AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782363392015
224 pages
Finitude (05/01/2024)
3.97/5   189 notes
Résumé :
Stella fait des miracles. Au sens propre. Elle guérit malades et paralytiques, comme dans la Bible. Le Vatican est aux anges, pensez donc, une sainte, une vraie, en plein vingt et unième siècle ! Le seul hic, c’est le modus operandi : Stella guérit ceux avec qui elle couche. Et Stella couche beaucoup, c’est même son métier...

Pour Luis Molina, du Savannah News, c’est sûr, cette histoire sent le Pulitzer. Pour le Vatican, ça sentirait plutôt les emmerd... >Voir plus
Que lire après Stella et l'AmériqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 189 notes
5
30 avis
4
24 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Et si une prostituée accomplissait des miracles ? Stella a 19 ans, elle est « belle et farouche, pas exactement belle comme on le croit, mais comme on le sait, belle de manière définitive, vous appelant dans les entrailles du désir. » Et elle détient un pouvoir extraordinaire : lorsqu'un homme a des relations tarifées avec elle, et bien, il guérit ( d'un psoriasis, d'une paralysie, d'une cécité etc ). Mais voilà, le Vatican ne veut pas s'encombrer d'une pute thaumaturge qui pourrait devenir une sainte. Des tueurs à gage sont chargés de l'éliminer.

S'en suit un road movie déjanté, peuplé de personnages barrés en mode cour des miracles, remplis de situations à la fois burlesques et saugrenues qui semblent tout droit tirées d'un film des frères Coen ( ou Mocky ? ), avec des dialogues tarantinesques – sacré cocktail ! Mention spéciale à Santa Muerte, vieille voyante rachitique qui se nourrie au mezcal, ou au prêtre James Brown, ex des Navy Seals qui va l'aider dans sa fuite, j'avais Robert Mitchum dans La Nuit du chasseur dans les rétines :
« Grand, massif, cheveux gris taillés en brosse et une gueule estampillée "j'ai vécu", le père Brown était le genre de caricature ayant connu une autre vie avant de se réfugier dans l'ascèse. Dire qu'il avait vu pas mal des saloperies dont est capable l'âme humaine serait un euphémisme. »

Avec les romans qui se revendiquent mabouls et affichent un humour malicieux, soit on rentre direct dans l'univers et on se marre comme des foufous, soit on se sent un peu sur le bord de la route à regarder les autres s'éclater. Malheureusement, je me suis sentie dans la deuxième situation.

Je me suis marrée, certes. Il est fort Incardona, il écrit fichtrement bien, sait manier les mots, on sent qu'il s'amuse avec sa comédie noire dans une Amérique de carton-pâte ( Las Vegas, la fête foraine, bagnole et camping car on the road again, rednecks et tueurs ) et ses figures imposés qu'il détourne joyeusement. Y a une énergie folle, ça castagne grave et on adore Stella, être solaire, pur, dont la naïveté lui permet de passer au travers de toutes les difficultés : elle incarne à merveille l'ode à la liberté, à la vie simple et au plaisir charnel qu'est ce roman.

J'applaudis lorsque les auteurs prennent le risque de changer d'univers. Et là, Joseph Incardona s'est vraiment renouvelé ( même si on retrouve son amour pour les petits, les invisibles, les broyés, ainsi que son attention accordé aux corps ). Je devais donc être d'humeur grincheuse lorsque j'ai lu Stella. Oui je me suis marrée, mais sans plus, pas autant que je le pensais. J'ai même commencé à m'ennuyer à mi-chemin, les péripéties s'enchaînant sans que j'imprime plus que cela. Et puis, je n'aime pas quand les auteurs prennent à témoin le lecteur et font irruption dans le récit par de nombreuses apartés ... et Incardona le fait très souvent, ça m'a fait à chaque fois sortir de ma lecture.

