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Citations de Michael McDowell (662)


" Je ne suis pas malade, j'ai juste tellement mal partout qu'à chaque fois que je bouge, j'ai l'impression qu'il faut que j'écrive mon testament. "
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Comme à son habitude, la chambre était sombre et fraiche. L'air paraissait stagner. Ça sentait le vieux - plus que dans aucune autre maison de Perdido. Pour la petite fille, ça sentait comme si des générations entières de Caskey étaient mortes la-dedans. Comme si, décennie après décennie, des femmes Caskey avaient accouché d'enfants mort-nés dans ce lit ; qu'une lignée ininterrompue de maris Caskey avaient assassiné leurs épouses adultères et les avaient cachées dans l'armoire ; comme si cent squelettes à la chair en putréfaction et aux haillons moisis avaient été entassés dans la petite penderie et s'entrechoquaient, parmi les plumes et les fourrures.
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" Elinor ? ", répéta-t-il, non parce qu'il pensait que sa femme était rentrée, mais parce qu'il aurait voulu qu'elle soit à ses côtés. Il traversa le couloir, faisant courir sa main sur le papier peint frais pour se guider, et avança vers la chambre d'ami. Les chuchotements et bruits furtifs se turent, et il n'entendit rien d'autre que l'infatigable martèlement qui battait la maison.
" Qui est-ce, dit-il d'une voix forte ? Qui est là ?
Arrivé devant la porte de la chambre, il pressa l'oreille contre le battant. Une rafale souffla la pluie contre le vitrail au bout du couloir, avant de reprendre un battement régulier.
Oscar frappa.
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Les hommes, bien plus que les femmes sont mus par de mesquines jalousies et le désir de mesquines revanches. Parce qu’ils se complaisent dans leur pouvoir immense mais superficiel, les hommes n’ont jamais tenté de connaître, contrairement aux femmes qui, du fait de l’adversité et de l’asservissement apparent, ont été forcée de comprendre le fonctionnement de leur cerveau et de leurs émotions.
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Zaddie était la seule à savoir. Elle rêva du brouillard, dont les doigts moites tirèrent les draps qui la couvraient, si bien que son corps se refroidit. Elle rêva qu'il la réveillait et l'attirait dehors, loin de la sécurité de sa minuscule chambre derrière la cuisine. Cela paraissait si réel que Zaddie ouvrit les yeux pour se prouver que le brouillard n'existait pas. Mais lorsqu'elle le fit, son regard tomba sur le plafond, et c'est seulement après qu'elle vit d'épaisses nappes de brume flotter devant sa fenêtre.
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Jusque-là Frances ne s'était jamais baignée dans le golfe. Lorsqu'elle songeait à l'eau, il n'y avait que la boueuse Perdido qui lui venait à l'esprit. La voix de la rivière était basse, secrète, composée d'un millier de bruits ténus, ininterrompus, impossibles à identifier. Tandis que celle du golfe était unie, régulière, lourde et puissante. L'eau de la Perdido était noire et fangeuse, comme si elle dissimulait à dessein on ne sait quoi dans ses profondeurs ; l'eau du golfe était lumineuse, bleue et blanche, si transparente que Frances pouvait même voir ses pieds à travers. Le fond de la Perdido était une insondable nappe de boue sombre et étale où des choses mortes étaient emprisonnées ; sous le fracas des vagues, il y avait une étendue compacte de sable blanc et des millions de fragments de coquillages aux couleurs bigarrées. Dans la Perdido, ne nageaient qu'une brème maussade ou un poisson-chat ; ici, il y avait des palourdes béantes sur le sable, des algues marines éclatantes et nettes, d'énormes bancs de vairons et de gros poissons qui surgissaient parfois de la crête d'une vague.
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Il pleut désormais, une pluie moins impressionnante par sa virulence que par son implacable constance, détrempant la cour de sable autour de la propriété des Caskey la matinée, l'après-midi, le soir et enfin, la nuit. Billy Bronze l'entend quand il se lève, puis tout au long de sa triste journée, et de sa triste nuit, sans jamais qu'elle réduise d'intensité, ou atteigne un pic qu'avec un peu d'optimisme on pourrait interpréter comme le cœur des ténèbres annonçant l'aurore. L'eau tombe du toit de tous les côtés, engorgeant les gouttières inadaptées à un tel volume, se déversant sur les marches du porche en un rideau assez épais pour briser un parapluie. Elle cascade sur les parterres de fleurs qui ceignent la maison, creusant de profondes rigoles, déterrant bulbes et racines. Elle fouette les vitres des fenêtres et leurs rebords, remplissant de centaines de milliers de minuscules gouttes le quadrillage des moustiquaires en train de rouiller.
