AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Hélène Hervieu (Traducteur)
EAN : 9782330156084
400 pages
Actes Sud (03/11/2021)
3.9/5   36 notes
Résumé :
Cela fait vingt-trois ans que Bergljot a coupé les ponts avec sa famille. Ses parents, tout comme sa fratrie, refusent de reconnaître le trauma refoulé de son enfance et les violences sexuelles que lui aurait fait subir son père. Le partage anticipé – et foncièrement injuste – d’un héritage sera peut-être l’occasion pour Bergljot de mettre enfin tout le monde au pied du mur. Mais les rôles semblent alors s’inverser : serait-ce finalement elle le bourreau ?
<... >Voir plus
Que lire après Héritage et milieuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 36 notes
5
7 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
 « Si on ne savait pas qu'il y avait deux enfants de plus, …on aurait pu croire que c'était une famille normale…..Père avait évité et craint ses deux enfants aînés parce qu'ils lui rappelaient la monstruosité de ses actes, he could not stand them because of what he had done to them. », Bergljot doit vivre à jamais avec ce qu'elle subit entre cinq et sept ans de la part de son père. Alors qu'elle a depuis vingt-trois ans coupé presque tous les ponts avec ses parents et ses deux soeurs et frère qui ne veulent rien reconnaître de la violence dont elle a été victime, une question d'héritage anticipé et injuste, va relancer les relations et le passé…..
Dans ce troisième livre semi-autobiographique de Vigdis Hjorth publié récemment , l'écrivaine remet en scène une héroine seule plus très jeune, ici critique de théâtre et rédactrice dans une revue, empêtrée de surcroît dans un passé familiale complexe et violent,auquel s'ajoutera une vie privée tout autant complexe, avec trois enfants et l'alcool comme compagnon de route. de Flashbacks en réflexions intimes en passant par l'analyse intéressante des comportements des divers protagonistes, Bergljot la narratrice vomit sa douleur. Elle semble dénier la quête du bonheur au profit d'un malheur presque recherché, rongée par la culpabilité bien qu'étant la victime et poursuivie par l'image de « psychopathe » dernière parole que lui adresse son père, de son vivant. Intéressant, car très longtemps elle va refouler les incidents majeurs de son enfance, continuant à fréquenter ses parents et même accepter leur aides matérielles après mariage et enfants. Et c'est beaucoup plus tard que cette douleur refoulée refera surface avec des douleurs physiques très violentes….
Peut-on réduire la puissance destructrice de l'histoire pour le futur,
même en posant à plat sur la table la version que chacun a de l'histoire et la reconnaissant ? Comment survivre et se reconstruire après ce genre de traumatisme ? Peut-on pardonner le coupable et son entourage restés silencieux , surtout si cet entourage est votre mère , vos soeurs et frère et qu'ils ne reconnaissent pas les actes odieux ? Couper les ponts avec sa famille, ses origines est-elle la bonne solution ? Comment faire face à une société qui encore au XXI éme siècle bourrée de préjudices vous condamne sans jugement équitable ? Et si papa Freud avait raison “ le point faible de l'homme occidental européen est d'être aveuglé par ses triomphes sur le plan de la civilisation, de surestimer ses capacités en matière de culture par rapport à sa vie pulsionnelle “ ?
Bref, comment tourner la page…. et si chaque victime était un bourreau potentiel ?
Des réponses , Vigdis Hjorth n'en a pas , mais elle nous pose encore une fois les problèmes, où de nombreuses personnes se reconnaîtront même si à la base les violences ne sont pas toujours physiques mais aussi verbales, mais dont les conséquences sont tout autant virulentes. Son personnage ambivalent de Bergljot subtilement décrit et analysé montre combien nous les êtres humains sommes complexes, au point qu' il nous est souvent impossible de comprendre nos propres comportements et paroles et combien nous sommes SEULS dans notre malheur, même bien entourés. Elle se répète souvent dans le récit, une répétition voulue qui démontre combien ce passé est une obsession, ses tentacules ne lâchant prise sur son cerveau. Elle alterne cette houle de sentiments d'angoisse et de peur avec quelques chapitres havre de paix, qui baissent la tension pour la relancer de plus belle. Ses références à Freud et au superbe film Festen du cinéaste danois Thomas Vinterberg, dont elle n'est pas d'accord avec la fin, sont enrichissantes. Un sujet finalement qui n'est pas des plus originaux , mais une approche profonde et analytiquement très intéressante.

