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EAN : 9782207182123
176 pages
Denoël (01/05/2024)
3.7/5   10 notes
Résumé :
Je me suis jusqu`à maintenant principalement racontée par des images, des films que j`ai mis en scène, des peintures, des dessins... Aujourd`hui, les mots sortent. Ils s`organisent et me montrent le chemin. Je détricote mon histoire et la redécouvre. J`ai protégé si longtemps ceux qui m`ont abusée... Au fur et à mesure que je nomme, ma vérité reprend le pouvoir. Mes limites deviennent plus claires : on ne peut plus les enfreindre. Je me réveille avec cette sensation... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Dire vrai » n'est pas un roman ni une autobiographie ni non plus un récit mais une sorte de témoignage avant tout cathartique sur l'emprise des hommes, notamment dans le milieu du cinéma. Dans la lignée de Judith Godrèche, Isild le Besco vient ajouter sa pierre à l'édifice apparemment sans fin du #MeToo. Son témoignage est organisé en cinq grandes parties : de la « petite fille » à la « femme », en passant par l'«adolescente », la « jeune fille » et la « mère », selon un parcours qui lui permet peu à peu de se (re)construire.
S'il ne s'agit certes pas d'un chef-d'oeuvre littéraire, il n'en demeure pas moins que « Dire vrai » est un témoignage de plus contre un patriarcat qui laissait penser aux hommes blancs cisgenres hétérosexuels qu'ils avaient tous les droits, en particulier sur les très jeunes filles. le récit qui semble parfois quelque peu décousu, désorganisé avec des ellipses et sans doute encore bien des non-dits, évoluant certainement au gré des souvenirs qui affluent et refluent à la mémoire d'Isild, a néanmoins pour mérite de témoigner de la naïveté de ces jeunes filles, par conséquent très manipulables : le lecteur ne peut qu'être en empathie.
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Dire vrai n'est pas un ouvrage comme les autres: ce n'est pas un roman, ce n'est pas un journal, ce n'est pas un essai sur l'emprise ou l'abus de jeune fille.
Il se rapproche le plus d'un témoignage mais il a la particularité de raconter une histoire, celle d'isild le Besco, la sienne telle qu'elle la voit aujourd'hui. J'ai lu d'une traite ce livre, happée par le récit.
Il y a un mélange de chronologie, de faits, de souvenirs racontés avec son ressenti, parfois on entend la petite fille qui a souffert.
Ce n'est pas un procès ni une attaque en règle mais l'autrice déballe beaucoup de choses. On est pas dans le sensationnel, l'objectif est de dire, nommer les choses telles qu'elles sont. On le ressent comme son besoin.
Chaque chapitre est titré d'une définition qui retrace son cheminement personnel.

Ce témoignage est édifiant, malheureusement banal, mêlant maltraitance, défaillance parentale, abus de confiance, agression sexuelle, viol et emprise.
Isild le Besco propose des réflexions intéressantes sur notre société, la place des victimes dans la justice, les conséquences pour les femmes. Les derniers chapitres sont de ce point de vue intéressant et suscitent des questionnements sociétaux.

Cependant, j'ai des réserves sur l'objet littéraire. le style est simple, les enchainements ne sont pas toujours fluides, il y a des ruptures dans le récit, avec l'impression qu'il manque des morceaux de l'histoire.
L'éditeur a laissé passer pas mal de typo, j'ai eu le sentiment d'une édition vite fait bien fait.

Sur le fond c'est intéressant, saisissant, le témoignage est vif et courageux et Isild le Besco a souhaité apporter sa pierre à l'édifice contre les violences faites aux femmes dans le cinéma. Pour la forme, ce n'est pas de la grande écriture.
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Le vrai visage de ma mère, je ne suis pas sûre de le connaître.

