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sur 14845 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au pays de Candide, c'est comme dans tous les pays. On souffre, on guerroie, on périt. Il y a beaucoup de méchants et peu de gentils.
Il faut vraiment que le confinement tamise mes lumières pour rapprocher le chef d'oeuvre satirique De Voltaire au générique d'un dessin animé de feu Récréa 2… Enfin, soyons optimistes pour la suite, mais pas autant que Candide ou le philosophe Leibniz dont la pensée métaphysique affirmait que le mal n'était que l'ombre du bien et voyait la providence en toute chose, même après le tremblement de terre à Lisbonne en 1755. L'ancêtre de la pensée positive et de nos coachs en bonheur artificiel. Voltaire bâtit en partie son conte philosophique en réaction et confronta Candide le bien nommé aux souffrances du monde. Je crois que je viens de relire ce petit bijou pour me vacciner par avance contre tous les oracles qui vont déclamer que le Covid est une punition divine ou une revanche de mère nature.
Candide grandit naïvement dans un château à l'abri de besoin, instruit par Pangloss, avatar de Leibniz qui lui serine que tout va bien dans le meilleur des mondes. le chant des petits oiseaux s'enroue quand il est surpris à échanger un peu de salive avec Cunégonde derrière un paravent. Il se fait chasser par le baron, tel Adam du Paradis terrestre, pour avoir pécho la chair.
Candide va partir en voyage désorganisé autour du monde, traverser des champs de bataille qui ressemblent à des étals de bouchers, arriver tremblant à Lisbonne au moment du séisme, traverse l'Atlantique pour découvrir l'esclavage, verser dans l'utopie à la découverte de l'Eldorado, débarquer en France pour se faire friponner, voir Venise et manquer mourir… à Constantinople.
Heureux hasard de la fable et de l'aventure, Candide retrouve la trace de sa dulcinée, de son maître à penser et se laisse guider par plusieurs « Sanchos » touristiques, dont un dévoué Martin, contrepoint pessimiste mais guère plus visionnaire que l'optimiste Pangloss. Candide en vient à la conclusion raisonnable qu'il est préférable de se limiter à la culture de son petit jardin. Don Quichotte de retour dans la vraie vie.
En 2020, l'oeuvre De Voltaire, guide du routard de l'époque, coqueluche des salons et des cellules de prison (il fit plusieurs séjours en cellule dont un à la Bastille à cause de ses bons mots), mondain épicurien ulcéré par l'injustice, est toujours divertissante, malicieuse et imprégnée d'universalisme et d'humanité. Une plume facile pour laquelle je remonterai bien le temps pour quémander un autographe.
Un conte dont la lecture ne me lassera jamais et qui semble encore aujourd'hui aussi lucide que le vieux Voltaire nu du Louvre, sculpté par Jean Baptiste Pigalle, quand vous essayez de soutenir son regard fantaisiste. Il reste de marbre…de Carrare.
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Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.

Madame est servie, engrossée jusqu'au bout des nichons, madame se prélasse son cul enfoncé dans le canapé pendant que monsieur se la joue « Tony micceli », persécuté par la modernité d'une femme émancipée par des années d'une lutte acharnée, pour enfin pouvoir se reposer en se trifouillant le périnée… Bande de « chaudasse »… Bientôt la Binouse remplacera les régimes Ô combien nécessaire après quelques années pour faire plaisir aux gros hommes raffinés…

Alors moi sexy avec mon chiffon et mon éponge imbibée, récurant l'évier et javellisant la cuvette des WC pour mon plaisir maniaque de part ma mère, ma soeur et ma grand-mère, je chantonne au rythme des coups d'aspirateur sur une musique entrainante…. et je le fais tous les dimanches, tu parles d'un homme tiens…

« Mais tout va le mieux qu'il soit possible… »

Mais Candide-t-on de moi quand on en parle ?

