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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9791042504397
82 pages
Editions Maïa (11/04/2024)
5/5   3 notes
Résumé :
La poésie d’Emil-Iulian Sude se définit par un mélange organique d’ironie et d’auto-ironie avec une méditation spirituelle, une quête de soi, des préoccupations pour les droits de l’homme et la contestation de toute forme de discrimination. Son style littéraire transcende le réalisme fantastique, lançant une formule originale de naturalisme magique où les images surréalistes sont souvent construites à partir de détails quotidiens, la plupart du temps sordides ou vis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Une balle de ping-pong blanche sort
d'entre la couverture du livre qui nous endure"

Dès le début de la lecture du VEILLEUR DE NUIT, je me prends une balle de ping-pong ou même une grosse gifle en pleine figure. Une poésie forte, unique, impulsive, rebelle au déchiffrement, presque autistique (je parle de l'écriture non de la personnalité de l'écrivain).

En effet, les images non conventionnelles souvent se heurtent à notre vision romantique de la poésie ! La langue poétique baigne dans une atmosphère obscure que tentent de maîtriser les gardiens de nuit, nos guides à nous, lecteurs, qui nous cognons un peu partout contre les mots, tentons de comprendre la relation entre les protagonistes (veilleurs et professeures) ainsi que la relation entre les métaphores et les thèmes abordés.

La poésie est forte, massive mais reste volontairement démembrée.
"nous apprécions l'autocollant
avec 50 % de réduction sur un cercle de vie"

Gabrielle, je devine ta difficulté à traduire cette poésie car moi, sans pourtant connaître la langue roumaine et les jeux de mots que le poète y met, je ressens une telle expressivité, densité dans ses choix de métaphores que vouloir rendre cela en français est à chaque vers un réel défi. Bravo !

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Ouvrir ce livre, c'est recevoir un souffle de vie en pleine figure, qui s'infiltre dans notre gorge, dans nos narines et nous réveille le cerveau. Il nous éveille à une autre vie, celle du veilleur de nuit. le poète s'autobiographie dans un quotidien noctambule, routinier et néanmoins surréaliste. Tout est empreint de fatigue, de glissements d'images et aussi d'une forme d'ultra-lucidité salvatrice. C'est rare de lire quelqu'un qui épingle aussi brillamment des instants qui n'appartiennent qu'à lui seul. Les textes syncopés et décalés se structurent entre eux comme une sorte de récit, de flux et reflux avec des retours en arrière vers la mémoire d'avant, parfois pas si lointaine. On suffoque un peu, on plisse les yeux en lisant les images mentales que dessine à merveille l'artiste. Traduire cette poésie est une chose importante. Merci à Gabrielle Danoux et aux Éditions Maia de permettre de lire cet ouvrage en français. J'ai été happé par le premier texte qui "atchoume" de justesse. le bus 300 m'a sonné. Quant au final, il est à couper le souffle. Bravo.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Nous avons parfois honte de notre dignité

que parfois les veilleurs
de Mega Image.
les veilleurs de la même ethnie
pensent que la dignité
serait un torchon pour la vaisselle.

et comme ils lâchent leurs yeux. quelques chiots
pour nous suivre des haillons. nous allons
dans une allée
ils sont déjà devant nous. nous sommes les moins bien habillés.
le costume de gens intelligents en train de sécher. pour ne
surtout pas sous
l’âme que nous cachions quelques canettes de bière
ou peut-être une baguette. ils pensent que nous sommes des collectionneurs d’orge liquide
et de restes de
porc ou volaille dans des sacs en nylon
dont on recouvre les meubles à l’extérieur
quand il pleut

et comme ils se penchent
vers cette cavité thoracique rouge les caissiers. ils
exigent de voir nos vestes déboutonnées nous enlèvent tout
des poches placées sur la poitrine avec un sentiment de culpabilité bien que
notre sang soit d’un rouge pur.

nous ferions mieux de demander
au pain d’être moins cher
de demander aux canettes de bière d’être moins chères
de demander au saucisson d’être moins cher
mega image a des veilleurs avec la même couleur
de sang. veilleurs pour le veilleur
seuls les T-shirts jaunes nous séparent du même esclavage
quand on nous mettait des cornes
et des muselières pour ne pas manger les raisins de la vigne

nous nous demandons parfois si la dignité de l’appartenance ethnique
se termine chez Mega Image ou chez les veilleurs roms
qui se font passer pour des veilleurs gadjé.

(p. 12)
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Ils parlaient de moi comme si j’étais mort.

j’étais plus vivant que jamais. je me sentais bien.
je pouvais même toucher ma poitrine. même pas
mal. pas mal du tout.
de sorte que mon jour c’était tous les jours. juste les bras
remplis de fleurs me serraient dans les bras comme mes bons amis.
et tout le monde parlait en bien de moi. que j’aurais été un homme
bien. magnanime. je n’avais aucune idée d’où ils tenaient ça. ces propos
sur moi. ils les tenaient.

comme si j’étais mort c’est ainsi qu’ils parlaient de moi

je suis plus vivant que jamais. j’explose de vitalité et d’amour.
que j’ai envie de me battre avec mes propres bras
ces tendres fleurs dans ma poitrine
je me sens bien et de plus en plus aromatique.
et tout le monde parlait en bien de moi. que j’aurais été un homme
bien. magnanime.
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nous apprécions l’autocollant
avec 50 % de réduction sur un cercle de vie
qui nous mènera un jour près de tout
le bien du monde
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Nous avons des géraniums pour le
déjeuner
légers lourds les autres repas. nous nous levons
par les aisselles pour voir nos rotules
dehors. nous nous mettons bien avec la cuisinière.
de rotule à rotule. qu’elle nous remplisse à nous aussi
les bols avec ce qui reste des bouches
des autres. nous avons pas mal faim et les quest ons rhétoriques
ne nous mangent aucune réponse la faiblesse ne nous surprend
pas
la cuisinière ne nous partage pas tous
pareil. nous faisons semblant de fermer les yeux
nous mangeons dans des sacs juste des sourires nous voulons.
les gros morceaux
d’une chose désossée elle les dissimule sur les cuisses au point
que nous disons elle a grossi
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