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EAN : 9782073045188
Gallimard (11/04/2024)
3.03/5   127 notes
Résumé :
Lucie n'est pas une sorcière talentueuse. Ses deux filles, elles, se révèlent extrêmement douées, au-delà des prétentions et des espoirs de Lucie qui n'aspirait qu'à en faire des sorcières efficaces. Quant à la mère de Lucie, son génie est absolu. Mais qui sont les corneilles ? Est-on plus libre, de prendre la place des oiseaux, leur forme et leur aspect, et d'imiter leur cri ?
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Une jeune femme, mère de deux jumelles de douze ans, mène une vie de classe aisée dans une ville de province. Elle a des pouvoirs, mais qu'elle exploite mal. C'est une sorcière de mère en fille. Peu à peu, sa vie lui échappe.
C'est un roman qui semble écrit d'un premier jet.
Beaucoup de thèmes y sont abordés, l'idée est originale, mais le tout est décousu.
C'est assez loufoque, proche du fantastique.
Malheureusement, les faits d'enchaînent, mais semblent plaqués, sans véritable continuité.
Bref, malgré une lecture agréable et un sujet qui m'a bien plu, un sentiment d'incomplet me reste.
Pour avoir lu des romans de Marie Ndiaye postérieurs à celui-ci, je trouve qu'elle a vraiment très bien évolué dans sa maîtrise de l'écriture au fil des années été je préfère les plus récents.
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Une collègue m'avait recommandé ce livre qui a suscité des critiques dithyrambiques, comme celle qui s'intitule « éloge du charme », publiée à la fin du roman. Certes, je vois bien où réside la modernité, l'originalité : on flotte en permanence entre banalité du réel et éléments surnaturels (pouvoir divinatoire de la narratrice, transformation de ses filles en corneilles, apparition improbable de sa mère sorcière et de son compagnon dans la cuisine de la mère de son mari, transformation de son père en escargot). Mais je n'adhère pas à ce monde ni à ce personnage. C'est une littérature qui, malgré le surnaturel, ne fait pas rêver. La narratrice est perdue, faible. Elle se laisse prendre dans une vie routinière pseudo-bourgeoise dont elle a conscience, puis elle semble assister dans l'impuissance au départ de son mari, de ses filles, et se laisse finalement recruter comme professeur de savoir ésotérique par Isabelle, la voisine curieuse et importune dont elle s'était demandé à plusieurs reprises si ce n'était pas un corbeau, dans une école improbable pour jeunes-filles riches. Elle finit par se faire arrêter pour escroquerie, et le gardien de prison essaye de la faire brûler comme les sorcières d'autrefois. Elle a des pouvoirs, mais d'autres femmes semblent plus puissantes qu'elles. La plupart des personnages sont hostiles, antipathiques, ratés ou pitoyables. Les lieux sont Bourges ou Châteauroux.
J'avais plus aimé le poème Y penser sans cesse qui présentait une certaine poésie de l'écriture, dans le ressassement et la superposition des temps, de l'Histoire et des histoires. Mais là, même l'écriture me paraît plate. On peut même lire « la femme rigola ». le récit s'achève en plein milieu d'une conversation. Cette trivialité me rappelle l'écriture de Jean-Yves Cendrey, le mari de Marie N'Diaye. Je m'attendais à plus de puissance, justement, peut-être parce que le titre d'un autre de ses romans « Trois femmes puissantes » me faisait espérer mieux. Je voyais justement des figures ensorcelantes, comme celles de Laurent Gaudé dans Ouragan, j'espérais un souffle venu d'ailleurs, et je me retrouve à Châteauroux, dans une gendarmerie de périphérie, dans des tours ou des pavillons.
Bref, je ne suis pas du tout emballée. Je lirai Trois femmes puissantes, pour voir.