- behh on n'en parle pas voilà tout…

Comment ça ? moi qui rêvasse de jour comme de nuit de ma vie qui passe, depuis le jour de ma naissance, bénit officiellement un dimanche, moi qui fût baptisé trop jeune pour me sauver, par un travesti en robe blanche engagé par notre père… d'après cet affreux, nous étions frère, heureusement que maman fût courageuse pour me faire en deuxième, ce premier étant curé et visiblement pédé, mieux valait oublier le premier, et arroser le deuxième au son des cloches…

- Mais on s'en fout voilà tout…

Traumatisé trop jeune, j'ai continué un moment dans cette débauche de vérités au nom du père, de son fils et d'un saint esprit… alors « queue » mon père qui cultivait le poivrot d'une façon fâcheuse et titubante m'enseigna le « sein » d'une manière plus alléchante et d'une chatte bien léchée, il avait une préférence pour la marie couche toi là : toujours « prêtre » à ne piper mot pour toucher la croix à la « Sein-Claude »… après quelques dérapages de mon paternel sur le parquet, ma bourgeoise de mère décida de me poser sur le siège de sa 2 chevaux, et tira sur les rênes pour m'emmener voir du pays chez sa maraichère de mère, une vieille dame en guenille qui voulait absolument être ma grand-mère…

- Je m'endors voyez-vous..

Allons bon, j'ai fini par pousser sur mes deux jambes, catholique convaincu jusqu'à mes 12 ans…ensuite c'était pire, à 13 ans mes jambes ont arrêté de pousser et ma pensée s'est affûtée…

- Enfin me direz-vous…

Et la guerre a continué, des familles ont été massacrées, des gens ont été torturés, des femmes ont été lapidées ou violées… la famine a stagné, les catastrophes naturelles ont empiré, les riches ont ignorés, les pauvres ont espéré, les riches ont rigolé, les pauvres ont pleuré… des choses se sont améliorées, mais surtout pour les gens bien nés…. les autres n'ont pas regardé…

Mais tout va bien dans le meilleur des mondes… surtout quand on est Candide..

Voltaire était drôle, mon CFA d'ébénisterie se trouvait Boulevard Voltaire, pourtant j'étais plus intéressé par le cul des tapissières, que par le nom de la rue dans laquelle j'apprenais mon métier, mais grâce à vous je me plonge aujourd'hui dans la prose de l'artiste…. un délice d'ironie dénonçant tout l'absurdité qui caractérise l'humanité, complètement d'actualité, à croire que rien n'a vraiment changé :

Alors enculé un jour, enculé toujours…

Et pour les siècles des siècles…

A plus les copains…

Ps souvenir : http://www.youtube.com/watch?v=jfbdxxRKj9Q
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Candide est un vrai coup de coeur ! Tout simplement magique. Je connaissais ce roman mais je n'avais jamais eu le plaisir de le lire. Voilà chose faite ! Candide est le héros de ce conte philosophique, c'est un personnage qui porte bien son nom, qui se veut optimiste et qui croit en la vie. Nous savons qu'il est né en Westphalie, un royaume allemand, et est le fils de la soeur de monsieur le baron de Thunder-ten-tronckh. Ce dernier va l'élever auprès de sa fille, Mademoiselle Cunégonde, de sa femme et d'un philosophe, Pangloss, dont la morale est "tout va pour le mieux en ce monde". Toutefois, à cause d'un baiser donné à Cunégonde, Candide est mis dehors à coup de pied et se retrouve seul dans ce monde immense où l'attendent de nombreuses péripéties, les unes catastrophiques, les autres héroïques. Notre héros va devoir affronter la vanité des hommes pour retrouver Cunégonde. La rencontre avec des personnages philosophes, comme Martin, Cacambo, et surtout le Turc lui révèlera les secrets du bonheur : "Il faut cultiver son jardin" ou encore "Travailler sans raisonner"...La morale de l'histoire est d'ailleurs si juste puisqu'elle traduit la pensée suivante : "La seule façon d'échapper au malheur ou à l'ennui est de passer de la réflexion philosophique (comme l'a fait Candide) à des actions concrètes respectant nos limites".

