AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782809703184
192 pages
Editions Picquier (09/03/2012)
4.44/5   17 notes
Résumé :
Si l'émerveillement devant la nature est un sentiment partagé par toutes les cultures, l'esthétique japonaise a pour singularité de s'identifier avec elle. Le haïku, forme poétique la plus brève au monde, rend compte du lien ancestral des Japonais avec les différentes saisons et tout ce qui leur est associé : plantes, animaux, activités humaines.
Que lire après Haïkus du temps présentVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Légèreté du souffle poétique, intensité des émotions, sensibilité contemporaine respectueuse de la tradition : Madoka Mayuzumi, en plus d'être fort belle, sollicite avec talent et humour notre imaginaire.
C'est d'ailleurs la grande force d'un haïku : le lecteur doit s'approprier le texte, le laisser infuser plus ou moins longtemps pour approcher toute sa subtilité et peut-être l'apprécier.

La particularité d'un haïku est qu'il peut être lu dans un seul souffle : dix-sept syllabes régies par des règles ancestrales de forme et de fond que présente agréablement l'avant-propos de ce recueil, rédigé par Corinne Atlan qui est aussi la talentueuse traductrice.
Un souffle donc, mais d' une profondeur certaine et durable ! Il m'arrive souvent de lire et relire un haïku pour saisir un premier sens puis d'autres qui apparaissent comme on écarterait des voiles opaques ou transparentes.

L'originalité de cet ouvrage, outre sa poésie bien sûr, vient de sa présentation qui permet de musarder par bouquet de deux pages autour d'un haïku et de découvrir les commentaires de l'auteur le concernant, le contexte de son écriture, son histoire ancrée dans le quotidien en lien souvent avec les traditions japonaises, le tout complété par des notes de la traductrice.
C'est particulièrement complet et vraiment passionnant pour approfondir cette fameuse compréhension subtile d'un haïku.

Les quatre-vingt-quatre haïkus répartis au fil des quatre saisons se présentent ainsi :
Page de droite, les trois lignes du haïku en français
Page de gauche, le haïku original ( pour les lecteurs de japonais ! ) et en romaji ( la conversion en caractères romains de l'écriture japonaise ), suivi du " mot de saison " qui donne le ton du poème.

Je n'ai qu'un seul regret malgré tous les commentaires offerts : ne pas pouvoir découvrir cette poésie dans son texte d'origine. Quel délice poétique et musical cela doit-il être !

Un recueil poétique et érudit à consommer sans modération, mais peut-être avec un risque d'accoutumance...
Commenter  J’apprécie          5811
Attention chef d'oeuvre ! Madoka Mayuzumi est la référence contemporaine de l'art du haïku, et sa réputation n'est pas volée à la lecture de ce recueil. Seul ouvrage de cette célèbre haïjin publié en France, en 2012, il regroupe le meilleur de sa production. Décrire les qualités intrinsèques de ces miniatures subtiles n'aurait guère de sens, il faut tout simplement les lire…Peut-être à l'aube, au premier chant d'oiseau, lorsque l'esprit reposé s'ouvre, réceptif et serein, avant l'irruption des pollutions qui nous affligeront bientôt…ou peut-être aux premières gorgées d'un délicat thé vert Gyokuro d'Uji. Ambiance…kimono, cérémonie et tatamis…nous y sommes. J'aurais pu presque tous les citer – ils sont près d'une centaine – tellement ces haïkus concilient harmonieusement une inspiration ancrée dans notre temps et le respect de l'héritage traditionnel des anciens maîtres. Vous trouverez ici en citations nombre de ces petits bijoux, auxquels il me semblait fondamental d'adjoindre le texte en rômaji, notre alphabet latin (les sonorités à prédominance de voyelles adoucissantes font le délice de la langue japonaise, à l'instar de l'italien, enfin c'est un avis !).

