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EAN : 9782845903678
Arfuyen (04/04/2024)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Malgré une mort prématurée à l`âge de 26 ans, Antonia Pozzi (1912-1938) a laissé une oeuvre considérable dont la publication posthume a révélé la force et l`originalité. Vittorio Sereni a reconnu le premier ses dons exceptionnels. Eugenio Montale admirait chez elle la « pureté du son » et la « limpidité des images ». Et le grand Eliot lui-même se disait frappé par « sa pureté et sa probité d`esprit ».
Un an après sa mort, les éditions Mondadori ont publié sous... >Voir plus
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L'ANCRE

Je suis restée seule dans la nuit :
j'ai sur le visage la saveur de tes larmes,
autour de mon être
le silence – qui sur le bruit sourd
de la porte refermée, en larges cercles
s'aplanit.

Lente dans l'eau obscure
du cœur –
lente et sûre,
entre les algues profondes
les échos des tempêtes les longs courants
les molles guirlandes des flots
autour d'écueils
engloutis –

lente et sûre,
jusqu'aux sables secrets gisant
au fond de l'être –
fidèle tenace, avec ses trois bras
luisants
pénètre l'ancre
de tes trois mots :
« Toi, attends-moi. »




L'ÀNCORA

Sono rimasta sola nella notte :
ho sul volto il sapore del tuo pianto,
intorno alla persona
il silenzio – che sul tonfo
della porta richiusa, a larghi cerchi
si riappiana.

Lenta nell’acqua oscura
del cuore –
lenta e sicura,
tra le alghe profonde
gli echi delle tempeste le lunghe correnti
le molli ghirlande di onde
intorno a inabissati
scogli –

lenta e sicura,
fino alle sabbie segrete giacenti
sul fondo dell’essere –
fida tenace, con i suoi tre bracci
lucenti
penetra l’àncora
delle tue parole :
– Tu aspetta me –.


16 dicembre 1934

Traduit de l'italien par Thierry Gillyboeuf | pp. 116-9
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Pour Emilio Comici

Des lacs de stupeur s'ouvrent en grand
le soir dans tes yeux
entre sons et lumières :

de lentes fleurs de folie s'ouvrent
sur l'eau de l'âme, réfléchissant
la grande cime couronnée de nuages...

Ton sang qui rêve de pierres
est dans la pièce
un fabuleux silence.



Per Emilio Comici

Si spalancano laghi di stupore
a sera nei tuoi occhi
fra lumi e suoni :

s’aprono lenti fiori di follia
sull’acqua dell’anima, a specchio
della gran cima coronata di nuvole…

Il tuo sangue che sogna le pietre
è nella stanza
un favoloso silenzio.


Misurina, 7 agosto 1938

Traduit de l'italien par Thierry Gillyboeuf | pp. 258-9
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Enfant mourant
  
  
  
  
Tu as vécu en une nuit
les années de toute une vie :
et l’aube lente t’en couronne
comme d’épines. Tu regardes alentour
de tes yeux sages les ombres
inachevées qui tâtonnent :
et tu connais la souffrance du blé renversé dans le tonnerre
et le vide du bétail meurtri.
En mille soirées
tu as rajusté tes longues tresses grises, l’humidité
des journées défleuries t’a oppressée;
ton front s’ouvre
à présent dans un rai de soleil, il s’ouvre
dans le regard d’un homme parfait :
et tu plains ta mère


/traduit de l’italien par Thierry Gillybœuf
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Un destin
  
  
  
  
… Absorbé dans son feu
chaque être humain
s’abandonne à une vie unique.
Mais sur ton allure
lente de fleuve qui ne trouve pas d’embouchure,
la lumière argentée des vies
infinies – des étoiles libres
tremble à présent :
    et si aucune porte
ne s’ouvre pour ta fatigue,
si chaque pas
ne te rend que le poids de ton visage,
si te revient
plus que douleur
cette joie de poursuivre seule
dans le clair désert de tes montagnes
tu acceptes à présent
d’être poète


/traduit de l’italien par Thierry Gillybœuf
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Le ciel en moi
  
  
  
  
Toi,
tu étais le ciel en moi,
qui ne m’aimais pas pour ma personne
mais pour cette graine
du bien
qui dormait en moi. (…)
Toi,
tu étais le ciel en moi,
qui ne m’aimais pas
pour ma vie
mais pour l’autre vie qui pouvait se réveiller
en moi.
Toi,
tu étais le ciel en moi
le grand soleil qui transforme
en feuilles transparentes les mottes de terre (…)
Et quand dans les rues – avant
que le soir ne tombe – je me promène
je veux encore
être une fenêtre qui marche,
ouverte, avec son rebord
d’azur qui la comble.
Je veux encore qu’on entende sonner
le tocsin de mon cœur


/traduit de l’italien par Thierry Gillybœuf
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Video de Antonia Pozzi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Antonia Pozzi
Accompagnée de Dorothée Hannequin (The Rodeo), Anne Millioud-Gouverneur (violon), Robi & Emilie Dautricourt
1ère partie :
« Je suis un songe et tu me rêves »
(M. Tsvetaïeva)
« Les femmes parlent de nuit. Elles parlent d'infini, d'orage et d'empreinte du vent. Les femmes voyagent en territoire du rêve et parlent de pays où tout serait permis. Il n'y a pas de chronologie, pas de géographie , mais un parcours en liberté à la rencontre des poétesses. On convoque les voix de Tsvetaïeva, Sappho, ou d'Antonia Pozzi, autant d'écrivaines à (re)-découvrir dans un paysage atmosphérique fait de pianos réverbérés et de chorales spectrales.
Accompagnée d'un choeur de musiciennes et du piano, je tenterai de dessiner les contours de cette histoire de la poésie au féminin, dans une traversée des langages poétique, sonore et visuel placée sous le signe du rêve. Premier volet de cette proposition. »
Cleo T.
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