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EAN : 9782246775911
180 pages
Grasset (04/05/2011)
3.44/5   58 notes
Résumé :

Montréal, décembre 1989. Un matin comme les autres à Polytechnique. Soudain, en plein cours, un jeune homme fait irruption dans une salle, et tout bascule. Il sort de son sac un fusil, abat toutes les filles de la classe, et va poursuivre son carnage dans les couloirs de l'école. Il ne vise que les femmes. Au total, il en tuera quatorze, avant de retourner l'arme contre lui.Pourquoi cette folie meurtrière, chez un garçon apparemment sans histoires ? Par ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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6 decembre 1989 : tuerie de Polytechnique, Montréal.
Un type pénètre tranquillement dans une université canadienne et abat quatorze femmes de sang froid, en blesse quatorze autres, et se suicide en laissant une lettre: anti-féministe, les femmes auraient pourri sa vie.
En 2015, ce genre de fait divers est presque banalisé : à laisser encore des armes en vente libre, la révolte gronde gentiment mais on ne s'étonne plus des débordements.
Mais en 1989? Et au Canada, pays réputé pacifiste? Choc et incompréhension générale.
Pour ma part, non seulement il ne me reste pas une once de souvenir de cette tragédie qui a bouleversé le Canada (au point de faire du 6 décembre la journée de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes) mais même 25 ans après j'ignorais jusqu'à l'existence de ce drame. Comme le rappelle l'auteure, les faits ont eu lieu trois semaines après la chute du mur de Berlin si bien que l'Europe est complètement passée à travers l'info, toute occupée à sa liesse.

L'auteure retrace donc cet évènement dans un style plutôt journalistique, sans prise de position. Dès les premières pages, on ressent toute l'horreur du moment en suivant Gabriel Lacroix (alias Marc Lépine de son vrai nom) dans son massacre méthodique qui ne cible que les femmes. Puis s'enchaînent la découverte et l'identification des cadavres et des blessés, la détresse des proches et des survivants, le choc et l'émotion à l'échelle nationale. Et enfin les questions. Pourquoi tant de violence, tant de haine? Qui est Lacroix-Lépine? Etait-ce évitable? Est ce l'acte d'un déséquilibré ou un acte politique, anti-féministe? le pays, une fois le choc et le recueillement passés, se divise sur cette dernière question. Aujourd'hui encore, le doute et les interrogations subsistent.

Au-delà de la question de la légitimité du mouvement féministe au Canada traitée dans le récit, ce livre rend un nouvel hommage aux victimes mais retrace aussi l'après-drame (dommage toutefois d'utiliser des pseudonymes, j'ignore pour quelle raison l'auteure n'a pas pu (?) ou voulu (?) rendre un vrai hommage aux personnes décédées car ce n'est pas de la fiction ici, mais bien un récit basé sur des témoignages et du factuel).
La famille brisée du meurtrier, sa mère, sa soeur, les destins à jamais bouleversés des familles des victimes, mais aussi des survivants et tous ces dommages collatéraux (suicide, dépression) qui ont suivi le drame sont, à mon sens, les parties les plus intéressantes. Mettre des mots sur la difficile voire impossible reconstruction après l'inimaginable et l'horreur.
J'ai aimé ces passages car à l'heure d'internet et des chaines d'info en continu où une information en efface une autre, il est trop rare que l'on s'attache aux lendemains de ces drames. Chaque jour annonce son lot de calamités, le pays est ébranlé sur l'instant et quelques jours, quelques semaines suffisent pour oublier.
Peut-être ce livre m'a-t-il touché parce qu'il m'a rappelé un fait divers récent sans lien pourtant : la semaine dernière 43 personnes ont péri dans un accident routier à Puisseguin. Une semaine seulement et déjà quasi-oubliées par le média et peut-être un certain nombre d'entre nous. Il m'a fallu ce livre pour repenser alors aux familles de ces victimes. Par pudeur et respect, nous ne saurons jamais combien de drames collatéraux naîtront de ce malheur, combien de blessures ne se refermeront pas. Mais le fait est qu'il y en aura. Inévitablement.

Pas gai tout ça... mais c'est aussi la force de la littérature : laisser des traces écrites des tragédies pour ne jamais oublier.



