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EAN : 9791039204378
320 pages
Archipoche (04/01/2024)
3.81/5   118 notes
Résumé :
Gerhard Lenz, commissaire à la KriPo à Berlin, doit enquêter sur une série d'assassinats dont les mises en scène semblent ritualisées. Une investigation qui le conduira dans le dédale des administrations du Reich et lui fera découvrir l'ampleur du programme d'euthanasie de masse gardé secret par les autorités...
Un commissaire du Reich se dresse face à l'hydre nazie.

Berlin 1943. Après la défaite de Stalingrad, le régime nazi a décrété la guerr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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A lire absolument !
Un monde de terreur. On étouffe ! Une incarcération physique et mentale des individus.
Faire peur ou avoir peur, tuer ou être tuer sauf que ce n'est pas un jeu télévisé c'est la vie à Berlin pendant la seconde guerre mondiale.
L'horrible réalité du nazisme décrite par Régis Descott, un livre à l'atmosphère oppressante à souhait ! L'auteur m'a rendue claustrophobe.
Et au milieu de ce régime totalitaire où l'endoctrinement et la délation règnent des ennemis de l'intérieur feront face.
L'enquête sur les meurtres amène une bouffée d'air frais avec quelques personnages qui se débattent pour rester humains.
La vie de Gerhard Lenz commissaire de la kripo sera chamboulée par de très nombreux événements qui lui feront ouvrir les yeux. Autour de lui de nombreuses personnes sont en danger, lui-même est victime de délation et de haine.
Comment faire régner la justice quand les victimes sont des bourreaux ?
Jusqu'où ira-t-il ?
Un contexte historique très riche avec une enquête passionnante et quelques rebondissements. le tout sous les bombardements qui permettent de voir la souffrance et la misère des habitants.
Avec en bonus les notes de l'auteur .
Ce livre sort le 19 janvier.
Merci aux éditions L'Archipel
#Topographiedelaterreur # NetGalleyFrance
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Grâce à Mylène, des éditions L'Archipel, j'ai lu Topographie de la terreur de Régis Descott.
Berlin 1943. Après la défaite de Stalingrad, le régime nazi a décrété la guerre totale et s'est engagé dans une logique de répression sans bornes.
Dans cette atmosphère délétère, Gerhard Lenz, commissaire à la Kriminal Polizei, ne doit son maintien au sein de la " Kripo " qu'à ses distinctions obtenues lors de la Première Guerre mondiale et à ses états de service d'avant l'avènement du nazisme. Mais, de fragile, sa position devient intenable quand Flora, la jeune Juive qu'il aime, lui annonce qu'elle attend un enfant de lui.
Occupé à assurer la clandestinité de la jeune femme, il est amené à enquêter sur l'assassinat d'un psychiatre membre du NSDAP retrouvé chez lui dans une mise en scène ritualisée.
Ce sera l'occasion pour lui de découvrir l'ampleur du programme d'euthanasie de masse gardé secret par les autorités et de mettre à l'épreuve son courage dont jusqu'alors il se considérait dépourvu face au nazisme.
Car, au fil de cette enquête qui le conduira dans le dédale des administrations de la mort et sur les traces des clandestins survivant encore à Berlin, il finira par éprouver de la sympathie pour l'assassin, une faiblesse qui pourrait causer sa propre perte. Surtout après la découverte d'un deuxième assassinat, manifestement perpétré par le même auteur.
S'engage alors une course contre la montre qui pourrait non seulement lui coûter la vie, mais également celle de ceux qu'il aime.
Topographie de la terreur est un roman extrêmement dur sur le nazisme.
Le ton est tout de suite donné avec au début un extrait du discours de Joseph Goebbels le 18 février 1943. Autant vous dire que cela m'a fait froid dans le dos, c'est à pleurer !
On trouve aussi un plan de Berlin, toujours en 1943, ce qui permet de bien se situer.
Je trouve ces deux éléments très importants car ainsi, nous visualisons parfaitement le contexte. Nous voici à Berlin pendant la seconde guerre mondiale et ce roman ne sera pas une partie de rigolade !
Nous suivons Gerhard Lenz, commissaire à la Kriminal Polizei. Alors qu'il doit chasser les juifs, c'est une partie de son job, il est tombé amoureux de Flora, juive, et va.. être papa ! Il va donc, pour sa survie et celle de sa famille, devoir la cacher. Tout en continuant en parallèle la traque demandée par son gouvernement. Il va également se retrouver à devoir trouver qui est l'assassin d'un psychiatre réputé..
Les ennuis sont bels et bien là pour lui, car il est indispensable pour sa survie que personne ne découvre son lourd secret.
Au premier abord, je pensais évidemment ne pas m'attacher un seul instant à Gerhard ! Mais rien n'est simple dans la vie, ni même dans les romans.
Ce n'est pas un personnage attachant et pourtant par moment je n'ai pas pu m'empêcher de le plaindre. Il doit faire son travail mais se retrouve coincé entre ses principes, son amour pour Flora et leur futur enfant mais également envers ses supérieurs ! Il est allemand, dans la police Nazi, il n'a pas le droit de faire n'importe quoi.
J'ai trouvé ça passionnant de découvrir cet homme, les dilemmes dans lesquels il est empêtré.
Cette plongée en plein coeur du nazisme est fascinante.
L'histoire est très bien ficelée, l'ambiance est pesante et nous sommes loin d'une lecture facile. D'ailleurs, je l'ai lu tranquillement, sur plusieurs jours, là encore j'ai eu besoin de souffler par moment.
Malgré tout, il est important de se rappeler ce qui se déroulant en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale ; pour ne surtout pas oublier.
Topographie de la terreur est un roman terrifiant, addictif et passionnant, que j'ai adoré lire malgré la dureté du sujet.
Je ne peux que vous invitez à le lire et le note cinq étoiles.
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Le récit est introduit par une rafle dans un atelier de couture. Gerhard Lenz est commissaire à la Kripo. Ce jour-là, il sauve un vieil homme en ne révélant pas sa cachette. Hélas, pour toutes les autres personnes emmenées, il est forcé de jouer son rôle et de montrer une satisfaction. Quand il rentre chez lui, une immense surprise l'attend : Flora est dans l'escalier et elle porte son enfant. La jeune femme est juive, aussi Gerhard doit lui trouver un lieu sûr.