Tout ce qu'elle montre cache aussi ; ce qu'elle dit silencie le caché. C'est une marginale, une femme libre. Un exemple de féministe, mais je ne le percevais pas, avant. Elle était différente des autres mères, c'était embarrassant. Aujourd'hui encore, on ne voit qu'elle. Elle s'impose naturellement. Elle est d'une beauté puissante. Troublante dans sa lumière comme dans ses fêlures.

Ce qu'elle aime, c'est apprendre et se surprendre. Dès qu'elle connaît, elle passe à autre chose. Ça lui permet de surfer au gré du vent. Elle est vive, insolente, généreuse.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Encore plus loin dans les souvenirs, ma maîtresse de CP me revient en mémoire. Elle était blonde et portait une raie au milieu. Dans sa classe, j'étais assise au fond. Elle me ter-rifiait. Un jour, comme je n'osais pas demander à aller aux toilettes, j'ai pissé sur ma chaise. Elle s'est approchée et a crié : « Mais c'est quoi, ça?!» Tous les autres élèves se sont retournés vers moi.

Quel besoin d'humilier un enfant? Ces gens sans empathie sont une race à part.

(P. 34)
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Plus on déchiffre le système de prédation, plus on voit comme il est complexe d'y mettre fin, ou de ne pas le perpétuer.
(P. 166)
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Je ne serais pas étonnée qu'une autre accepte d'entrer dans son jeu et qu'un film sur l'éloge de la différence d'âge sorte en salles. Il irait jusqu'à écrire que c'est la femme qui tient les rênes du pouvoir. Il serait même prêt à se faire pas-ser pour féministe afin de signifier que rien n'est indélébile.
Benoît s'est octroyé sans scrupule le droit de détruire; il pourrait sans aucun doute s'octroyer celui de réparer.
Les prédateurs n'intègrent jamais la version de leur proie.
(P. 145)
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Assez rapidement, Benoit [Jacquot] m'a signifié qu'il était anormal que je ne veuille pas coucher avec lui. Que j'avais le comportement d'une fille violée.
Il se positionnait comme celui qui savait. Peu à peu, il a planté cette idée dans ma tête, et elle est devenue plus présente. Un an plus tard, sur l'insistance de Benoît, j'ai demandé à Maïwenn si elle pensait que je m'étais fait violer par notre père. Ou pas forcément violer, mais quelque chose comme ça. Ma sœur m'a assuré que non.
Je suis sidérée, aujourd'hui, par l'audace de Benoît et par mon aveuglement. Il implantait dans ma tête que mon corps avait été violé, mes limites dépassées, afin de construire sa norme. Il s'infiltrait dans mon espace mental, instaurant en moi un nouvel ordre des choses : le sien.
Enfreindre mes limites à tout instant, sans même que j'en aie conscience, allait de pair avec son projet de faire de moi sa chose.
(P. 79)
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Je ne me souviens pas comment notre relation a évolué, mais sa promesse de ne jamais me toucher est tombée aux oubliettes.
Un jour, j'ai retenu ma respiration et j'ai attendu que ça se passe. Ça y est, c'était fait.
Si on me demande combien de fois ça s'est produit, quand, dans quelles circonstances, comment, je ne sais plus.
Je n'y étais pas.
Je ne garde que cette sensation d'être en apnée. Je n'ai jamais ressenti autre chose.
Il n'y a jamais eu de tendresse, de baiser, de mot doux. Le fait que je ne prenais aucun plaisir, que je souffrais, même, ne pouvait lui échapper. Simplement, cela n'entrait pas en considération.
J'étais devenue son obsession.
Me posséder lui suffisait.
(P. 78)
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Videos de Isild Le Besco (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isild Le Besco
L'actrice et cinéaste Isild le Besco retrace son parcours dans un livre très personnel : "Dire vrai". de son enfance à ses débuts dans le cinéma français et jusqu'à aujourd'hui, elle montre la nécessité d'écrire pour se reconstruire. À cette occasion, elle est l'invitée de Géraldine Mosna-Savoye.
Visuel de la vignette : Scott Gries / Getty
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