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Isabelle Rosselin (Traducteur)
EAN : 9782742792344
227 pages
Actes Sud (02/10/2010)
3.65/5   59 notes
Résumé :
Au piano une femme travaille, étudie, décrypte les variations Goldberg, tente de comparer les différentes éditions de la partition, de s'approcher au plus près de la composition de l'oeuvre de Bach, de comprendre ce qui la porte au sublime. Ainsi éclairé par la musique et en écho aux variations, se déploie peu à peu en elle un paysage auquel elle n'avait ou ne pouvait plus avoir accès : les moments de joie, le quotidien, les simples détails comme les plus beaux souv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Drôle de livre que « Contrepoint » d'Anna Enquist.
Pour ma part, j'aurais mis « contrepoint » au pluriel : quitte à en adopter le principe, pourquoi ne pas le faire fonctionner pleinement. Il est en effet possible de le situer à de nombreux niveaux : histoire construite selon l'ordonnancement des Variations Goldberg, contrepoint ; sublime de la musique face à la douloureuse fatalité, contrepoint ; relation mère-fille, contrepoint ; impersonnalisation des protagonistes de l'histoire mais propos intimes, contrepoint ; ...
Trop, c'est trop : le principe, érigé en système, « enferme » le récit du quotidien, somme toute banal – la vie de monsieur et madame tout le monde – aboutissant à une tragédie familiale et personnelle attendue.
Curieusement, je n'ai pas ressenti d'empathie pour la mère, sujet principal du livre. Est-ce la distanciation voulue par l'écrivaine néerlandaise pour pouvoir dire sa douleur et/ou atteindre à l'universalité des sentiments maternels ; est-ce une question de style et/ou de traduction ; je ne sais.
Je pense surtout qu'il est risqué de calquer une construction littéraire sur une construction musicale. Il y a comme une sorte de redondance gênante qui fige la souplesse naturelle propre à l'écrit tout en induisant une vision de la musique. L'auteure en est consciente puisqu'elle termine sa postface par ces mots : « Quiconque écoute différents enregistrements des Variations Goldberg s'apercevra que les exécutions de cette oeuvre divergent considérablement. Il en ressort clairement que Bach accorde une grande marge de manoeuvre à l'interprète. L'interprétation qui résonne à travers ce livre n'est qu'une des nombreuses possibilités. » Je n'ai pas voulu, personnellement, céder à la tentation d'écouter les variations au fur et à mesure du récit, me rappelant cette phrase de Victor Hugo : « La musique exprime ce qui ne peut être dit et sur quoi il est impossible de rester silencieux. »
Hormis quelques belles réflexions sur la musique, sur Bach ou sur la difficulté d'interpréter un texte musical chargé de sens, réflexions qui sont aujourd'hui assez communes, je n'ai pas été enthousiasmé par ce livre.

Billet de Cantus.
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Dans un salon, une table, un piano et une femme. Tout au long du roman, on ne lui connaîtra d'autre nom que « la femme », parfois « la mère », fonction qui, associée à une douloureuse et indicible absence, l'a menée à ce huis clos de solitude. Elle est là parce que cela n'a plus de sens d'être ailleurs et de faire autre chose depuis qu'un drame l'a frappée. Elle est dans l'impossibilité d'avancer vers l'avenir tant qu'elle n'a pas mis à plat le passé, heures heureuses et douloureuses mêlées. le cahier posé sur la table est là pour ça, pour essayer, à travers les mots que la femme y tracera, de dénouer l'écheveau des souvenirs futiles ou essentiels de sa famille et, ainsi, de retrouver le fil d'Ariane qui la ramènera vers la vie. le piano est essentiel dans ce processus parce qu'il était déjà là, trente ans plus tôt, lorsque la femme déchiffrait la même partition impossible de J.S Bach, les Variations Goldberg, un enfant sur chaque genou, serrés contre elle pendant qu'elle jouait. En s'imposant une nouvelle fois ce lent et difficile travail qui permettra à la musique de jaillir dans toute sa force et sa pureté, on pourrait supposer que la femme s'empêche de penser, mobilisant toutes ses ressources mentales et physiques dans l'exercice de son art. Mais si la musique est habitée et nourrie par les émotions, elle les convoque également, faisant émerger ce que la femme ne parvenait plus à distinguer.