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Ceci n'est pas un roman, c'est un récit fondé sur des témoignages et des faits avérés.
6 décembre 1989, Université Polytechnique de Montréal. Un homme armé fait irruption dans la faculté et tue froidement quatorze femmes avant de se donner la mort. Aux étudiantes médusées qui se demandent pourquoi il s'en prend exclusivement et délibérément aux femmes, le tueur clame haut et fort : "Vous êtes des femmes, vous faites des études scientifiques, vous allez être ingénieures... Vous allez prendre la place des hommes, vous êtes des féministes, je hais les féministes."
Sacrée déclaration !
Élise Fontenaille, en quelques courts chapitres, raconte le drame : avant, pendant et après.
Pas par ordre chronologique, mais dans un désordre apparent qui permet, par petites touches, d'approcher au mieux la vérité de cette affaire. Une autopsie de la tragédie.
Qui est le tueur ? Comment les faits se sont-ils déroulés ? Quelles en ont été les conséquences ?
Petit à petit, la lumière se fait.
Élise Fontenaille écrit dans un style volontairement simple, dépouillé ; elle ne cherche pas à produire d'effet particulier, et c'est le contenu, seul, qui donne toute la force à son texte. Les phrases sont courtes et directes. de la froideur apparente naît l'émotion.
Élise Fontenaille ne juge pas, elle donne au lecteur des éléments pour comprendre et amorcer sa propre réflexion.
Aucun voyeurisme dans ce texte, aucune phrase déplacée : j'y vois un livre qui, plus de vingt ans après les faits, honore la mémoire des victimes et pousse à la réflexion.
Après "Les disparues de Vancouver" qui m'avait fait une très forte impression, ce livre me confirme tout le talent d'Élise Fontenaille.
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Élise Fontenaille, née en 1960, a suivi des études de sociologie avant de devenir journaliste à Vancouver au Canada, puis à Paris pour le magazine Actuel. Lancée dans l'écriture depuis 1995, on lui doit des romans de littérature générale et pour la jeunesse, ainsi que de science-fiction. Avec son roman Unica, elle a obtenu le Prix du Lundi en 2007 et le Prix Rosny aîné en 2008. Elle a aussi obtenu le prix Erckmann-Chatrian, en 2010, pour son ouvrage Les disparues de Vancouver.
Ce roman, L'Homme qui haïssait les femmes, date de 2011 et a été publié dans une collection de faits divers, où des écrivains s'emparent d'un fait marquant de l'actualité pour en tirer matière à un ouvrage. Elise Fontenaille a choisi de baser son roman sur la tuerie qui s'est déroulée dans l'Ecole Polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989.
Ce jour-là, Gabriel Lacroix un jeune homme de son vrai nom Jamal Ghazali, pénètre dans une salle de classe de l'Ecole Polytechnique. Sous la menace de son arme, il sépare les étudiants et les étudiantes en deux groupes, puis il abat méthodiquement les jeunes femmes. D'autres périront dans les couloirs avant qu'il ne se donne la mort. Au total, quatorze femmes sont tuées après un carnage qui aura duré trente minutes. Les enquêteurs découvriront une lettre dans une de ses poches, où il explique son projet, son but étant de punir les femmes et surtout le mouvement féministe qui lui aurait pourri la vie.
La suite du roman va nous permettre de dresser le portrait de l'assassin et comprendre ses motivations en tentant de cerner sa psychologie dérangée, en revenant sur son passé et son environnement familial. Il faut admettre que le passé du tueur est gratiné. Un père violent qui doit abandonner le foyer, la mère Pauline qui élève seule ses deux enfants, une soeur Najma « cruelle avec lui, elle le raille devant ses camarades, le traite de pédé, de minable » avant de mourir d'overdose après l'acte de son frère. Un voisin qui s'occupera du jeune garçon durant un certain temps et qui fera plus tard de la prison pour pédophilie, sans qu'on sache s'il avait ou non, exercé de sévices sur Gabriel… « Quelle famille de dégénérés il a dû avoir ce pauvre type, pour en arriver là » commentent de nombreux habitants de Québec, et le lecteur n'est pas loin d'en penser autant.
A travers cette enquête et le parcours tragique de ce jeune garçon on découvre une société Québécoise profondément chamboulée par l'évolution des moeurs survenue depuis les années 60. En moins d'une génération, le catholicisme qui était tout puissant dans ce pays, a perdu de sa superbe et de son influence, à l'inverse, le mouvement féministe triomphe comme nulle part ailleurs dans le monde. Féministes et « masculinistes » s'opposant sur le partage des rôles entre l'homme et la femme.
Elise Fontenaille écrit en phrases très courtes, sans style, énonçant les faits un peu comme le ferait un rapport administratif ou une enquête journalistique objective et ne cherche pas à jouer sur le pathos. Les faits sont complétés par les témoignages des acteurs du drame, la mère du tueur, les parents des victimes devenues elles-mêmes victimes collatérales par les souffrances qu'elles endurent.
Le titre du roman est un clin d'oeil appuyé au premier volet de Millenium, mais sans comparaison aucune avec l'oeuvre du suédois, quand au carnage de Montréal il est antérieur à celui de Colombine aux USA qui avait fait l'objet d'un film fameux. Un roman sans attrait littéraire particulier, mais qui pose des questions et nous fait découvrir le Québec et ses habitants sous un angle que nous (moi en l'occurrence) ignorions.
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Dans un style dépouillé d'affect, journalistique, rappelant Est-ce ainsi que les femmes meurent ? de Didier Decoin, Elise Fontenaille s'intéresse au massacre de 14 étudiantes à Montréal en 1989.
Elle va chercher à connaître le tueur, son passé, ses proches, ses amis. Elle ne cherche pas à excuser mais à comprendre. A les comprendre, lui et ses revendications. Car ce massacre ouvre une guerre des sexes violente au Canada : masculinistes contre féministes. Et des premiers il y en a plus que l'on ne le croit. le pays est en effet passé en une génération de la main mise de l'Eglise sur la société, avec ce que cela implique pour les femmes a un féminisme triomphant. Sans doute castrateur, en tout cas vécu comme tel par beaucoup d'hommes, qui se sont sentis dépassés par l'irruption massive et rapide des femmes dans la vie publique. Au point que l'un d'eux ai ouvert le feu sur des étudiantes ingénieurs ; et qu'il ai encore de nombreux "fans".
Le seul reproche que l'on peut faire, c'est la brièveté de l'ouvrage. Encore qu'il s'agisse d'un compte rendu, ni d'un roman ni d'une analyse. C'est intéressant et offre une vision moins manichéenne du personnage, encore une fois sans l'excuser.
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Montréal, le 6 décembre 1989. Une date que chaque canadien a en mémoire puisqu'il s'agit du jour où Marc Lépine (alias Gabriel Lacroix dans le livre) a décidé d'abattre un maximum de femmes sur le campus de l'école Polytechnique de Montréal. Résultat : 14 victimes.