Bref, je me sens un peu penaude avec mes étoiles radines, de n'avoir pas partagé l'enthousiasme de l'auteur ou celui des Babélionautes. Je préfère nettement l'auteur dans la tragédie et le roman noir, notamment La Soustraction des possibles et Derrière les panneaux il y a des hommes.
Commenter  J’apprécie          11029
"Countin' on a miracle "

"If i'm gonna believe
I'll put my faith
Darlin'in you
I'm countin' on a miracle
Baby i'm countin' on a miracle
Darlin' i'm countin' on a miracle
To come through"

Bruce Springsteen

Stella. Personne ne sait vraiment d'où elle vient. Elle même n'est pas sûre de sa date de naissance.
Stella, au corps céleste, accomplit des miracles de son amour charnel.
L'Amérique a enfin une étoile Sainte.
Le vatican est aux anges. Cette neo Sainte va relancer leurs affaires.
Mais le dogme n'est pas commode. Les miracles de cette "vierge à l'envers" ne sont pas académiques.
La Sainte deviendra donc martyre.
Le vatican missionne les frères Bronski , des hommes de main capables d'aller vous retrouver dans les entrailles de l'enfer pour vous reconditionner en nourriture pour chacals.
Les bonnes étoiles qui veillent sur Stella ne seront pas de trop dans cette course-poursuite qui s'annonce complètement déjantée...

Personnages truculents aux mines patibulaires, curé repenti au nom qui sonne comme le parrain de la soul, journaliste latino à la recherche du Pulitzer, bikers qu'il ne faut surtout pas appeler motards, traversent cette histoire telle une horde sauvage qui ravage tout sur son passage.
Un road-trip délirant, western des temps modernes, saupoudré de poussière, d'alcool et de sueur. C'est drôle, irrévérencieux et on se surprend même à regretter que ce soit trop court.
Jubilatoire !