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'' La sorcière'' ne m' a, malheureusement, guère enchanté. L'histoire avait pourtant les ingrédients pour, mais la direction qu'elle prend est, pour ma part, dénuée de sensationnel: Pas d'intrigue, aucun rebondissement, même un petit rien à se mettre sous la dent aurait été le bienvenu. Dommage
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Lucie, la narratrice et personnage principal de ce livre, est une sorcière aux pouvoirs relativement limités. Très tôt cependant, elle initia ses deux filles, à l'art de la magie, et fut à la fois fière mais aussi vexée, de constater que ces dernières étaient très douées, et notamment bien plus qu'elle-même. Sa vie bascule le jour où elle se rend compte que ses filles grandissent et ne vont pas tarder à lui échapper, tout comme son mari qui l'a quitté pour aller fonder un autre foyer ailleurs, loin d'elle et surtout, sans elle. Lucie doit donc revenir à la triste réalité de la vie.
Ce livre est un délicieux mélange de fantastique et de réalisme qui est comme une claque que la narratrice reçoit en pleine figure.
Marie Ndiaye a su décrire à la perfection la détresse de cette mère qui, au départ, avait tout pour être heureuse et qui, du jour au lendemain, voit tous les morceaux de sa vie voler en éclats. le personnage de Lucie est très attachant, l'écriture est agréable et le lecteur se laisse facilement embrigader dans cette histoire mi-fantastique mi-réaliste. Un vrai régal. À découvrir !
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Il faut tout d'abord entrer dans ce roman, dans son écriture, faite de longues phrases, élégantes, certes, mais qui déroutent au premier abord avant de charmer. En effet, les premières pages passées, le pli pris, le lecteur est ferré et ne peut quitter cette histoire, qui, sous des dehors un peu surnaturels est un roman très réaliste et actuel sur les conditions de vie d'une certaine classe sociale en France. Lucie fait partie de la classe moyenne, plutôt le haut du panier avec une certaine aisance financière mais point trop, juste de quoi ne pas trop regarder à la dépense même si le pavillon n'est pas encore payé. le ton n'est ni condescendant ni moqueur vis-à-vis des gens décrits. Marie Ndiaye constate les difficultés de Lucie lorsqu'elle fait le point sur sa vie, sa volonté d'exister autrement que par ses dons. A travers son héroïne, l'auteure est assez universelle et brosse un portrait pessimiste de la vie de couple et de famille dans une province française : les enfants qui grandissent et partent, les couples qui ne survivent pas aux tête-à-tête qui reviennent, les hommes qui partent soit vers d'autres femmes soit dans un travail chronophage et la femme qui reste seule et tente de sauver son couple, sa famille et les apparences. Ce roman est écrit en 1996, je ne sais pas s'il est toujours d'actualité, je crois, j'espère que les femmes se sont émancipées de ces "devoirs" imposés, néanmoins il est intéressant comme constat de ces années-là.

La sorcellerie que les femmes se transmettent, je l'ai vu comme une puissance que les hommes redoutent et ne veulent pas voir, par peur d'être dominés, de perdre le pouvoir. Aucun des maris ou conjoints des femmes de la famille de Lucie ne veut entendre parler de sorcière, ce qui est source de crise dans le couple, et chacune de pratiquer en douce ou d'enfouir ses dons pour obéir à la dominance masculine. Je ne sais pas si j'ai fait la bonne lecture, mais j'ai pris ce roman comme un roman d'abord très féminin, les hommes étant très absents et lâches, et féministe. Il défend l'idée que les femmes doivent revendiquer et obtenir l'égalité dans tous les domaines et que les hommes ne doivent pas s'effrayer de cela, qu'au contraire c'est une force supplémentaire et complémentaire. Personnellement, si ma femme était une sorcière, non seulement je la laisserai pratiquer, mais j'apprendrai plein de trucs et puis j'en profiterai un max... j'ai toujours rêvé de ma faire entretenir par une femme... mais bon, c'est une autre histoire.