Ce qui emporte mon adhésion totale, c'est la conception formelle de ce recueil, savamment construit. Après un remarquable avant-propos de Corinne Atlan, grande traductrice, s'organise la présentation de nos haïkus selon la succession des quatre saisons, du printemps à l'hiver. Tradition, puisque le haïku ne se conçoit que dans l'expression d'un sentiment, d'une impression de l'instant directement liés à la nature et à la saison, et comporte nécessairement un mot de saison (kigo). Selon Mayuzumi, « le mot de saison exprime tous les éléments de la culture japonaise, aussi bien des éléments esthétiques que des émotions, une atmosphère, une philosophie de la vie ». Dans cet art très codifié, les kigo sont consignés dans un almanach poétique, qui certes peut évoluer doucement, mais existe depuis des siècles et des siècles, ce qui en plus d'une métrique établie fixe un cadre formel rigoureux qui pourrait nuire à l'originalité. Mayuzumi parvient néanmoins à trouver un bel équilibre entre tradition et modernité. La présentation de l'ouvrage, donc, est parfaite et extrêmement lisible, didactique : chaque double page est dédiée à un haïku : celui-ci est présenté à droite dans la nudité simple de ses trois lignes françaises, tandis qu'à gauche on trouve le texte original en japonais, converti en-dessous en rômaji, puis commenté par l'auteure, qui décrit ainsi le contexte du surgissement de son inspiration créatrice. Enfin, Corinne Atlan qui connaît parfaitement la culture japonaise apporte des précisions d'une pertinence sans faille. Une telle présentation permet un enrichissement sans limite : langue, culture, histoire, et bien sûr un peu du secret de fabrication des haïkus nous sont livrés.

En conclusion, pour moi qui suis un grand amateur des belles éditions Philippe Picquier, il s'agit là d'un des fleurons de leurs publications. Quant à Madoka Mayuzumi, sa biographie montre qu'elle aime particulièrement la France, ayant assuré plus d'une conférence à Paris et ayant même été désigné ambassadrice de la culture japonaise en France il y a quelques années. Elle s'est en outre particulièrement impliquée à travers son art à honorer les victimes de la catastrophe de Fukushima, en publiant des haïkus, qui peut-être le seront un jour ou l'autre aussi chez nous ?
Commenter  J’apprécie          380
Les seuls haikus que j'avais lus avant ce livre se trouvaient dans des restaurants japonais ou des magasins de thé. Autant dire que je n'y connaissais rien en haiku et assez peu en poésie, c'est donc avec une grande curiosité mais également beaucoup de prudence que j'ai abordé le thème imposé pour le mois de janvier par le challenge Sur les pages du Japon.

Après réflexion, j'ai décidé de me plonger dans Haikus du temps présent de Madoka Mayuzumi aux éditions Picquier.
Le choix d'un auteur contemporain m'a semblé adéquat pour faciliter la compréhension des textes.
De plus, j'ai été attiré par le choix de l'éditeur et de l'auteur d'expliquer les haikus et ainsi de les faire découvrir aux néophytes tels que moi.

Née dans la préfecture de Kanagawa en 1962, Madoka Mayuzumi est une haïjin (personne écrivant des haïkus) reconnue. Mayuzumi Madoka a été nommée « ambassadrice de la culture japonaise en France » en 2010 et a enseigné le haiku à la Maison de la Culture du Japon à Paris.

Le livre commence par une courte introduction de la traductrice nous expliquant ce qu'est un haiku sur le plan syntaxique, historique et humain. Une introduction fort réussie, où on découvre l'intérêt premier des haikus mais également la difficulté à les traduire et à en rendre l'entière profondeur.

J'y ai découvert que les haikus, avant d'être des poèmes retranscrits sur papier, étaient partagés en groupe à l'oral dans une volonté de communion avec les autres et avec la nature. Cette forme de poésie est l'art du non dit, du suggéré. On y exprime ses sentiments devant un évènement ou un paysage, le tout lié à une saison.

