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EAN : 9782072791772
240 pages
Gallimard (17/05/2018)
3.54/5   34 notes
Résumé :
Ava est-elle encore Ava ? Son visage a été détruit par un inconnu dans une rue de Paris, et tout le monde voudrait le réparer : sa mère, son homme, les médecins... Mais Ava sait qu'il y a une autre manière de voir le monde et de se faire voir de lui. Défigurée, elle se sent revivre.
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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« Là, on s'empare délicatement de son visage tout chaud, un peu fébrile. Tout est encore si harmonieux, si bien dessiné sur cette surface sacrée. Mais on perçoit déjà, comme un artiste qui ferme un oeil et fait voler ses doigts devant la toile vierge, le potentiel éruptif, le futur champs de ruines, la beauté extravagante du chaos. »

Que peut-on dire d'un livre qui possède tout ? C'est le terrible constat que j'ai dû faire. Après un magistral premier roman, de la bombe, Clarisse Gorokhoff récidive; si son précédent livre était un texte empli de fougue et porté par une langue imagée, scandée et dévorante, celui-ci est plus construit, en étant toujours aussi bien écrit. de la bombe avait vu naître une écrivaine, Casse-gueule consacre une romancière. Retour sur cette merveille de roman qui est déjà l'un des livres les plus aboutis et volcaniques de 2018. Et vous serez prévenus : Casse-gueule se lit avec des Post-it à portée de main, tant les pages regorgent de passages à lire et relire.

Déambuler dans les rues jonchées de questions

L'histoire commence le pied au plancher. Pour le lecteur, pas le temps d'apprivoiser l'univers, les personnages : Gorokhoff démarre la narration en sautant un événement, pour ne nous donner que sa conséquence : un beau soir, à Paris, Ava se retrouve défigurée. Par qui ? Elle cherche à le savoir. Mais non pour se venger. Pourquoi alors ? se lamente sa mère. Et pourquoi ne va-t-elle pas porter plainte ? Pourquoi rester si passive ? Une somme énorme de questions se posent à nous. Mais aucune ne trouve de réponse, un climat mystérieux, aux limites de l'angoisse, berce le récit. Dès lors, une errance dans la capitale piquée de cynisme et de désabusement guide le lecteur autant qu'elle le désoriente : si Ava ne cherche pas vraiment à savoir pourquoi on l'a passée à tabac un soir dans la rue, nous lecteur, on le cherche. On ne comprend pas l'attitude d'Ava. On cherche à lire entre les lignes. On veut savoir pourquoi elle en veut autant à sa mère. Pourquoi son petit ami se contrefiche de cette histoire. L'existence d'Ava est remplie de silences, de vides et on le devine, d'ombres. Alors, sans autre choix, on se laisse porter par cette errance forcée. Toute la première partie du roman sera caractérisée par cette déambulation sourde et inexpliquable, où Ava fait sauter les masques sociaux. Seule sa mère s'acharne à vouloir la reconduire dans la normalité. Mais sa singularité, désormais, est une arme. Si la perte de son visage ne semble pas attrister Ava, un autre mal, plus dissimulé, la fait souffrir : elle a la nausée existentielle. Parmi ses semblables, ces écorchés de la vie, ces broyés du quotidien, elle trouve un embryon de réconfort. Ava ne cherche finalement qu'à se sentir reliée à quelque chose de non futile. « Paris est un océan, tout petit, une mer, une rivère, un ruisseau, la source d'histoires belles et tristes et drôles, lumineuses asphyxiantes. Des régicides, des parricides, des homicides, de très beaux suicides – feux follets insaisissables. Et puis de splendides histoires d'amour – un jour, se dit-elle, elle y écrira la sienne. » Sans visage, on possède toutes les histoires.