Jamais je n'aurais imaginé que ce livre me plairait autant ! Voltaire nous dépeint tellement bien les revers de la société, critique si majestueusement les hommes mais aussi l'esclavage, l'argent, la possession, les marchés noirs, le pouvoir et bien d'autres horreurs que l'on est transporté immédiatement aux côtés de Candide en effectuant avec lui le voyage de la vie.

Un vrai coup de coeur, tellement passionnant et si sincère. A dévorer !
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Qu'il est bête, ce Candide !
Ahhhh, j'adore mon pote Voltaire, car en plus d'être philosophe, il sait raconter des histoires, et ça, un philosophe-conteur, c'est rare !
Candide, bâtard de la soeur du baron de Thunder-ten-tronckh, en Westphalie, est jeté du château pour avoir fait la cour à la fille de la maison, la belle Cunégonde.
Il lui arrive tout un tas d'aventures qui lui forment un peu son caractère, et le sort de la niaiserie ancrée par son précepteur-philosophe Pangloss, Leibnizien, je reviendrais là-dessus, qui dit que "tout est bien dans le meilleur des mondes".
Mon pote François-Marie démontre, tout au long du conte, et par toutes les absurdités et paradoxes humains, que ce soit :

de caste, de guerres, de causes religieuses, d'avidité d'argent, que subit Candide, Arouet démontre que Pangloss a grandement tord.
.
Mon petit grain de sel, le voici.
En ce qui concerne Leibniz, que Voltaire n'aurait peut être pas lu,
"– Dieu, qui n'est pas responsable du mal qui règne dans le monde, doit en être disculpé.

– Il a crée le meilleur des mondes possibles.

– C'est l'homme, libre, qui décide ou non le mal".

Ceci est la théodicée de notre Gottfried-Wilhelm Leibniz, Une théodicée (du grec « justice de Dieu ») est une explication de l'apparente contradiction entre l'existence du mal et deux caractéristiques propres à Dieu : sa toute-puissance et sa bonté.
Et je suis d'accord avec lui : Dieu ( ou les Esprits ) ont créé un monde parfait, enfin presque, et c'est l'homme, avec son Orgueil, son Avidité, sa Perversité, qui détruit la Nature et la race humaine.
.
Voici mon deuxième grain de sel.
Je trouve que Voltaire se rapproche grandement de la philosophie de Leibniz, puisque, comme lui, il signale, dans ce conte, et toujours avec ironie, une grande partie des sévices humains qui détruisent le monde.
.
Enfin, tout le petit monde de Candide se retrouve à la fin pour conclure sur une sage décision :

"cultivons notre jardin".

Mon père me le disait déjà quand j'étais ado. C'est maintenant une de mes phrases préférées.
Occupons nous de nos affaires, sans commérer sur celles des autres ;
créons notre Bulle de bonheur avec notre famille et nos amis sélectionnés : )
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“Il faut cultiver notre jardin” ce sont les derniers mots de Candide et les plus connus. C'est la conclusion à laquelle parvient Candide le bien nommé après avoir parcouru le monde et rencontré toutes sortes de gens dont beaucoup de religieux, anabaptiste, membres de l'Inquisition, cordelier, jésuite, socinien, manichéen, théatin... Tous occupés, hors l'anabaptiste, à se disputer pour les plus pacifistes d'entre eux et sinon à enfermer, pendre ou brûler leur prochain. Voltaire se moque bien sûr de tous ces hommes qui professent une pensée et n'agissent que pour la faire connaître et supplanter les autres, non pour la vivre. “Tu aimeras ton prochain comme toi même.”. Ceux qui ne sont pas sur le chemin du héros tel les jansénistes reçoivent quand même leur coup d'épingle.

Né des amours clandestines d'une jeune noble qui ne voulait pas épouser son amant ne pouvant exciper que de 71 quartiers de noblesse, Candide est persuadé par son précepteur Pangloss qu'il vit dans le meilleur château qui soit dans le meilleur des mondes. Mais parce que la belle Cunégonde qu'il admire le trouve à son goût le voilà chassé du paradis.

Tout au long de son périple il connaît bien des malheurs, et ses compagnons également. Ce qui ne l'empêche pas de toujours revenir à la philosophie de son maître ”Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.“

Le destin se jouera de lui, lui faisant retrouver et perdre tour à tour Pangloss, la belle Cunégonde, le frère de celle-ci.