Vigdis Hjorth pour moi une grande dame de la littérature norvégienne contemporaine. Avec ce troisième livre d'elle que je viens de lire, je suis encore et toujours sous son charme.


« A quelque chose malheur est bon. »
Commenter  J’apprécie          8613
Une fratrie de quatre enfants, dont deux, Astrid et Åsa qui sont proches de leurs parents. Bård et Bergljot, les aînés, quant à eux, ont eu une enfance très différente avec leurs parents, ont un vécu avec eux différent des benjamines. Bergljot a fini par couper complètement les ponts, pour la tranquillité de son âme, pour « ne plus avoir à faire semblant, [...] échapper aux larmes, aux reproches, aux menaces, [..] ne plus avoir à trouver des excuses, [à se] défendre et [...] expliquer sans relâche pour au bout du compte ne pas être comprise ».

« C'est la rue de l'enfance, ... celle qui t'a appris à haïr, qui t'a appris la dureté et les moqueries, qui t'a donné tes meilleures armes, tu dois apprendre à en faire bon usage. »

Une sombre et tragique histoire de famille, de non-dits. le choix des parents de privilégier deux des enfants dans l'héritage va faire remonter à la surface les traumatismes enfouis, attiser les flammes, les rancoeurs.

Comment réussir à ne pas se nier soi-même, quand personne ne vous croit, quand l'affaire qui vous concerne, celle qui vous a dévasté, saccagé, ravagé est, pour vos proches, une simple histoire de fabulation, inventée, une bête invention car impossible à croire tout simplement pour eux. Quand aux yeux de vos parents, frère et soeurs vous n'êtes qu'une menteuse, une traitresse, une égoïste, comment ne pas se sentir renier ? Comment ne pas devenir cinglée ? Comment ne pas être rongée par la culpabilité aussi ? Quel cheminement possible pour arriver à les considérer insignifiants et se transformer en guerrière ? Comment vivre avec les traumatismes liés à l'enfance ? Et comment garder un soupçon de lien avec sa famille pour ses propres enfants, se forcer un peu, pour eux, pour qu'ils tissent des liens avec leurs grands-parents, leurs cousins, .leurs oncle et tantes, même si le mal a été dit, fait, qu'il a creusé un fossé. Des enfants malgré eux emprisonnés dans l'histoire de leur mère, qui fatalement devenait aussi leur histoire.

« Celui qui a été lâche ne doit pas être félicité d'avoir avoué sa lâcheté avant que le désespoir, le chagrin et la colère de la personne blessée soient reconnus. Sans cela, les regrets tombent au sol comme une pierre. C'est une loi naturelle, écrivait-il, elle est inscrite dans notre moelle, nous ne pouvons pas faire fi de la chronologie. »

Petit à petit, on comprend toute la mécanique qui s'est mise en place dans cette famille. Comment les liens se sont brisés ? Comment en sont-ils arrivés à rendre toute réconciliation quasiment impossible ?

Le regard des autres, la commisération et la bienveillance d'autrui ont prévalu pour une partie de cette famille, ont compté davantage que protéger et aider son propre enfant. Nier, refouler ... ce n'est pas sain, n'amène rien de bon dans une relation.

C'est intelligemment écrit et construit. Nous sommes clairement dans la tête de l'auteure. La psychologie des protagonistes est affinée avec précision et beaucoup de pudeur.
J'ai refermé ce livre le souffle court.

« Selon le philosophe Arne Johan Vetlesen, la faiblesse des commissions de vérité, de tous les processus de réconciliation après les guerres est qu'en générale ils exigent autant des victimes que des bourreaux et qu'il y a là une injustice. »
Commenter  J’apprécie          344
Ne vous focalisez pas sur héritage, l'essentiel est ailleurs.

Un mot sur l'écriture pour commencer.
Bien écrit, bien traduit, bien construit, un style fait de répétitions à quelques nuances près mais d'importance. Ils reflètent en temps réel le cours de la pensée de Bergljot la narratrice, hésitations, émotions qui faussent ou rectifient les propos, instantané puis correction via la réflexion, bref, nous sommes dans la tête de l'auteur même si nous ne pensons pas la même chose.

Agacement, pourquoi Bergljot bloque sur l'héritage ?, un traumatisme infantile est évoqué mais non dit. Qu'attend, la moitié du livre, Bergljot pour nous le révéler ce qui permettrait de mieux comprendre le blocage héritage.

Puis on comprend, que peut il y avoir d'horrible dans l'histoire d'un enfant surtout lorsque l'image du père toute puissante apparaît toutes les 5 ou 10 pages. On comprend également le non dit, le non écrit et qu'il ait fallu en arriver à une extrémité, bout du tunnel pour que Bergljot puisse briser le mur du silence.

