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3,45

sur 788 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le roman de Yasmina Khadra, intitulé Dieu n'habite pas la Havane, nous plonge dans l'univers particulier de la capitale cubaine.
Subissant l'embargo économique depuis 1962, les Cubains ont développé leurs propres mécanismes de survie entre débrouille, bricolage et petits arrangements avec l'administration. Tout ce monde survivant en vase clos se fissure avec le desserrement de l'étau, à partir de 2014, et le rétablissement des relations avec les USA en 2015. C'est à ce point de l'histoire du pays et de sa capitale, la Havane, que Khadra situe son récit. le basculement du pays vers le libéralisme est abordé par la petite histoire d'un chanteur de cabaret. Exit les grands discours et les leçons d'histoire. Yasmina Khadra est un romancier efficace qui connaît bien son métier.
Nous suivons donc Juan del Monte Jonava, alias Don Fuego, dans sa longue déchéance après la privatisation du Buena Vista, ce «café» dont il régnait sur la scène en maître incontesté de la rumba. Avec sa queue-de-cheval et son costume tiré à quatre épingles, Juan cultive son look de crooner afro-cubain à l'aube de la soixantaine.
L'ego surdimensionné de ce chanteur jadis adulé prend un sacré coup quand le patron lui apprend que le Buena Vista sera racheté par une dame de Miami pour en faire un club de reggaeton, ce «raffut bâtard» qui fait vibrer la nouvelle génération. Juan ne sait rien faire d'autre que chanter.
Ses amours, sa famille, sa réussite sociale tout passe au second plan devant le plaisir d'enflammer la scène et d'électriser les foules par sa voix hors du commun. Perdant son royaume du Buena Vista, le voilà perdu dans les rues de la Havane. Tombé de son nuage, il découvre la triste réalité du décor : «une Havane aussi flétrie que les photos dans un vieux portefeuille gardé fermé durant des décennies.» La misère, les superstitions et la surveillance policière sont partout.
A la maison de sa soeur, où il habite depuis son divorce, ambiance Affreux sales et méchants entre le raffut de la progéniture nombreuse et le beau-frère en grincheux maître des lieux. Il découvre également son fils qui n'a d'autre horizon que le rêve d'émigrer clandestinement vers la Floride.

La flamme de Don Fuego semble doucement s'éteindre dans l'attente d'un hypothétique cachet quand apparaît la mystérieuse Mayensi. Une jeune beauté débarquée d'un lointain village de pêcheurs qui a le tiers de son âge mais s'empare rapidement d'une bonne partie de son coeur. Juan découvre sur le tard un autre amour que celui de la scène. Un amour sans narcissisme où il se donne totalement, au risque de se perdre. La suite, pleine de péripéties et de coups de théâtre, est à découvrir dans Dieu n'habite pas la Havane.
Ayant longuement séjourné à Cuba, en amont de l'écriture du roman, Yasmina Khadra a su écrire le roman d'une ville sans tomber dans les clichés ou les images de carte postale. Bien sûr, les plages paradisiaques, les vieilles voitures américaines et les cigares sont des ingrédients incontournables pour un roman de la Havane. Mais Khadra ne s'en contente pas et nous raconte l'âme d'un peuple à travers sa musique. le roman nous plonge notamment dans le «milieu» de la nuit. Un monde qui sied à l'auteur de polar que fut notre romancier.
On retrouve d'ailleurs les dialogues emberlificotés façon Western spaghetti avec leur lot de proverbes improbables, de métaphores à rallonge et de sentences imagées qui font le bonheur des lecteurs de Khadra.
Panchitto, un vieux trompettiste génial qui a troqué sa carrière internationale contre une vie d'ermite en compagnie de son chien Orfeo et de ses bouteilles de rhum, est un modèle du genre. Devant la déchéance de son meilleur ami Juan, il y va de sa tirade moraliste : «Sais-tu comment mon père s'est ruiné, mon pauvre Juan ? Il achetait toujours le gazon avant le terrain.