Peu après la naissance de son enfant, le commissaire est envoyé sur une scène de crime. le Dr Krause, un psychiatre du NSDAP, a été torturé et assassiné. Resté seul dans la pièce, pour s'imprégner de la scène, Gerhard substitue un élément. Son geste est risqué, il pourrait être condamné à mort. Lorsqu'un deuxième médecin est tué, il sent l'étau se resserrer sur lui.


Dans les affaires du premier défunt, des documents glaçants sont découverts : des statistiques justifiant Aktion T4, programme d'euthanasie de masse des adultes handicapés physiques et mentaux. Cette enquête est un détonateur pour Gerhard. Son travail et sa situation familiale sont antagonistes. Au fil des évènements, son moi profond et ses convictions se révèlent.


Le roman décrit la Kripo de l'intérieur. Au milieu des policiers, élevés par les Jeunesses hitlériennes, effectuant des actes abominables avec ferveur, des personnes minoritaires utilisaient leur pourvoir, pour sauver quelques vies. Hélas, pour conserver cette possibilité, elles étaient obligées d'effectuer les missions édictées par le Reich. Régis Descott décrit ce déchirement moral.


Il raconte, également, la clandestinité, qui n'était souvent possible que grâce à des personnes courageuses, appartenant à la Résistance ou isolées. Il raconte les dénonciations, mais aussi la perversité des nazis, qui forçaient des personnes juives à intégrer le Service de recherche des Juifs, ainsi que la suspicion et la surveillance omniprésentes. Il dépeint les bombardements alliés et les ruines de Berlin.


Les investigations policières sont la toile de fond du roman, cependant, l'intrigue porte, essentiellement, sur l'attitude des Allemands, pendant la guerre. le récit est très documenté et des personnages imaginaires côtoient de nombreuses personnes réelles. C'est une photographie de l'Allemagne nazie, un portrait nuancé dans lequel s'opposent la barbarie et l'humanité. Certains faits sont effroyables ; l'horreur du régime est, dépeinte avec précision. Des passages intimes apportent de la lumière, mais le recul de l'Histoire empêche les espérances, comme le prouvent des évènements bouleversants de Topographie de la terreur. J'ai été ébranlée par des sacrifices et des actes désespérés. J'ai été meurtrie par des retournements de situation, quand le bien a créé le mal. J'ai adoré ce roman captivant, d'une grande dureté émotionnelle.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Si plus jeune, j'ai pu dévorer les livres évoquant la Seconde Guerre mondiale, actuellement, ce n'est plus un sujet qui me passionne. Mais la sobriété de la couverture, qui arrive à faire simple mais glaçant à la fois, et le résumé m'ont donné envie de laisser une chance à ce polar mêlant fiction et réalité, qui nous plonge en plein coeur du système nazi.

Un système tentaculaire qui, comme nous le rappelle fort bien l'auteur, arrive à s'insérer dans toutes les sphères de la vie qu'elle soit publique, privée ou professionnelle. Tout est fait pour embrigader les jeunes dès leur plus tendre enfance et effrayer les adultes afin de les conditionner à obéir sans se rebeller, sous peine de condamner leurs proches à un triste sort suivant la règle du Sippenhaft. Un moyen simple et efficace de s'assurer de la docilité du plus grand nombre !

