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EAN : 9782073025814
Gallimard (04/01/2024)
4.02/5   437 notes
Résumé :
« Les enfants, les bébés, ils les appellent les petitous. Et c’est vrai qu’ils sont des petits tout. Qu’ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Tout ce qu’ils leur ont transmis, caché, inventé. Tout. C’est pas toujours facile d’être un petit tout, d’avoir en soi autant d’histoires, autant de gens, de réussir à les faire taire pour inventer encore une petite chose à soi. »
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Critiques, Analyses et Avis (96) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 437 notes
De Marion Fayolle, l'on connaissait jusqu'ici surtout les dessins, dans la presse et dans ses bandes dessinées récompensées au festival d'Angoulême. Son premier roman révèle un vrai bonheur de plume et un auteur aussi doué avec les mots qu'avec le crayon pour nous saisir de ses mémorables images.


Ce sont les souvenirs d'enfance, lorsque la jeune Marion n'avait de hâte que de quitter l'étroit logement familial de la vallée d'Eyrieux, en Ardèche, pour rejoindre, là-haut, la ferme et les « bêtes » de « pépé » et « mémé », qui nourrissent cette histoire, une ode à la ruralité et à une époque révolue, quand les générations cohabitaient dans une existence tout entière organisée autour des animaux. « Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s'occupe des bêtes à l'étable. » Certainement pas paradisiaque mais hérité du fond des âges, l'immuable quotidien est simple, souvent rude. Les tempéraments aussi, volontiers taiseux mais débordant d'une humanité généreuse et directe, à l'image de la mémé donnant à l'orphelin engagé sur la ferme, « en un seul repas, tout l'amour qu'il n'a jamais eu, comme pour corriger l'injustice. »


A sa façon simple et directe elle aussi, en une économie de traits si justement et joliment croqués qu'ils en dessinent des silhouettes saisissantes de vie et de vérité, la narration qui, centrée sur des noms génériques – la mémé, l'oncle, la gamine, le gosse, les anciens… – prend un caractère universel en semblant parler de tout le monde, raconte les liens entre les générations, le rapport au temps, au paysage et aux bêtes, tout un mode de vie rattrapé par la mort et la modernité jusqu'à disparaître progressivement. Déjà différente de ceux restés là-haut à demeure, l'enfant palote à l'appétit d'oiseau, à la constitution trop frêle et à l'imagination poétique a beau sentir ce terroir couler dans ses veines, elle n'en quittera pas moins ces lieux et ces racines, à la recherche d'un nouvel équilibre dont les ellipses du récit laissent mélancoliquement deviner les manques et les fêlures.


Une bien jolie révélation que cette nouvelle plume si naturellement chantournée qu'elle ne manquera pas de mener bien des lecteurs au coup de coeur.

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Marion,
permettez-moi de vous écrire ces quelques lignes pour vous remercier des moments de bonheur que vous m'avez offerts. Votre roman ne comporte que peu de pages, c'est mon seul regret. Mais peut-être avez-vous raison, le beau se doit d'être rare. Votre écriture m'a transporté. J'imagine tout le temps que vous avez dû passer pour que chaque mot, chaque phrase touche à ce point votre lecteur. Hommes, bêtes, nature, tous se mélangent, s'entremêlent dans un récit d'une poésie rare. Vos personnages n'ont pas de nom, quelle importance ! Ils sont si vivants. Je n'évoquerai pas le sujet de votre livre, d'autres le feront mieux que moi et puis à trop en parler je craindrais de l'abîmer. Vous êtes mon premier coup de coeur de cette nouvelle année littéraire. Votre roman est à offrir aux gens qu'on aime.
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La porte de la maison claque, puis celle de la voiture, voiture qui s'éloigne de la ferme ardéchoise pour toujours. Aucun jeune n'a voulu la reprendre, la ferme, trop de travail, plus de vacances, des journées à rallonge. Alors, la mort dans l'âme, il a fallu se résoudre à vendre et se détacher de sa propre histoire.
Le pépé, la mémé sont morts, bientôt il n'y aura plus pour se souvenir que les photos Mais les photos sont incomplètes, elles sont trop lisses, sans odeurs, peinent à restituer les douleurs et les petites joies…
Marion Fayolle connue jusqu'à présent en tant que dessinatrice signe là son premier roman. Elle a besoin de mettre en mots ce qu'il lui semblait impossible, cette fois, de mettre en images.
La ferme est là dans sa tête, avec ces vaches auxquelles le pépé et la mémé ont tout sacrifié. Mais bon, qu'auraient-ils bien pu faire d'autre à la place ? Pas grand-chose, cette ferme c'était toute leur vie, mais aussi celle de leurs parents, grands-parents, arrière-grands-parents…
Un style brut, rugueux en accord avec le milieu dépeint, dur, les lapins qu'on dépèce, les hommes qui boivent bien plus qu'il ne faut. Les vieux taiseux qui ne savent pas y faire avec les sentiments. Alors on fait les choses ensemble, on équeute les haricots verts, plutôt que se dire je t'aime.
L'ensemble agréable est cependant décousu, manquant parfois de liant, un peu comme des cases de BD qu'on n'aurait pas pris le temps de bien enchainer les unes aux autres. L'absence de prénoms m'a comme d'habitude agacée, les personnages ne sont désignés que par la mère, le pépé, la mémé. La gamine (la narratrice) se retrouve ainsi toujours nommée, passé trente ans, même quand elle devient mère à son tour.
Un regard sur la ruralité qui se meurt intéressant, assez agréable à lire mais qui n'apporte rien de très nouveau non plus.
Je l'ai surtout ressenti comme un cri d'amour de Marion Fayolle à ses racines, sa famille, même si ses portraits parfois vachards ne feront pas sûrement pas plaisir à tout le monde.
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Ils sont la somme de ceux qui les ont précédés, héritiers des traditions, des secrets et des non-dits qui se tissent au fil des générations. Ces "petitous" se mêlent au monde avec l'insouciance de ceux qui n'ont pas encore vécus, mais porteurs déjà de leurs racines et de tout ce qui les constituent. Parmi eux, il y a la “gamine”, celle qui doit apprendre à vivre avec les bêtes qui se déchaînent en elle, sous le regard irrité de la mère mais avec la bienveillance de la mémé. Petite fleur sauvage qui pousse entourée de garçons, partageant leurs jeux et leurs aventures jusqu'à ce que les formes se dessinent sur les corps et que les jeux changent…

