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Nahal Tajadod (Traducteur)
EAN : 9791038702462
384 pages
Zulma (11/01/2024)
3.73/5   11 notes
Résumé :
Ils sont cinq frères. Ils ont grandi dans un vieux quartier arménien de Téhéran. Dans les toutes premières années de la guerre Iran-Irak, alors que la ville d’Abadan est sur le point d’être libérée, ils s’accrochent à leurs rêves, leurs ambitions ou convictions : Massoud, le tireur d’élite prêt à tout pour sauver femmes et enfants, Mansour, le photographe qui brigue une carrière de grand reporter, Nasser, l’archéologue en quête d’un visa, Mahmoud, fou amoureux d’une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Il faut prendre son temps pour lire un tel livre !
Iran... C'est le début de la guerre Iran Irak..Le dernier Shah d'Iran a été renversé par la révolution de 1979 et Khomeini est au pouvoir.

Mohsen Meftah, un étudiant en littérature arabe, veut s'inscrire en doctorat. Pour payer ses études il fait un travail bien étrange (pour nous) . Des familles, éloignées de leurs morts, le rémunèrent pour prier sur la tombe des leurs. Il récite avec application des sourates. Il rattrape aussi, pour des clients, des jeûnes non accomplis ! Il n'est pas croyant mais il exécute son job avec sérieux.
Une de ses clientes est la mère de cinq garçons.
La famille de Karim Soukhteh vivait dans un quartier de Téhéran où musulmans et chrétiens arméniens se côtoyaient en bonne entente.
Les quatre fils ainés avaient des rêves.

Nasser archéologue rêvait d'un visa pour quitter le pays...son corps ne fut pas retrouvé
Massoud parti au combat ne tomba pas au champ d'honneur...son corps ne fut pas retrouvé.
Mansour espérait ressembler à Robert Capa, parti avec son bel appareil photo... personne ne l'a jamais revu.
Mahmoud tombé éperdument amoureux d'une étudiante marxiste pensait vivre un jour en URSS...son corps ne fut pas retrouvé.
Quant au plus jeune, Taher, il mourut à six ans de ne pas avoir su nager...son corps ne fut pas retrouvé.

Ainsi donc, Mohsen Nefta priait avec ferveur devant des tombes vides...

Cinq frères, cinq aventures, cinq parties dans ce roman.

Un prétexte pour l'auteur pour nous entraîner dans ce monde en guerre, en crise, en peur, en rêves.

Surgit, au milieu de ces cinq récits, des passages de l'histoire de Saladin. Chef musulman qui reprit, au XII ième siècle, Jérusalem aux croisés. Surnommé "le chevalier de l'islam" il reste un héros pour les arabes. Ceux qui le connaissaient lui attribuaient des qualités humaines exceptionnelles...sa légende est certainement un peu idéalisée !
A nous de faire le parallèle entre passé et présent. Deux esprits survolant L Histoire nous donnent des clés pour y parvenir.

Ce livre est magnifique. C'est un roman d'aventure, historique, politique, spirituel et philosophique.

La construction impeccable permet de ne jamais se perdre entre passé et présent.
Le style est très fouillé, superbe !
J'ai dû en début de lecture faire quelques révisions sur le conflit Iran Irak et me remémorer l'histoire de Saladin.
J'ai ensuite pris énormément de plaisir à m'installer dans ce roman très dense et vraiment passionnant.
Encore un bon livre chez Zulma !