J'aime beaucoup Voltaire, et ce n'est pas cette satire qui pourrait me faire changer d'avis. Je me suis beaucoup amusée et ait quelque peu réfléchi, même si à plus de cinquante ans mon avis est fait sur la recherche du bonheur. L'obligation d'épanouissement qui est la valeur que véhiculent magazines et médias est l'une des plus grande source d'insatisfaction voire de chagrin.
L'attaque contre la religion va de soi dans ce siècle des Lumières qui veut justement se libérer des doctrines pour penser par lui même.

Mon édition comprend de nombreuses notes en bas de pages qui m'ont apporté le confort de savoir sans faire de recherches qu'elle était l'allusion ou ce qu'est par exemple un théatin.


Défi 18e siècle
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Ce conte philosophique est une vraie révélation pour moi .C'est une attaque très bien illustrée cotre le fatalisme et l'existence du mal que prônait Leibniz. Candide, jeune Allemand à l'esprit simple naïf, est l'élève de Pangloss, un philosophe partisan du leibnizisme « Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Cette doctrine et sa candeur , font de lui un optimiste sans borne. Surpris par le baron entrain de baiser la main de sa fille cunégonde . il le chassa du château .
accompagné de plusieurs personnages philosophiques notamment(cacambo , martin , vieille ) candide fait un long périple qui le mène a Westphalie (Allemagne) . Hollande . Lisbonne (Portugal) . Cadix (Espagne) . Buenos Aires (Argentine) . Paraguay . Eldorado (Pérou) . Suriname . Bordeaux . Paris . Angleterre . Venise Constantinople (Turquie) , cherchant sa bien aimée et fuyant les représailles, candide y endure et découvre l'amertume de la vie des gens . Selon pangloss ; le malheur n'est que l'apparence d'une cause qui est bonne ! mais il y a trop de malheur pour qu'il en produise du bien ?.
Voltaire dénonce l'esclavagisme( Suriname) . le fatalisme religieux , l'autorité excessive de l'église , la vanité de la noblesse , l'intolérance .la superstition, l'absolutisme ...
Dans l'étape de l'eldorado candide découvre qu'il n' y a pas un monde idéal sur terre ou tout fonctionne a la perfection , toutefois il faut travailler pour un monde meilleur et ne pas sombrer dans le pessimisme que voulait lui inculquer martin , c'est ça le message de voltaire.
Dans sa quête pour trouver un model procurant le bonheur candide découvre un turc qui vit paisiblement de la sueur de son front en labourant sa terre et en chérissant sa famille . candide et pangloss avaient compris que le travail est le bonheur . "Il faut cultiver notre jardin".
Bien qu'il contienne 132 pages le livre est condensé d'idées , chaque page est garnie d'une nouveauté .les chapitres sont courts , précis et bien détaillés , un autre auteur aurait mis 300 pages, ou plus .


