Les vivants sont des rois

Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils sont brillants et ils ont l'avenir devant eux. Pourtant, ce soir, le poids d'une tragédie récente pèse sur chacun d'eux… Calypso, Line, Katia, Joris, Hector et Mathieu se retrouvent tous réunis pour la première fois depuis le drame. Malgré les festivités de la soirée, l'ambiance est pesante dans le grand appartement parisien. Chacun est hanté par le souvenir, la culpabilité, s'épiant les uns les autres tout en se demandant qui craquera le premier, qui osera enfin crever cet abcès empoisonné qui menace de tous les engloutir…

Ce qui saisit d'abord à la lecture du roman de Floriane Joseph, c'est cette narration omnisciente à la première personne qui nous happe et nous convie, de force, dans ce huis-clos que représente cet appartement parisien. Ensuite, c'est cette voix vibrante d'intensité qui nous entraîne dans une danse permanente entre le clair-obscur. le chagrin, les regrets, la culpabilité qui imprègnent l'atmosphère, peuvent, en quelques mots, être balayés par un élan de vie, une luminosité éblouissante. Ainsi, avec ce court roman bouleversant de justesse, l'autrice joue en permanence avec les émotions de ses personnages ainsi qu'avec les nôtres.

Elle semble rendre un vibrant hommage à la fin de l'enfance, la perte de l'innocence et des illusions, mais aussi à la beauté et la force de ceux qui restent car, tout ceux qui sont réunis ce soir, à cette fête qui se veut placée sous la coupe de la Jacqueline, ont été marqués du sceau du chagrin et pourtant, tous aspirent à vivre, à aimer et à se reconstruire.

Un roman d'atmosphère, dans lequel règne une urgence à libérer la parole, une intensité qui saisit et bouleverse le lecteur. Les personnages m'ont parfois semblé un brin caricaturaux, dignes représentant d'un panel parisien qui se veut hétéroclite, néanmoins, j'ai passé un agréable moment de lecture. A voir si celle-ci me marquera dans le temps…

Ce roman m'a happée, distillant insensiblement son ivresse poétique au fil des pages.

Installée à l'immense terrasse d'une finca -maison de campagne- surplombant la petite ville de Salento, au coeur du triangle caféier colombien, je suis allée à la rencontre des cinq personnages vivants de ce livre, les rois de Floriane Joseph. Car Les vivants sont des rois.

J'ai plongé dans mon mélange rafraichissant de jus d'ananas, corossol, citron vert et rhum. Eux tentaient de se donner le courage d'un premier rendez-vous après la Tragédie autour d'un pichet de Jacqueline, leur boisson fétiche, pétillant de limonade leur vin blanc.
Joris, Katia, Mathieu, Line et Calypso, tous poétiquement surnommés par diverses composantes du système solaire, oscillaient dés les premières gorgées entre l'envie d'oublier, la gêne, le chagrin coupable et le besoin de partager l'inconcevable.

Moi, sous le ciel étoilé de Colombie, j'avais l'impression de déjà les connaître tant l'écriture de Floriane Joseph est criante de vérité. J'avais soif de les comprendre, de les réconforter, de découvrir leur secret, de leur souffler, à tour de rôle, car on ne le dit jamais assez, “ce n'est pas de ta faute”.

Floriane Joseph, que je lisais pour la première fois, m'a sublimée par ses mots justes évoquant la vie et la mort. Cette poétesse m'a séduite par son approche si réelle du groupe, décrivant avec une perception époustouflante l'équilibre, les fluides invisibles et pourtant si vivants d'un cercle humain.

Nous avions tous peur que les effets de nos boissons respectives nous fassent basculer dans une vérité que nous ne pourrions accueillir. Et pourtant, je ne les ai plus lâchés malgré la nuit présente, jusqu'à la dernière goutte de nos mélanges enivrants, jusqu'aux dernières lueurs orangées du ciel - à leurs premières clartés du matin. A la fin, nous étions tous là, eux cinq, le narrateur enfin dévoilé et moi, tout en amour.

Après vu passer ce roman plusieurs fois avec de très bons avis, j'ai eu envie de le lire absolument.

J'ai lu ce roman en quelques heures.
C'est un roman court.
Un roman bien écrit sur l'amitié, les regrets et les non-dits. le deuil également.
Des thématiques bien traitées.

La plume de l'autrice est fluide, poétique.
Beaucoup d'émotions se dégagent de ce récit.

Malgré tout je n'ai pas réussi à être embarquée par les personnages et l'histoire.
A vrai dire je ne sais pas expliquer pourquoi je suis sortie de cette lecture avec des sentiments mitigés.
Car je pense que c'est un livre qui aurait largement pu me faire verser ma larme.
Peut-être simplement pas le bon moment..

Je vous laisse me dire si vous l'avez lu et sinon je vous encourage à le faire pour vous faire votre propre idée (et me dire ce qu'il en est

Joris, Katia, Mathieu, Line, Calypso et Hector, en égrenant leurs noms j'entends la voix de Marie Laforêt, il manque le.. Et moi.
Six amis, et moi, qui les regarde et les espère. Qui les attend tout au long de cette nuit dont ils sont les rois.