Commenter  J’apprécie          10721
Une sainte qui touche !
Stella est une jeune prostituée américaine itinérante qui officie dans une caravane parmi des forains, sous l'aile bienveillante de Santa Muerte, une voyante un peu louche. Au-delà de ses charmes, la jeune femme possède le don de guérir ses clients de maladies incurables et autres infirmités en couchant avec eux. Comme la fille est jolie, certains utilisent aussi ses services pour un petit rhume ou pour meubler des solitudes.
Si les voies du seigneur sont impénétrables, celles de Stella sont beaucoup plus accessibles ce qui n'enchante pas le saint siège qui tombe un peu de sa chaise. On est un peu éloigné du touché royal des écrouelles ou des pèlerinages all inclusive à Lourdes pour visiter la grotte sous la pluie. Des miracles, oui, mais des miracles qui célèbrent la vertu, tombés du ciel, mais pas du septième. Les évangiles n'ont pas scénarisé la première GPA de l'histoire il y deux mille ans pour ne pas lourder une sainte Marie couche toi là. Et puis, dans la notice biblique, la place est déjà prise par Marie-Madeleine, une prostituée qui avait assisté à la résurrection du Christ, mais qui avait eu la décence de se repentir. Sur ce point, Luc, Matthieu, Marc, Jean et … Kevin ne sont pas tous d'accords (surtout Kevin, le télévangéliste !). Comment concilier un dogme un peu poussiéreux qui n'approuve la sexualité que dans un but de reproduction dans le cadre du mariage et des guérisons miraculeuses prodiguées par l'origine du monde. Dieu est parfois taquin quand il s'agit de pécho originel.
Le roman de Joseph Incardona quitte rapidement les routes sinueuses de la théologie pour rejoindre la voie rapide d'un road movie qui ressemble à un hommage très réussi à Elmore Leonard.
Direction Las Vegas, avec, au casting de cette série B de papier, deux frères tueurs à gages qui veulent faire de la sainte une martyre, un journaliste qui flaire le Pulitzer, un curé au passé militaire qui s'appelle James Brown mais qui n'a rien d'une Sex Machine et qui vole au secours de la jeune étoile lumineuse du tapin. J'oublie la file des infirmes qui font la queue et des pieds et des mains et tout le reste de leur anatomie pour obtenir la grâce de cette Bernadette Soubirous canonique en bas résille.
Joseph Incardona n'a pas une écriture en orbite autour de son nombril. On ne peut pas lui reprocher de réécrire toujours le même roman ou de manquer d'humour et d'imagination. Ses personnages sont bien typés et j'entendais presque la bande-son d'un bon Tarantino en tournant les pages.
C'est le quatrième roman de cet auteur helvète entrement bon que je lis et je ne compte (en suisse forcément) pas m'arrêter là.
Côté catech, je crois que je peux aussi oublier les indulgences.
Commenter  J’apprécie          10110
Stella Thibodeaux, américaine de dix-neuf ans, au destin improbable, a beau être un personnage totalement invraisemblable, la plume incroyablement inventive de Joseph Incardona me l'a rendue brusquement si vraie, si proche, si vivante.
Tout le récit est construit autour de ce personnage féminin qui exerce le plus vieux métier du monde à bord de son camping-car, sur les routes des États-Unis dans le sillage d'une fête foraine ambulante.
Tout se passe plutôt bien pour Stella, jusqu'au moment où elle s'aperçoit qu'elle accomplit des miracles auprès de certains de ses clients, - elle préfère parler de résorptions. En effet elle guérit ceux qui sont affligés de maladies ou de handicaps graves en leur faisant l'amour, l'acte sexuel procurant à ces hommes le plus souvent seuls et rejetés de tous un plaisir, une joie indicible en même temps qu'il transforme radicalement leur vie.
Hélas de tels événements ne passent pas longtemps inaperçus. Un certain Robert Smith, affligé d'un vilain psoriasis qui, grâce aux bons soins de Stella, a miraculeusement disparu, ne trouve rien de mieux à faire que d'aller à confesse et de tout raconter au père James Brown, un ancien des Navy Seals reconverti dans la prêtrise. Ce dernier en est tellement troublé —vous pensez, un miracle dans sa paroisse — qu'il s'en remet aussitôt à sa hiérarchie. L'affaire remonte jusqu'au Vatican, où on s'enthousiasme déjà à l'idée de sanctifier la jeune élue, sauf qu'à y regarder de plus près, le CV de la future sainte a de quoi affoler le dogme catholique. Mais comment donc ?! Une vulgaire putain ?!