Et quand il dénichait enfin le terrain, son gazon était fichu. Alors, il revendait le terrain pour renouveler son stock de gazon, et ainsi de suite jusqu'à la faillite.» On est bien dans un roman de Khadra avec, également, cette angoisse existentielle de «passer à côté de sa vie» qu'on retrouvait dans sa plus pure expression, et dans sa totale réalisation, dans Ce que le jour doit à la nuit.
L'oeuvre de Yasmina Khadra pourrait se lire comme un manuel sur les mille et une façons, plus rocambolesques les unes que les autres, de rater sa vie. Ainsi, quand sa chanson passe enfin à la radio, Juan qui rêvait de ce moment depuis des décennies écoute, évidemment, la mauvaise station.
Enfin un succulent roman avec une delectable lecture
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Cuba, de nos jours...Juan del Monte Jonava approche la soixantaine. Il ne vit que pour la musique, le chant. C'est une star de la rumba. Mais le voici sans travail et son existence bascule, la déprime le guette. Voici alors qu'arrive Mayensi, une mystérieuse rousse de 20 ans et Voici "Don Fuego" rajeuni ! C'est écrit avec fougue et poésie. Je me suis laissée emporter dans cette histoire d'amour et de sang. Très beau livre!
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Un livre très touchant, rempli de citations, de morale, de poésie tout en restant dans la vie quotidienne cubaine. On peut s'identifier facilement au personnage car leurs émotions, leurs envies, leurs alertes sont connus de tous, au moins des "humains". J'ai pu m'enfoncé dans ce livre, revoir des lieux où je suis allée, et donc me retrouver aux endroits et être en présence des personnages. Le fait de connaitre la plus grande île des Caraïbes de l'Occident à l'Oriente m'a permis de mieux m' imprégner le roman et donc de mieux comprendre ses personnages. Car ce que les personnages vivent, sont la vie réelle et quotidienne des Cubains. C'est le premier livre de Yasmina Khadra que j'ai lu et je ne suis pas déçue de l'avoir fait. J'ai acheté ce livre par le fait que j'adore Cuba, qui est mon pays favori et dont j'ai envie de lire tous les livres qui le concerne. De plus, ce livre me donne envie de lire d'autres livres du même auteur.
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Un roman divertissant qui nous invite à un voyage à la Havane l'histoire est prenante, une œuvre plein de souffle d'un homme sexagénaire narcissique toujours optimiste malgré ses déboires découvre l'amour fou condamné d'avance, une rencontre d'une jeune fille en souffrance: 2 générations les séparent
est -il bon d'être aveuglé en tombant amoureux ?
Un très bon livre que je conseille vivement!!!
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"Qui rêve trop oublie de vivre". L'incipit du livre en donne l'esprit. Dans La Havane d'un Castro vieillissant, un sexagénaire se remémore sa gloire de chanteur d'antan. Idole du Buena Vista Café durant des années, il est licencié, comme tous les employés, par les nouveaux propriétaires de l'établissement. L'argent a frappé ! Juan, alias Don Fuego, court alors les cachets, discute de longues heures avec ses vieux copains et vivote dans le souvenir. Une jeune femme traverse sa route. Elle est belle, a vécu des souffrances dont elle ne veut pas parlées, et il en tombe éperdument amoureux. La passion platonique envahit Juan et devient son oxygène. Il s'aveugle dans cet amour sans issue dont il manque de mourir. Elle s'enfuit, il retrouve le calme après une longue convalescence, elle réapparaît comme un ultime sursaut avant la vieillesse. La tempête cesse. Ça y est, il vit. Une oeuvre touchante, une ode au temps qui passe.
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Différent de ses autres romans, c'est vrai. Mais cette histoire m'a envoûtée. M. Khadra est un poète et un compteur exceptionnel. Les personnages évoluent au gré de leurs émotions primaires, basiques. La passion, la haine, la compassion, la solidarité, la joie, la fête, la souffrance, la violence. Tout ceci au milieu des difficultés du quotidien difficile et "rationné" de la Havane
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Le kronik d'Eppy
'avais besoin, pour accompagner ma semaine de vacances, de la musique des mots qu'offre la poésie. C'est donc Yasmina Khadra et son talent qui m'ont tenu compagnie.
