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EAN : 9782253937616
176 pages
Le Livre de Poche (23/08/2023)
3.32/5   104 notes
Résumé :
Un journal imaginaire de la mère d’Antonin Artaud.
Sa vie, qu’elle consacre à essayer de sauver son fils, à comprendre son génie et sa folie. Son courage pour essayer de le sortir des différents hôpitaux psychiatriques où il est envoyé et enfermé ; des électrochocs et des drogues qui, pense-t-elle, l’abîment toujours un peu plus.
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Le journal imaginaire d'Euphrasie Artaud s'ouvre en 1920 lorsque son fils Antonin quitte Marseille pour aller conquérir Paris. Elle nous livre ses angoisses de mère devant les souffrances mentales et physique de son Nanaqui comme elle l'appelle.

Antonin a souffert de maux de tête très tôt dans sa vie, à l'âge de quatre pour être précise. On a évoqué alors le diagnostic de méningite. Donc très vite il a utilisé des « drogues » licites ou non, avec une consommation de laudanum impressionnante, avec la complicité de sa mère qui voulait éviter qu'il souffre.

C'est le début d'un parcours difficile pour notre poète, car très vite il est interné en milieu psychiatrique… on le suit en Afrique, au Mexique, ou quand il fait la manche dans les rues de Paris…

« Quelqu'un me dit que, s'il est parti au Mexique, c'est pour y renaître. Je ne comprends pas. Je suis indignée. Inquiète, mais surtout indignée. Cette histoire de renaître m'offense. »

A travers ce journal imaginaire, Justine Levy nous propose d'étudier le ressenti d'une mère devant une telle situation : l'amour qu'elle porte à son « petit » qu'elle considère toujours comme un bébé sur lequel elle doit veiller, sa culpabilité devant les décisions à prendre (et à assumer), et très vite elle endosse le rôle de mère toxique, hyper-protectrice, voire castratrice.

La manière dont elle parle des femmes, notamment Anaïs Nin, et de leur influence néfaste sur Nanaqui, se situant elle-même uniquement des mères, des génitrices et son aversion pour ce qu'elle appelle « la chose » sont parfois exaspérantes, on oscille entre l'empathie et le dégoût.

L'auteure aborde au passage, la consanguinité : Euphrasie et Antoine-Roi (difficile d'assumer de tels prénoms n'est-ce pas ?) sont en effet cousins germains, les grands-mères sont soeurs. Antonin a même été traité pour suspicion de syphilis congénitale avec les traitements qui vont avec.

On se demande quel rôle joue le père, Antoine-Roi, dans cette famille ! il a réagi un peu lors de la première prise de laudanum, mais s'est fait traiter de rétrograde alors c'est plus simple de rester en dehors…

Il faut retenir au passage qu'il a passé plusieurs années en asile psychiatrique, avec un nombre ahurissant d'électrochocs (58 !) à l'époque c'était fréquent, camisole, entrave, bains d'eau glacée, sondes à divers endroits, également étaient au programme !

Ce qui m'a frappé, c'est le côté ambivalent d'Euphrasie : elle surprotège son fils, lui trouve toutes sortes d'excuses au nom du génie, puis devient plus ou moins complice des soins prodigués qu'elle justifie, donnant l'impression d'un syndrome de Münchhausen…

Elle fustige ces « femmes » qui polluent son fils, mais aussi tous les amis surréalistes d'Antonin Artaud: Desnos, Breton, Balthus,Paulhan ou Picasso qui, pour elle, l'exploitent, profite de son nom, de sa notoriété des débuts pour attirer la lumière sur eux. Pour eux, tout s'expliquait parce qu'Antonin était un génie, donc un grain de folie, alors que pour elle la folie était la plus importante.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, non seulement parce que l'idée du journal imaginaire me plaisait au départ, mais aussi parce que Justine Levy a réussi à me faire connaître davantage Antonin Artaud dont je n'ai jamais lu aucun poème et dont je savais très peu de choses. Elle réussit à modifier ce que l'on ressent envers cette mère abusive, car en refermant le livre, toute empathie avait presque disparu (ce qui est difficile à obtenir de moi !)