Le livre est d'ailleurs présenté en quatre partie :

LE PRINTEMPS 春
L'ÉTÉ 厦
L'AUTOMNE 秋
L'HIVER 冬

La taille des haikus est très réduite (dix-sept syllabes, découpées en trois segments de 5, 7 et 5). Il n'y a donc souvent qu'une impression fugace qui passe du texte au lecteur. Cette impression par contre va se développer dans l'imaginaire du lecteur, s'associer à son vécu et provoquer de l'émotion. Je conseille aux futurs lecteurs de ce livre de lire l'haiku sur la page de droite avant de lire les explications de l'auteur et de la traductrice sur celui-ci. Cela permet de se l'approprier complètement sans être influencé.

Il convient de saluer ici le travail de la traductrice. Son introduction est claire et donne envie de se plonger dans cet univers poétique. Les explications qu'elle fournit pour chaque haiku nous éclairent sur le Japon et sa culture. Je m'intéresse depuis des années maintenant à ce fabuleux pays mais j'ai pu mesurer aux travers de ses explications que j'avais encore beaucoup à découvrir. Pour terminer sur ce sujet, la traduction des haikus arrive à retranscrire les émotions malgré la barrière de la langue. On perd souvent le rythme du haiku et donc une partie de sa musicalité mais on conserve son essence, l'émotion.

En ce qui concerne la traduction des haikus, le rythme 5-7-5, artificiel en français, a été résolument ignoré, l'accent étant plutôt mis sur la restitution des nuances émotionnelles et le respect, dans la mesure du possible, de l'amplitude propre au haiku, sous-tendue par une ambiguïté inhérente à la langue japonaise.


Certains haikus m'ont laissé perplexe à leur première lecture, je n'ai su ou pu me les approprier. Ils étaient peut-être trop éloignés de ma propre expérience ou de ma propre culture. Heureusement, les commentaires m'ont permis de comprendre leur signification et ainsi de partager en partie l'émotion de l'auteur.


pierre papier ciseaux
encore à égalité!
la montagne rit


D'autres m'ont par contre de suite emporté. J'ai pris le temps de les apprécier, de les relire avant même de lire les explications. Une fois celles-ci dévoilées, j'ai pris du plaisir à les relire encore et à retrouver l'émotion de ma première lecture.


devant les cerisiers en fleur
on ne peut douter
des lendemains


(...)

Pour conclure, Haikus du temps présent m'a séduit par sa délicatesse et sa subtilité. C'est un livre qui plaira autant aux habitués de haikus qu'aux néophytes qui trouveront dans les explications de l'auteur et de la traductrice les clés nécessaires à la compréhension de l'oeuvre.


Note : 8/10
Lien : http://www.les-mondes-imagin..
Commenter  J’apprécie          70
J'ai adoré ce livre.
Il présente quatre-vingt quatre haïkus contemporains de Mayuzumi Madoka, répartis en 4 chapitres, un pour chaque saison.
Son grand intérêt à mes yeux - en fait il y en a deux, en plus de la grande poésie de l'auteure:
Le premier est que tous les haïkus sont présentés en version bilingue (japonais/français) et pour la version japonaise, à la fois en kanjis/kanas et en romaji.
Le second, et c'est à mes yeux la grande valeur de ce livre, est que chaque haïku est commenté à la fois par l'auteure qui mentionne le kigo (mot de saison) employé, et explique les circonstances qui ont inspiré son haïku
et par la traductrice (Corinne Atlan - qui préface également l'ouvrage) qui donne les clés culturelles permettant de mieux comprendre la pensée du moment de l'auteure.
Ces commentaires sont pour moi le vrai plus de ce livre car ils fourmillent d'informations sur la culture japonaise.
De ce point de vue on peut se rendre compte de la grande sensibilité du japonais aux événements saisonniers, à la beauté des choses et à leur impermanence, mais aussi du caractère très poétique de la langue japonaise.
J'ai ainsi été émerveillé d'apprendre en lisant le commentaire de l'auteure sous un des haïkus (page 70), qu'il existait un mot en japonais pour désigner les flaques d'eau laissées par la marée qui se retire : ‘wasurejio' qui peut être traduit littéralement par « marée oubliée ».
Je recommande vivement ce livre pour une reconnexion à l'instant présent, au monde des sens.
Mayuzumi Madoka a écrit beaucoup d'autres livres d'haïkus, mais je n'ai malheureusement trouvé aucune traduction en français.
Commenter  J’apprécie          50
Ce recueil présente quatre-vingt-quatre haikus, isolés sur la page de droite, issus d'une sélection par saisons de poèmes des précédents recueils de Mayuzumi Madoka.