C'est donc une histoire d'aigle noir. Pauvre Barbara. le livre fit polémique à sa sortie et la Norvège participa aux déchirements familiaux. Dire les choses, dénoncer, ou, l'autre camp, camper sur le déni et la question, que s'est il vraiment passé.

Si un parallèle est fait avec le Voyage dans l'Est de Christine Angot qui décrivait ses agressions sexuelles paternelles, le cheminement du processus puis mais de façon trop succincte les conséquences à tous niveaux de son devenir adulte, ici Vigdis Hjorth s'attache à la sphère familiale, le père, la mère, les enfants un garçon et trois filles, les positions de chacun, les pressions, les déchirements, sans aller jusqu'aux procès comme ce fut le cas dans la réalité.

Que dire. Comment commenter. Une mère femme enfant qui détient probablement la vérité mais qui a fait son choix. Un père disant à sa fille, tu ne sais pas ce que j'ai vécu, mais n'en dit pas plus, pas plus que sa fille ne lui demande ce qui s'est passé. Des tantes peu présentes mais que l'on aurait pu faire parler, vous savez parfois on sait sauf les personnes concernées. Point de vue des autres filles en particulier la petite dernière qui semble la plus obtuse à tout.

Héritage et milieu est un beau livre qui dérange mais qui à l'instar de la société a pu passer le cap du déni. Poser un problème est un préalable nécessaire à son règlement.
Mais comment ?
C'est en marchant que l'on arrive à bout C'est en marchant que l'on arrive au bout. C'est en marchant que je ne sais plus quoi.
Répétions à la Vigdis Hjorth.
Commenter  J’apprécie          70
On pourrait croire que Bergljot a tout pour être heureuse : à presque soixante ans, elle est mère de trois enfants, a un compagnon qui vit dans un chalet isolé dans la forêt où il fait bon se réfugier et est à la fois rédactrice d'une revue spécialisée dans le théâtre, conférencière et dramaturge… pourtant, Bergljot est loin de l'être, heureuse.

Il y a quinze ans, elle a coupé les ponts avec sa famille. Rapidement, on comprend qu'il s'agit d'une sombre affaire d'inceste. Et rapidement, on comprend que sa mère et ses deux soeurs ont préféré fermer les yeux et reléguer ces abus au rang de diffamation. Parce qu'il est toujours plus facile de renier que de prendre le taureau par les cornes. Parce qu'admettre que tout cela est arrivé, c'est - de fait - accepter de changer de mode de vie, d'affronter le père. C'est les emmerdes, quoi. Alors que, finalement, dire de l'une qu'elle affabule, c'est plus tellement plus simple.

Puis, un jour, les parents décident de céder leurs deux chalets à leur deux filles pour une somme dérisoire, spoliant ainsi Bergljot et son frère d'une partie de leur héritage. Dès lors, Berlgliot se doit de prendre une décision : prendre part à la bataille que décide de mener son frère auprès de leurs parents ou continuer à se murer dans le silence.

C'est une véritable plongée au coeur d'une famille bourgeoise aussi cynique que brisée, et déchirée, que nous offre Vigdis Hjorth. Une famille qui se refuse de reconnaître ce que tout le monde sait, mais que personne n'ose formuler de peur de faire éclore un cocon financier douillet et confortable.

Ce roman est d'une finesse incroyable et d'une intelligence émotionnelle rare. La psychologie de l'être humain y est mise à nue avec beaucoup de pudeur, mais tout en réalisme.

Immense coup de coeur pour ce roman qui vient se placer dans le top 3 de mes lectures les plus marquantes de cette année ! À ne pas manquer, assurément !
Commenter  J’apprécie          62
Ce roman a été ma première lecture de février.
Et quelle lecture !

Cette autrice, l'une des plus lues et récompensées de Norvège ausculte la société et ses maux.
Dans cette histoire intense que l'on lit quasi en apnée par moments, elle raconte une famille dysfonctionnelle au bord de l'implosion suite au décès du père et à un testament inique lésant le frère et la soeur aînés  au bénéfice des deux filles cadettes. En réalité,  la famille était divisée bien avant.

La narratrice du roman, Bergjlot, a coupé les ponts avec sa famille depuis plus de vingt ans. En dépit de tentatives régulières d'une de ses soeurs qui prône la réconciliation en faisant table rase du passé. Ce qui est  inacceptable. Bergjlot est traitée de menteuse et d'affabulatrice depuis qu'elle est sortie du déni de ce qui lui est arrivé dans sa petite enfance.