Un récit aussi habile que bien écrit



Un jour nouveau pour une gueule nouvelle. Désormais Ava se faufile dans les interstices de ce quotidien auparavant si lisse. Avec son visage au scalpel, c'est une autre manière de voir le monde et de se faire voir par lui qui s'impose. Sans pincette, avec le coeur, avec les tripes. Sentir les existences pulser. Si elle n'a plus que la moitié de la peau sur son visage, c'est le monde qui a perdu son masque. Ainsi, sous la forme d'une quête sans but, c'est une réflexion sur la beauté qui se dessine, brossée par les contours d'une plume âpre et pourtant mélodieuse: la vraie beauté, est-ce cette chose froide et terne ou cette puissance impossible à canaliser, une force d'énergie vitale qui explose ? « Par deux fois des mains inconnues se sont posées sur son visage. La première fois pour le détruire ; la deuxième, pour tenter de le réparer. de ce double mouvement porté sur ce qui n'était, jusqu'à présent, qu'un joli masque social, Ava veut faire quelque chose de vital que rien ne pourra nier, entraver ou corrompre. Une oeuvre d'art. »
Dans un style nerveux, avec des chapitres très courts, Grokhoff effile le récit. Elle le fait se tendre jusqu'à son extremité. Un énorme soin est porté à la langue, mais la construction romanesque est pensée avec tout autant de soin. La première partie commence avec cette phrase : « Son visage, plus nu que jamais, est un champ de ruines. » Et comment débute la seconde partie ? Par ceci : « La maison est située en hauteur d'une rue escarpée, sombre et touffue, non loin des Buttes-Chaumont. La moitié de la façacde donnant sur la rue est dévorée par la vigne sauvage. » Tout en finesse, Gorokhoff charpente son récit par parallélismes, en confrontant les visages, les regards, les « façades ». Bien sûr ici il n'est pas vraiment question de la façade de la maison ; la romancière transpose le regard que l'on a posé sur Ava à un regard plus englobant, sur l'apparence des choses. Dans un monde où tout tombe en ruines… Puis soudainement, alors qu'on pensait lire un texte déambulatoire, tout bascule. Une seule apparition qui décante tout. Dès lors tout le texte est porté par un propos, et certains mystères du début trouvent leur justification. D'autres naissent. C'est une autre histoire qui s'ouvre, une existence où Ava se glisse brutalement. En très peu de pages – une petite centaine – Gorokhoff joue avec les codes narratifs et construit un faux thriller, où la seule ambition est là encore, de martyriser la joliesse.

Une langue volcanique

Mais dans ce roman, s'il est une beauté qui n'a besoin de rien pour s'affirmer et qui ne souffre d'aucune contestation, c'est bien la beauté de l'écriture de Gorokhoff ! Des mots comme des funambules, lourds de tension et d'angoisses mais qui maintiennent avec une habileté chirurgicale le récit. Gorokhoff joue avec la ponctuation, avec les rythmes. Elle décortique la phrase, la rend tour à tour charnelle et décharnée. Une langue sculptée dans l'ivresse des sens, dans un esthétisme pur, dans l'impulsion des harmonies. Un souffle romanesque assumé, créatif et terriblement déroutant. Gorokhoff s'affirme incontestablement comme l'une des voix les plus originales, déjantées et rafraîchissantes de ces dernières années ! Et je vous dirais bien que rien que pour cela, il vous faut lire son (ses) roman(s), mais c'est faux : vous devez lire Gorokhoff pour tout le reste aussi ! Ça fait bien longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi fou, un roman où l'histoire et la langue nous happent totalement – et où tout au final est maîtrisé.
Lien : https://eterneltransitoire.w..
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L'an dernier, un drôle de premier roman s'était inséré in extremis dans la sélection des 68 premières fois ; avec de la bombe, Clarisse Gorokhoff faisait alors une entrée fracassante sur la scène littéraire. Roman singulier, clivant, dont j'avais apprécié l'atmosphère, l'écriture et puis aussi le culot. Depuis, j'ai croisé l'auteure, une jeune femme à la gueule d'ange que l'on imagine mal tremper sa plume dans ce mélange de sensualité et de violence. Et pourtant... Avec ce deuxième opus (tout juste un an après, chapeau !) au titre tout aussi prometteur, elle persiste et signe. le monde n'est pas un champ de roses et l'on a beau s'appeler Ava, les premiers rôles ont forcément un prix à payer.