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" Garde les yeux fermés. Derrière tes paupières, il fait noir. Il fait noir dans tout ton corps et Frances est à l'intérieur de son propre corps et aucune lumière ne vient la déranger, c'est comme d'être au fond de la rivière, aucune lumière ne parvient à percer l'eau boueuse. Mais toi, Frances, Seigneur, tu vois ce qu'il y a à voir ici. Tu peux aller où tu veux dans ces ténèbres, de la même façon que tu pourrais nager n'importe où au fond de la rivière si tu le voulais. Vas-y, essaie."
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« Il n'y a pas d'autre raison de lire que le plaisir. On peut toujours avancer que cela permet d'apprendre des choses, mais au fond la seule vraie raison qu'on ait de lire est le plaisir, et c'est pour ça que j'écris. »
Michael McDowell (p. 257)
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Madame Leed était assise sur l’un des matelas, dos à la cheminée. C’était une femme pâle et mince avec une abondante chevelure noire qui virait prématurément au gris, des yeux enfoncés, un long nez cassé et une bouche sèche. Elle avait une couverture déchirée en travers des genoux et un châle en laine sur les épaules. Dans ses bras reposait un bébé d’un an, malingre et agité de soubresauts comme une grenouille sous électrodes.
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" Frances ? ", appela-t-il.
Une tête jaillit de la surface à une quinzaine de mètres de lui. Ce n'était pas Frances - ce n'était même pas humain. Elle disparut si vite que Billy se dit qu'il avait dû avoir une hallucination, tout en étant certain que ce n'était pas le cas. Alors qu'il se disait qu'il s'agissait seulement d'un alligator, il nota que les eaux noires et calmes se couvraient de ridules, formant une traînée qui se dirigeait vers lui. Il recula dans l'obscurité et se réfugia sous le couvert des arbres.
" Cette chose m'a vu ", pensa-t-il.
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Sister était alitée depuis tant d'années que la maison entière était imprégnée de son odeur et de celle de son infirmité : une nuance doucereuse, pâle et poudrée de lavande qui rappelait les herbes dont les Egyptiens se servaient pour remplir les cavités des cadavres éviscérés.
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De la même façon, elle ne pouvait se résoudre à l'idée que celui-ci aime pour de bon sa future épouse. Et pourtant … c'était peut-être le cas. Peut-être même que Miriam l'aimait aussi. Queenie soupirait. Tout ça la dépassait, il était beaucoup plus simple de se soucier que les serviettes de table soient prêtes à temps. (p.41)
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Marian Phair avait toujours considéré ses enfants comme des sortes d'ornements. Ils étaient faits de chair, ils avaient parfois une volonté propre, il leur fallait à boire, à manger et de quoi s'occuper, mais du point de vue de leur mère, ils n'avaient d'importance que lorsqu'ils apparaissaient en public à ses côtés, avec de beaux habits et de belles manières. Il y avait eu des moments où la conscience de Marian l'avait assaillie à cause de sa réticence à reconnaître Edwin et Edith comme des créatures dotées d'une âme ou des besoins d'affection ou d'attention quotidienne ; mais elle avait toujours étouffé cette conscience en se disant que, quand les enfants seraient plus grands et auraient développé un peu de conversation, elle leur permettrait de rester plus souvent avec elle.
(p.438)
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Qui n'a pas vécu une inondation de cette ampleur s'imaginera que les poissons nagent librement à travers les fenêtres brisées des maisons, mais ce n'est pas le cas.
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A quatorze heures, une pluie fine se mit à tomber de nuages épars, encore loin d'avoir rempli le ciel. Au sud, le soleil filtrait et un arc-en-ciel se forma au-dessus de Perdido. Ivey Shapp raconta à Zaddie que la pluie qui tombait du soleil était la preuve irréfutable que le diable battait sa femme.