Elise Fontenaille s'intéresse à un fait divers qui a marqué les canadiens mais dont je n'avais eu jamais connaissance avant d'ouvrir ce livre. Bien avant le massacre de Columbine aux Etats-Unis, l'horreur s'était déjà déclaré chez leur voisin : le Canada.

L'auteure revient sur les faits et insiste sur plusieurs points : l'impact du geste du tueur, l'impact sur sa propre famille, sur les survivants, sur les proches des victimes et sur le reste du pays en général. En effet, cette tragédie a ouvert plusieurs discours, particulièrement celui concernant le féminisme. En effet, Gabriel Lacroix (puisqu'il est appelé ainsi dans le livre) a tenu des propos anti-féministes que ce soit lors de la tragédie ou dans une lettre qu'il détenait sur lui avant de se suicider. du coup, le pays en ressort divisé. J'ai trouvé d'ailleurs cela choquant qu'après un tel évènement, les choses puissent s'envenimer autant !

Ce livre possède un véritable style journalistique. Des chapitres très courts pour un livre bref (133 pages, idéal entre deux gros pavés) mais qui aborde plusieurs points intéressants. Certains passages sont difficiles, émouvants et touchants, bref un livre dont on ne ressort pas indemne.

En bref, un livre passionnant et bouleversant ! A découvrir !


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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La tête dans ses mains, il revoit le sourire de Lara, il entend la fraîcheur de son rire, le 6 décembre, à la cafétéria ; ils avaient déjeuné ensemble ce jour-là... D'autres étaient là aussi, mais il ne voyait qu'elle, si heureux à l'idée du rendez-vous du soir. Ils devaient dîner au marché Jean-Talon dans un petit resto libanais ; ensuite, ils avaient prévu d'aller au cinéma.
Et après, après... Il espérait bien aller chez elle, ou l'emmener chez lui, oublier pendant toute une nuit qu'ils étaient deux étudiants en ingénierie, n'être plus qu'un homme et une femme, ensemble, dans la moiteur d'une chambre.
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Vous savez, à l'armée, on apprend qu'il y a deux sortes d'individus : les défensifs et les agressifs. Pour savoir à quel genre un quidam appartient, faites le test. Vous le suivez dans la rue, vous le poussez... Vous observez. S'il a peur, s'il s'enfuit, c'est un défensif ; s'il vous saute dessus sans réfléchir, c'est un offensif. J'ai essayé, je sais dans quelle catégorie je me place, mais tant qu'on ne s'est pas retrouvé dans cette situation..., impossible de savoir comment on va réagir, face à une agression.
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Pauline Lacroix, quand elle apprend qu'il y a eu une tuerie à Polytechnique, c'est à la mère du tueur qu'elle pense... D'instinct, sans réfléchir, dans l'église baptiste où elle participe à la messe cet après-midi-là, juste après avoir entendu la nouvelle à la radio, elle appelle les paroissiens à prier avec elle.
- Mes sœurs, mes frères, prions pour la malheureuse mère de l'assassin de Polytechnique, aidons-la à supporter les souffrances qu'elle va endurer.
Elle ignore encore que cette malheureuse, c'est elle-même...
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Si seulement j’avais su qu’il allait si mal, j’aurais peut-être pu l’aider ? Il m’avait appelée, une semaine avant le massacre, il voulait me voir, j’avais senti l’urgence dans sa voix, la détresse, mais j’étais trop occupée… « Après les fêtes, je lui ai dit, ça sera plus calme pour moi. – Pour moi aussi », il m’a répondu, avec un petit rire bizarre, avant de raccrocher. Si seulement j’avais pu me douter…
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- ça n'est jamais bon de remuer le malheur; il faut tâcher d'oublier, de continuer à vivre... Si l'on y arrive
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