Ils ne se sont pas revus depuis... depuis quand en fait ? Depuis ce soir-là ? Ce jour là ?
Ce soir ils sont tous là.

Joris qu vient de décrocher haut la main son diplôme, et que Mathieu regarde avec toujours autant d'amour dans les yeux.
Mathieu qui sait depuis toujours qu'il aime les garçons, et depuis longtemps qu'il est amoureux inconditionnel de Joris, amoureux sans espoir.
Hector, qui rentre de Vienne. Il est parti avant leur dernière rencontre, une chance inouïe cet Erasmus imprévu mais salutaire. Et plus encore puisque c'est en Autriche qu'il a rencontré celle qu'il aime et qui viendra bientôt le rejoindre à Paris.
Calypso et ses sushi végétarien, qui fait science-po et a un tatouage d'aristochat dans le cou. Calypso la bobo silencieuse et décalée, qui entend dans sa tête la chanson de France Gall, que tous pourraient fredonner avec elle ce soir, évidement.
Katia et ses études de philosophie, suivie de HEC. Compatible avec sa vision de la vie, pas sûr mais qui sait. En tout cas elle s'en débrouille et jure de modifier le monde depuis l'intérieur, depuis là où ça fait mal.
Line, aimée de ses parents pourtant si peu proches d'elle, Line qui est actrice mais se rêve tragédienne.

Ils sont venus, ils sont tous là et pourtant dans l'air de la nuit flotte comme un sentiment de gêne, de non dit, ces mots qu'on ne dit pas, ces noms qu'on ne prononce pas, ces souvenirs que tous ont en tête mais ne veulent pas verbaliser.
Ils nous mènent à tour de rôle au bout de la nuit, des regrets, des questionnements, des pleurs et des chagrins. Et peu à peu le drame se dévoile, les langues se délient, les pleurs, encore, mais salvateur, réparateurs, qui ouvrent la voie aux lendemains qui chanteront, peut-être.
Car eux sont les vivants, et eux sont rois.

J'ai aimé une fois de plus l'écriture de Floriane Joseph que j'avais découverte lors de la parution de son premier roman. Ici point de princesse et de monde irréel comme dans La belle est la bête, mais elle nous dit avec justesse toutes ces questions que l'on se pose sur la vie, le drame, l'amitié, l'amour, la perte et l'oubli. Dans cet espace clos, dans ces quelques heures, tous les doutes, toutes les attentes, tous les espoirs sont évoqués et entendus.

C'est joliment écrit, les personnages sont campés en peu de lignes et pourtant ils ont une présence folle, chacun tient sa place. J'ai eu l'impression de les connaître tous, je les ai accompagnés jusqu'à l'aurore, je les ai tenus dans mes bras à travers cette longue nuit réparatrice et salvatrice.
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Une soirée pour se retrouver, se rassembler, s'enivrer comme si rien ne s'était passé, comme rien ne se passerait plus jamais. Dans ce huis-clos dramatique mais lumineux, Floriane Joseph raconte l'histoire d'un groupe d'amis hétéroclite, réunis pour une soirée après un événement traumatique. Chacun et chacune à sa manière, ils se préparent à l'inévitable : l'un d'eux finira par craquer, par en parler, par briser les non-dits qui leur ont permis de tenir jusque là. Alors ils boivent de la Jacqueline en attendant ce moment, dans l'étrange ballet des affinités et des rapprochements, des distances choisies et de celles qu'on subit.

Après La Belle est la Bête, la jeune autrice ne pouvait pas faire plus différent pour son second roman, mais on y retrouve des thèmes qui lui sont chers : la quête de soi, la difficulté à être aimé pour ce que nous sommes, à s'accepter et à s'assumer tel que l'on est. Dans l'espace d'une seule soirée, elle parvient à nous en dire beaucoup sur chacun des personnages qui sont tous à leur manière un reflet de notre génération. Il y a ceux qui veulent changer le monde, quitte à rogner sur ce qui les anime vraiment, ceux qui doivent être à la hauteur pour justifier le sacrifice de leurs parents, ceux qui poursuivent l'oubli dans de sombres soirées, ceux qui cherchent à s'accomplir malgré l'indifférence dont ils sont l'objet, ceux qui cherchent un sens dans ce monde qui ne semble plus en avoir.

Dès le départ, on se demande qui est cette narratrice omnisciente qui, parfois, fait une petite incursion pour souligner la beauté du moment, la noblesse de ces jeunes en quête d'eux-mêmes, prêts à conquérir le monde malgré leurs fêlures. Cette narratrice qui sait tout et viendra conclure pour nous amener les larmes aux yeux, par la justesse de ses mots et la douceur de ses aveux. Cette narratrice qui nous dit que nous faisons tous de notre mieux, et que c'est déjà magnifique.
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