J'ai découvert ce roman grâce à la chronique enthousiaste de Matatoune, alors qu'au départ j'hésitais à me lancer… c'est le premier livre de Justine Levy que je lis et c'est une bonne surprise.

https://vagabondageautourdesoi.com/2021/09/10/justine-levy/

Un petit mot, également, sur la couverture du livre qui nous propose une magnifique photo d'Antonin Artaud.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m'ont permis de découvrir ce livre ainsi que son auteure.

#Sonfils #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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À vingt-trois ans et demi, mon "Nanaqui" reste un petit garçon qui aime une fille aux accents roumains à préférer être sourd, puis une pseudo poétesse, mais c'est juste une grue, une cocotte comme elles le sont toutes, à tel point qu'il a augmenté les doses de laudanum, au moment où Antoine-Roi est mort et qu'il tient un petit rôle dans un film d'Abel Gance, mon petit Nanaqui tellement chaste, ascète, pur esprit, qui doit m'écrire, me téléphoner mais pourquoi ne donne-t-il pas de nouvelle, mon instinct maternel m'alarme driiinggg driiing.
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C'est un grand cri d'amour maternel qui est la trame de ce roman: le journal imaginaire d'Euphrasie Artaud, mère d'Antonin, acteur, auteur, poète et fou.C'est en 1896 à l'age de 23 ans qu'Antonin quitte Marseille, des rêves plein la tête.
C'est à partir de là que sa mère ne va plus le quitter, en pensées d'abord, et sera toujours présente parfois jusqu'à l'étouffement quand il sera interné plus souvent qu'à son tour., de Paris à Rodez.
C'est elle d'abord qui lui donne du laudanum pour guérir son mal-être (déjà) quand il est petit.S'en mêleront ensuite les amis, les amies abhorrées également d'Euphrasie, puis les médecins et leurs expériences de l'électricité sur le cerveau. Beaucoup d'amis défilent; Balthus, J.Paulhan, André Breton, Desnos
Antonin souffrira toute sa vie, un céleste clochard également.
En courts paragraphes, Euphrasie met sa douleur à nu, certains l'accuseraient presque de souffrir du syndrome de Münchhausen, elle l'aime tant son "Nanaqui" et l'histoire continuerait son cours si Justine Levy , en quelques mots au milieu d'une phrase ne venait à glisser "consanguinité", petite soeur morte d'une manière atroce , un père trop rigide, entre autres, un accident, un retro-éclairage du passé.
ça pique, c'est brutal et en peu de mots se réécrit une vie.
Une fois le livre refermé, les plaintes éteintes, reste un sentiment de cruauté qui traîne dans l'air. le fils est fou, mais la mère?
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Antonin Artaud (1896-1948), un nom qui résonne et crée un malaise dans le monde de la littérature.

Justine Lévy lui redonne vie dans ce roman présenté sous forme de journal tenu par sa mère Euphrasie.

Une mère douleur et culpabilisée devant la maladie dévorant ce fils, artiste génial.
Une mère tentant tout pour le protéger, faisant confiance à une médecine dont on doute du bien-fondé : 58 électrochocs, enfermement… (la condamnation de Lacan au niveau de l'acte d'écrire est parlante…)

La période (seconde guerre mondiale) ne favorise pas le bien-être des patients (nourriture, infirmiers incompétents…).
Des amis-artistes parisiens surréalistes interviennent pour libérer le génie injustement enfermé pour eux, s'élevant contre une mère qui, lucide, ne croit pas en cette « liberté » et cherche la sécurité pour son fils auto-destructeur.
Elle défend sans tout lire le génie artistique qu'il recèle et pense que l'écriture (il est l'écriture) peut persévérer même interné.

Le passage décrivant Artaud libéré et présentant une conférence devant un Tout-Paris se repaissant de la folie en représentation est édifiant et dénonce une autre forme de folie qui fait se demander : qui est le plus fou?

Le livre est le cri d'une mère, ses angoisses, ses doutes, ses rejets, ses excès, son amour.
La biographie d'Artaud se dessine dans les propos tenus par cette femme brisée.
Le monde des hôpitaux psychiatriques de l'époque est décrit dans toute sa cruauté.