Voici un bien joli roman, plein de poésie, de délicatesse mais aussi de rudesse pour dire le quotidien de la vie à la campagne et le travail à la ferme, rythmé par la répétition, l'entretien des bêtes, le dur labeur qui tasse et fait se courber l'échine. Récit d'une vie à l'ancienne, où l'on vit tous ensemble, sous le même toit, où l'on prend soin les uns des autres, accompagnant les plus vieux jusqu'à la mort, veillant sur les plus faibles, accomplissant ses obligations par devoir, sans jamais faillir. Une vie de sacrifices, de labeur et de don de soi trop ingrate pour attirer la jeune génération, qui aspire à davantage de liberté et de légèreté, fuyant peu à peu ces campagnes désolées au profit des villes.

Un roman qui tait les noms des lieux et des gens, pour favoriser l'universalité de cette voix qui s'ancre dans le milieu rural, où la vie est modelée autour des odeurs d'étable et du bruit des bêtes, des sons que l'on sait reconnaître et interpréter tant les liens sont forts. Un monde qui signe sa fin quand vient le silence et qu'alors ne reste plus que le chagrin et le souvenir de ce qui n'est plus… C'est beau, c'est juste, c'est touchant et le résultat offre un premier roman tout à fait réussi !
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Les hommes, les bêtes et la nature

Marion Fayolle réussit son entrée en littérature. Servie par une langue poétique, sa chronique de la vie dans une ferme de montagne résonne avec l'actualité la plus brûlante. En partageant le quotidien de cette famille, qui rassemble plusieurs générations sous un même toit, on comprend la difficulté de tenir le cap.

Une ferme familiale, comme il en existe de moins en moins, mais qui dessine nos campagnes. Celle-ci est perchée à quelques encablures de la source de la Loire. Autour du chef de famille et de son épouse, il y a les grands-parents, les enfants et un beau-frère différent. «Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s'occupe des bêtes à l'étable.»
C'est autour de la vie de celle qu'on appellera tout au long du livre la gamine que va se centrer cette chronique pleine de sensualité. Une gamine qui a eu du mal à arriver et qui a une enfance difficile, qui chouine et renâcle, qui ne fait pas honneur aux repas qu'on lui sert. En s'acharnant sur les morceaux de viande, «c'est toute sa famille qu'elle dissèque, qu'elle décortique dans l'assiette. le travail de toute une vie qu'elle abîme, qu'elle recrache, qu'elle n'arrive pas à déglutir, tout cet amour qu'elle refuse d'avaler, c'est ça surtout qui fait mal au coeur.»
Car ici les hommes, les bêtes et la nature vivent en symbiose, avec leurs bruits et leurs odeurs, avec leur instinct et leurs peurs.
L'activité se concentre autour de l'élevage, de l'entretien des bêtes, des vaches qu'il faut aider à mettre bas, des poules qu'il faut nourrir, des repas qu'il faut préparer. Une vie qui ne permet pas de trop s'éloigner ou de prendre des vacances.
Alors la gamine s'évade par un imaginaire puissant qui déroute les siens. Quand elle regarde une vache, elle voit bien davantage que ses taches. Elle s'évade. «Il y a, vers ses hanches, des petites îles, un archipel de taches de rousseur. Personne ne voit que c'est beau, que cette vache, ce n'est pas un vieux torchon sale mais un tableau, une percée sur le monde, une promesse d'évasion.»
Construit autour des chapitres thématiques qui peuvent ressembler à des nouvelles qui disent la gamine, le beau-frère, les bêtes, l'orphelin ou encore la mort, le cimetière et l'héritage, ce roman à l'écriture poétique raconte toutefois avec force détails le quotidien de ces paysans de montagne au moment où leur fin approche, où le cycle de la vie, de la naissance à la mort, va laisser la place au vide. Car continuer à «résister à la solitude et au climat» est devenu impossible.
À l'heure où les agriculteurs reviennent au coeur de l'actualité, ce premier roman éclaire bien davantage la dure réalité de ce métier qui est d'abord un sacerdoce, que des colonnes de statistiques. Mais il dit aussi l'attachement à la terre et la peine que l'on peut éprouver quand il faut la quitter, se séparer du troupeau. Alors résonnent les paroles du pépé Il a souvent répété «que le jour où il n'y aura plus de bêtes, ça ne sera plus vivable.»
Si on peut inscrire ce roman dans la lignée des autres chroniqueurs de famille d'agriculteurs que sont Serge Joncour avec Nature humaine et Chaleur humaine et d'Éric Fottorino avec Mohican, on trouvera davantage de points communs avec Corinne Royer et Pleine Terre et surtout Marie-Hélène Lafon, à commencer par cette écriture qui trouve sa sève dans la poésie. Une référence qui prouve que Marion Fayolle a brillamment réussi son entrée en littérature !
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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critiques presse (3)
Culturebox
14 février 2024
Ce premier roman, Marion Fayolle, plusieurs fois primée au Festival d'Angoulême en tant qu'autrice de BD, fait le tableau d'un monde rural en disparition. Elle explore les paysages, les animaux, et questionne obstinément la filiation des êtres.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
13 février 2024
Déjà connue pour ses illustrations, Marion Fayolle signe, avec "Du même bois", un premier roman tendre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
08 janvier 2024
Elle excelle à raconter les histoires enfouies dans le cœur des mères et sous la mousse du caveau familial, et qui disent en substance : nous sommes tous faits du même bois.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (93) Voir plus Ajouter une citation
page 96