Le nouveau roman, très intime, d'Anna Enquist est composé comme une pièce musicale basée sur le contrepoint où l'on superpose deux lignes mélodiques, ici l'analyse de la partition de Bach et les souvenirs familiaux. Avec émotion et pudeur, l'auteur évoque la souffrance d'une mère face à la perte de son enfant, expérience qu'elle partage avec Bach. Tout se répond donc dans ce roman qui suit pas à pas les Variations Goldberg.

C'est l'histoire d'une vie que la musique éclaire… Les mots et la musique s'entremêlent. Pour apprécier la subtilité du texte, rien de mieux que d'écouter Bach en même temps. Essayez… Vous n'en apprécierez que mieux la justesse et la saveur des variations romanesques d'Anna Enquist.

Un très beau récit, poignant, à lire au goutte à goutte pour mieux s'en imprégner !

Lien : http://www.deezer.com/fr/mus..
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Ce n'est pas une lecture qui coule pour moi. C'est mon premier roman de cet auteur. Je l'ai abandonné à plusieurs reprises. Bien que je sois musicienne classique, mais non pianiste, je trouve la partie musicale aride. Je me demande comment un lecteur avec peu de connaissance de ce genre de musique peut s'y retrouver dans tous ces termes et explications. Il faut le lire en écoutant chacune des variations Goldberg de Bach, là j'y ai trouvé un sens, grâce au soutien de la musique, sinon, je ne vois pas l'intérêt d'autant d'explications. Non pas qu'elles soient inintéressantes, mais peu fluides. J'ai eu la sensation d'être dans un cours d'analyse musicale. J'ai peut-être passé complètement à côté, mais c'est tout de même l'impression qu'il m'en reste. Je ne doute pas instant du talent de cet auteur, car le récit est très bien construit à la manière d'un contrepoint avec enchevêtrement entre le présent, le passé, les motifs et thèmes qui se croisent, mais c'est comme dans un concert, on est touché ou pas.
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"Une fugue est rarement émouvante ou belle. Une fugue est un édifice qui doit être assemblé consciencieusement, un étage après l'autre, sans erreur de construction." Voilà bien le genre de réflexion qui me met en pétard. Est-ce que parce que Versailles ou Notre-Dame de Paris sont d'une architecture quasi irréprochable, que ces monuments ne sont pas beaux ? Non madame, non , Bach n'est pas qu'une belle mécanique bien huilée, même s'il a dit (au grand désespoir de certains pianistes dont je fais partie...) qu'il suffisait d'appuyer sur la bonne touche au moment voulu, que les reste n'était affaire que de mécanique. Si Bach n'était que cela, le monde entier s'en serait désintéressé. Et même si Cioran a dit que Dieu devait beaucoup à Bach, il y a dans sa musique uns spiritualité qui transcende la technique. J'avais adoré les "Variations Goldberg" de Nancy Huston. Trop, peut-être. Car ce livre me laisse de glace, contrairement à la musique de Jean-Sébastien. L'histoire est rendue plate par un style très terre à terre, impersonnel (la mère est appelée "la femme" et la fille "fille" d'un bout à l'autre du livre ; difficile d'être en empathie avec elle, on a plutôt l'impression d'être dans le voyeurisme.) D'autre part je persiste à penser qu'il n'y a pas d'oeuvre belle sans rigueur de construction, mais que si décortiquer une partition s'avère un moyen intéressant pour mieux faire comprendre une oeuvre par un connaisseur, je ne suis pas sûre que ce soit le meilleur moyen de la faire aimer par le plus grand nombre. de plus chacun vit la musique en fonction de sa propre vie, et il me semble particulièrement difficile d'y rajouter une histoire, ce que Nancy Huston avait, elle, parfaitement réussi. Décrire la musique a ses limites, il vaut mieux l'écouter, ce que je ne saurais trop vous conseiller de faire.
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Ce que je n'ai pas aimé dans ce livre est l'utilsation de "la femme", "la fille", "le garcon"... tout au long de la lecture. Je ne comprends pas en quoi ce style peut apporter quelquechose à l'écriture. Pour moi c'est juste un peu stupide.
Selon moi, un autre point extremement faible du livre est de savoir dés le début que "la fille" va mourir. (4eme de couverture) Pour moi, c'est un spoiler et j'aurais abordé la lecture differement si je ne l'avais pas su.
Enfin, les études de psychologie cognitive de l'auteure ont du s'arreter au niveau Bachelor pour ensuite une spécialisation en psychanalyse car les explications sur le fonctionnement du cerveau relèvent plus de références à Elle magazine qu'à de sérieux articles scientifiques.