Ce roman attendait sagement dans ma bibliothèque depuis plus de 4 ans. Comme quoi la patience est toujours récompensée.
L'histoire nous transporte à la Havane, nous dépeint avec talent une époque, un contexte, un pays. Nous découvrons Juan del Monte Jonava, un chanteur dont la voix extraordinaire lui a valu le surnom de « Don Fuego ». Une gloire vieillissante, tout comme le régime castriste. le Buena Vista a changé de propriétaire et Juan, à 60 ans, est remercié et cours le cachet.
Il ne vit que pour sa musique, et lui qui a chanté devant les plus grands ne comprend pas que l'on ne veuille plus de lui. Il traîne, déambule dans cette ville de la Havane qui est sienne depuis toujours.
Il vit chez sa soeur Serena où s'empilent divers membres de la famille (sa soeur, le mari de cette dernière, leurs 3 enfants, la belle-soeur de Serena avec son mari et leur bébé, une cousine). Il y partage d'ailleurs sa chambre avec son fils, Ricardo, cet inconnu. Sa fille, elle vit avec sa mère. A la Havane, il est courant que les familles vivent à plusieurs dans un logement.
Lors de ses déambulations, « Don Fuego » croise une jeune fille, sa cadette de 40 ans.
Mayensi à la chevelure aussi rouge que le soleil se couchant sur l'océan. Mayensi si mystérieuse. Et le feu de Don Fuego se rallume pour cette belle, ce dernier amour, ce dernier tour de piste. Pour elle il veut briller. Encore. Décrocher la lune. Toujours. Mais les apparences peuvent être trompeuses ; voire mortelles. Son ami Panchito l'a pourtant mis en garde …
Mais même flirter avec la mort vaut la peine, lorsque cela permet de vivre et croire encore... Même un instant. Et puis la mort, en le rejetant, lui a rendu sa fille. Et ça c'est un vrai cadeau !
Et ce n'est pas le seul. A 64 ans voilà notre Juan sur les routes, chanteur d'un groupe….
C'est beau, c'est triste, c'est nostalgique.
L'espoir et l'amitié brillent à travers les mots et leurs échos.
Merci à Yasmina pour ce roman.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Je connaissais Yasmina Khadra pour l'excellent "l'attentat". Dans un tout autre registre, je me suis évadée à Cuba en lisant"Dieu n'habite pas la Havane" et en suivant les aventures du célèbre "Don Fuego" L'écriture est très belle, l'histoire est émouvante, bref une pépite !
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J'avais commencé un autre texte, Ce que le jour doit à la nuit, de Yasmina Khadra. Et je n'ai pas pu le finir. Trop dur, ou triste ; ne me souviens plus. Celui-ci me semblait plus enjoué. – Rire–. Il ne l'est pas mais je l'ai fini quand même. Ça cause du sens de la vie et de la place des émotions dans tout ça. Ça cause aussi de l'âge, des âges ; du fait qu'à tout âge, on a des abîmes à enjamber. Ça cause aussi du fait qu'il n'y a pas de plus grande solitude que de faire des choix, de tracer sa propre vie. Notre propre chemin ne peut être compris d'autrui et se dissimule à nos sens. le chemin n'est pas un chemin, l'auteur nous raconte comme le temps n'ajoute rien à l'affaire. le chemin n'en est pas un car l'eau se referme derrière nous sitôt le parfum d'une fleur passant.
-N.
Lien : https://wp.me/p7tSc7-AT
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Ou comment partir en voyage à la Havane... Tout y est : personnages hauts en couleurs, musique, amour (et même une intrigue policière !) le tout sur fond de climat socio-politique castriste.

Dans les pas de Juan del Monte Jonava, dit Don Fuego (le protagoniste), on découvre son histoire de musicien et de sexagénaire.

Ce texte est magnifique. le livre refermé, on y reste les jours qui suivent... Un régal !
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