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EAN : 9782081394094
300 pages
Flammarion (31/08/2016)
3.16/5   694 notes
Résumé :
« Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C'est l'image d'eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l'excitation d'être en société, toutes dents exposées.
Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d'autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie.
Un rire que je scrute à l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (153) Voir plus Ajouter une critique
3,16

sur 694 notes
Une soirée entre amis, une "fête de printemps" dans un petit appartement de la banlieue parisienne…

Elizabeth, la narratrice, insiste pour qu'elle et Pierre, son mari, y invitent aussi leurs voisins du dessus, la soixantaine comme eux, mais qui ont un petit quelque chose de piquant, d'intéressant qui ne manquera pas de plaire à leurs amis de toujours : la femme, Lydie, rousse pythonisse habillée en gipsy, chante dans les bars jazzy quand elle ne dit pas l'avenir à quelques paumés dans son « cabinet » de voyante. Mais c'est l'homme surtout qui retient l'attention, la sollicitude et la tendresse d'Elizabeth, chercheuse en biologie de son état : Jean-Lino Manoscrivi est la gentillesse même, il tente à toute force de se faire aimer d'un épouvantable petit tyran, le petit-fils de sa femme , Lydie, mais pas le sien, et ce manège qui n'a pas échappé à sa curiosité, attendrit Elizabeth.

La soirée se passe plutôt bien, arrosée et rieuse : Jean-Lino se taille même un petit succès en moquant gentiment sa compagne, entichée de poulets bios élevés en plein air et « perchant » librement... Mais au milieu de la nuit, c'est le drame. Jean-Lino revient et réveille ses voisins et amis : dans un coup de folie, il a étranglé Lydie.

Tout le récit de Yasmina Reza oscille entre deux pôles : la satire sociale et le polar.

Babylone est d'abord le récit comique d'une soirée bobo où les propos se télescopent joyeusement, au rythme des bouteilles qui se vident, où les portraits esquissés des convives sont autant de caricatures enlevées et savoureuses. La phrase rapide, incisive, sautant allègrement du.. poulet-à-l'âne , excelle à rendre vivante une scène de fête avec ses préparatifs angoissés, son lâcher-prise aviné, et ses rangements fatigués.

Le deuxième pôle est donc celui du thriller -les nombreuses prolepses nous font vite comprendre que Lydie va être au centre du drame qui, si j'ose risquer cette métaphore gallinacée, couve. Mais étonnamment les causes de ce coup de folie aux conséquences dramatiques sont dérisoires : une envie de faire rire, un peu d'exagération, un mime maladroit mais pas malintentionné et tout part en vrille.

Après les mots pour rire, les mots qui blessent, et enfin les gestes qui tuent.

Le minime, le dérisoire, le banal débouche brutalement sur la tragédie, mais là encore Yasmina Reza surprend : Elizabeth et Jean-Lino errent entre palier, ascenseur et cage d'escalier, en pyjama et pantoufles, avec une très voyante valise rouge, sans se décider à rien, qu'à échanger sur leur mutuelle solitude.

Étrange roman, où les dialogues, même absorbés dans le récit, sont percutants et drôles comme autant de répliques théâtrales – bon sang ne peut mentir- et où le cocasse flirte avec le profond, l'absurde avec la philosophie…A quand la pièce tirée du roman, Madame Reza?

C'est donc un roman un peu hybride, ce qui n'est pas pour me déplaire, mais m'a parfois un peu déconnectée du récit, à force de changements de ton et de douches écossaises…

Le titre est tiré des Psaumes (Exil) :. "Aux rives des fleuves de Babylone nous nous sommes assis et nous avons pleuré, nous souvenant de Sion."