Le Saint-Père indigné décide de lancer ses sbires aux trousses de la belle afin d'étouffer ce scandale sous une juste omerta religieuse...
Deux anges du ciel, ou plutôt deux démons sortis tout droits des entrailles de l'Enfer, sont dès lors missionnés pour transformer l'infâme créature en martyre et sainte dûment assermentés par l'Église. Elle n'a pourtant rien demandé, et se serait sans doute volontiers passée d'une telle grâce. Les anges désignés, ce sont les affreux frères Bronski, deux jumeaux sans pitié, Billie et Mike, infatigables tueurs à gages d'une efficacité redoutable qui comptent déjà à leur actif 1.239 âmes...
Quand le malheureux prêtre, James Brown, retiré dans sa modeste paroisse au fin fond de l'État de Géorgie, réalise qu'il a commis une grosse, une très grosse gaffe, il décide de se racheter auprès de la belle Stella. Pour lui il n'y a désormais pas d'autre choix que de l'aider à fuir. Dans le même temps, un certain Luis Molina, du magazine Savannah News, mis au courant de l'événement et qui veut faire de cette affaire le prochain prix Pulitzer pour le journal, se lance aux trousses de la belle équipée...
Tout ceci nous offre un road-trip jubilatoire digne des meilleures comédies noires américaines, avec des personnages haut en couleurs, finement et facétieusement portraiturés : des tueurs à gage tout droit sortis d'un film de Quentin Tarentino qui citent Nietzsche et Heidegger, une voyante nonagénaire répondant au nom prédestiné de Santa Muerte qui n'a pas son pareil pour sucer le serpent au fond de sa bouteille de mezcal, son vieil amoureux Tarzan avec lequel elle entretient une relation aussi intense et ardente qu'aux premiers jours, un prêtre héroïque, amoureux et bouleversant dans sa quête de rédemption... On devine clairement les références cinématographiques de Joseph Incardona, dont le récit ressemble à un savoureux pastiche totalement déjanté, mais là où l'auteur se détache des références originales et casse les codes du genre, c'est dans la manière de traiter les personnages féminins, en premier lieu celui de Stella. Joseph Incardona fait de l'héroïne de son roman, une femme libre qui habite le monde avec joie, une joie pure, simple, naturelle. C'est peut-être ici le vrai miracle qui s'accomplit et qui fait de Stella et l'Amérique un si beau récit, aussi drôle et touchant que résolument iconoclaste.
Qu'en est-il des messages, me suis-je demandé ? Et y en a-t-il d'ailleurs ? Bien sûr au premier abord on pourrait être tenté d'y lire une charge virulente contre la religion. Mais Joseph Incardona sait clairement faire la part des choses entre la religion du haut, celle des dignitaires du Vatican qui baignent dans l'opulence, le cynisme, le pouvoir et celle du bas, incarnée par le père James Brown entièrement dévoué à sa paroisse, aux laissés-pour-compte d'une Amérique profonde et meurtrie...
Sans doute, à travers le beau personnage de Stella, peut-on voir aussi une forme de rapport au monde innocent, spontané, dans la joie pure de l'instant, comme on l'observe parfois chez les enfants, chez certains fous ou chez les sages. La façon avec laquelle cette jeune femme aborde l'existence et les autres, sans le filtre de la morale et des préjugés, m'a particulièrement touché.
Stella est un personnage magnifique absolument dépourvu d'arrière-pensée, incapable de concevoir le mal et tout entier dans le don, le don de soi, l'amour de son prochain, n'éprouvant aucune répugnance face à ces corps défaits, atrophiés, malades, dont elle prend soin et auxquels elle apporte le plaisir suprême en même temps que le salut. Véritable figure christique, elle irradie tout le récit de sa présence solaire.
Critique sociale acerbe, comédie noire débridée, ce récit est une véritable ode à la joie et à l'amour, un vibrant hommage rendu à l'innocence et à tous les coeurs purs qui, loin de la malignité et de la méchanceté des hommes, réinventent le monde dans la beauté, la poésie et la grâce.
« Il faudrait qu'on se souvienne de la première fois qu'on a aimé pour de vrai, aimé cet autre qui vous a brisé le coeur. Ce moment précis où l'on s'est senti orphelin parce que cette présence nouvelle vous était désormais indispensable. »
Stella fut à mes yeux cette première fois...

