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EAN : 9782073041395
208 pages
Gallimard (07/03/2024)
3.85/5   76 notes
Résumé :
Quand Hanna découvre, parmi les effets de sa mère récemment décédée, des carnets, photographies et coupures de journaux, elle décide de descendre le cours du fleuve jusqu’à Kamouraska pour tenter de trouver le fil qui rattachera son histoire à celle de Simone, cette femme silencieuse, absente de sa propre vie.

Remontant le siècle, le long du Saint-Laurent, de Montréal à Pointe-au-Père, suivant des marées parfois cruelles, Hanna retrouvera la trace du ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a dans la vie des hasards fabuleux qui vous font croiser des gens, des romans qu'on n'aurait jamais dû connaître.
C'est grâce à ma fille que j'ai découvert ce roman d'Hélène D'orion, stagiaire à Montréal, elle travaille sur le fleuve Saint-Laurent. C'est alors qu'elle me propose de lire ce roman qui porte ce titre tellement poétique. Pas même le bruit d'un fleuve.
Je ne connais pas encore le Saint-Laurent mais l'histoire des secrets de son lit me poursuivent déjà.
Hanna vient de perdre sa mère, et comme il arrive souvent, elle se met à trier ses papiers et découvre que celle-ci écrivait sa vie dans un cahier jaune.
Pour Hanna, cette correspondance secrète est le début d'un long voyage qui la mènera à remonter le fleuve jusqu'à Kamouraska en compagnie d'une amie.
L'écriture de ce roman est extraordinaire, douce, tendre, nostalgique, on remonte le temps et l'histoire d'Hanna et des siens pour découvrir le secret d'une vie.
L'écriture d'Hélène D'orion est fascinante, poignante comme les tragédies qu'ont connu le Saint-Laurent.
Un roman exceptionnel, à découvrir sans hésitation.
Merci Malina pour cette lecture.


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« Tu n'as jamais su que ta mère écrivait ? »

C'est une promenade toute en douceur et nostalgie, tendresse et questionnements que nous propose Hélène Dorion dans Pas même le bruit d'un fleuve. Au fil des découvertes par Hanna des écrits de sa mère défunte, sa vie s'éclaire et s'interprète d'angles nouveaux, lui donnant envie de retourner sur les traces de l'absente, au fil du Saint-Laurent.

Un cahier dans une boite ; une coupure de journal ; un pan de vie méconnu lié à un mystérieux naufrage en 1914… La parole si longtemps tue se révèle par l'écrit et donne à Hanna, une nouvelle lecture de sa propre vie.

Loin de l'image complice ou détestable des rapports mère-fille souvent véhiculée dans les romans, Hélène Dorion raconte avec sensibilité et délicatesse, la découverte posthume de deux êtres que la vie n'a pas suffi à rapprocher. « Je viens d'une étrangère dans une vie qui n'était pas la sienne ». C'est simple et douloureux, nostalgique et si beau.

Mais en explorant la souffrance de la parole absente et des relations tronquées ou tues, Hélène Dorion leur oppose la force cathartique de l'écrit - « L'écriture ne répare pas les cassures, elle ne fait qu'ouvrir les chemins nécessaires pour se réconcilier avec elles » - et de la poésie : « La poésie serait-elle notre lien secret fait de mots jamais prononcés, est-elle l'envers de l'absence, une ondée qui s'abat pour éclairer un jardin de nuit ? ».

C'est toujours difficile pour moi de m'aventurer hors de mes bases de confiance vers des textes poétiques (et encore davantage d'en faire des retours pertinents), mais je suis heureusement parfaitement guidé par Annie-Rose et Sandra, deux poissons-pilotes au goût sûr, qui ont su me pousser vers ce très beau texte vers qui je ne serais probablement pas allé seul.

Et qui me poussera probablement demain vers d'autres textes de cette auteure.
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Un roman de tragédies familiales dans le décor du fleuve Saint-Laurent et avec une belle écriture poétique.

À la mort de sa mère, une femme fouille le passé et découvre comment le malheur se transmet de mère en fille, comment des familles sont brisées sur plusieurs générations. Elle cherche à comprendre sa mère, mais en revisitant ses souvenirs, elle trouvera aussi des miroirs de ses propres images.

Un roman de naufrages, un bateau coulé dans le fleuve, mais aussi les naufrages des grandes amours toujours et des couples sans amour.
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Long poème s'écoulant comme le Saint Laurent, complicité impossible à retrouver entre Hanna et sa mère Simone qui lui a légué ses carnets.

J'ai un problème avec cette belle écriture poétique mais je suis convaincu qu'elle saura séduire ceux et celles qui arrivent à mettre du contenu par exemple dans 'Consentir au mouvement des ombres'.
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"Je ne sais pas. J'ai passé ma vie avec les mots. Toutes ces années, ils m'ont appris à mieux lire le monde et les êtres, à découvrir du sens et à en créer. Aujourd'hui je me retrouve devant l'histoire de ma mère comme devant une langue étrangère. Et si je n'arrivais pas à recomposer ces fragments pour qu'ils s'imbriquent dans ma propre histoire ? Si, plutôt que d'éclairer mes pas, ces cahiers m'arrachaient à ce que je sais de moi-même et transformaient ce que je crois connaître de Simone ?" (p 56)

Quand Simone, la mère de Hanna décède, celle-ci se souvient de ses relations particulières avec sa mère - une femme souvent distante et rêveuse - et retrouve en vidant ses affaires, des cahiers où elle a écrit des poèmes, son journal de jeune femme, ainsi que des photos et des articles de journaux.
Nous sommes au Québec, en 2018, et Hanna aimerait se rapprocher de sa mère, la comprendre, même après sa mort.