Car tout le récit parle d'exil et de la souffrance d'être éloigné de ce qui nous paraît une patrie originelle : exil des vieux- encore- jeunes, éloignés, sans espoir de retour, de leur jeunesse, exil dans le malheur où vous précipite un geste inconscient mais irréparable, exil de chaque être dans sa solitude, son envie d'être aimé et reconnu qui le rend incapable d'empathie ou d'aide- ou alors si brièvement, si extraordinairement, que le retour à la réalité, au comportement rationnel et « normal », c'est-à-dire à la vie routinière, machinale et égoïste, est un nouvel- et plus cruel- exil.

J'ai souvent senti cette gravité désenchantée derrière les persiflages, les traits d'esprit ou les caricatures, mais par peur de peser, d'alourdir, d'attrister Yasmina Reza ne fait que l'effleurer, au passage.

C'est peut-être mieux ainsi, mais je l'ai parfois regretté.

Ce plongeon –là bien peu sont capables de le faire avec élégance et détermination : Jean-Paul Dubois avec La Succession l'a magistralement osé. Yasmina Reza est restée sur le bord de la piscine, elle n'a fait que se tremper les pieds.
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Bien qu'un meurtre soit commis chez les voisins, ne vous y trompez pas, ce roman est aux antipodes du polar.
On retrouve dans Babylone les thèmes de prédilection de Yasmina Reza, à savoir l'approche sociologique des bobos, de leurs couples et leurs problèmes existentiels. Par le biais de dialogues qui font mouche, elle nous livre un récit drôle et mordant.
Élisabeth, la narratrice nous raconte des fragments de sa vie, des anecdotes de son enfance. Elle revient sur la mort de sa mère et tous les souvenirs de son enfance qui remontent, comme ce casse-noix fabriqué par ses soins et retrouvé alors qu'elle vide l'appartement maternel. Elle campe avec une pointe d'ironie les gens qui forment son entourage, famille, voisins, collègues., tous ces gens qui se retrouvent chez elle pour une fête de printemps, prétexte à un cocktail de bobos satisfaits et prétentieux. Parmi eux, les voisins du dessus, Jean-Lino et Lydie. Jean-Lino, qui a peur de prendre l'ascenseur, a une tendresse béate pour son chat Eduardo auquel il ne s'adresse qu'en italien. Thérapeute new âge et chanteuse occasionnelle, Lydie porte des tenues excentriques et colorées et ne jure que par le poulet bio et qui peut s'ébattre librement avant d'être mangé. Bien que défenseuse des droits des animaux, elle déteste le chat Eduardo qui le lui rend bien. Lorsque Jean-Lino, pour faire rire la galerie, raconte le jour où, au restaurant, sa femme a demandé au serveur « si le poulet s'était promené dans la basse-cour, s'il avait voleté, et s'était perché dans les arbres », Lydie n'a plus ouvert la bouche de la soirée. Cette mauvaise plaisanterie va les mener au drame.
Tout va s'enchainer de façon drolatique et tragique et Élisabeth va se trouver mêlée au drame.
L'histoire est prétexte à parler de nos problèmes existentiels, de nos frustrations, nos petites lâchetés. Malgré les personnages nombreux qui traversent ce roman, on croise la solitude profonde de leurs vies et la quête éperdue de l'amour.
Le titre vient d'une remarque de Jean-Lino lorsqu'il évoque le livre des Psaumes et le passage sur l'exil des juifs vers Babylone. Ce récit fait écho à nos propres vies faites d'exclusion, de solitude et de confrontation à la mort, celle des autres et la nôtre. Et puis survient l'irrémédiable sans que nous en soyons avertis, et ce peut être déstabilisant.
Un roman plus profond qu'il n'en a l'air et qui cache, derrière sa comédie de moeurs, une fine analyse psychologique.
J'ai toujours plaisir à retrouver l'écriture de Yasmina Reza à travers ses romans et ses pièces de théâtre.
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Après avoir tué sa compagne lors d'une scène de ménage partie en vrille, un brave homme un peu paumé et une voisine compatissante – en l'occurrence la narratrice, une femme en plein blues de la soixantaine – échafaudent des tribulations de pieds nickelés pour dissimuler le meurtre.