C'est vrai qu'elle ressemble à son père. Sa peau, sa couleur, sa texture, la longueur de ses jambes. Ses yeux et ses mains, la forme de ses doigts, même celle de ses orteils.
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La ferme est vide, comme une dent creuse. Une coquille sans sa bestiole dedans. Une famille qu'on aurait trop taillée, sans plus aucune branche pour continuer l'histoire.
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Les bêtes, ils le savent, ça emprisonne
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Dans sa tête, c'est resté un gamin. Alors, vous imaginez bien que ce n'est pas facile quand il y a un si grand écart d'âge entre le corps et le dedans
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Dans la cuisine, la mère de la gamine parle de ce qu'elle doit faire, fait des listes, les répète tout haut, ça raccroche le premier avec le dernier mot, ça invente des boucles, ça devient infini, ça l'affole. Elle rejoint la mémé, elles échangent leurs listes, les font se regarder, se rassurer. Le ménage, les lessives, le repassage, les repas, maudits repas qui reviennent trois fois par jour, quatre-vingt-treize fois par mois. Elles ont les mêmes listes, les mêmes invasions. Vous pensez que ça se fait tout seul, tout ça ? Et la gamine qui aurait l'âge de les aider mais qui ne les aide pas. Elles ont beau lui montrer comment ça se lave, des toilettes, comment ça se cuisine, des repas. Tu pourrais au moins mettre la table, il faut qu'on t'explique tout. Comment tu feras quand tu seras en ménage ? Elles le plaignent, déjà, le pauvre homme qui tombera sur leur gamine. Elle ne voit pas quand c’est sale, n'a pas la tête faite pour ça. La sienne fait des listes aussi, mais de mots inutiles, de rêves, d'idées qu'elle note dans des carnets. Elle ne saura jamais tenir une maison, ça s'ajoute à leurs inquiétudes. Parce qu’au verso de la liste des choses à faire, il y a celle des inquiétudes. Plus longue encore, qui s’entortille, qui fait des lassos, des tentacules, qui aimerait enlacer les gosses mais les étrangle. Des boas sortis de leur ventre pour les amarrer là. Le soir, la gamine ouvrait les fenêtres, fait bâiller la maison, laisse les serpents s'enfuir.
(p.33)
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Videos de Marion Fayolle (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marion Fayolle
Par l'autrice et Oscar les vacances
Après plusieurs recueils illustrés très repérés qui ont fait connaître son trait, ses histoires et ses personnages, qu'elle dirige telles des « petites figurines » ; suite aussi à un premier recueil de poèmes, Marion Fayolle livre son tout premier roman. Dans une ferme et de génération en génération, on s'occupe des bêtes, on vit avec, celles qui sont dans l'étable et celles qui ruminent dans les têtes. Mêlant lectures, confidences et dessins, l'autrice nous invite dans son livre. Elle déploie tout son petit monde devant le public avec la complicité musicale d'Oscar Aubry (alias Oscar Les vacances).
À lire – Marion Fayolle, du même bois, Gallimard, 2024.
À écouter – Oscar les vacances, « Ceci n'est pas mon corps », produit par Ovastand et [PIAS], 2024.
Lumière par Iris Feix Son par Jean-François Domingues Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
+ Lire la suite
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