Dans des allers-retours réguliers entre différentes dates importantes pour Simone ou pour sa fille, en particulier, mention est faite - accompagnée d'anciens articles de journaux - d'un terrible accident de bateaux, une collision le 30 mai 1914 de l'Empire of Ireland et du Storstad dans la baie du Saint-Laurent, une nuit froide et plein de brume, entraînant la mort de mille douze personnes dont de nombreux enfants.

Mais pourquoi Simone s'est-elle autant intéressée à ce drame maritime ? En quoi cela la concerne-t-elle ?

Hanna prend la route, et va de Montréal vers le nord en longeant le fleuve, jusqu'à Kamouraska, village d'enfance de sa mère. 
Petit à petit, elle comprend que sa mère a eu une magnifique histoire d'amour avec un homme dénommé  Antoine ; de ces amours qu'on ne vit qu'une fois dans sa vie, on le sait bien, même si on essaye de se faire une existence, après, mais une existence souvent misérable... Un parallèle avec l'Histoire d'Eva, la mère de Simone et la grand-mère d'Hanna, dont le fiancé n'est jamais revenu de la première guerre mondiale.
Antoine est mort dans un accident de bateau, en mai 1949, personne n'a jamais bien su ce qu'il s'était passé...

La poésie est très présente, en particulier des questions concernant sa capacité à nous sauver du naufrage, de la souffrance ; émaillé de très beaux poèmes, ce récit magnifiquement écrit et construit à partir de fragments qui s'entrechoquent, nous entraîne dans des existences riches, intéressantes, à défaut d'être très heureuses.
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Un jour j'ai vu ma mère entrer dans la mer comme si elle enlaçait un corps aimé, comme si les coups violents des vagues contre ses hanches étaient ceux d'un amant auquel elle s'abandonnait. Pour elle, l'eau n'était pas glaciale, le soleil ne brûlait pas sa peau. Le vent balayait ses cheveux , révélait la beauté de ses traits et la forçait à ancrer ses pieds plus profondément dans le sable.
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Une vague se forme au loin. De quel brouillard surgit-elle, et quelle hauteur
aura-t-elle atteinte lorsqu'elle attendra la berge où Simone marche vers sa fille, la regardant déchirer un autre voile qui les relient ? Hanna reçoit aussi , intact, le secret qui , pareil à une bouée sans ancrage, a remonté les eaux troubles du fleuve jusqu'à elle.

Simone prend la main de sa fille . Ensemble elles avancent vers le large .Leur douleur surplombe le fleuve, ne sait d'où viennent les vagues ni où va la lumière. L'absence s'est changée en une étendue bleue qui jamais ne se refermera.
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Allongée sur le dos, les bras en croix, ouverts comme des voiles à la surface de l'eau, la tête immergée, Simone n'entend plus que le bruit sourd du monde .C'est le son des souvenirs, des voiles déchirées, des mâts cassés, les vagues trop hautes qui broient les navires. Elle se met à réciter spontanément un poème qu'elle a recopié dans un cahier :

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas moins un gouffre moins amer.
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Enfant, je détestais dessiner. C'étaient les mots qui m'intriguaient . Quand Juliette prenait ses crayons de couleur, je traçais ce qui , sans en être, ressemblaient à des lettres. J'avais hâte qu'elles se transforment en mots devant mes yeux , puis en phrases. Le jour où je suis rentrée de l'école ayant lu un mot pour la première fois, tout a changé . J'avais désormais accès à un autre univers que celui où les paroles étaient projetées sur les murs de la maison .
Les mots touchaient les choses pour les rendre vivantes.
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Je raconterai des histoires, car n'est-ce pas ce que nous laissons , des récits ?
N'est-ce pas ce qui reste de nos vies, ces histoires de naissance, d'amour et de mort qui en sont les tissus ? Je confierai aux mots cette étrange aventure pour qu'ils lui donnent sens, pensait-elle, ils la garderont vivante. au-delà de nos pas qui s'effaceront , les mots en réservera la mémoire, et ce qui a vécu avant moi , je le donnerai à qui viendra après moi.
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Vidéo de Hélène Dorion
Rencontre animée par Nicolas Dutent Son nom semble la relier à une constellation, mais sa présence au monde la rend indissociable des paysages qu'elle traverse : Hélène Dorion vit environnée de lacs et de forêts, de fleuves et de rivages, de brumes de mémoire et de vastes estuaires où la pensée s'évase. Dans ce recueil écrit au coeur d'une forêt, elle fait entendre le chant de l'arbre, comme il existe un chant d'amour et des voix de plain-chant. Et l'on entre à pas de loup dans une forêt de signes où l'on déchiffre la partition de la vie sur fond de ciel, sur fond de terre, sur fond de neige, de feuillages persistants et de flammes qu'emporte le vent, de bourgeons sertis dans l'écorce et de renouvellement. Un chemin d'ombres et de lumière, « qui donne sens à ce qu'on appelle humanité ». Figure majeure de la littérature québécoise et francophone, Hélène Dorion connaît aussi une forme de consécration en France avec ce recueil qui vient d'être inscrit au programme du bac.
À lire – Hélène Dorion, Mes forêts, éd. Bruno Doucey, 2023.
Projection du "Le bruissement du temps", court-métrage de Pierre-Luc Racine : https://www.youtube.com/watch?v=BTY1nzC_OVg
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