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mon mari rentrait du Garden-Club, situé à trente kilomètres de chez nous, où il passait la journée à tenter de convaincre des couples aisés et respectables d’acheter pour l’éternité une semaine de vacances annuelle en des lieux aussi variés qu’idylliques du monde entier, une toute petite semaine par an, certes, mais dont Pierrot se chargeait de montrer qu’elle serait inoubliable et de faire comprendre qu’elle s’ajouterait à d’autres semaines inoubliables au cours des années, ce qui, au bout du compte, offrait aux clients quelques centaines de journées merveilleuses pour une somme, assenait alors Pierrot, presque indignement dérisoire. Au Garden-Club, la stratégie de conquête était soigneusement minutée. Invités par un courrier flatteur quinze jours auparavant, les clients potentiels arrivaient pour le déjeuner, dans le grand parc artificiel du Garden-Club, ceint de hautes grilles, en pleine campagne. Ils étaient reçus par Pierrot, qui leur faisait les honneurs du vaste buffet de charcuterie et de salades exotiques, en profitait pour glisser déjà quelques mots de son affaire, puis les conduisait à la piscine, au sauna, au salon de massage, attendant toujours non loin, toujours à portée de vue dans son costume gris clair à l’écusson du Garden-Club, et avançant toujours un peu davantage, chaque demi-heure, dans l’exposé des inconcevables privilèges que donnait l’achat pour la vie entière d’une semaine de prélassement à Bora Bora, à Miami, à Trouville, presque partout où la fantaisie la plus retorse pouvait dicter d’aller. Ensuite, il dînait de façon intime avec ses proies, dont la peau était toute rosie et odorante, l’âme toute reconnaissante qu’on les eût si bien traitées, qu’un personnage important comme Pierrot, avec son costume parfait, un peu large, son visage coupant et sévère, ne les eût pas lâchées d’une semelle, et la fin du repas devait le persuader d’avoir emporté le morceau, ou bien c’était manqué, il le savait par expérience. Voilà ce que faisait Pierrot, il était payé à chaque contrat signé. Comme il était, jusqu’à présent, le seul vendeur du Garden-Club qui avait su convaincre plus d’un couple sur deux, il avait acquis au parc un agréable petit prestige, dont l’auréole ne ne quittait pas dès les grilles franchies mais l’enveloppait jusqu’à la maison, jusque chez nous, d’une vague atmosphère de réussite et de satisfaction générale, concrétisée par de bonnes rentrées d’argent. Sitôt qu’il avait passé une heure à la maison, sa morosité le reprenait, sa rancune diffuse et chagrinement entretenue.
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Quand mes filles eurent atteint l’âge de douze ans, je les initiai aux mystérieux pouvoirs. Non pas tant, mystérieux, parce qu’elles en ignoraient l’existence, que je les leur avais dissimulés (avec elles, je ne me cachais de rien puisque nous étions de même sexe), mais plutôt que, ayant grandi dans la connaissance vague et indifférente de cette réalité, elles ne comprenaient pas plus la nécessité de s’en soucier ni d’avoir, tout d’un coup, à la maîtriser d’une quelconque façon, qu’elles ne voyaient l’intérêt pour elles d’apprendre à confectionner les plats que je leur servais et qui relevaient d’un domaine tout aussi lointain et peu palpitant. Elles ne songèrent pourtant pas à se rebeller contre cet ennuyeux enseignement. Elles ne tentèrent même pas, certains après-midi ensoleillés, d’y couper sous quelque prétexte. Je me plaisais à croire que, cette docilité chez mes filles peu dociles, mes jumelles fulminantes et impulsives, je la devais à la conscience qu’elles avaient peut-être, malgré tout, là, d’une obligation sacrée.