Dans Casse-gueule, il est question du monde basé sur les apparences dans lequel nous vivons ; un monde où il faut être beau pour réussir (ou en tout cas ne pas échouer), un monde où l'on se met en scène par écrans interposés et photos retouchées, un monde où l'on guette les moindres défauts ou affaissements pour filer chez son chirurgien esthétique. Un monde où la barrière de l'apparence empêcherait de réellement connaître l'autre... Alors, le jour où la très jolie Ava est soudain défigurée lors d'une agression qui semble totalement gratuite, c'est pour elle une révélation. L'idée d'une nouvelle liberté, comme une renaissance, hors de cette enveloppe qui la contraint par son environnement et le regard des autres. Au grand dam de sa mère, elle refuse toute opération de reconstruction et décide de conserver sa gueule cassée et d'observer les nouveaux regards - fuyants, gênés, dégoûtés ou indifférents - qui se posent désormais sur elle ; et également de retrouver l'homme qui l'a volontairement défigurée pour tenter de comprendre. Elle va ainsi découvrir l'existence d'une mystérieuse organisation à laquelle appartient le Lazare en question...

"La beauté d'une femme n'est pas une substance, c'est une circonstance. Un frémissement - l'éclat de l'avenir en suspens. C'est d'ailleurs ce qui la distingue de celle des hommes. Il est beau quand son visage raconte enfin ce qu'il a vécu ; elle est belle tant que le sien murmure ce qu'elle s'apprête à vivre".

Baptisée Ava, Lauren, Grace par une mère obsédée par la beauté et la photogénie, pas étonnant que notre héroïne qui jusque-là s'est conformée en tous points aux diktats de l'apparence finisse par s'interroger sur la réalité des sentiments qu'on lui porte. Mais on peut faire confiance à Clarisse Gorokhoff pour ne choisir ni la facilité ni la fadeur. Elle préfère dynamiter les codes et renvoyer chacun à ses propres concessions au règne des like sur Facebook ou Instagram (d'ailleurs, les instagrameuses influentes, méfiez-vous de ce que vous publiez, ça pourrait être mal interprété...). Pas étonnant qu'Ava ait une passion pour les volcans...

"Le magma peut sortir en s'insinuant à travers les fractures vers la surface. Sans cela, il stagne, formant alors une chambre magmatique. Il peut y stagner des centaines de milliers d'années. Mais quand, d'étape en étape, il arrive en surface, le magma jaillit, de différentes façons..."

Comme dans son précédent roman, une question affleure : comment exister dans ce monde où une image chasse l'autre ? Comment vivre dans une réalité subjective voire mensongère où prime la recherche de la célébrité ? Quoi qu'il en soit, l'auteure n'a rien perdu de son culot et ça me plait. Son univers s'affirme, elle ne va encore pas plaire à tout le monde et c'est tant mieux. le privilège de la (bonne) littérature.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Il y a des livres dont on sait avant même de les ouvrir qu'on les aimera. Comme une intuition. On a jamais vraiment besoin de déclarer sa flamme. Elle existe déjà. Elle nous précède. Dans le silence qui annonçait les mots du Casse-Gueule de Clarisse Gorokhoff, paru chez Gallimard, il y avait déjà tout ça, les nuages amoncelés avant un orage qui a tout emporté.
Comment mettre des mots sur un coup de pied au ventre? Maquiller mon émotion dans l'exercice automatique d'un résumé et produire un avis d'une objectivité factice? ça ne s'y prête pas. Un ouvrage qui touche si fort, ça défie les mots et toute forme d'exercice, toute forme d'habitude. Hier, finissant le livre comme on revient d'une apnée profonde, j'ai hésité à sauter sur le clavier tout de suite. Sauf que j'avais l'émotion qui me paralysait le vocabulaire. Et toute l'habileté que je déploie ici semblait impuissante à traduire ce que je ressentais. Il y a des romans qui dépassent tout ce qu'on peut articuler.