Voilà une présentation sommaire, personnelle et – à mon sens – attractive de Babylone, le dernier roman de Yasmina Reza.

Car j'ai trouvé ennuyeuse et sinistre la trop longue première partie du récit – avant qu'il ait tué sa compagne ! –, cette partie dont, dans les cénacles, on semble vouloir parler le plus. Une fête tristounette, entre petits bourgeois vieillissants, étriqués et désenchantés. Des personnages qui seraient exilés de leurs rêves, à l'instar des Hébreux à Babylone ! Pas très convaincant... Lecture interminable, pas drôle, parfois glauque, dans laquelle je n'ai pas trouvé d'intérêt... bien qu'étant de la même génération. Je n'ai même pas prêté attention aux signes avant-coureurs du drame, très discrètement et finement instillés par l'auteure.

J'ai un moment hésité à continuer ma lecture... Et oui ! On n'est pas au théâtre, où l'on est astreint à rester patiemment assis quand la pièce est un peu longue à démarrer. Un livre que l'on trouve ennuyeux, quand il reste deux cents pages à absorber, il peut s'envisager de le refermer.

L'avouerai-je ? C'est dans les critiques de lecteurs que j'ai cherché un encouragement ... Et je l'ai trouvé ! Babylone est un polar, ai-je lu... En effet, à peine quelques pages après avoir repris ma lecture, coup de théâtre ! Mort violente, victime, meurtrier, police, enquête...

Babylone est-il un polar ? C'est plutôt ce qu'on appelle un roman noir, cette forme de littérature populaire, où un fait divers tragique se produit dans un univers de misère et de souffrance qui peut faire disjoncter des individus fragiles.

C'est bien ce qui arrive à Jean-Lino, un pauvre type en mal d'affection et de reconnaissance depuis son enfance. Il n'en a jamais trouvé, ni auprès de sa compagne, ni auprès de son petit-fils, un gamin de cinq ans, ni auprès de son chat. Car l'affection et la reconnaissance, le meilleur moyen de ne jamais en trouver, c'est de trop montrer qu'on en demande.

Et Elisabeth, la narratrice ! En quête d'émotions fortes, à l'automne d'une vie dont elle ne peut dire si elle a été heureuse ou pas ? Comment a-t-elle pu ainsi se fourvoyer auprès de l'inénarrable Jean-Lino, au risque de se perdre. Probablement d'ailleurs que dans un roman noir à l'américaine, l'auteur l'aurait laissé se perdre. En ce sens, la troisième et dernière partie du livre – face à la police et à la justice –, plutôt amusante à lire, m'a laissé sur ma faim sur la fin...

La meilleure partie du roman est la deuxième. Elle se déroule dans la chambre de la victime, puis dans le hall d'entrée de l'immeuble. Les scènes et les dialogues sont très cocasses. Au théâtre, ce serait certainement irrésistible de drôlerie.

Yasmina Reza a le sens de la dramaturgie de scène. le succès de ses pièces en témoigne. Je suis certain qu'au théâtre, la fête de la première partie, avec ses blagues à deux balles, ses ragots de pipelette et ses commentaires à la Deschiens, serait plus vivante, plus plaisante, plus distrayante, que dans les trop nombreuses pages qui lui sont consacrées dans le roman. Et le debriefing de fin de soirée entre mari et femme, après le départ des invités, n'est rien d'autre qu'une pure scène de théâtre.

Je ne suis pas dans la tête des jurés du Renaudot et je ne connais pas leurs critères. Je ne conteste pas le talent narratif et le style de Yasmina Reza. Babylone est un ouvrage de fiction finement construit. Mais il lui manque le petit je-ne-sais-quoi qui rend passionnant certains romans.

