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EAN : 9782844857057
64 pages
Allia (22/08/2013)
4.08/5   6 notes
Résumé :
Stilettos, sweat en néoprène Marc Jacobs, mini-short fluide en mousseline, chignon bas. La mode a ceci d'original qu'elle ne confère nulle utilité pratique aux choses utiles, en l'occurrence se chausser et se protéger du froid. Elle est fondamentalement arbitraire. Et c'est ainsi qu'elle exerce pour Simmel son empire. Elle n'est pas un besoin vital mais un besoin social. Ou, plutôt, elle résulte de deux besoins sociaux contradictoires : l'instinct d'imitation et l'i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les éditions Allia ont eu l'excellente idée de rééditer un des essayistes allemands les plus importants du début du 20e siècle, Georg Simmel. Auteur de l'incontournable « Philosophie de l'argent », Simmel s'intéresse cette fois-ci à un phénomène fiévreux qui prendra une ampleur sacrée au fil des décennies à suivre : la mode.

Simmel a pressenti, à l'orée d'un siècle fulgurant à venir, l'importance de la mode qui se singularise un peu partout en Europe. Et cela, avant le sacre qu'allait connaître le phénomène avec l'avènement des premières stars du 7e art, et d'autres artistes qui mettront la mode, en tant que style de vie, au pinacle de la distinction sociale.

Ce qui est impressionnant, avec cet essai, c'est qu'il a mis en lumière, avant l'heure, tout ce qui allait caractériser la mode avec ses nombreuses caractéristiques intrinsèques, dans les années à venir. L'auteur démontre, arguments à l'appui, les nombreuses subtilités de la mode, et pourquoi elle est devenue si dominante dans une société purement capitaliste. L'essai a beau être court, mais il va au coeur du sujet, sans aucune digression, avec une perspective impartiale (Simmel ne condamne pas la mode, mais n'en fait un éloge dithyrambique non plus.) C'est ce qui rend cet essai intéressant, et toujours d'actualité malgré le fait qu'il s'est écoulé presque un siècle depuis sa rédaction.

Si les tendances de la mode ont drastiquement changé, son essence reste la même ; l'imitation dans un premier temps, et secondement, la différenciation. Cette balance primordiale fait de la mode, comme philosophie de la vie, une façon de s'exprimer sans mots, à travers un accoutrement, un style, une allure.

Simmel parle de « victime de la mode », qui ne jure que par les tendances, mêmes fugaces, d'une mode pour laquelle il manifeste un désir obsédant de s'identifier. le nivellement social, ainsi que la forte croissance depuis le 19e siècle d'une classe bourgeoise hissée par l'industrialisation, a favorisé exponentiellement le culte de la mode. La classe moyenne, même sans appartenir à une classe bourgeoise, souhaite, ne serait-ce qu'à travers une apparence, appartenir symboliquement à une classe supérieure, matériellement partant. Une tendance qui est toujours fortement courante de nos jours d'ailleurs...

Je vous conseille vivement ce court essai sur la mode de Georg Simmel, éclairant, allègre à parcourir, et excellemment écrit. Ce livre n'a pas perdu de son intérêt et perspicacité.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Celui qui, par sa toilette ou ses manières d'être, adopte délibérément le contre-pied de la mode accède lui aussi au sentiment d'individualisation qui s'y attache. Mais c'est alors au moyen d'une pure négation de l'exemple social, et non pas en raison d'une qualification individuelle. Si être à la mode consiste à imiter l'exemple social, la refuser intentionnellement revient à inverser cette imitation, ce qui ne témoigne pas moins du pouvoir des tendances sociales dont, d'une manière ou d'une autre, positivement ou négativement, nous sommes toujours dépendants. La victime de la mode et celui qui s'y oppose intentionnellement s'emparent tous deux d'un contenu, et ne diffèrent que par la forme qu'ils donnent à ce contenu : le premier celle de la surenchère, le second celle de la négation.
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Relier et distinguer sont les deux fonctions fondamentales qui oeuvrent ici inséparablement, et bien que ces deux termes soient strictement contraires, ou peut-être bien pour cette raison même, chacun est la condition de possibilité de l'autre
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la mode n'est-elle rien d'autre que l'une des nombreuses formes de vie à travers lesquelles se trouvent réunies dans une unité d'action la tendance à l'égalisation sociale d'une part et la tendance à la différenciation individuelle et à la variation d'autre part.
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Non point parce que l'homme est l'être le plus homogène, mais bien parce que dans le fond il est l'être le plus multiple, et peut dès lors se passer plus aisément de variation extérieures
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