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EAN : 9782707318121
223 pages
Editions de Minuit (11/01/2003)
3.55/5   256 notes
Résumé :
Si vous en étiez restés à la classique formule existentielle sur l'enfer, il faut absolument que vous lisiez le dernier roman de Jean Echenoz où les fonds infernaux font peau neuve. L'enfer n'est plus les autres. L'enfer, c'est ne jamais retrouver une personne que l'on devait absolument retrouver. En apparence, l'histoire est on ne peut plus simple : Max, un pianiste alcoolique qui pourrait être la métaphore de l'écrivain lui-même, est amoureux d'une femme à qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Max est un pianiste classique de notoriété internationale. Il vit avec Alice, sa soeur, dans un grand duplex à Paris, métro Château-Rouge. Il est un peu trop porté sur l'alcool, ce qui fait mauvais ménage avec sa profession. Il est amoureux d'une femme qu'il a perdue de vue et cherche à retrouver, Rose. Dès le début du récit, nous savons qu'il mourra « dans vingt-deux jours ». ● J'ai toujours plaisir à retrouver la prose si élégante et précise d'Echenoz. Elle est ici mise au service d'un récit très original et plein d'humour, où l'on se dit, à partir de la deuxième partie : « Est-ce bien ce que je crois ? le personnage est-il bien là où je crois qu'il est ? » ● Eh oui, le roman va vers le fantastique, mais un fantastique si proche du quotidien qu'il est difficile à distinguer. C'est très réussi. ● Cette fois encore il ne faut pas lire la IVe de couverture, qui en dit beaucoup trop et lève des ambiguïtés savamment mises en place par l'auteur.
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Ah, que voilà, pour moi, un excellent remède (non remboursé par la Sécurité Sociale mais garanti sans effets secondaires nocifs) contre la morosité, le cafard, la déprime, le spleen, le blues!...

C'est avec infiniment de plaisir et le sourire aux lèvres du début à la fin que je viens de replonger dans un livre d'Echenoz.
Pour une fois, la quatrième de couverture n'en disait pas trop, parlant uniquement de la pratique astreignante du piano. Cela m'a laissé le plaisir de la surprise, que je ne dévoilerai pas non plus, mais qui intervient à la fin de la première partie.

Et, en effet, le texte est clairement divisé en trois parties, assez différentes: tout d'abord, une entrée en matière que j'ai trouvée assez jubilatoire, dans laquelle je me suis régalée de l'humour de l'auteur et de son écriture, à la fois détachée et tellement riche; s'enchaînent ensuite deux parties, auxquelles je ne m'attendais donc pas en entamant ma lecture, mais que j'ai beaucoup aimées aussi par la réflexion qu'elles peuvent entraîner pour le lecteur, si celui-ci le souhaite.

Une nouvelle fois pour moi, un excellent moment avec Echenoz, qui me ravit par son écriture et aussi, ici, par son imagination!
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Une première partie où nous est présenté Max, pianiste célèbre qui est mort de trac avant chaque concert.
Plutôt effacé, beaucoup rêveur, il a tendance à boire pour contrer ses angoisses.
Deuxième partie, mais où est-il ? Quel est ce centre ?
Est-ce le purgatoire ?
Troisième partie, le revoilà à Paris, mais sous d'étranges conditions.
Purgerait-il une peine en enfer ?
J'ai adoré ce livre.
Celle d'un grand romancier, pour avoir inventé cette histoire.
Et celle d'un grand écrivain pour la richesse du style, la recherche et la précision du vocabulaire.
Quand je trouve des mots comme supination, acédie, animadversion.... et que je dois recourir au dictionnaire, j'ai toujours l'impression de m'enrichir.
Et outre nous raconter de belles histoires, la littérature est là pour ça aussi.
Vraiment une excellente lecture.
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Ce roman de Jean Echenoz se subdivise en trois parties distinctes.
La première nous fait découvrir le personnage principal de l'histoire : un pianiste concertiste quelque peu emprisonné par les contraintes de son art. Jusqu'ici, on ressent une totale symbiose entre le titre et les écrits de l'auteur.
Viennent ensuite les deux autres chapitres de l'histoire assez décalés par rapport au précédent.
J'avoue avoir éprouvé quelques difficultés à accrocher les parties entre elles, sans en dire trop. Quelques longueurs dans les descriptions nous mènent vers une fin très philosophique à mon goût.
Un roman assez surprenant où des grands thèmes sont abordés, bien écrit.
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« Il a peur. Il va mourir violemment dans vingt-deux jours mais, comme il l'ignore, ce n'est pas de cela qu'il a peur. » Avec cette phrase, le lecteur en sait davantage que le personnage du livre et Jean Echenoz joue ainsi avec nos expectatives et atise notre imagination. Bien joué ! La première partie du livre est excellente.
N'étant pas particulièrement attirée par les écrits surnaturels, j'ai eu beaucoup de difficulté avec la deuxième partie du livre. Et je me suis demandé quel était le message que l'écrivain voulait faire passer.
La troisième partie ne nous laisse pas dans le vide. En fait le message est clair : l'enfer c'est de ne pas avoir osé faire des choses de notre vivant, d'avoir laissé filer les occasions, par crainte et manque de confiance en soi.
Mais j'aime la façon d'écrire de Jean Echenoz, et rien que la première partie en vaut la peine...
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
* On ne maquillerait d’ailleurs que les solistes et le chef d’orchestre, le gros de la troupe demeurant à l’état de nature, avec juste un petit coup de poudre approprié pour les mélancoliques et les sanguins.