Anna (@AnnaCan), qui a lu ce livre avec moi mais n'a pas le temps d'en rédiger un retour, m'a confié le soin de le faire en nos deux noms. Je tiens à la remercier tout particulièrement pour l'échange d'idées et pour sa relecture attentive.
Commenter  J’apprécie          5851
« What if God was one of us?
Just a slob like one of us
Just a stranger on the bus
Tryin' to make his way home? »

One of Us - Joan Osborne

---

Stella Thibodeaux a 19 ans et exerce le plus vieux métier du monde. Lorsque l'un de ses clients touché par un psoriasis sévère guérit soudainement après l'acte d'amour tarifé, Stella réalise qu'elle possède un don : celui de guérir en couchant.

Ancien Navy Seal, grand costaud aux cheveux gris taillé en brosse, le père Brown a 66 ans et « une gueule estampillée « j'ai vécu » ». En recueillant la confession du premier miraculé, il découvre que Stella est une sainte et transmet la nouvelle au Vatican.

Passé la stupéfaction devant l'ampleur des miracles accomplis par la jeune femme, le pape Simon II (il fallait oser) et ses sbires décident que le modus operandi de la jeune sainte américaine n'est pas concevable, et qu'il serait plus avisé de la transformer en martyre.

La tâche est confiée aux affreux jumeaux Bronski, deux tueurs à gages tout droit sortis d'un film de Tarantino, méthodiques et sans scrupules, les meilleurs dans leur domaine. Ils ne sont pas les seuls à rechercher la jeune femme : Luis Molina, du « Savannah News » a compris que l'invraisemblable destinée de Stella pourrait lui offrir le Pulitzer.

