"Je ne sais pas. J'ai passé ma vie avec les mots. Toutes ces années, ils m'ont appris à mieux lire le monde et les êtres, à découvrir du sens et à en créer. Aujourd'hui je me retrouve devant l'histoire de ma mère comme devant une langue étrangère. Et si je n'arrivais pas à recomposer ces fragments pour qu'ils s'imbriquent dans ma propre histoire ? Si, plutôt que d'éclairer mes pas, ces cahiers m'arrachaient à ce que je sais de moi-même et transformaient ce que je crois connaître de Simone ?" (p 56)
Quand Simone, la mère de Hanna décède, celle-ci se souvient de ses relations particulières avec sa mère - une femme souvent distante et rêveuse - et retrouve en vidant ses affaires, des cahiers où elle a écrit des poèmes, son journal de jeune femme, ainsi que des photos et des articles de journaux.
Nous sommes au Québec, en 2018, et Hanna aimerait se rapprocher de sa mère, la comprendre, même après sa mort.
Dans des allers-retours réguliers entre différentes dates importantes pour Simone ou pour sa fille, en particulier, mention est faite - accompagnée d'anciens articles de journaux - d'un terrible accident de bateaux, une collision le 30 mai 1914 de l'Empire of Ireland et du Storstad dans la baie du Saint-Laurent, une nuit froide et plein de brume, entraînant la mort de mille douze personnes dont de nombreux enfants.
Mais pourquoi Simone s'est-elle autant intéressée à ce drame maritime ? En quoi cela la concerne-t-elle ?
Hanna prend la route, et va de Montréal vers le nord en longeant le fleuve, jusqu'à Kamouraska, village d'enfance de sa mère.
Petit à petit, elle comprend que sa mère a eu une magnifique histoire d'amour avec un homme dénommé Antoine ; de ces amours qu'on ne vit qu'une fois dans sa vie, on le sait bien, même si on essaye de se faire une existence, après, mais une existence souvent misérable... Un parallèle avec l'Histoire d'Eva, la mère de Simone et la grand-mère d'Hanna, dont le fiancé n'est jamais revenu de la première guerre mondiale.
Antoine est mort dans un accident de bateau, en mai 1949, personne n'a jamais bien su ce qu'il s'était passé...
La poésie est très présente, en particulier des questions concernant sa capacité à nous sauver du naufrage, de la souffrance ; émaillé de très beaux poèmes, ce récit magnifiquement écrit et construit à partir de fragments qui s'entrechoquent, nous entraîne dans des existences riches, intéressantes, à défaut d'être très heureuses.
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