* En attendant, pour accélérer le temps, il relut fiévreusement le règlement intérieur du métro –vérifiant que parmi les cinq catégories d’usagers pour lesquels c’est gratuit figuraient bien toujours, quoique en dernier, les amputés des deux mains non accompagnés. La rame arriva, Max monta dedans.

* Comme il ne se passe pas grand-chose dans cette scène, on pourrait l’occuper en parlant de ce ticket. C’est qu’il y aurait pas mal de choses à dire sur ces tickets, sur leurs usages annexes -cure-dents, cure-ongles ou coupe-papier, plectre ou médiator, marque-page et ramasse-miettes, cale ou cylindre pour produits stupéfiants, paravent de maison de poupée, microcarnet de notes, souvenir, support de numéro de téléphone que vous gribouillez pour une fille en cas d’urgence – et leurs divers destins – pliés en deux ou en quatre dans le sens de la longueur et susceptibles alors d’être glissés sous une alliance, une chevalière, un bracelet-montre, pliés en six et jusqu’en huit en accordéon, déchirés en confettis, épluchés en spirale comme une pomme, puis jetés dans les corbeilles du réseau, sur le sol du réseau, entre les rails du réseau, puis jetés hors du réseau, dans le caniveau, dans la rue, chez soi pour jouer à pile ou face : face magnétisée, pile section urbaine -, mais ce n’est peut-être pas le moment de développer tout cela.

* … poubelles – quatre poubelles direction Etoile alors que seulement deux direction Nation, pourquoi ? Jetterait-on moins quand on revient des beaux quartiers ? Max n’eut pas le temps de se poser cette question mais quand même, en sortant du métro, l’idée l’effleura qu’il venait de dépenser un ticket pour rien.

* Sans pour autant se vexer, Max avait donc attaqué "Des pays mystérieux" dans cet environnement de kermesse, au point qu’il s’entendit à peine lui-même dans les premières mesures. Cependant, comme il continuait de jouer, il sentit la rumeur commencer à se dissoudre ainsi qu’un nuage, dégageant un ciel bleu silencieux, il perçut qu’il était en train de circonvenir l’auditoire, de l’amener à lui comme un taureau, de le concentrer, le tenir, le tendre. Bientôt le silence de la salle était aussi sonore, magnétique et nerveux que la musique elle-même, ces deux flux se renvoyaient l’un à l’autre et vibraient en commun – sans que Max maîtrisât aucunement ce que faisaient ses dix doigts sur ce clavier, sans qu’il sût d’où cela venait, de son travail ou de son expérience ou bien d’ailleurs comme un éclair, comme une grande lumière imprévue. Le phénomène est rare mais il peut se produire et vingt minutes plus tard, à peine eut-il achevé "Le poète parle" qu’après un temps d’arrêt, un instant de stupeur suspendue, jaillit une ovation que Max n’aurait pas échangée contre un triomphe au Théâtre des Champs-Elysées.

* Fin du chapitre 17 :
« Puis Max n’était pas rentré dans sa chambre depuis trois minutes qu’on frappa à la porte. C’était encore Doris qui entra sous un prétexte futile, prétendant que les femmes de service y avaient oublié quelque chose, cherchant en vain cette chose puis se retournant fougueusement vers Max et, contre toute attente, lui tombant dans les bras. Et c’est ainsi que Max Delmarc, un beau soir, posséderait Doris Day.
Chapitre 18 :
Nuit d’amour avec Doris Day
Chapitre 19 :
Le lendemain matin, Max s’éveilla très tard et tout seul dans son lit. Comme il s’y retournait d’abord une ou deux fois, les yeux encore fermés, le premier mouvement de sa pensée fut spontanément de se rappeler sa nuit. De prime abord, ce phénomène avec Doris paraissait à ce point improbable qu’il le soupçonna d’être un rêve mais, une fois qu’il eut ouvert l’œil, se dressant brusquement sur son séant pour examiner sommairement les draps, l’état de ceux-ci lui confirma la réalité du fait.