Au fil des pages, on (re)découvre les différents organes répressifs du Reich dans ce Berlin dominé par une idéologie qui écrase tout sur son passage, les Juifs bien sûr, mais aussi les homosexuels, les déficients mentaux, les personnes handicapées... L'auteur ne nous apprend rien de nouveau, mais il nous permet de réaliser de l'intérieur la machine à broyer que fut le nazisme, et le climat de terreur avec lequel les Allemands ont dû composer. Cela ne veut pas dire que certains ne partageaient pas l'idéologie de leur leader, prêts à dénoncer voisins, famille et amis par conviction et non par peur, mais on comprend comment la politique d'Hitler a réussi à museler tout sentiment de révolte chez beaucoup. Mais pas chez tout le monde heureusement !

Nous suivons ainsi Gerhard Lenz, commissaire à la KriPo à Berlin, qui ne partage nullement les idées de son employeur. Il faut dire qu'épris d'une Juive, il ne peut qu'être terrifié par le terrible danger que le nazisme fait porter sur celle-ci, mais également sur leur enfant à naître. Il va donc tout faire pour les protéger, quitte à risquer sa carrière, sa vie et celle de sa mère chez qui il cache Flora, puis leur bébé. En parallèle d'une vie personnelle compliquée, Gerhard va devoir résoudre le meurtre d'un psychiatre membre du NSDAP, tout en devant faire face à la pression de ses supérieurs et la suspicion d'un collègue rêvant de destituer de son trône ce commissaire décoré.

Dans cette enquête, Gerhard sera secondé par un jeune formaté par les jeunesses hitlériennes, mais que l'on sent différent des autres membres de la KripPo. Bien plus humain que ces derniers, il sera, comme son collègue et les lecteurs, révolté par les terribles et ignobles réalités mises à jour par leur enquête. La relation entre les deux m'a beaucoup plu, notre commissaire essayant subtilement de détourner son collègue du système pour l'en affranchir, en veillant néanmoins à ne jamais franchir la ligne rouge. du moins, pas avant d'être certain de pouvoir le faire… Cette relation de mentor/élève apporte une certaine tension, car dans cette Allemagne en proie au pire, on ne sait jamais vraiment d'où peut venir le coup fatal.

L'enquête sur la mort du psychiatre est intéressante en soi, chaque pièce se mettant petit à petit en place jusqu'à une fin que j'avais anticipée, mais qui devrait surprendre un certain nombre de lecteurs. Mais l'intérêt du roman réside, du moins pour moi, ailleurs. Il y a bien sûr la manière dont l'enquête permet de mettre à jour toute l'horreur du nazisme avec ses programmes de meurtres à grande échelle, et son cynisme allant jusqu'à faire payer la famille des victimes le coût des exécutions. Mais j'ai surtout apprécié que Régis Descott nous propose le portrait de personnes, dont notre commissaire et son frère, qui vont réussir à dépasser le stade primaire de la peur pour se rebeller et lutter, à leur niveau et avec leurs moyens, contre un système totalitaire et meurtrier.

J'ai regretté que les deux frères ne travaillent pas main dans la main, chacun gardant ses secrets, mais j'ai aimé que l'auteur nous fasse ressentir la force des initiatives individuelles et des actes de résistance civile, deux choses qu'il arrive finement à décortiquer. Devant la tension croissante et cette impression d'étau qui se ressert de toutes parts, j'ai souvent tremblé pour nos personnages, ayant parfois envie qu'ils prennent moins de risques pour rester en sécurité, mais j'ai également compris qu'à un certain stade, ne pas agir revenait à consentir. Or consentir, Gherard en est incapable, comme il est de plus en plus incapable de jouer la farce du policier décoré et fidèle à Hitler… le personnage n'est pas parfait, mais on ne peut que louer son courage et la manière dont il va en venir, comme son frère, à refuser les compromissions.

En plus d'une enquête qui nous conduit au coeur des horreurs commises par les médecins nazis, et de personnages construits avec soin, j'ai apprécié le côté très immersif du récit, Régis Descott jouant la carte du réalisme et de l'authenticité. Ainsi, plus on avance dans la lecture, plus on a l'impression de connaître personnellement le visage de ce Berlin, redessiné d'abord par les nazis, puis par les Alliés et leurs bombardements qui rythment la vie des Berlinois. Ce souci d'authenticité historique se retrouve dans le choix des personnages : les protagonistes que l'on suit sont inventés, les autres personnages ont réellement existé. J'ai ainsi retrouvé des personnes que je connaissais pour leurs innommables méfaits, mais j'ai également découvert d'autres figures historiques, comme cette femme qui n'a pas hésité à dénoncer et piéger des personnes de sa communauté. Certes, pour protéger ses parents, mais cela n'en laisse pas moins ses actes impardonnables…

Ce mélange fiction/ réalité donne une tout autre envergure à une histoire que j'ai dévorée de la première à la dernière ligne. D'ailleurs, malgré les événements évoqués, le roman ne sombre pas dans la noirceur et reste très accessible, l'auteur arrivant à utiliser un vocabulaire précis afin de nous immerger complètement dans le contexte historique et sociétal, tout en faisant preuve d'une certaine agilité dans son phrasé. Il en résulte un roman très facile et rapide à lire.