Le destin de la sainte-putain semble scellé. Heureusement pour elle, le père Brown comprend qu'il a commis une terrible erreur, et entreprend de devenir son ange gardien. le vétéran du Vietnam et la jeune sainte ont un atout dans leur manche : c'est grand, l'Amérique.

---

« Quand Stella vous regardait, vous étiez le seul homme sur terre, vous comptiez pour quelque chose. Peu importe qui vous étiez et de quelle façon : Stella jetait sur vous ses yeux d'ambre, ses yeux candides, et vous étiez vivant. ».

Le dernier opus de Joseph Incardona, auteur remarqué de « La soustraction des possibles », nous offre un road-trip déjanté, une farce jubilatoire, acide et lumineuse, dans lequel le père Brown et la magnétique Stella, vont tenter d'échapper à l'inéluctable. Car, si l'on se fie à leur tableau de chasse, nul n'échappe aux frères Bronski.

Joseph Incardona nous livre une vision de l'Amérique qui semble surgie d'un film qu'auraient co-écrit les frères Coen et Quentin Tarantino. Son écriture sèche et nerveuse, parsemée de phrases courtes et d'incises ironiques, fait mouche. Elle crée une forme d'attachement immédiat pour la destinée de Stella et nous emporte, pour notre plus grand plaisir, dans le vortex de sa fuite effrénée en compagnie d'un ancien du Delta du Mékong.

« Il faut savoir que Stella n'était pas exactement belle, ni très futée non plus. Mais elle était sincère. Et loyale. Et dans une vie, quand on y pense, ça peut suffire pour devenir une sainte. »

Démiurge littéraire malicieux, l'auteur nous propose un ouvrage qui comporte deux niveaux de lecture. Une course-poursuite effrénée, où le lecteur tourne fiévreusement les pages, pour découvrir l'improbable destinée de Stella Thibodeaux que le roman déroule tambour battant. Mais également une réflexion sur le surgissement aussi soudain qu'inattendu du miracle.

---

Joseph Incardona maîtrise à la perfection les codes du genre « tarantinesque », et assume, avec un peu trop de gourmandise, le second degré de « Stella et l'Amérique ».

« Et puisqu'on en est au chapitre 40, et que c'est un chiffre pair et que les deux frangins aiment ça, je propose qu'on fasse une ellipse et qu'on passe directement à la partie VI de ce roman américain écrit par un Suisse. »

Entre un pape qui se prénomme « Simon », et deux tueurs à gages qui ressemblent à des stéréotypes sur pattes, le lecteur avait saisi qu'il avait affaire à une farce. La magie de la littérature surgit lorsque le lecteur oublie qu'il est en train de lire une fiction, et que cette fiction lui paraît tout à la fois plus réelle et plus passionnante que son quotidien. Inutile, Monsieur Incardona, de nous rappeler que vous êtes un prestidigitateur des lettres, au risque de briser la magie de votre prose.

---

Malgré ce péché de gourmandise, que l'on pardonnera à son auteur virtuose, « Stella et l'Amérique » reste un roman étourdissant, qui dissimule au creux de son intrigue un questionnement métaphysique sur la possibilité de l'apparition d'une sainte au coeur d'une Amérique dont le seul Dieu s'appelle le billet vert. Aussi innocente que généreuse, Stella évoque Marie-Madeleine, voire une forme de nouveau messie, qui rend la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la mobilité aux paralytiques en leur prodiguant l'acte d'amour.

Si Joseph Incardona fait montre d'une cruauté acide envers un pape bedonnant et ses sbires qui préfèrent une sainte-martyre à une sainte-putain, c'est pour mieux dénoncer l'hypocrisie éhontée de ces pharisiens des temps modernes prêts à faire disparaître un coeur pur pour sauver les apparences.

Le père Brown, qui a troqué son M16 contre une soutane, incarne la vraie foi qui a abandonné le Vatican. Il saisit la portée des miracles que prodigue Stella et entrevoit dans les prodiges accomplis par la jeune femme, la possibilité d'une transcendance oubliée.

