaines.
Au cours de ces heures passées en sa société, j'avais souvent parlé avec Freud de l'horreur du monde hitlérien et de la guerre. En homme vraiment humain, il était profondément bouleversé, mais le penseur ne s'étonnait nullement de cette effrayante éruption de la bestialité. On l'avait toujours traité de pessimiste, disait-il, parce qu'il avait nié le pouvoir de la culture sur les instincts ; maintenant - il n'en était, certes, pas plus fier - on voyait confirmée de la façon la plus terrible son opinion que la barbarie, l'instinct élémentaire de destruction ne pouvait pas être extirpés de l'âme humaine.
Hap, mon pilote, mon veilleur, ma mine d’or… J’ai puisé dans les couloirs frustrés de mon âme alors que, depuis une éternité, en crescendo, elle mugissait de bouillonnement pour lui. Cependant j’ai élaboré une œuvre littéraire pour une volupté esthétique ; je ne souhaite pas qu’elle soit interprétée et utilisée en tant qu’une plaidoirie en faveur de telle ou telle conduite. Mon histoire est un hapax se refusant absolument à la généralisation. Et néanmoins, elle marquera instinctivement les têtes sur la ligne morale. Là, je me demande : ai-je attendu trente ans pour peindre un souvenir qui, malgré moi, fournirait à certains puritains matière à juger Hap avec animosité et jalousie, à l’égal de ces célébrités, prospères et influentes, qui soûlent leurs jouets innocents de champagne pour abuser d’elles ? Risque-t-on de ne pas considérer le contraste entre ces buts, ces moyens barbares, et l’univers que Hap m’a offert non seulement musicalement parlant, mais en outre, humainement, sa chaleur, sa délicatesse, sa lumière, ses heures précieuses, sa simplicité ? Il n’existe aucun iota de comparaison avec les entourloupes mensongères et vulgaires !
Bien dormir, c'est important. Nous essayons de créer le meilleur environnement de sommeil possible, vous savez. Bien dormir, beaucoup sourire, un corps et un cœur bien au chaud sont les clés d'une vie heureuse. Souriez, Shizuku, souriez. N'arrêtez jamais de sourire.
Je me suis emballé dans ma jeunesse sur le bariolage magnifique des papiers japonais.
Peut-être n'avait-il pas d'âme. Peut-être ses soudaines ardeurs n'étaient que le débordement d'une force corporelle incroyable; peut-être, acteur magnifique, essayait-il sans cesse une façon nouvelle de sentir; ou plutôt n'était-ce qu'une succession d'attitudes violentes et superbes , mais arbitraires...
(P.26)
La mère soupira. Plus le temps passait et plus son garçon lui échappait. Elle ne le reconnaissait plus, ni au physique ni dans ses idées. Comme il était loin, désormais, le petit garçon frêle et obéissant qui l'accompagnait dans les champs, gardait les brebis avec elle du temps où le père travaillait avec Étienne, alors que Philomène marchait à peine ! Était-il possible qu'il eût changé si vite, qu'il fût homme avant même d'avoir vingt ans ! Mon Dieu, pourquoi les enfants devaient-ils grandir ? Pourquoi ne pas les garder tendres et fragiles, accrochés à ses jupes, quêtant une caresse ou un mot aimable ?
Camus ne croyait pas aux livres isolés et pensait qu'une œuvre forme toujours un tout. Dès lors que l'artiste a créé un monde autonome, comme Balzac, Dostoïevski ou Kafka, on ne peut en saisir le sens qu'en confrontant chaque œuvre aux autres comme dans un palais de miroirs où tout se reflète et tout se regarde. Camus parle ici des écrivains qu'il admire, mais c'est lui-même qu'il met en scène. Il sait depuis L'Envers et l'Endroit, que son œuvre, ordonnée selon les trois cycles de l'absurde, de la révolte et de l'amour, ne cesse de reproduire la même lumière. Elle éclaire le jeu de contrastes que les antinomies du jour et de la nuit, du oui et du non, de la mesure et de la démesure, de l'exil et du royaume et, finalement, du refus et du consentement, projettent dans l'œuvre comme un kaléidoscope. Mais aucun artiste ne résout l'énigme de ce monde et le secret de ses antinomies.
"Une œuvre d'homme n'est rien d'autre que ce long cheminement pour retrouver par les détours de l'art les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le cœur, une première fois, s'est ouvert."Préface à L'Envers et l'Endroit, 1958.
Le langage du cœur et les émotions qu'il suscite sont ce qu'il y a de plus important au monde...
Qu'as-tu fait des mots?
Quels comptes rendras-tu de ces voyelles
d'un bleu si paisible?
Et que leur diras-tu des consonnes,
qui brûlent entre l'éclat
des oranges et le soleil des chevaux?
Que leur diras-tu, quand
ils s'inquiéteront auprès de toi des minuscules
semences qu'ils t'avaient confiées?
Mais peu importe que l'on apprécie ou non son goût : ouvrir une huître, c'est un peu comme ouvrir un livre.
La mer n'est pas un paysage. C'est une apparition.
Nina Winchester ne travaille pas, elle n'a qu'un enfant, qui est à l'école toute la journée, et elle embauche quelqu'un pour faire le ménage à sa place. J'ai même vu dans son immense jardin devant la maison un homme en train de s'occuper du jardinage. Comment est-il possible qu'elle n'ait pas le temps de cuisiner un repas pour sa petite famille?
La seule personne en qui je peux avoir confiance, c'est moi.
Plaise à Celui qui Est de dilater le coeur humain à la mesure
de toute la vie.
(P.19)
C'est également l'épitaphe de la minuscule pierre tombale
de Marguerite Yourcenar.
Tout livre, pour peu qu'il ne soit pas du pur divertissement, est le lieu des questionnements.
On n'attend pas le bonheur, on ne court même pas après. On le fabrique, avec trois fois rien, ce qu'on a : un sourire, un mot, un élan, un vertige. C'est artisanal le bonheur, ça ne tient à rien et tout à coup, ça tient à toi.
Vous vous exagerez l'hypocrisie des hommes, dit le capitaine en haussant les épaules. La plupart pensent trop peu pour penser double.
(P.140)