(A Michfred)

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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"Un rien peut me faire douter de la cohérence du monde. Les lois semblent indépendantes les unes des autres et se heurtent." p.41 Un peu plus loin j'ai trouvé le verbe "m'exaspère", écrit comme ça cela devient une ellipse. Un style que j'aime bien mais qui est à l'opposé de celui de Yasmina Reza. Son style est plutôt balzacien ou pancolien. Je ne m'étonne plus de rien ni d'assister à un vide grenier où finit par émerger un casse-noix dans une boîte à chaussure André ramollie. L'auteure, et ce "e" a ici toute sa raison d'être, par l'intermédiaire de la figure principale de son histoire va avouer qu'une autre l'aurait jetée sans regret.

La narratrice va même ouvrir un vieux magazine Americans et commencer à décrire les photos. Moi j'aime bien les photos, beaucoup moins un catalogue de descriptions. Dans ce grand cabas, il y a de tout, rangé pêle-mêle. C'est pratique pour entasser un maximum de choses. Il n'y a donc pas de table des matières, ni de chapitres. Après tout, recevons-nous un mode d'emploi à la naissance ? Non, tout nous vient en vrac, sorti du chaos. Pourquoi se questionner sur la soudaine apparition d'un bouquet avec sa ficelle ? S'il est beau.


J'avais une tante expatriée en Espagne qui dans les années septante écrivait des lettres de huit pages pour donner de ses nouvelles. Leur flot continu de détails quotidiens était souvent interrompu par des phrases telles que "Je te laisse cinq minutes, je dois surveiller ma soupe" ou "On a sonné, je reviens", pour reprendre ensuite dans une direction complètement différente. Ma mère adorait et voulait absolument nous les lire à haute voix. Souvent je résumais : "bref, tout va bien" ou "donc rien de neuf". Je n'aurais pas appelé cela de la littérature. Ma mère, elle se mettait à la relire tout bas, avec un grand sourire et déjà l'idée de lui répondre. Elles s'écrivaient donc et auraient pu préciser "avec cette facilité que nous avons nous les femmes d'épaissir la moindre anecdote [...], de conférer un poids à n'importe quel mot ou détail insignifiant." p.194


Il en va finalement aussi ainsi des conversations futiles dans les dîners où l'on étouffe parfois de banalités ou bien le dérapage peut avoir lieu juste après, en privé. Ici, il y a un cas désespéré "Sa femme était un genre de thérapeute new age après avoir géré un magasin de chaussure."p.14 Pfff... La vie est souvent le théâtre d'une cruelle ironie, tout de même.


En résumé : une femme qui chante des airs de jazz, va à une soirée et pompe l'air de tout le monde avec ces histoires de poulets qui seraient humains, son mari étouffe et remplace le canard par un poulet lors d'une danse improvisée. Tout le monde est sur l'air car la soirée est bien arrosée. A peine rentrés chez eux les rôles vont s'inverser^^.

Le mari essaye de se faire la malle mais n'a pas de valise assez grande. La voisine vient pour aider car c'est à cause de sa fête du printemps que tout cela est arrivé. Au final les poulets viennent les embarquer, la preuve qu'ils ne sont pas humains, et les foutre au panier. Je ne vais pas en faire une salade.^^