Le prêtre habité et la sainte qui s'ignore forment un couple de personnages aussi improbable qu'inoubliable. Ils nous rappellent, chacun à leur manière, que l'innocence, la probité et la générosité ne sont pas seulement des mots, parfois galvaudés, mais aussi des qualités que chacun d'entre nous porte au creux de son être.

---

« Comme une fille sensée le ferait. Parce que n'importe qui peut être Jésus. Descendre dans la rue, donner une couverture à quelqu'un qui a froid. Être bon, généreux, sincère et loyal, c'est donné à tout le monde. Mais on vous tuera pour ça. »

Cat Power (chanteuse américaine) lors d'une interview donnée en novembre 2023.

Commenter  J’apprécie          6240


critiques presse (8)
LaLibreBelgique
19 avril 2024
Dans Stella et l’Amérique, l’écrivain italo-suisse Joseph Incardona au succès croissant s’en donne à cœur joie dans un nouveau roman jouissif et plein de second degré.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaPresse
12 mars 2024
Passablement divertissant, Stella et l’Amérique est le genre de roman qu’on verrait très bien porté au grand écran – dans le genre de ces comédies américaines aux scénarios farfelus comme Pineapple Express. Mais ce n’est sûrement pas un titre qui restera longtemps en mémoire ou qui fera gagner à l’auteur de nouveaux lecteurs, bien qu’il ait été retenu parmi les cinq finalistes du Grand Prix RTL-Lire Magazine, en France.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeMonde
22 février 2024
Virevoltant exercice de style, Stella et l’Amérique, quatorzième roman de l’écrivain suisse Joseph Incardona, revendique ses références – Quentin Tarantino, Harry Crews –, mais aussi le caractère invraisemblable de son intrigue : Stella, jeune prostituée du sud des Etats-Unis, découvre qu’elle a le don de guérir par l’acte de chair aveugles, paralysés et cancéreux.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
19 février 2024
Dans "Stella et l'Amérique", l'écrivain italo-suisse Joseph Incardona au succès croissant s'en donne à cœur joie dans un nouveau roman jouissif et plein de second degré.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaTribuneDeGeneve
22 janvier 2024
Ce récit, qui fait rire parfois franchement et parfois jaune, questionne aussi la notion d’héroïsme et, dans le fond, le sens d’une vie.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Culturebox
09 janvier 2024
Joseph Incardona signe un roman drôle et grinçant avec "Stella et l’Amérique". L’écrivain suisse nous entraîne dans une Amérique complètement déjantée. Jubilatoire.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
08 janvier 2024
C'est caustique, abrasif. L'Église, dans ce roman est évidemment la cible privilégiée de Josephine Cardona, mais pas que. Et l'auteur suisse s'en donne à cœur joie, mais avec toujours subtilité et délicatesse
Lire la critique sur le site : Culturebox
Liberation
02 janvier 2024
On l’aura tout de suite compris, le nouveau roman hilarant et cinématographique de Joseph Incardona flirte avec Quentin Tarantino, le roi des pulps, tricoté avec du Harry Crews, le maître des foires aux serpents.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
« Putain, Mike, j’ai la poisse.
- Cool, frangin. Pendant ce temps, je fais le plein et je prends des bières fraîches.
- Elles seront chaudes.
- Quoi ?
- On est dans un comté où la loi interdit de vendre des bières fraîches dans les stations-service ou ailleurs.
- Sans blague ?
- C’est leur méthode pour réduire la mortalité sur les routes.
- Mais, putain, Billie, nous sommes la mortalité ! »
Commenter  J’apprécie          40
Cinq hommes qui prétendent avoir été miraculeusement guéris par Stella Thibodeaux, une jeune prostituée de 19 ans dont la particularité serait de soigner en donnant de l’amour.
Commenter  J’apprécie          20
Il faudrait qu'on se souvienne de la première fois qu'on a aimé pour de vrai, aimé cet autre qui vous a brisé le cœur. Ce moment précis où l'on s'est senti orphelin parce que cette présence nouvelle vous était désormais indispensable.
Commenter  J’apprécie          250
Dans le classement personnel des frères Bronsky, les stars du showbiz venaient en numéro 2 des clients les plus chiants. En première position, il y avait les hommes politiques, difficiles à éliminer à cause de leurs gardes du corps. Mais aussi parce qu'ils n'arrêtaient pas de supplier pour qu'on leur laisse la vie sauve. Au seuil de la souffrance et de la mort, ils promettaient généralement n'importe quoi, comme dans leur programmes électoraux.
Commenter  J’apprécie          40
Il aurait dû réfléchir: une prostituée ne pourrait jamais être une sainte. La compassion n'irait pas jusque-là. Le Saint- Siège avait mis près de deux mille ans à asseoir son mythe. La religion catholique romaine était devenue un État, elle avait ses employés, sa police secrète, ses intellectuels et ses gardes suisses. Elle avait ses banques, ses hommes d'affaires, ses investisseurs, sa presse, ses éditions et ses entreprises.
Une multinationale gérant plus d'un milliard trois cents millions d'individus.
Pas mal pour un jeune chevelu mort à 33 ans, vêtu d'une simple tunique et de sandales en cuir avec, pour seul outil, le verbe.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Joseph Incardona (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joseph Incardona
Dans cet épisode, nous vous présentons des livres qui nous ont fait rire. Huit propositions de lectures pour différents âges : de l'humour, fin ou gras, des jeux de mots, de l'absurde, du comique de situation, de la satire sociales... Des livres que nous avons beaucoup aimés, auxquels nous repensons avec le sourire et que nous adorons mettre entre les mains des lecteurs. Une liste à garder précieusement, concoctée par nos libraires Laure, Rozenn, Nolwenn, Jérémy, Nicolas et Adeline !
Voici les livres cités dans cet épisode :
Un ours, un vrai, de Stéphane Servant et Laëtitia le Saux (éd. Didier Jeunesse) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23128786-un-ours-un-vrai-stephane-servant-didier-jeunesse ;
Horace. Tome 1, Cheval de l'Ouest, de Poirier (éd. Revival) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23359947-horace-tome-1-poirier--revival ;
Les Culs-reptiles, de Mahamat-Saleh Haroun (éd. Gallimard/Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22745328-les-culs-reptiles-mahamat-saleh-haroun-folio ;
Admirable, de Sophie Fontanel (éd. Seghers) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22540820-admirable-l-histoire-de-la-derniere-femme-ride--sophie-fontanel-seghers ;
Chroniques du Château faible, de Jean-Christophe Mazurie (éd. Fluide Glacial) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23032241-1-chroniques-du-chateau-faible-tome-01-jean-christophe-mazurie-fluide-glacial ;
Stella et l'Amérique, de Joseph Incardona (éd. Finitude) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23109474-stella-et-l-amerique-joseph-incardona-finitude ;
Le Rire des autres, d'Emma Tholozan (éd. Denoël) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23030426-le-rire-des-autres-emma-tholozan-denoel ;
Roman fleuve, de Philibert Humm (éd. des Équateurs/Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23286751-roman-fleuve-philibert-humm-folio.
Et quelques autres titres qui auraient pu faire partie de cette sélection de livres drôles :
Le Discours, de Fabrice Caro (éd. Gallimard/Folio) ;
Miracle à la tombe aux Aspics, d'Ante Tomi (éd. Libretto) ;
N'essayez jamais d'aider un kangourou !, de Kenneth Cook (éd. Autrement) ;
Je dénonce l'humanité, de Frigyes Karinthy (éd. Viviane Hamy) ;
Le Chien de madame Halberstadt, de Stéphane Carlier (éd. le Tripode) ;
Roulio fauche le poil, de Julia (éd. le Tripode) ;
La Vie est une corvée, de Salomé Lahoche (éd. Superexemplaire) ;
Idées noires, de Franquin (éd. Fluide Glacial) ;
#Les Mémés, de Sylvain Frécon (éd. Fluide Glacial).
--
Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
+ Lire la suite
autres livres classés : MiraclesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (498) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages du livre

Comment s'appelle la fille de René Langlois ?

Odile
Mireille
Diane
Julia

9 questions
4 lecteurs ont répondu
Thème : La Soustraction des possibles de Joseph IncardonaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..