C'est une plongée  hallucinante dans l'esprit de cette femme, d'une soixantaine d'année,  mère, grand-mère, d'un niveau culturel élevé. Le  décès du père  en dépit de l'intense soulagement ressenti, la dispute autour de l'héritage  vont remettre à vif une plaie jamais cicatrisée. L'écriture rend compte de façon incroyablement juste de ses réflexions et analyses,  tantôt pertinentes, tantôt rendues confuses à la fois par l'intensité du traumatisme et l'abus d'alcool, compagnon trop présent hélas dans sa vie. Elle ressasse inlassablement chaque événement, chaque fait, dissèque et ajuste son ressenti au mot près. Cela donne des répétitions qui témoignent de la profonde détresse de cette femme dont la parole n'a jamais été entendue. Parce qu'alors tous les verrous sauteraient, fini le cocon familial construit sur une narration édulcorée de la réalité,  finies les apparences de normalité, finie la respectabilité. La violence psychologique du déni familial est pire que la violence physique...

Un très beau et douloureux roman, d'une puissance folle !
Commenter  J’apprécie          52

Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Astrid sortit une clémentine de sa poche, l’éplucha, mit un quartier dans sa bouche et fit passer le fruit à Søren qui fut décontenancé avant de comprendre qu’il devait prendre un quartier et me passer la clémentine. Søren prit un quartier et me passa la clémentine, j’en pris un quartier à mon tour et passai la clémentine à mère qui en préleva un quartier et la fit passer à Åsa, comme avait fait le président du Norsk Tidsskriftforum alors que nous étions englués dans de difficiles négociations avec les éditeurs : il avait épluché une orange et l’avait fait passer à la ronde afin que chacun en prenne un quartier, une vieille coutume africaine destinée à atténuer les tensions, car quand les gens partageaient la nourriture et la mangeaient ensemble, les esprits avaient tendance à se calmer.
Commenter  J’apprécie          293
Il est étrange de penser à quel point le hasard nous fait rencontrer certaines personnes qui seront déterminantes pour la suite de notre existence, influant sur nos choix et infléchissant résolument notre vie. Ou n'y a-t- il pas de hasard ? Subodorons- nous que la personne en face nous poussera sur un chemin où, consciemment ou inconsciemment, nous souhaitons aller ? Auquel cas , nous donnons suite à cette rencontre. Ou bien pressentons- nous que la personne en face pourrait nous lancer un défi ou nous faire dévier de la route que nous voulions prendre, et pour cette raison, nous ne désirons pas la revoir ?
Commenter  J’apprécie          230
Sybille Bedford écrit quelque part que quand on est jeune, on ne se sent pas comme faisant partie d’un tout, de la condition humaine, quand on est jeune, on fait plein de choses, parce qu’on a l’impression qu’il s’agit seulement d’une répétition générale, d’un exercice que l’on peut modifier quand le rideau se lèvera pour de bon. Et puis un jour on se rend compte que le rideau était tout le temps levé. C’était la représentation.
Commenter  J’apprécie          193
D'exister aux yeux de son père est ce qu'il y a de plus important pour un garçon. La fameuse lettre au père, dit-il.(...)

La dictature de père tenait par la terreur.Si père montrait le moindre signe de faiblesse, la dictature pouvait s'effondrer, c 'est cela que redoutait père.Il ne pouvait accepter Bård que si ce dernier se prosternait devant lui, en parfaite soumission, mais Bård refusa ce rôle. Père n'aimait pas que Bård s'enrichisse, même si l'argent était la mesure de tout pour lui, car quand Bård devint riche, père perdit le pouvoir qu'il avait sur lui, un pouvoir fondé sur l'argent.

( p.82-83)
Commenter  J’apprécie          90
Celui qui a été lâche ne doit pas être félicité d'avoir avoué sa lâcheté avant que le désespoir, le chagrin et la colère de la personne blessée soient reconnus. Sans cela, les regrets tombent au sol comme une pierre. C'est une loi naturelle, écrivait-il, elle est inscrite dans notre moelle, nous ne pouvons pas faire fi de la chronologie.
Commenter  J’apprécie          150

Videos de Vigdis Hjorth (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vigdis Hjorth
Sophie PEUGNEZ vous présente Héritage et Milieu de Vigdis Hjorth aux éditions Actes Sud
autres livres classés : incesteVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (176) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1437 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..