C'est parti de l'article de mon amie Charlotte, qui parlait d'un chef d'oeuvre, d'un K.O littéraire. Je suis sensible à ce lexique de combat. La lecture ça doit vous attaquer violemment l'âme, vous ébranler, vous chahuter, ça n'a rien d'un passe-temps agréable. Un livre qui vous marque, c'est de l'inconfort. ça vibre d'une étrangeté totale et paradoxalement, ça résonne fort en soi, plus que tout ce que vous croyiez savoir sur vous. ça vous fait redécouvrir le monde avec une nouvelle manière de le dire et de le ressentir. Un beau livre, c'est ce que l'on ne croyait pas contenir en soi. Des fragments d'inconscients révélés. ça remet tout en cause et ça prend toute la place.

C'est ce que j'ai ressenti d'emblée. Je n'ai pas eu de doutes. J'ai plongé. Je n'avais pas le choix. J'ai aimé Ava, l'héroïne, tout de suite et avec passion. Elle se fait démollir, ravager son visage parfait dans l'entrée d'un immeuble. Curieusement, elle ne résiste pas. Elle refuse de réparer sa gueule cassée, libérée du fardeau qu'était sa beauté, ce masque qui l'empêchait d'être elle-même. Elle ne suivra pas sa mère qui se mirait dans sa perfection avec une fierté vaniteuse, insistant pour qu'elle bénéficie de la compétence des chirurgiens esthétiques les plus talentueux. Ava se met en quête de son agresseur en proie à une fascination ambivalente.

Se faire casser la gueule ressemble pour elle à une émancipation, une libération. On retrouve la portée subversive d'oeuvres comme Fight Club ou Strange days (qui interrogeait notre rapport aux simulacres), ce nihilisme dont nos temps craintifs, hygiénistes, stéréotypés, instagrammés jusqu'à l'os ont perdu la mémoire. Clarisse réveille une révolte sourde et somnolente à la racine de nos désenchantements, de nos désoeuvrements, de nos spleens travestis sous des filtres flatteurs. Ava, l'exemplaire et la sophistiquée, va s'enfoncer dans son authenticité, dans sa vérité profonde et dénoncer tous les fards dont se pare notre humanité. Se faire défoncer la gueule, c'est s'exclure de la foire aux vanités, se trouver incitée à soutenir sa vie et sa vanité dans toute sa crudité, dans toute sa cruauté (on notera le petit ami totalement superficiel ou la mère nombriliste et abusive). Avoir les traits défaits, c'est arrêter de tricher, ne plus jouer de rôle dans la comédie humaine, et narguer les algorithmes. C'est incarner une faute. C'est figurer une violence immorale, insoutenable. C'est porter sur son visage le scandale de tous les faux-semblants.

Ava retrouvera l'étrange Lazare, son agresseur, aux trousses de ses proies. Elle ne le dénonce jamais. Elle le suit jusqu'à se joindre à une étrange organisation qui repère les beautés trop parfaites pour ne pas être conscientes de la supercherie et des mirages qu'elles perpétuent. Ils les détruisent. Et ces belles gueules cassées viennent grossir leurs troupes souterraines. Cette révolution terrifiante ressemble à du vernis qui se craquèle ou à du rimmel qui coule.

Le roman prend des accents oniriques. Baudelairiens, Nietzschéens et Lynchiens. Violent, charnel, lucide et voluptueux. Fascinant d'audace et d'incorrection. Il prend systématiquement à contre-pied, il prend un malin plaisir à désarçonner, à dérégler les sens. A convertir à son étrange réalité, plus nue, plus crue, plus vraie. Jusqu'à faire corps avec son héroïne dans la seconde partie, passant d'une narration à la troisième personne à la première, fusionnelle.