L'écriture de Justine Levy est de l'ordre d'un monologue de théâtre tant il est parlant et va au fond des méandres du dialogue intérieur de cette femme devant un fils qui lui échappe.

« Les gens qui sortent du vague pour essayer de préciser quoi que ce soit de leurs pensées sont des cochons » écrivit Artaud.

Le vague demeure. Artaud et sa folie lucide restent.
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En l'entendant en parler à la Grande Librairie j'ai été séduite par l'idée. Une mère qui s'inquiète, qui souffre pour son fils, qui fait tout pour lui, pour le soulager, le sauver … mais, c'est de moi dont on parle ;-) Comment ne pas tomber en empathie avec cette maman?

L'idée d'écrire le journal intime d'Euphrasie, la maman d'Antonin Artaud, sur base des textes d'Artaud, de biographie, etc me semblait être une idée originale. Une forme de texte différente de ce que je lis habituellement.

Je m'attendais à un texte brillant, émouvant, poignant, dense mais en fait, le texte n'est pas spécialement bien écrit. Il s'agit vraiment d'un journal que n'importe qui aurait pu écrire, ça se lit comme un devoir de lycéen.

On fait connaissance d'Antonin via la plume d'Euphrasie le jour de son départ pour Paris, à 23 ans. Elle écrit: "je lui ai caché mes larmes, je veux lui laisser croire que tout se passera bien".
Et par conséquent, on comprend dès les premiers mots que non, rien ne se passera bien, et qu'elle en est déjà bien consciente. Il a d'ailleurs oublié ses médicaments pour la douleur et la mélancolie, ce n'est pas grave elle les lui apportera quand elle ira le voir … (parce qu'il est évident que l'on peut se passer de ce genre de médicaments durant des semaines, on se demande bien pourquoi on les prescrit d'ailleurs si on peut si facilement s'en passer).

Euphrasie note des moments de la vie d'Antonin dans son cahier: au détour d'une anecdote on apprend qu'il est issu d'un mariage totalement consanguin. Euphrasie et Antoine-Roi sont cousins germains, ils ont d'ailleurs obtenu une autorisation des autorités pour pouvoir se marier. Antonin est l'ainé d'une famille de 8 enfants mais ils n'en restent plus que 3. Sa petite soeur Germaine est morte sous les coups de sa gouvernante, sous ses yeux alors qu'il avait 9 ans. Sa maman l'a laissé tombé sur la tête quand il était petit … mais bon, hein … quel gamin n'a pas chuté dans son enfance?

Est-ce à cause de toutes ces erreurs (horreurs) de son fait qu'elle est du coup extrêmement indulgente et compréhensive vis-à-vis d'Antonin?

Petit, dès 4 ou 5 ans il commence a souffrir de migraines, puis de troubles nerveux. Toute sa vie il subira des traitements lourds, des piqûres de produits qui deviennent rapidement addictifs, des électrochocs qui le laissent dans le coma à chaque fois … et plus les années passeront, plus il sera contraint, jusqu'à se retrouver enfermé durant 9 ans en asile. Période qui finalement rassure sa mère puisque là au moins il est logé, nourri, sous surveillance, il ne peut rien lui arriver … sauf qu'il ne vit plus sa vie, il la subit.

Elle répète plusieurs fois qu'elle fait entière confiance en la science, aux médecins, j'en suis arrivée à me demander si elle ne faisait pas passer un message subliminal aux anti-vax de tout poils.

Sa façon de culpabiliser, de tout ramener à elle, de ne pas supporter qu'il ait des amies, qu'il rencontre des femmes. Puis celle de s'oublier à ce point pour lui venir en aide … elle marche, elle court partout, elle se prive de nourriture pour lui apporter des paniers lourdement garnis, paniers qu'elle dépose aux gardiens de l'hôpital … puis elle s'étonne que les paniers soient pillés et que les vivres ne lui arrivent pas … est-elle donc si stupide? En pleine guerre, il n'y a plus rien à manger nulle part, les jeunes hommes en bonne santé sont mobilisés, il est clair que ces pauvres fous en institution n'intéressent absolument personne et que ceux qui restent en vie et sains d'esprit n'auront pour objectif que rester en vie, quitte à voler les patients …

Son abnégation frise l'imbécilité. On peut être fière de son fils et lui reconnaître des failles, mais pas chez Euphrasie … On oscille tout le temps entre compréhension, culpabilité, fierté de son génie de fils, et à la longue, si peu de discernement, ça lasse et ça en fait un livre peu intéressant.