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« Nous te raconterons les plus belles paroles. Alors qu'avant cela, tu faisais partie des imprudents. »
le panthéon littéraire !
Un mémorial, une oeuvre indépassable.
« Nourri par le sang », le roman s'efface, cède sa place à cette fondamentale rémanence.
L'Iran, entre ses épreuves, noria d'oiseaux noirs en plein vol.
La poussière chaude, les regards baissés, le tourment d'un pays ployé sous les affres.
Mehdi Yazdani Khorram somme l'exutoire. L'écriture d'étymologie des siens, qui, superbe et implacable, traque le réel, les pensées et les sentiments.
Le sang dans son plus émouvant et véridique symbole.
Nous sommes en plongée dans une épopée triste et lucide, dans un pays de guerre et de tourments, d'injustice et d'une infinie tristesse. La poésie pure des mots, ici, donne le plein pouvoir à la cruauté, dans une justesse de ton de quintessence et de soupirs.
Sentir le poids lourd de l'Histoire en nos mains. 1980, la guerre Iran-Irak, jusqu'à l'heure d'aujourd'hui. Comprendre les fulgurances intenses de la sauvagerie dont est capable l'humain. C'est une écriture douloureuse, hors du commun. Un corps à corps avec les personnages dont l'auteur affirme « qu'ils sont tous vrais. » L'hommage aux siens, dans une calligraphie d'apothéose.
Mohsen Meftah prie sur les tombes. Il récite le Coran, tel un homme qui acte le repentir. Il est très jeune, étudiant à l'université de Téhéran. « Et Mohsen craquait pour les falafels et pour Mahmoud Darwich. Il lisait mieux que quiconque la syrienne Ghadaal -Al – Samman. »
Il est dans l'articulation des douleurs. Devant les tombes des cinq frères, morts la même année. La mère qui somme la montée des eaux, la résurgence de ses enfants. Les tombes vides des corps de ses petits.
Ici, la tragédie est certes une lumière noire, mais la force de ce récit attire l'invisibilité. C'est un roman de vie et de mort, de souffrances, d'injustices. Bien au-delà, il est une réponse à l'oubli et à l'incommensurable. La ville d'Abadan, cinq frères, et toute l'idiosyncrasie de l'Iran carcérale qui fusille les siens. La douceur du ton de cette trame, la philosophie et les déchirantes et sublimes litanies, Saladin en filigrane, les deux esprits, renforcent « Nourri par le sang » dans l'évidence de l'immensité du bien et du mal.
La polyphonie comme un fleuve qui déborde, la voix des frères et ce qui fut de leurs courtes vies.
Nasser l'archéologue, la présence de son pays en ses mains, pierre après pierre, le trésor caché, la révolte sanglante. le feu de la fatalité Karim Soukhteh perd un à un ses enfants.
Page arrachée à la muraille des aspérités, le sifflement des balles, l'explosion mentale, cinq corps foudroyés en plein vol.
« Pour l'Histoire, ce sont ces « cependant » qui créent des problèmes. L'Histoire est faite d'exceptions. »
Massoud, tireur d'élite, un bandeau sombre sur le coeur. Entre l'ombre et la lumière, la fureur du ciel et le repentir théologal. N'ayez pas de crainte, ce sont des milliers de pages iraniennes qui tissent ce roman de grande beauté triste. Ces fils sont les morts sacrifiés. Phénix-cendres, l'emblème d'une génération abandonnée dans le linceul des perditions.
Mansour, le photographe, « Téhéran était empli de visages redoutables et Ispahan stupéfait par la guerre. »
Mahmoud, l'idéaliste, presque un enfant encore, et le tout petit, mort, lui aussi. Les yeux vers le fleuve, happé pour un moment de rire. le barrage de Latyan, devenu la signature de Taher, six ans, englouti à jamais.
Dans cette immensité à l'instar d'un cri dans la nuit noire, ce livre poétique et sublime est puissamment engagé.
Des destinées effacées, abandonnées, dans les meurtrissures d'un pays sans mages ni espérances. « Nourri par le sang » est le sifflement d'une balle sur la virginale jeunesse.
« Il verra Jérusalem d'en haut. du ciel. de là où regardent les prophètes. L'Histoire regorge de missiles stériles et abandonnés. »
Un hymne incandescent, d'une force inégalée. Un classique-né.
Dans cette orée efficace, conquise, d'une littérature-manifeste, pour une peuple en sursis.
Une urgence de lecture. Traduit du persan (Iran) par Nahal Tajadod. Publié par les majeures Éditions Zulma.


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Comme tous les après-midis, On s'y fera, le goût âpre des kakis, C'est moi qui éteins les lumières : c'était un vrai plaisir, dans la première décennie du XXIe siècle, de suivre Zôyâ Pirzâd, livre après livre, représentante d'une littérature iranienne guère présente sur les étals des librairie. Malheureusement, cela fait maintenant un bail qu'aucune traduction de l'écrivaine nous est parvenue. Néanmoins, Zulma soit louée, une maison d'édition française continue de s'intéresser aux auteurs iraniens et, après L'automne est la dernière saison de Nasim Marashi, voici Nourri par le sang de Mehdi Yazdani Khorram, auteur né à Téhéran en 1979 ou 1980, selon les sources. Sur le site frankfurtrights.com, le style de Khorram est comparé à celui de Céline et de Dos Passos. Bigre, quel hommage et, en même temps, l'annonce d'une oeuvre qui ne doit pas si facile d'accès. Cela se confirme à la lecture de Nourri par le sang qui décrit le destin malheureux de cinq frères dans les premières années de la guerre Iran-Irak. Quand le romancier se focalise sur les aléas de leur existence, tout va bien, le livre se dévore avec une écriture qui se réinvente sans cesse : familière puis poétique, avec des pointes d'humour, ou bien plus sombre. Mais les digressions, nombreuses et historiques, notamment consacrées au légendaire Saladin, surprennent et, comment le dire autrement, ennuient fortement. Difficile de rester concentré tout au long d'un livre qui est sans nul doute plus facile à appréhender pour un lecteur iranien que pour un citoyen occidental habitué à des récits plus directs.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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« Nourri par le sang »est un roman d'aventures qui raconte le destin tragique de cinq frères pendant les premières années de la guerre Irak - Iran.
C'est un livre exigeant qui demande beaucoup de concentration, à cause de plusieurs événements historiques sur l'Iran mais aussi par la multitude des personnages, morts ou vivants, esprits ou fantômes du passé .
J'ai aimé découvrir l'histoire de chacun des cinq frères, mais l'intervention fréquente d'une personnalité historique, nommée Saladin, m'a gênée pendant la lecture. J'ai trouvé que cela cassait le rythme et j'ai dû lire certaines pages en diagonale, chose qui m'arrive très rarement.
Je pense qu'il faut connaître l'histoire du pays pour apprécier ce roman à sa juste valeur.
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Un titre bien sombre pour ce roman de Mehdi Yazdani Khorram, traduit par la grande Nahal Tajadod, et qui s'ouvre sur un jeune étudiant iranien glissant sur une flaque de sang en route vers un cimetière de Téhéran, où il est chargé par des familles de psalmodier en arabe des extraits du Coran sur les tombes des défunts. Tout en rêvant d'un futur à Beyrouth, Mohsen débute son office sur les tombes de cinq frères, tous terrassés la même année.