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Elinor n'obligea jamais Frances à nager dans la Perdido, et l'enfant ne lui avoua jamais que ce n'était pas la peur qui l'en empêchait, mais l'étrange familiarité qu'elle éprouvait vis-à-vis de la rivière. Ne comprenant pas ce sentiment, elle craignait de le sonder. En dépit de ses cinq ans, Frances gardait des bribes de souvenirs d'un temps trop ancien pour l'avoir vécu. La Perdido appartenait à ce temps-là, de même qu'un enfant -un petit garçon de l'âge de sa cousine-, avec qui elle se rappelait parfois avoir joué dans le passage entre sa chambre et la chambre d'ami, cette pièce étroite où l'on rangeait le linge. Cependant, pour autant qu'elle le sache, elle n'avait jamais nagé dans la Perdido, et le petit garçon n'était qu'un visage sans nom enfoui dans sa mémoire. (p.241)
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Voilà la plus grande méprise au sujet des hommes : parce qu'ils s'occupent de l'argent, parce qu'ils peuvent embaucher quelqu'un et le licencier ensuite, parce qu'eux seuls remplissent des assemblées et sont élus au Congrès, tout le monde croit qu'ils ont du pouvoir. Or, les embauches et les licenciements, les achats de terres et les contrats de coupes, le processus complexe pour faire adopter un amendement constitutionnel - tout ça n'est qu'un écran de fumée. Ce n'est qu'un voile pour masquer la véritable impuissance des hommes dans l'existence. Ils contrôlent les lois, mais à bien y réfléchir, ils sont incapables de se contrôler eux-mêmes. Ils ont échoué à faire une analyse pertinente de leur propre esprit, et ce faisant, ils sont à la merci de leurs passions versatiles ; les hommes, bien plus que les femmes, sont mus par de mesquines jalousies et le désir de mesquines revanches. Parce qu'ils se complaisent dans leur pouvoir immense mais superficiel, les hommes n'ont jamais tenté de se connaître, contrairement aux femmes qui, du fait de l'adversité et de l'asservissement apparent, ont été forcées de comprendre le fonctionnement de leur cerveau et de leurs émotions.
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La coutume consistant à se rendre visite le Jour de l'an fut instaurée par les Hollandais au XVIIe siècle et, bien que deux cents ans aient passé, que la taille de la ville ait crû plusieurs fois au centuple et que les mœurs, vêtements et accents hollandais fassent désormais l'objet de parodies dans les théâtres de variété, le Nouvel An, dans toute sa frénésie bavarde et accablante, reste l'événement incontournable de la saison mondaine. (ici l’an 1882)
[…] Les mondanités sont réparties de façon équitable : ce sont les hommes qui se déplacent et les femmes qui reçoivent. Du matin jusqu'à la tombée de la nuit, la ville n'est qu'une monstrueuse ruche hivernale où de faux-bourdons de plus en plus ivres plus ivres présentent leurs vœux à des reines de plus en plus lasses.
[…] Quand il n'y a plus à manger ou que le soleil se couche, ou encore quand les visiteurs se font tapageurs et inintelligibles, on tire les rideaux et on accroche un panier à la porte d'entrée désormais close : les maîtresses de maison ne reçoivent plus.
Elles restent plantées là, se lamentent face à l'étendue des dégâts, se demandent brièvement si leur mari ou leur fils n'ont pas été victimes d'une mésaventure si fréquente en ce jour de l'année, ordonnent aux domestiques de commencer à nettoyer et se retirent dans l'obscurité calme d'une chambre à l'étage.
Le lendemain matin, les hommes chanceux reposent dans leur lit en se demandant s'ils vont mourir. Les autres se réveillent en prison pour des actes dont ils ne se souviennent pas. Et aucun ne veut se rappeler combien de femmes il a pu offenser la veille.
(p.42-43)
[…] Cela coûte cher et quand la plupart de ces hommes sont arrivés cet après-midi, on aurait pu leur servir un mélange de vitriol, de laudanum et de teinture à l'indigo, en appelant ça du « punch maison », qu'ils seraient tout de même repartis en louant notre hospitalité !
(p.47)
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Une nuit, pourtant, elle se réveilla en sursaut avec le pressentiment que quelque chose n'allait pas du tout. La chambre était plongée dans le noir, et la maison, calme et silencieuse. Étrangement, elle sut que tout le monde était endormi sauf elle. Sans penser à rien, elle se redressa dans son lit, écarta ses oreillers et ouvrit les rideaux. La pièce s'éclaira un peu. Frances distinguait à présent les contours sombres de la porte de la penderie. La poignée en cuivre jetait un faible éclat doré. Elle l'avait verrouillée elle-même. Elle était certaine que personne n'était entré dans la chambre pour défaire sa courageuse entreprise. Or, si elle tournait la poignée maintenant, la porte s'ouvrirait-elle ?
Elle allait tenter l'expérience. Si la porte restait fermée, elle serait en sécurité et pourrait se rendormir ; si elle était ouverte, ce qu'il y avait derrière lui sauterait au visage et la tuerait. Frances fit son habituelle et inefficace prière et entreprit de descendre du lit.
Un rectangle de lumière froide d'un blanc tirant sur le bleu, jaillit soudain de sous la porte de la penderie, c'était assez fort pour qu'elle puisse distinguer les franges du tapis. Le coin gauche du rectangle commença à s'élargir tandis que les trois autres restaient égaux. Alors qu'elle observait cette progression, l'associant à un simple phénomène géométrique, elle prit conscience qu'elle était due en réalité à l'ouverture graduelle de la porte. (p.80)
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