Ce petit chef d'oeuvre m'a traversé, choqué, ébranlé, fasciné, hypnotisé. Il questionnait mon rapport au monde, à la justice, à la morale. Il est âpre et sec ce roman. Il ne prend pas de gants. Il vous suggère tout ce qui ne tourne plus rond dans cette réalité que l'on ne supporte plus qu'avec perplexité et par écrans interposés. Il s'agit de savoir qui on est. Il invite à se poser les questions antiques dont la modernité nous détourne sans cesse. Comment fait-on pour se connaitre soi-même quand on n'est plus qu'une projection?

En écrivant au plus près du corps, de la douleur, de la destruction, de la violence, Clarisse Gorokhoff renoue avec le tranchant d'interrogations fondamentales. Plus nécessaires sans doute que jamais. A t'on choisi notre place, nos appartenances et nos loyautés ou les subissons-nous par lassitude, par lâcheté, par désarroi? La liberté et la nécessaire rupture qu'elle impose sont symbolisées par cette agression fondatrice. Par delà bien et mal.

Ce livre est d'abord un paradoxe : toujours en lien avec le concret, le brutal, il devient pourtant immédiatement métaphysique, existentiel. Jusqu'à interroger sur notre rapport au temps et à l'éternité, l'immortalité.

Je ne m'y attendais pas.
Je sais que je n'ai pas trouvé tous les mots pour évoquer la beauté de ce chaos.
Je préfère finir sur des points de suspension.

Découvrir Clarisse fut un vertige immense...

Lien : http://www.nicolashouguet.co..
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Une des questions essentielles à se poser en littérature est : A quoi reconnait-on un véritable écrivain ?

A son concept: unique, identifiable, inimitable. Clarisse Gorokhoff, c'est un univers singulier et complètement perché, car à quoi sert la littérature si ce n'est se percher quelque part, s'affranchir des codes, du réalisme, de la bienséance ? Clarisse, c'est une voix nouvelle, un souffle sensuel et déjanté.

Après « de la bombe », aujourd'hui sort en librairie « casse-gueule », et son deuxième roman confirme le premier. Talent absolu, plume extra-terrestre, littérature noble et élégante.

A prime abord, on ne devine pas tout ça chez Clarisse, derrière ses airs de statue grecque, son minois lisse et symétrique, ses yeux de chat, on ne perçoit pas le volcan. le thème récurrent de son oeuvre ? le chaos, le néant, les visages… C'est destructeur, c'est cruel et plutonien.

Vous, lecteur, par pragmatisme, allez peut-être tiquer sur cette héroïne, Ava, qui se fait littéralement « casser la gueule » un soir, à Paris, et s'en réjouira. N'en souffrira pas. Mais où est la douleur, où est la laideur ? Une fois libéré de sa beauté, le corps reprend son authenticité et son insouciance.

Vous ne comprendrez pas pourquoi elle ne va pas voir la police, pourquoi son petit ami s'en moque, pourquoi elle en veut tant à sa mère.

Vous vous demanderez qui est cette organisation, appelée « Nyx » Vous lirez le roman et le reposerez, soulagé d'avoir résolu l'énigme de ce thriller. Et ce roman vous restera en tête. Vous serez partagé entre roman esthétique et essai de science fiction. Plus tard, dans quelques jours, semaines peut-être, vous comprendrez, et le nommerez chef d'oeuvre.

Casse-gueule est une réflexion philosophique sur la beauté, le pardon et sur l'âme.
Lien : https://agathethebook.com/20..
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Quand j'ai ouvert Casse-Gueule de Clarisse Gorokhoff, j'ai tout de suite été happée par le style, par sa plume envoûtante et percutante. Je me suis laissée entraînée à la suite d'Ava, défigurée un soir par un inconnu. Après un tel traumatisme, n'importe lequel d'entre nous se serait précipité au poste de police pour porter plainte, aurait collectionné les rendez-vous chez le psychologue et le chirurgien plastique. Mais pas Ava.