Ce que j'ai aimé en revanche est evidemment la structure du texte dans lequel les chapitres correspondent aux variations de Bach. C'est trés original, malin et interessant.

Ce livre m'a permis de découvrir les variations Goldberg que je ne connaissais pas et d'en apprendre plus sur Goulde.

Ces opinions contrastées en fonction des différents aspects du roman me rendent difficile une évaluation globale. Mais je sais que je ne regrette pas d'avoir lu ce livre et qu'il m'a enrichi culturellement.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Une chose ne peut jamais être la même à deux moments différents dans le temps, ne peut du moins plus être perçue comme "la même", parce que l'observateur à changé...Non, l’interprète et l'auditeur ne pouvaient balayer d'un revers de main les trente variations qui s'intercalaient entre le première et la dernière apparition de la sarabande. Même si elle était identique à la première, on entendait la deuxième aria différemment parce que quelque chose s'était produit dans l'intervalle. On ne pouvait pas revenir au moment où on n'avait pas entendu les variations.
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Le but de la musique est d'imiter la nature, estimait-il. Non, pas les montagnes, les ruisseaux et les arbres, mais la nature humaine. La vie émotionnelle. Les états d'âme.
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Les quelques fois où Anna Magdalena lui avait parlé de l’enfant mort et avait essayé de le consoler, il lui avait imposé le silence. Il devait se concentrer, disait-il, il travaillait à une grande œuvre. [...] Pendant un an et demi, Bach s’enferma avec la musique qui devint un véhicule de son désespoir. [...] Il gardait son fils auprès de lui quand il était plongé dans les variations, il ne devenait pas fou de désespoir tant qu’il composait ; il œuvrait à un monument funéraire retentissant pour l’enfant perdu. Il prenait soin de lui.
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Jouer. Jouer du piano aidait. Par une étude répétitive pénible, en étant aussi attentive que possible, la pianiste blessée tissait les connexions entre les deux hémisphères cérébraux. [...] Les destructions qu’avait causées le traumatisme restaient visibles, comme des témoins silencieux. En jouant du piano, on construisait une passerelle, une construction bancale de planches qui vous permettait de circuler parmi les décombres et d’avoir un aperçu du territoire violé.
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Les percussionnistes ne font pas grand cas du temps, ils n'en font pas un problème philosophique. Ils écoutent la pulsation, ils produisent des rythmes à partir de là,ils traduisent ce qu'ils ressentent en mouvements. Leur activité consiste à attendre et frapper, attendre et frapper, frapper.
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Videos de Anna Enquist (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anna Enquist
Depuis longtemps déjà, les romans d?Anna Enquist, publiés chez Actes Sud, ont conquis de très nombreux lecteurs français. Cette oeuvre, d?une profonde cohérence, excelle dans la peinture des mille et une nuances de l?âme humaine, de ses contradictions, grandeurs et faiblesses. Ses livres célèbrent la musique, disent le deuil irréparable, reflètent l?évolution de nos sociétés vers toujours plus d?individualisme? Et sa prose, d?une élégance toute classique, révèle la grande poétesse et pianiste qu?est également l?auteure de Contrepoint et Quatuor. Animé par Florence Noiville, le Monde des Livres.
Samedi 26 mai, Salle Molière - 33e Comédie du Livre
+ Lire la suite
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