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"Candide" de Voltaire. L'un de mes livres de chevet.
A chaque fois que vous vous étonnez de l'absurdité du monde, lisez Candide.
Il n'y a rien de nouveau mais Voltaire le dépeint avec une ironie, plaçant son héros dans de telles situations, qu'on ne peut qu'en rire.
Sachant qu'à la fin, bien sûr, on revient aux fondamentaux. Vous ne sauverez pas le monde, mais vous pouvez travailler à l'améliorer à votre niveau : "Il faut cultiver notre jardin".
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Un livre que je relis souvent, pas seulement dans le cadre du soutien scolaire mais parce que j'apprécie ce conte dit « philosophique ».
Je viens de m'apercevoir que je n'avais écrit aucun commentaire sur cette oeuvre. A notre prochaine réunion du club littéraire, le thème de la soirée « Humour sous toutes ses formes ».
Humour anglais, humour noir, décapant, grivois… Je n'ai pas conservé en mémoire un titre de livre consacré à des histoires amusantes, des blagues drôles qui déclenchent le rire tonitruant, spontané. Ce n'est pas mon genre littéraire de prédilection.. Donc casse-tête.
Peut- être quelques BD, le dernier Astérix par exemple mais qui n'a pas entraîné de crises de fou rire inextinguibles .
Mais, en revanche, j'ai en tête beaucoup de passages de lectures où fleurit l'humour, ils font naitre un sourire occasionné par un clin d'oeil facétieux, un décalage inattendue entre le récit et la narration, par les jeux de mots, les inventions langagières.
Plutôt que de choisir une oeuvre en particulier, je vais donc présenter plusieurs extraits de différents livres, qui à mon avis sont de petits chefs-d'oeuvre d'humour.
L'humour c'est aussi de raconter un évènement tragique, une réalité horrible avec un vocabulaire atténué, et dans ce domaine, le maître incontesté pour décrire des scènes épouvantables avec une profusion de détails infamants où l'humour prend le dessus c'est Voltaire dans Candide.
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Candide ou l'optimisme est l'un des textes les plus célèbres De Voltaire, toujours très étudié, en particulier dans le secondaire. le texte a été publié pour la première fois en 1759 à Genève, une version augmentée est parue en 1761. L'ouvrage est donné comme une traduction de l'allemand, l'original aurait été écrit par un certain docteur Ralph, sans que cela ait semblé tromper qui que ce soit.

La visée philosophique apparaît dès le titre : l'optimisme était en effet à l'époque un terme philosophique. Il se réfère à l'idée d'un optimum, ce qui arrive est ce qui peut arriver de mieux. Cette vision de l'existence s'inspire de la philosophie de Leibnitz, et tout particulièrement son Théodicée, dans lequel il tente de résoudre le problème de l'existence du mal, en admettant l'existence d'un Dieu bon et tout puissant. Il en arrive à la conclusion que le monde que nous connaissons est le meilleur possible. C'est une conception que Voltaire va attaquer dans son conte, en simplifiant beaucoup la pensée de Leibnitz. Il va mettre la théorie à l'épreuve des faits, pour conclure apparemment à son insuffisance.

Le personnage principal, Candide, est un bâtard, ce qui le met d'emblée en dehors de la société. Il coule toutefois des jours heureux dans le château de son oncle le baron en Westphalie. Il y reçoit l'éducation de Pangloss, précepteur et philosophe qui professe l'opinion que notre monde est le meilleur des mondes possibles, ce à quoi adhère pleinement et avec enthousiasme son élève. Mais Candide est chassé de ce paradis, car son oncle le surprend en train d'embrasser sa cousine, Cunégonde. Il va aller de vicissitude en vicissitude, être enrôlé de force, maltraité, mis en prison etc. Et surtout, il va assister au tremblement de terre de Lisbonne, pendant lequel des dizaines de milliers de personnes sont mortes. Après la violence de la nature, il va constater la violence des hommes : des autodafés se multiplient, il pense y lasser la vie, et croit voir la mort de Pangloss qu'il a retrouvé. Il fuit en Amérique avec Cunégonde, qu'il va perdre en route. Il découvrira Eldorado, mais le quittera pour tenter de retrouver sa bien-aimée. Tous les personnages finiront par se retrouver en Turquie, où Candide, revenu de l'enseignement philosophique qui lui a été donné, prône « qu'il faut cultiver son jardin ».

C'est donc un récit d'apprentissage : Candide devra confronter les leçons de son maître à l'expérience du monde, ce qui remettra complètement en cause sa vision des choses. le récit, comme en général chez Voltaire, est rapide, léger, l'auteur passe d'une péripétie à une autre sans s'appesantir. Il n'y a ni analyses psychologiques, ni digressions. Malgré cette légèreté apparente, Candide va d'horreur en horreur : la guerre et ses cruauté, les persécutions religieuses, la malhonnêteté, la violence. le summum étant le tremblement de terre dévastateur, mal qui ne rend pas les hommes meilleurs, car ils s'empressent d'aller condamner et brûler leurs congénères. Toutes ces expériences qu'il traversent ne sont pas vraiment compatibles avec l'idée que le monde tel qu'il est est le meilleur des mondes possibles : il serait même difficile d'en imaginer un qui soit pire. Comme dans Zadig, le héros est confronté au scandale du mal qui sévit dans le monde, et à la question de savoir comment trouver sa place et être heureux dans tout cet immense gâchis.