La particularité de ce recueil est que ces poèmes sont accompagnés d'un commentaire de l'auteure sur le contexte, le moment, l'émotion, l'inspiration, l'adaptation d'une règle classique du haiku, de références aux grands maîtres.

Sur cette page de gauche, le haiku est retranscrit en caractères japonais ainsi qu'avec notre alphabet romain et rattaché à un mot de saison.

Vient ensuite une note de la traductrice ( ayant effectué la sélection et rédigé la présentation ) à propos de ses choix pour respecter la sensibilité et le rythme, ce que disent aussi les sons, afin de préserver " les nuances émotionnelles et l'amplitude propre au haiku " et précisant les références historiques et culturelles.

On ne peut que saluer la complétude de ce recueil, cet accord dans tous les sens du terme entre auteure et traductrice.

" L'art du haiku est fondé sur le lien et l'échange. " - Corinne Atlan -

Un voyage poétique au féminin en partage dans le Japon contemporain et son univers traditionnel.


Lien : http://www.lire-et-merveille..
Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
La montagne à gravir
je la fais attendre
pour cueillir des églantines

Je voudrais passer ma vie à musarder, non à avancer vers un but précis. Ainsi, les activités de traverse, comme cueillir des églantines au lieu de m'attaquer tout de suite à la pente, ne seraient plus du " temps perdu ", mais des activités à part entière, dans une vie pleinement vécue.
Commenter  J’apprécie          440
Arborant sa dernière teinte
l'hortensia
ne cesse de trembler

La " dernière teinte " est celle que les pétales garderont jusqu'au bout, tout en continuant de trembler, de plus en plus fragiles, sous le vent, la pluie et le soleil.
Commenter  J’apprécie          340
La conception japonaise du monde, qui plonge ses racines dans l'animisme shintô, ne voit aucune séparation fondamentale entre l'homme et les différents éléments de la nature, animaux ou plantes. L'ambiguïté de la langue, qui ne nécessite pas de sujet clairement défini, permet d'exprimer de façon palpable cette connexion entre tous les éléments du vivant, de même que l'identification du poète à la nature.
Commenter  J’apprécie          110
J'ai toujours aimé les sorties en bateau. Il suffit de regarder la terre au loin, entre l'azur du ciel et l'indigo de la mer, pour que tous les soucis ordinaires se voient aussitôt réduits au rang de détails sans importance. Sur un bateau, on a également des échanges bien plus intimes que sur terre : on parle de nos amours, de nos rêves, de nos soucis avec des gens que l'on ne reverra sans doute jamais. Le voyage en mer favorise les confidences.
Commenter  J’apprécie          90
Les almanachs poétiques (saijiki) déclinent chaque saison, avec les mots qui s'y rattachent, suivant des catégories bien précises : passage de la saison, phénomènes atmosphériques, paysages, plantes, animaux, activités humaines.
Commenter  J’apprécie          120

autres livres classés : haïkuVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Madoka Mayuzumi (1) Voir plus

Lecteurs (60) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1229 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}