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Corinne Atlan (Traducteur)
EAN : 9782264033796
160 pages
10-18 (07/02/2002)
3.58/5   750 notes
Résumé :
Un mois après le tremblement de terre de Kobe en 1995, les secousses continuent dans le coeur des Japonais ... Les séismes intérieurs déplacent les solitudes ordinaires, réveille les consciences endormies ou ravive le feu de la vie. A travers six variations, Murakami effleure, avec une infinie délicatesse, la faille intérieure présente en tout être.

"Tranches de vie mystérieuses, troublantes et poétiques, ces nouvelles magistrales nous disent que la v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (93) Voir plus Ajouter une critique
3,58

sur 750 notes

Dans ces six nouvelles, Murakami avec une extrême délicatesse nous peint des portraits d'homme et de femmes dévastés par de terribles évènements dans leurs vies. Ces secousses internes sont, dans leur coeur, telles le tremblement de terre dévastateur de Kobe.
Choc, rupture avec la vie d'avant, prise de conscience, désinhibition, rêves, fantasmes, chaque nouvelle ouvre une porte vers un autre possible, vers une découverte et une réalisation de soi.
« Un ovni a atterri à Kushiro » : dans ce récit cinq jours après le tremblement de terre une femme décide de quitter son mari car dit-elle « vivre avec toi c'est comme vivre avec une bulle d'air … tu es vide ».
« Dans paysage de fer » Miyake est fasciné par les feux de camp. Sur la plage, il invite ses amis dont Junko à venir assister à ce spectacle précédé d'un rituel méticuleux d'installation du bois. Mais, allumer des feux est bien plus qu'un jeu, autour du feu on se sent calme, libre, on parle et « on dit la vérité, car les yeux des gens qui regardent le feu sont plutôt sincères ». On se libère de ses craintes, de ses peurs et de ses fantômes… et beaucoup plus. Cette nouvelle est magnifique baignée de poésie, d'espoirs et de magie.
En « Thaïlande » une femme médecin dont la vie bascule, reçoit une révélation faite par une très vielle femme qui l'incite à se libérer de ses craintes, pour atteindre la sérénité. Elle lui prédit un rêve dans lequel elle devra étrangler un serpent et enfin trouver la paix. Son enseignement est sublime : « Vivre et mourir ont une importance égale ».
le fantastique et la symbolique tiennent toujours une place privilégiée dans les récits de Murakami pour notre plus grand plaisir. J'ai beaucoup aimé « Crapaudin sauve Tokyo » ce récit est surréaliste, drôle et pourtant plein de leçons de vie profondes. Ainsi, « Ce que nous voyons avec nos yeux n'est pas forcément la réalité » et là bien sûr on pense à la phrase magnifique de Saint Exupéry : « L'essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu'avec le coeur. »
Un bon moment de lecture !
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Comme à chaque fois avec les livres de Haruki Murakami, le ne suis jamais déçue. J'avais un peu peur que cet ouvrage tombe dans le mélodrame mais il n'en est rien. Même s'il a pour point de départ un fait véridique, et qui n'en est pas moins tragique, à savoir le tremblement de terre de Kobe en 1995, ces nouvelles nous narrent la vie de personnages qui ont certes été bouleversés pas cet évènement mais pas de la manière que l'on pourrait croire. Même s'ils n'en sont pas les victimes directes, ils ont tous été affectés d'une manière ou d'une autre par ce tragique évènement, comme tout japonais d'ailleurs.

Je crois que la nouvelle qui m'a le plus marquée est la dernière du recueil, intitulée "Galettes au miel" car je me suis beaucoup retrouvée dans la petite Sara, une petite fille qui fait d'horribles cauchemars après avoir vu des images du désastre à la télévision. Cela me rappelle ma propre enfance où, durant la Guerre du Golfe, ma mère m'avait interdit de regarder les informations au J.T.