* On a peut-être compris que Max n’est pas l’homme le plus gai, le plus détendu, le plus volubile qui soit mais, dès qu’on se fut mis à table, il en devint un autre. Sans se départir d’un sourire tour à tour affectueux, connivent, séducteur, bienveillant, détendu, généreux, il prit d’emblée la parole et ne la quitta plus, enchaînant avec grâce toute sorte d’anecdotes et de facéties légères, attentions et compliments, bons mots et traits d’esprit, observations fines et citations rares, souvenirs imaginaires et rappels historiques, sans jamais s’appesantir ni paraître vouloir briller. Bernie se tordait de rire au moindre propos de Max que Félicienne, éblouie, considérait avec une tendresse neuve et de grands yeux émus.

* L’établissement que venait d’ouvrir Gilbert était grand, sombre et silencieux à cette heure-ci, ce qu’à toute heure Gilbert était aussi. Le décor était élégant, sobre et distingué, ce que Gilbert se révélerait être également.
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Et à huit heures pile, après bien des soucis pour faire tenir Max debout, Bernie le propulsa vers le piano selon sa technique habituelle. De manière imprévisible, l’autre marcha d’un pas ferme vers l’instrument bien que, dans sa vision troublée par l’imprégnation, le clavier ne fût plus comme d’habitude un simple maxillaire mais une authentique paire de mâchoires qui s’apprêtaient cette fois, le plus sérieusement du monde, à l’absorber pour le disloquer en le mastiquant. Or comme, à peine apparut-il sur scène, la salle entière se dressait pour l’acclamer, interminable Niagara d’applaudissements, plus vifs encore que la semaine dernière, comme l’ovation plus enthousiaste que jamais se prolongeait sans faiblir, Max qui n’avait plus toute sa tête crut pouvoir en déduire que le concert était fini. Il salua donc profondément le public à plusieurs reprises avant de retourner d’un pas non moins ferme vers la coulisse sous le regard horrifié de Parisy…
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p.15/Il était là, le terrible Steinway, avec son large clavier blanc prêt à te dévorer, ce monstrueux dentier qui va te broyer de tout son ivoire et tout son émail, il t'attend pour te déchiqueter. Manquant de broncher sous la poussée de Bernie, Max se rétablit de justesse et, noyé sous la trombe d'applaudissements de la salle comble qui s'était levée pour l'accueillir, se dirigea en titubant et suffoquant vers les cinquante-deux dents. Il s'assit devant, le chef brandit sa baguette, le silence se fit aussitôt et voilà, c'est parti, je n'en peux plus. Ce n'est pas une vie. Quoique n'exagérons rien. J'aurais pu encore naître et finir à Manille, vendeur de cigarettes à l'unité, cireur à Bogotà, plongeur à Decazeville. Allons-y donc puisque on est là, premier mouvement, maestoso, du Concerto n°2 en fa mineur, op.21, de Frédéric Chopin.
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C'est que l'amour - enfin, quand je dis l'amour, je ne sais pas si c'est le mot - n'est pas seulement volatil mais également soluble. Soluble dans le temps, dans l'argent, dans l'alcool, dans la vie quotidienne et dans pas mal d'autres choses encore.
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Infestés de moustiques, les chemins d'eau étaient bordés d'arbres qui se développaient selon une logique bizarre, comme s'ils étaient l'objet d'un dérangement héréditaire, ce qui ne contribuait pas peu à créer un malaise. On croisait d'autres pirogues à rames occupées par des locaux silencieux qui transportaient des boîtes, des sacs ou des bidons, des poulets encagés. On aperçut des chiens, une fois un gros iguane, ou plus précisément une grosse femelle iguane enceinte avachie sur une branche émergente et que le piroguier tenta de capturer pour lui voler son œuf – rien de meilleur, assurait cet homme, que l’œuf d-iguane mollet gras cuit.
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Mathieu Lindon Une archive - éditions P.O.L où Mathieu Lindon tente de dire de quoi et comment est composé son livre "Une archive", et où il est notamment question de son père Jérôme Lindon et des éditions de Minuit, des relations entre un père et un fils et entre un fils et un père, de Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Marguerite Duras et de Robert Pinget, de vie familiale et de vie professionnelle, de l'engagement de Jérôme Lindon et de ses combats, de la Résistance, de la guerre d'Algérie et des Palestiniens, du Prix Unique du livre, des éditeurs et des libraires, d'être seul contre tous parfois, du Nouveau Roman et de Nathalie Sarraute, d'Hervé Guibert et d'Eugène Savitzkaya, de Jean Echenoz et de Jean-Phillipe Toussaint, de Pierre-Sébastien Heudaux et de la revue Minuit, d'Irène Lindon et de André Lindon, d'écrire et de publier, de Paul Otchakovsky-Laurens et des éditions P.O.L, à l'occasion de la parution de "Une archive", de Mathieu Lindon aux éditions P.O.L, à Paris le 12 janvier 2023.

"Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça ? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été ?"
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