La réponse que semble donner Voltaire (il faut cultiver son jardin) a été diversement interprétée. Certains y ont vu un repli sur soi, d'autant plus que Voltaire à l'époque de la parution de Candide s'était réfugié en Suisse, où il coulait des jours confortables de propriétaire terrien. Mais on peut aussi, d'une manière plus optimiste, si je puis dire, y voir l'idée que chacun à son niveau peut transformer le monde par son travail, par son action, même si ces derniers peuvent paraître modestes et peu spectaculaires. Plutôt que de donner des explications théoriques brillantes, mais qui ne servent au final à pas grand-chose dans la vraie vie, autant consacrer ses jours à un labeur à sa mesure, qui permet de donner un certain confort à soi-même, à ses proches, voire à d'autres personnes, et à transformer le monde en quelque chose d'un tout petit peu meilleur.

La vision très caricaturale de la philosophie de Leibnitz n'est pas non plus forcément à prendre au premier degré : c'est la vision de Pangloss, personnage de prétendu philosophe ridicule. Sa manière d'exprimer la satisfaction devant le vie qu'il mène au château du baron en Westphalie (« le meilleur des châteaux possibles ») peut s'interpréter comme une approbation du monde existant, sans surtout vouloir questionner ni remettre en cause quoi que ce soit, dans une manière de conformisme béat. Voltaire semble poser,qu'à l'inverse, il faut questionner ce qui existe, ne pas accepter trop facilement les choses telles qu'elles sont, mais garder une force d'indignation et de refus de l'inacceptable, sinon rien ne changera jamais. Mais au-delà, il faut aussi essayer de construire, aussi modestement que ce soit.

Relire Voltaire est toujours une bonne idée.
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Relire Candide... Un "certain nombre" d'années après l'avoir passé pour le bac de français. Et oui, texte on ne peut plus classique pour passer le bac, et pourtant, je me souviens avoir été une des très rares à en avoir apprécié la lecture. Et je pense pouvoir affirmer que la seconde lecture m'a plu encore davantage !

Bien sûr j'ai adoré retrouvé l'ironie parfois très grinçante De Voltaire et son ses de la formule. Et pour cette relecture, j'ai choisi l'édition llustrée par Quentin Blake. On est certes loin de l'univers de Roald Dahl qu'il accompagne actuellement, mais ce "rafraîchissement graphique" a, à mon sens, le mérite de faire ressortir le regard hyperbolique de l'Européen privilégié et instruit de ce personnage du 18ème. Un personnage qui n'a construit son savoir et ses opinions que par la répétition de l'enseignement biaisé de son maître et non grâce à son expérience.
" Heureusement " pour le lecteur la plume de la Destinée Narration le mène dans un voyage à travers le monde au cours duquel le trop bien nommé Candide apprend à ses dépends la valeurs de certaines choses et surtout l'importance de relativiser.

Cette quête, qu'on peut trouver comique à l'adolescence a une saveur bien différente pour le lecteur adulte... Faire le tour du monde à la recherche de l'amour, du "bonheur et de la vertu", une grande ambition propre à chaque être humain, et ne nous sommes-nous pas tous demandé si tout cela n'était que des chimères ?

J'ai retrouvé dans ce roman un mini réquisitoire contre la guerre, contre le fanatisme et le dogmatisme des religions, la perversité de la nature humaine et la pédanterie de l'Instruction Toute Puissante ; où le travail et le dépassement de oi s'opposent à l'intellectualisation à outrance. Comme l'auteur malmène ses personnages philosophes qui prônent absolument tout et le contraire de tout sans jamais trouver de réelle solution satisfaisante!

Beaucoup d'éléments de font penser maintenant que Candide , s'il nous vient du 18ème siècle, reste cruellement d'actualité à plusieurs égards et nous montre que les épreuves de la vie n'ont de sens que si on leur en donne.



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