Un recueil qui nous touche car tout un chacun a un jour été marqué par des évènements de la sorte. Ecrit dans un style simple qui lui est propre, Murakami nous bouleverse une fois de plus et si je n'ai pas accordé la note maximum à cet ouvrage, c'est tout simplement parce que j'ai eu du mal à accrocher avec une nouvelle en particulier, "Crapaudin sauve Tokyo". A découvrir !
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Ce sont six nouvelles qui n'ont a prori rien à voir les unes avec les autres, sauf que chacune d'elles se déroule quelques jours après le tremblement de terre de Kobe en 1995.
La Terre a tremblé, des plaques tectoniques se sont déplacées, se frottant l'une à l'autre comme à chaque fois...
Plus insidieusement, les secousses continuent mais à un autre endroit...
Nous le savons bien en ce moment, il est des crises planétaires capables d'interroger nos intériorités. C'est pour cela que ce recueil de nouvelles de Haruki Murakami, Après le tremblement de terre, m'intéressait et m'a fasciné.
Ces six nouvelles sont prétexte à réinterroger la question du séisme, nos séismes intérieurs, nos solitudes ordinaires qui elles aussi se déplacent comme des plaques tectoniques, se cognent les unes aux autres dans cette dérive de nos vies...
Ce sont des tranches de vie, traitées de manière mystérieuse et troublante, on s'attend presque à chaque détour à voir quelque chose de surnaturel surgir...
Souvent ici il est question du vide en soi, comme une obsession, des personnes s'interrogent sur cette peur, mais d'autres veulent les guérir, l'autre ici est souvent quelqu'un qui veut aider, révélant parfois avec stupéfaction le coeur de son interlocuteur...
Cela peut parfois prendre la forme d'un colis énigmatique, un feu de camp, un air de jazz écouté dans un taxi, un rêve hanté par des animaux, une grenouille...
Chez Murakami l'inattendu et le saugrenu sont souvent au rendez-vous, mais pour mieux nous révéler nos fragilités...
Le désir et le sexe ne sont jamais éloignés de cette approche, souvent le sujet est traité avec dérision ou avec une tristesse infinie dans l'errance des rencontres, comme s'il manquait autre chose dans cette dérive des continents...
Parfois dans l'étreinte des corps nous ressentons le craquement des jointures du monde.
J'ai aimé retrouvé ici l'univers onirique er empli d'enchantement d'Haruki Murakami.
Ces six nouvelles sont une peinture délicate de personnages, attachants, dévastés dans leurs existences, traversés de failles, parfois ils sont dans le déni, le renoncement, la résignation, parfois l'incompréhension aussi...
L'autre devient alors comme un miroir, une femme dans une chambre d'hôtel, un chauffeur de taxi, un homme sur une plage tentant de rassembler du bois mouillé pour faire un feu...
Comme après chaque tremblement de terre, il y a des séismes qui suivent...
Ce texte m'a remué.
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Parfois la terre tremble et on ne peut rien contre le mouvement des plaques tectoniques.

Parfois, il se produit un séisme dans la vie de quelqu'un… et le roc le plus dur cache parfois un vide intérieur.

Six petites nouvelles d'Haruki Murakami, qui ne s'attardent pas les tragédies des victimes du tremblement de terre de Kobe en 95, mais sur des vies qui sont secouées par des bouleversements inattendus.

Une variété de protagonistes, une qualité d'imagination et d'écriture, un mélange de réalisme et de métaphores qui plaisent et qui intriguent.