L'auteure en tire deux cent pages c'est léger et décousu mais cette femme moderne ne semble pas savoir repriser, enfin "... à sa façon elle avait escamoté le néant." p.199
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Ce Babylone de Yasmina Reza me laisse dubitatif. J'ai du mal à comprendre la récompense littéraire obtenue pour ce roman. Il est vide avant le meurtre. La vie de ce couple bourgeois, de ses voisins, de leur amis occupe plus du tiers du livre. Du banal, de l'ennui, la vie qui passe, plutôt bien écrit, mais très plat quand même... Après, un embryon d'intérêt pour la valise rouge, puis une fin qui ramène vers la déception...Bon, je suis peut-être passé à côté des intentions de l'auteur...
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critiques presse (8)
LeMonde
14 septembre 2018
Au milieu des catastrophes ordinaires, il faut que quelqu’un tienne, affronte cette nuit où la vie s’apprend. Tel est le bouleversant courage de Reza. Celui qui fait de ce roman policier une puissante enquête existentielle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
26 septembre 2016
Un polar décalé, dans une mise en scène burlesque. On retrouve dans "Babylone" son sens du croquis social, auquel s'ajoute cette fois une touche de mélancolie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeJournaldeQuebec
19 septembre 2016
Le nouveau roman de Yasmina Reza a réussi à nous arracher de nombreux sourires... même si la mort n’est jamais très loin.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaLibreBelgique
06 septembre 2016
"Babylone", le roman de Yasmina Reza, raconte un drôle de meurtre chez les voisins du dessus. Mais au-delà du prétexte du récit, l’écrivaine parle de notre errance humaine, de notre exil de nous-même.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
05 septembre 2016
En alternant désespoir existentiel et pépites légères, cocktail mondain et thriller sanglant, Reza échappe au syndrome du «théâtre écrit»
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Lexpress
29 août 2016
Faux roman noir, piquante dramaturgie, Babylone se déguste ligne après ligne.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
26 août 2016
Yasmina Reza choisit le récit policier pour mener une enquête à la fois drôle et profonde sur nos existences ordinaires.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
17 août 2016
Une fête bourgeoise tourne au drame à cause d'un banal malentendu. Une variation sarcastique sur la solitude, le couple, l'abandon.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (109) Voir plus Ajouter une citation
« Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C'est l'image d'eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l'excitation d'être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d'autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l'infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j'entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l'irrémédiable""
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La femme doit être gaie. Contrairement à l'homme qui a droit au spleen et à la mélancolie. A partir d'un certain âge une femme est condamnée à la bonne humeur. Quand tu fais la gueule à vingt ans c'est sexy, quand tu la fais à soixante c'est chiant. On ne disait pas créer du lien quand j'étais jeune, je ne sais pas de quand date ce singulier. Ni ce qu'il veut dire ; le lien réduit à son abstraction n'a aucune vertu en soi. Encore une de ses expressions creuses.
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Ce ne sont pas les grandes trahisons, mais la répétition des pertes infimes qui est la cause de la mélancolie.
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Mais le terrain que n'avait pas exploré Gilles Terneu, et que tous ont voulu me faire arpenter jusqu'à la nausée, a été celui de ma vie. Qu'est-ce qu'elle racontait cette Elisabeth Jauze, née Rainguez, à Puteaux ? Ça s'appelle la grande identité paraît-il dans le langage flic. Tout ce que vous avez soigneusement enterré il faut le ranimer. Tout ce que vous avez biffé, il faut le réécrire avec des caractères propres. Enfance, parents, jeunesse, études, bons et mauvais chemins. Ils se sont penchés sur ma vie avec un zèle ridicule. C'est l'impression que j'ai. Une application ridicule pour fabriquer une fausse matière. Un petit baluchon de sociologie qu'ils mettront dans le dossier et qui ne dira rien. La justice aura fait son travail. Moi ça m'a renvoyé des images. J'ignorais qu'elles étaient restées quelque part. Le café de Dieppe, la grosse machine endormie, décorée pour la fête, qu'on réveillait dans le brouillard, je ne savais pas que je les portais encore. On ne peut pas comprendre qui sont les gens hors du paysage. Le paysage est capital. La vraie filiation c'est le paysage.
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Quand Jean-Lino était enfant, son père, de temps à autre après le repas du soir, prenait le livre des Psaumes et lisait un passage à voix haute. Le galon marque-page ouvrait toujours au même endroit. Il ne venait pas à l'idée de son père de le déplacer, de sorte qu'il lisait toujours le même verset, celui de l'exil. "Aux rives des fleuves de Babylone nous nous sommes assis et nous avons pleuré, nous souvenant de Sion."
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