Nous nous installions à l’abri des regards de leur père, au sous-sol. Dans cette grande pièce froide et basse, aux murs de parpaings, fierté de mon mari pour son inutilité même (vieux pots de peinture dans un coin, c’était tout), je tâchais de leur transmettre l’indispensable mais imparfaite puissance dont étaient dotées depuis toujours les femmes de ma lignée. Les jours d’été, les cris et les rires des petits voisins nous parvenaient de leur pelouse toute proche, la lumière tombant du soupirail en rais obliques sur le ciment où nous étions assises semblait s’évertuer à vouloir tirer Maud et Lise d’une application dont elles ne pouvaient comprendre le but, et elles s’acharnaient cependant, sourcils obstinément froncés, leurs petits visages, semblablement studieux et butés dans l’effort, tendus vers moi avec un touchant désir de venir à bout de l’énigme, une patience confiante – certaines qu’elles étaient, depuis leur très jeune âge, que leur tour viendrait de posséder mes dons, certaines et s’en moquant. Lorsque, la séance finie, j’essuyais le sang sur mes joues, épuisée, elles s’approchaient parfois de la petite fenêtre à barreaux pour crier aux copains d’à côté : Ouais, ouais, on vient !, puis elles filaient, identiques et toutes brunes dans leur short, leur maillot de rugby à rayures, après un baiser désinvolte et tendrement condescendant sur mon front en sueur. Rien de ce que je venais de leur apprendre, je le savais, ne serait dévoilé aux petits congénères. Le secret de leurs pouvoirs était jugé par mes filles strictement intime en même temps que fondamentalement inintéressant. En d’autres temps, elles en auraient éprouvé une légère honte. Mais, pratiques, sereines, volontaires, intensément décontractées, avides et, envers l’existence, revendicatrices en toute innocence, elles n’avaient que très peu de pudeur, étaient rarement gênées par quoi que ce fût. Ces intelligentes petites barbares, mes filles, en cela me stupéfiaient.
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Tout au long du dîner, par la suite, alors qu’il m’apparaissait de plus en plus clairement que cet homme n’avait rien que de très banal, et que d’agréables et décents petits messieurs dans son genre, Pierrot en rencontrait sans doute à la pelle au Garden-Club, monsieur Matin ne cessa d’inspirer à mon mari, puis même à Maud et Lise, une curiosité pleine de trouble et de respect, au point qu’il devint bientôt évident que d’avoir quitté sa femme et son petit garçon transformait monsieur Matin en héros pour mon mari, qui, sinon, ne se fût pas mépris sur cet individu ennuyeux.
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Soudain, des manches de leur blouson, des cheveux de Maud et Lise, voletèrent quelques plumes légères d'un brun-noir, qui délicatement se posèrent sur le parquet poli. Mes filles riaient, enfantines, glorieuses.
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Vidéo de Marie NDiaye
Le réel, dans l'oeuvre de Marie NDiaye, est bien souvent teinté d'étrangeté. le fantastique y affleure dans des univers réalistes, parfois triviaux ; comme si ces effets de dissonance, en s'immisçant dans le quotidien, offraient une meilleure compréhension du monde et le rendaient plus intelligible. Explorant des lieux de marginalité, ses romans arpentent des territoires ambivalents, en tension, où les personnages pourtant ancrés dans l'ordinaire vacillent parfois vers la folie. Évoluant dans une atmosphère cruelle, sur le seuil d'univers heurtés où l'équivoque s'impose, ils ne cessent de questionner leur appartenance, se confrontent à la métamorphose, à l'étrangeté du lien familial et aux déplacements incessants. Dans ce grand entretien, l'autrice évoquera l'évolution de son écriture tout au long de son parcours d'écrivaine majeure de la littérature contemporaine, qui a également investi le théâtre comme lieu d'exploration de la cruauté et de l'ambivalence humaines.
Marie NDiaye est l'autrice d'une oeuvre prolifique depuis la parution, en 1985, de son premier roman à l'âge de dix-sept ans (Quant au riche avenir, Minuit). Elle a obtenu le prix Fémina en 2001 pour Rosie Carpe, et le prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes. En 2012, elle se voit décerner le Grand Prix du théâtre de l'Académie française, après avoir écrit de nombreuses pièces de théâtre dont Papa doit manger, qui est entrée au répertoire de la Comédie-Française en 2003.
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