Ce sont les vies (ou plutôt les morts) de ces cinq frères que raconte Nourri par le sang : jeune archéologue, militaire dans la guerre Iran-Irak, reporter photographe au Liban, jeune enamouré d'une étudiante marxiste, et le benjamin, au destin tragique.

En sus de ces tranches de vie iranienne, l'auteur distille une dimension fantastique déroutante, faisant dialoguer le présent et le passé par la présence malsaine de quelques spectateurs issus d'un autre temps : Saladin, un poète, et un esprit maléfique.

Cette juxtaposition et le style général du roman est donc étonnant de prime abord, voire rebutant ; il m'aura fallu une bonne centaine de pages pour vraiment accrocher. Mais une fois que l'on se fait à ces récits enchâssés, la narration paraît plus fluide, et l'on vient à en redouter la fin des chapitres, tous clôturés par la mort d'un des frères dont Mohsen arrose inexorablement la tombe d'eau de rose.

Un récit profondément déprimant, mais un beau témoignage de l'absurdité et des frustrations qui règnent en Iran, dont on découvre la jeunesse et sa fougue en temps de guerre, bien vite douchée par la religion et la mort, toujours à l'affût, comme le souligne l'auteur par ses « l'histoire regorge de… ». Nourri par le sang a aussi le mérite de conter l'Iran dans toute sa complexité, mentionnant les minorités arméniennes, les religions nombreuses et le passé chrétien révélé par l'archéologie, que l'on a parfois tendance à oublier.

Une lecture qui m'a beaucoup touchée, et dont le titre n'aurait pu être mieux trouvé.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ne jamais pénétrer dans les catacombes sans masque. Ne jamais manipuler les os et les objets sans gants.
Cet oubli lui avait fait perdre quatre points sur les travaux pratiques de la deuxième année. Le professeur Tavakoli ne rigolait pas. Il disait que les vieilles maladies se diffusaient ainsi. Des affections cachées depuis des années entre les fissures des os et qui n'attendaient qu'un petit prétexte pour atteindre la chair fraîche du vivant. Des virus éternels.
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Il avait des jeunes rivaux qui récitaient le Coran sans aucun respect pour ses cinquante ans d’expérience. Une fois même, ils l’avaient bousculé devant un client qui, après trente ans, voulait se rendre sur la tombe dégradée d’un oncle. Cigarette sur cigarette, il fît une crise cardiaque et avant de parvenir à l hôpital, il alla à la rencontre de Dieu. Avec beaucoup de dettes et de problèmes.
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Mais il remarqua les deux esprits assis au bord du toit. Ils venaient souvent là pour contempler la fumée des cigarettes allumées juste en-dessous. L'esprit du poète épris de liberté saluait toujours de la tête le Staline déteint. Ce jour-là, Mahmoud et Tahmineh étaient en bas et les deux esprits en haut. Staline était aux anges. L'esprit du poète épris de liberté s'entêtait à prouver que l'esprit maléfique et pustuleux était immoral et indigne d'amitié. L'esprit maléfique répondait qu'il s'en foutait de ces balivernes. Devenue le centre des aventures, l'avenue Enghelab l'empêchait d'aller sur la tombe du poète. Il ne voulait rater aucune image, aucun événement. Pourquoi l'esprit du poète n'y allait-il pas tout seul?
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Saladin le frappa sur la bouche et cria: « Ne prononce pas le saint nom du Prophète. Dans la bataille de Badr, tu serais certainement du côté de l'ennemi et ton sabre pointé sur le cou des fidèles. Je jure sur le Dieu de Mohammad que je suis Saladin, que je ne tuerai pas un homme sans arme, que je tuerai celui qui tire son épée sur l'homme sans arme.

- Tu te trompes, ô Sultan. Tu te trompes. Jérusalem nous appartient. Observe. Si tu les libères et leur retires les chaînes, ils recommencent. Cette terre a beaucoup de prétendants. Mille fois conquise, elle a massacré tous ses conquérants. C'est une terre dangereuse. Il faut l'amadouer avec le sang. »
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