Monsieur Toussaint Louverture a le chic pour faire le buzz avec ses titres. L'été dernier, c'était avec sa saga en épisode Blackwater. Cette fois, c'est avec Swan Song, oeuvre post-apocalyptique majeure de la littérature américaine. Est-ce que de telles promesses suffisent pour en faire une lecture indispensable ? Pas à mes yeux malheureusement, car datant des années 80, bien d'autres oeuvres sont passées depuis et l'ont dépassée.
Sur les réseaux sociaux, on m'avait extrêmement bien vendu cette oeuvre. Je ne suis pas une fan de récit post-apo, mais on m'avait promis ici un récit au plus proche des événements et un récit qui prend place avant, pendant et
après la catastrophe. Je me suis sentie flouée. La partie au plus proche des événements n'est pas fausse mais du point de vue de personnages lambda, ce qui n'est pas ce que j'aurais souhaité ici… Et le avant et pendant la catastrophe, qui étaient ce que j'attendais le plus, m'ont semblé extrêmement minces. Je suis donc déçue.
Je ne vais pas non plus mentir, le récit est un vrai page-turner qui se lit extrêmement facilement à l'aide de chapitres courts où on change régulièrement de point de vue pour suivre plusieurs personnages en alternance à différents endroits de l'Amérique et avec différents rôles. On a donc envie d'en retrouver certains plus que d'autres ce qui nous amène à dévorer les pages. La plume est très abordable et immersive, et en même temps à cette touche « à l'Américaine », qui rappelle les récits de
Stephen King ou de McCarthy. C'est un post-apo façon road trip dans un monde dévasté où les kilomètres s'égrainent sans qu'on les ressentent.
Cependant, l'auteur évacue trop vite les événements ayant conduit à cette catastrophe nucléaire qui rase le pays de la carte. Il délivre ensuite trop peu d'éléments sur ce qu'il se passe pendant l'attaque, ça n'occupe que quelques rares pages, et par la suite, c'est la survie qui prime et pas les informations qui sont bien minces. N'aimant pas plus que ça les récits de survie ou les road-trip, ce n'était pas fait pour moi. Pourtant, j'ai déjà lu des récits de ce type qui m'ont totalement embarquée. C'est le cas depuis quelques temps avec A journey Beyond Heaven et ce fut le cas dans Dragon Head, deux mangas qui m'ont pris et me prennent aux tripes. Ce n'est pas le cas ici où je n'ai pas d'attachement particulier aux personnages, ni aux événements de leur survie, car il y a peu de tension, peu de mystère. L'écriture est assez plate au finale. Les personnages sont des archétypes et pas dans le bon sens du terme, les événements de même, avec en prime une grande prévisibilité.
Enfin, je ne suis pas très juste sur ce dernier point. L'auteur insère bien quelques éléments totalement WTF qui viennent surprendre dans son récit, comme un mystérieux anneaux avec des pouvoirs ou un gourou qui sort de nulle part. Or dans un récit qui se veut aussi réaliste, cela détonne de trop pour moi et c'est totalement hors propos. Mais en même temps, ce sont ces petits mystères, pour lesquels j'ai envie d'avoir une réponse, qui vont me pousser à lire la suite et non la catastrophe générale ou le décor post-apocalyptique qui sont bien trop minces et vus et revus à l'heure actuelle pour m'accrocher.
Récit d'une lecture non calibrée pour moi, Swan Song fut presque une déception entre mes mains parce que j'ai cru trouver en lui un récit qu'il n'est pas en lisant mal les chroniques qui le présentaient. Je voulais un récit politique de survie, un récit politique de mauvaises décisions conduisant à une catastrophe nucléaire, et l'auteur évacue bien trop rapidement cela pour m'accrocher. Les amateurs de romans de survie qui n'ont pas peur de relire un classique du genre addictif et mystérieux où l'on suit des personnages très différents seront aux anges. Ceux qui veulent un récit différent, un récit qui prend aux tripes pourront peut-être se diriger ailleurs, par exemple vers les excellents mangas que sont A journey Beyond Heaven et Dragon Head.
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