Des petits textes, bien courts, on voudrait ajouter : « Et après ? »
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Le recueil de nouvelles «après le tremblement de terre» est construit comme une succession de solos autour d'un même thème, comme le morceau de Jazz cité dans la nouvelle «La Thaïlande», où Lester Young, Howard Mc Ghee, Charlie Parker, Willie Smith et al Killian improvisent 5 variations autour de «I can't get started».
C'est un des aspects que j'aime beaucoup chez Murakami, cette façon de semer des petits cailloux qui nous incite à sortir du cadre du récit pour nous conduire sur des chemins de traverse qui enrichissent le texte d'une nouvelle tonalité.
Dans «Le sud de la frontière» dont l‘ambiance est proche du très beau film de Wong Kar-Wai «In the mood for love», c'est la voix de Nat king Cole «South of a Border» que l'on entend.
Kafka sur le rivage : la Sonate en Fa Mineur de Schubert et le thème mythique du film Casablanca «As time goes by» .... play it again, Sam ;-)
1Q84: la sinfonietta de Janacek etc..
Il y a bien sûr d'autres cailloux comme toutes les références littéraires et cinématographiques qui émaillent généreusement ses textes, comme des clés à saisir pour s'ouvrir à des univers parallèles. Dans ce livre ce sera pour moi Nuits Blanches de Dostoïevski qui me semble être en écho avec la dernière nouvelle, "Galette au miel".
Enfin, Murakami a cette délicatesse de toujours laisser la porte entrebâillée à la fin de ses livres, pour laisser au lecteur la liberté du choix de ses propres conclusions.
Moi, j'appelle ça de l'élégance.
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Citations et extraits (82) Voir plus Ajouter une citation
- Eh bien, Jack London, il a été persuadé pendant longtemps qu'il finirait noyé. Il était convaincu, mais alors convaincu qu'il tomberait un jour à la mer par erreur et qu'il se noierait sans que personne se rende compte de sa disparition.
- Et il est vraiment mort noyé?
Miyake secoua la tête.
- Non. Il se serait tué en absorbant un somnifère à base de morphine.
- Son intuition n'était pas fondée, alors. Ou peut-être qu'il a décidé de contrarier le sort et a fait ce qu'il fallait pour ne pas être noyé.
- En apparence, oui, dit Miyake.
Puis il fit une pause.
- Mais en un sens, il ne s'était pas trompé. Jack London est bien mort noyé dans une nuit de solitude. Il était devenu alcoolique, il avait atteint le fond du désespoir, et il est mort là-dedans. L'intuition, parfois, c'est une sorte d'image de substitution. Parfois, cette image est beaucoup plus vivante et dépasse la réalité en horreur. C'est ce qu'il y a de plus effrayant dans le phénomène qu'on appelle prémonition.
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En rentrant du bureau ce soir-là, Katagiri trouva chez lui une énorme grenouille qui l'attendait. Dressée sur ses deux pattes arrière, elle faisait bien deux mètres de haut. Et elle était plutôt corpulente aussi. Katagiri, avec son mètre soixante et sa faible carrure, se sentit écrasé par une apparence aussi imposante.
- Appelez-moi Crapaudin, tout simplement, dit la bestiole d'une voix qui portait loin.
Katagiri en perdit la sienne et resta figé sur place dans l'entrée, bouche bée.
- Ne soyez donc pas si surpris. Je ne vous veux aucun mal. Entrez et fermez la porte, dit Crapaudin.
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C'est alors, à la vue des flammes dans la nuit, que Junko ressentit soudain quelque chose. Quelque chose de profond. Une sorte de bloc d'émotion, aurait-on pu dire, car c'était trop vivant, cela avait un poids trop réel pour être simplement appelé une idée. Cela disparut aussitôt, laissant une sensation étrange qui lui serrait le cœur, comme un souvenir nostalgique, après avoir parcouru tout son corps. Cela lui donna la chair de poule sur les bras, pendant un bon moment. (dans Paysage de fer)
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Heureusement, disait-il, je me suis habitué, la vue d'un mort ne me fait plus rien. J'en ai vu de toutes les sortes : des cadavres écrabouillés par des trains, des cadavres calcinés par les flammes, de vieux cadavres putréfiés et verdâtres, des cadavres enflés de noyés, des cadavres à la cervelle éclatée d'hommes tués par balle, des cadavres en morceaux, aux membres et à la tête séparés du corps. Tant qu'on est vivant, on est tous différents, mais une fois mort, tout le monde se ressemble. Juste une coquille vide devenue inutile.
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Le téléphone sonna peu avant minuit. Junko regardait la télévision. Keisuke, les écouteurs sur les oreille, les yeux à demi fermés, jouait de la guitare électrique dans un coin de la pièce, en se balançant de droite à gauche. Apparemment, il s'entraînait sur un morceau rapide car ses longs doigts allaient et venaient rapidement sur les six cordes. Il n'entendit absolument pas le téléphone. Junko alla décrocher.
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Videos de Haruki Murakami (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Haruki Murakami
Pierre Földes a choisi d'adapter six nouvelles de l'écrivain Haruki Murakami dans son film d'animation "Saules aveugles, femme endormie". Pour conserver l'atmosphère de fantastique décalé et de mélancolie, Földes enchevêtre les histoires et suit le parcours de quatre personnages après le tremblement de terre et le tsunami qui ont touché le Japon en 2011.
#harukimurakami #littérature #animation
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