J'ai pris ce livre à la bibliothèque et le commande tant il m'a plu. Il brosse une histoire familiale extrêmement dure, dans laquelle beaucoup se reconnaîtront. Il s'agit de toute la souffrance d'une famille générée par le malheur du Père, malheur qu'il répercute sur les siens par un mouvement de balancier inexorable.
Il n'y a pas beaucoup d'espoir là-dedans ; l'espoir c'est la littérature : style splendide, économie de moyens, pas d'effets de style, de lamentos ni de gonflements. Il ne s'agit pas d'un témoignage nu, mais d'une vraie création artistique. Une recréation à partir du matériau de la vie. Dans la création se trouve le baume dont nous enduisons notre coeur et notre intelligence.
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Un seul mot pour ce livre : bouleversant !! "La maison était au bord d'une route comme au bord des larmes, ses vitres prêtes à éclater en sanglots" Roman autobiographique, Beyrouth dans les années 50. Une famille avec la mère, le père violent, les soeurs et un frère. L'auteur s'adresse à ce frère sacrifié par la haine du père car il ne ne correspond pas à ses souhaits, il est un garçon rêveur et poète. Il sera enfermé dans un asile, « soigné » à coups d'électrochocs. Il en sortira en 1975 lors de la guerre civile, récupéré par la mère à la porte de la maison : "accroupi derrière le portail géant, en pyjama, dix années d'asile t'ayant éloigné de tes vêtements". Tant d'émotions dans ce court roman, un bijou, un récit cruel et poignant
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Un voyage au pays des cèdres, en compagnie de la poétesse Vénus Khoury-Gata. Elle nous parle de sa famille, dans un Liban multiconfessionnel, jouissant tout juste de son indépendance après la fin du mandat français. Une famille déchirée par le terrible destin d'un fils, poète incompris, rejeté par son père et sa communauté, qui après un bref séjour en France finira par être interné dans un établissement psychiatrique. Un récit émouvant, décrivant un monde aujourd'hui oublié, celui d'avant la guerre, cette terrible guerre de quinze ans, jamais vraiment terminée, qui a mis fin au rêve d'un pays où se côtoieraient toutes les cultures, toutes les langues d'un Orient mythique. Une prose fluide flirtant avec la poésie, des images fortes, des sentiments exacerbés que les mots décrivent si bien…
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Les diables c'est comme les hommes, il y en a de mauvais, de bons, et même de vertueux. Tout dépend de la manière dont ils ont été jetés en enfer. (p.80)
Je n'ai pas partagé leurs jeux, ce jour-là, ni les jours suivants. J'ai cessé de jouer à l'âge de neuf ans. La honte me clouait au sol. Les récréations, c'est fait pour les enfants normaux. (p.14)
J'avale ma honte comme jadis la nourriture de ma mère. Ses légumes cuits à l'étouffée comme nos cris, ses salades trop salées probablement assaisonnées avec ses larmes.
Les mercredis redeviennent pour moi des jours pareils aux autres. Je me rendais à l'asile quand je te savais brûlé par le désir de t'en évader. Les séances d'électrochocs et les neuroleptiques t'ont coupé les ailes. Tu es un ange déchu, un oiseau amputé. (p.93)
Dix ans plus tard, elle comprit qu'il l'avait dupée. Elle consulta un psychiatre. Son fils était irrécupérable: trop de peurs, d'humiliations, de rejets de la part des siens. Il aurait pu le soigner avant son enfermement, avant les séances d'électro-chocs. Il lui rendit le dossier et referma la porte derrière elle.
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ?
[…]
On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin.
[…]
Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus.
[…]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Silvia Baron Supervielle
0:38 - Annie Salager
1:28 - Vénus Khoury-Ghata
2:13 - Colette Nys-Mazure
2:44 - Françoise Thieck
3:10 - Josée Lapeyrère
4:42 - Jeanine Baude
5:36 - Générique
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Références bibliographiques :
Couleurs femmes, poèmes de 57 femmes, Paris, co-édition le Castor Astral/Le Nouvel Athanor, 2010.
Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016.
Images d'illustration :
Silvia Baron Supervielle : https://thalim.cnrs.fr/manifestations-culturelles/article/gestes-et-poesie-rencontre-avec-silvia-baron-supervielle
Annie Salager : https://poussiere-virtuelle.com/wp-content/uploads/2017/04/Annie-Salager.jpg
Vénus Khoury-Ghata : https://i0.wp.com/arablit.org/wp-content/uploads/2020/08/khoury-ghata-cat2.jpg?ssl=1
Colette Nys-Mazure : https://www.tga.fr/colette-nys-mazure-poete-chretienne-et-libre.html
Josée Lapeyrère : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/2c/Josée_Lapeyrère.jpg
Jeanine Baude : http://editionsws.cluster011.ovh.net/wp-content/uploads/2015/05/DSCN5542.jpg
Bande sonore originale : Arthur Vyncke - Uncertainty
Uncertainty by Arthur Vyncke is li
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