Si le livre de Justine Lévy m'a finalement peu convaincue, j'ai été piquée de curiosité et j'ai parcouru en quelques heures l'oeuvre d'Antonin Artaud que je ne connaissais que de nom. J'ai apprécié certains de ses textes, d'autres m'ont paru bien abscons … J'ai aussi écouté avec grand intérêt quelques extraits d'émissions proposées par France Culture.





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critiques presse (3)
Bibliobs
10 janvier 2022
A travers ce journal fictif, l’écrivaine de « Mauvaise fille » raconte l’effarante tragédie d’Artaud. Fou et magistral.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaPresse
29 novembre 2021
Justine Lévy signe un texte poignant. Un livre qui fait réfléchir sur la maternité, le rôle de mère, et qui pose cette question : en tant que mère, sommes-nous prête à tout pour notre enfant ?
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
21 septembre 2021
Tout en finesse et empathie, l'écrivaine réhabilite une génitrice rejetée par son fils et dénigrée par la secte des "antonistes" pour sa possessivité et sa jalousie. Euphrasie Artaud croyait sincèrement que l'asile psychiatrique préservait "Nanaqui" de lui-même, là où la faune de Saint-Germain-des-Prés voyait une bête de foire à libérer. Amour maternel, addictions, turpitudes du monde des lettres... Justine Lévy abandonne l'autofiction, mais les motifs restent éminemment personnels.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Les hommes ont besoin de quelqu’un qui prenne soin d’eux, les hommes ont besoin d’un ange, d’un coin de paradis, les hommes ont besoin d’une mère, un point c’est tout. Voilà ce que la vie m’a appris. Ils ont besoin d’une mère, et d’un animal de compagnie. 
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Personne ne le comprend comme moi, personne ne l’aime par cœur comme moi. J’ai toujours été là pour lui. Celle qui n’a pas compris sa douleur ne peut pas prétendre l’aimer. C’est mon Antonin, le mien, à moi, et s’il n’est pas à moi, alors il n’est à personne d’autre, ah voilà que moi aussi je deviens folle de douleur, pourquoi un fils doit-il partir, quitter sa mère, personne ne sait le soigner comme elle, comme moi, comme une mère, personne n’a besoin de lui comme moi, ni de moi comme lui, personne ne me volera mon Antonin. 1930
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On me rapporte qu’un certain docteur Lacan en charge du « service de triage » des malades à Sainte-Anne, et qui paraît-il est fortiche en « observation psychanalytique rapide », a signalé mon fils comme un patient « en excellente condition physique, ce qui lui permettra de vivre jusqu’à quatre-vingts ans ». J’en aurais crié de joie. Mais, a-t-il ajouté, son état mental désespéré le rend « perdu pour la littérature ».
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Je voudrais qu'il essaie de se concentrer sur les petites choses qui rendent les gens heureux. (...) Une idée peut-être, une touche petite idée, une idée douce, une qui vous emmène pas trop loin, qui n'accroche pas d'autres idées, une minuscule idée qui irait se poser dans les coins sombres de son âme. Mais en voyant ses mâchoires se déboîter, en l'écoutant éructer des injures incompréhensibles tandis qu'il pointe de l'index un ennemi invisible, j'ai compris que ce ne serait pas pour aujourd'hui.
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Je donnerais tout, je donnerais ma vie, pour qu'Antonin aille réellement mieux, qu'il ne souffre plus, qu'il mène la vie paisible à laquelle chacun de nous a droit. Mais je sais également, les mères savent, les mères savent mieux que quiconque, qu'il est plus en sécurité ici, avec des infirmiers et des docteurs à disposition, nourri, logé, blanchi, la chapelle quand il a envie, des livres à porté de main, du papier pour écrire, un autre pour dessiner, plutôt que bringuebalé dans tous les orages du monde. La passé nous l'a assez prouvé.
page 144.
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