Le tome 3 fait un gros focus sur Grondin, alias Bassicoussé, l'ancien repris de justice devenu chef de la police après avoir été condamné au bagne à l'Île du Diable. Il est toujours à la poursuite de Tarpagnan (officier devenu Communard) qu'il soupçonne d'avoir tué sa pupille après l'avoir mise enceinte. C'est une chasse à l'homme sans règles, où tous les coups sont permis, qui s'entame dans les rues de Paris dépavées et barricadées, où on peut tuer sa propre mère ou boire un pot avec l'assassin de son frère.
Des temps troublés pour lesquels
Tardi déploie d'aord toute sa science du noir et blanc où il excelle. Ensuite, il fait montre de tout son amour de Paris. Les illus pleine page ou utilisant le format à l'italienne sont somptueuses. Elles plongent le lecteur dans une vision panoramique des combats. La désolation de Paris s'y étale dans toute sa tristesse. On sentirait presque les odeurs de poudre, de corps et d'ordures.
On se bat sur les barricades, pied à pied, rue après rue, on démonte, remonte, brûle, détruit, bloque les accès, on s'étripe à la baïonnette après avoir donné du canon. C'est la débrouille, la vie ou la mort.
Petit clin d'oeil... en page 56,
Tardi parle d'un Tardy… et il fait dire à un protagoniste « J'ai connu un
Tardi avec un i »…
Autre grande qualité de l'album, la gouaille et les expressions du cru. Vautrin au scénario, c'est Byzance. On termine le tome 3 sur l'incendie des Tuileries qui répond aux exécutions des Communards, alignés à genoux le long des murs de Paris. Des scènes assez fortes dans lesquelles
Tardi brille encore grâce à son talent.