Ava, elle, encombrée depuis l'enfance par son admirable visage, se sent renaître. Après une bien trop longue existence à dissimuler son tempérament volcanique derrière une jolie enveloppe lisse, l'héroïne prend soudain conscience de la nouvelle vie qui s'offre à elle. Sans aucun remord, elle quitte son travail, évite son compagnon et fuit sa mère toxique pour profiter pleinement de son monstrueux profil. Ava découvre peu à peu qu'elle n'est pas seule, et que cette abominable rencontre qui a fait basculer sa vie, n'est peut-être pas le fruit du hasard.

Dans ce roman, l'autrice s'empare de la thématique de la monstruosité en la transposant dans notre société de plus en plus performante. Grâce à ses personnages, elle nous propose une dénonciation des faux-semblants et met en valeur la superficialité humaine. Pourtant, si le sujet me plaisait, je n'ai pas vraiment apprécié ce roman. Clarisse Gorokhoff a le mérite d'avoir un univers singulier et maîtrise l'art du malaise, mais plus les pages se tournaient et moins j'étais convaincue. Dans une volonté de dérouter le lecteur, Clarisse multiplie les incohérences et les événements extraordinaires, si bien qu'elle a fini par me perdre complètement. Je n'ai pas adhéré au propos qui m'a semblé à la fois trop incongru et pas assez exploité. La fin du récit me laisse particulièrement perplexe. S'il s'agit assurément de faire réfléchir le lecteur, je ne peux m'empêcher de la trouver trop facile. Si je reconnais le talent littéraire de l'autrice, ce n'est vraiment pas pour moi. Pardon Clarisse pour ce rendez-vous manqué, mais je crois qu'à l'avenir, je vais passer mon tour.
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critiques presse (1)
LeFigaro
22 juin 2018
Un roman détonant sur la tyrannie de la beauté et la perfection esthétique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Dans nos existences, comme dans les livres, on devrait passer à la trappe les moments creux, répétitifs et ennuyeux ; créer des oublis délibérés, enjamber le vécu, marquer une rupture nette, un vide éclatant ; éroder les liens logiques, sautiller directement à la page d'à côté, laisser un blanc en souriant, passer sous silence le silence lui-même... On devrait pratiquer à notre guise l'air de l'ellipse. Car il y a des moments d'une intensité telle qu'on se trouve bien en peine de les enregistrer, encore plus de les restituer... (p. 201)
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J’étais belle oui, oui, mais d’une beauté qui suscite l’angoisse. Les traits fins, taillés à la serpe, de grands yeux sombres avec des éclats gris, un teint glabre mal assorti à la vie, un sourire tourmenté sans la moindre trace d’enfance… Belle à se noyer dans le néant. Je n’ai jamais pu échapper à ce que mon visage évoquait : la tragédie. C’est leur infini désespoir que les autres projetaient sur moi. Ils voyaient dans mes traits un prélude à la fin du monde.
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« Par deux fois des mains inconnues se sont posées sur son visage. La première fois pour le détruire ; la deuxième, pour tenter de le réparer. De ce double mouvement porté sur ce qui n’était, jusqu’à présent, qu’un joli masque social, Ava veut faire quelque chose de vital que rien ne pourra nier, entraver ou corrompre. Une œuvre d’art. »
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« Paris est un océan, tout petit, une mer, une rivère, un ruisseau, la source d’histoires belles et tristes et drôles, lumineuses asphyxiantes. Des régicides, des parricides, des homicides, de très beaux suicides – feux follets insaisissables. Et puis de splendides histoires d’amour – un jour, se dit-elle, elle y écrira la sienne. »
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Il avait près de lui mon dossier et je ne doutais pas qu’à tout instant, si ma mémoire défaillait, ou si je ne voulais pas me donner la peine, il n’aurait aucun mal à me la rafraîchir : les médecins m’avaient décortiquée comme on dépiaute un animal avec des pincettes pour exposer ses nerfs et ses organes. Ligne après ligne, cases cochées, tout était consigné, pas un blanc, rien ne manquait. Il devait même y avoir quelques tampons et des formules du genre : Lu et approuvé… Des formules inventées spécialement pour faire peur, on ne peut pas se défaire d’une légère appréhension en apposant son nom, parce qu’on sent qu’aucun retour en arrière n’est permis.
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