En conclusion, Topographie de la terreur plaira autant aux personnes appréciant les récits se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale qu'aux personnes recherchant une enquête rondement menée dans un contexte historique particulier, qui ajoute une tension certaine à une enquête qui n'en manque déjà pas. Entre peur constante, lâcheté collective et courage individuel, un polar qui évoque le pire sans jamais tomber dans le pathos, grâce à une plume authentique qui joue sur la peur tout en éveillant en chacun l'envie de se révolter. Un rappel brutal à une réalité pas si lointaine en même temps qu'un récit évoquant la capacité de chacun à résister…
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Une fois de plus, j'ai été attirée par la couverture de ce roman, un fond noir sur lequel se détache, menaçante, une casquette de sinistre mémoire qui nous prépare psychologiquement à une lecture aussi noire que la couverture.
Berlin, 1943, Gerhard Lenz, commissaire de la Kriminal Polizei, enquête sur deux meurtres de médecins nazis. Il va découvrir, horrifié, le programme d'euthanasie de masse, AKTION T4, qui visait les juifs, mais aussi les opposants au régime, les asociaux, les déficients physiques et mentaux, les vieux improductifs. Ses investigations l'obligent à écouter sa conscience et à prendre des décisions mettant en danger sa compagne juive dont il vient d'avoir un enfant, son frère journaliste homosexuel, sa mère qui abrite des juifs.
Même si l'enquête occupe une place importante dans le roman, le propos de l'auteur me semble ailleurs et c'est ce qui rend ce polar passionnant; il s'agit du combat d'hommes et de femmes qui se dressent seuls contre la terreur et la mort, ne pouvant accepter l'horreur, d'hommes et de femmes qui résistent par des actes qui peuvent sembler dérisoires, comme tenir un journal personnel critiquant le nazisme et Hitler, d'hommes et de femmes prenant le risque de sortir, travailler, garder la tête haute, refuser l'avilissement, tout en étant juif, d'hommes et de femmes qui participent à un système qu'ils haïssent. Il y a aussi, bien sûr dans ce roman, des personnages veules, méprisants, délateurs, fort bien dépeints, car c'est la réalité d'une société souffrant de la guerre.
Ce qui fait la singularité de ce polar, c'est l'intégration réussie de personnages fictifs au milieu de caciques du régime, de policiers, de médecins qui ont réellement existé dans des lieux réels, appliquant des programmes d'euthanasie réels. le titre du roman fait d'ailleurs référence à un musée de Berlin situé dans l'ancien siège de la Gestapo et des SS; il retrace l'histoire des ces institutions de la terreur qui organisaient et menaient à bien l'élimination de tout ce qui n'était pas aryen.
C'est une plongée de l'intérieur, fort bien documentée, dans une folie meurtrière qui a plongé l'Europe dans la nuit tout en étant un très bon polar qui tient ses promesses.
#Topographiedelaterreur #NetGalleyFrance
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critiques presse (1)
LesEchos
03 février 2023
L'enquête périlleuse d'un commissaire de la Kripo dans l'Allemagne du Troisième Reich. Signé Régis Descott, «Topographie de la terreur nazie» est un polar terrifiant au coeur d'un système totalitaire, au goût trop contemporain. Une claque.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Combien de fois Gerhard avait-il remercié le ciel pour sa blessure ? Sur le papier, la plupart des officiers des différents Einsatzgruppen étaient des gens civilisés. Comme Ohlendorf, chef de l’Einsatzgruppe D, directeur de recherche à l’Institut de l’économie mondiale et du transport maritime de Kiel, et Biberstein, chef de l’Einsatzkommando 6, ancien pasteur, fonctionnaire au ministère des Cultes. Les autres officiers venaient dans leur grande majorité des professions libérales ou assimilées, voire de milieux artistiques : Weinmann, chef de l’Einsatzkommando 4a, médecin, Klingelhöfer, chef du Vorkommando Moskau, chanteur d’opéra, comme de nombreux autres juristes particulièrement représentés dans ce cercle de l’enfer… Jamais il ne se serait livré à de telles horreurs, tel ce policier qui à Lvov tuait des enfants juifs pour divertir ses propres rejetons ou cet autre qui faisait le pari de trancher d’un seul coup de sabre la tête d’un garçon de dix ans… Même sous l’emprise de l’alcool, il n’aurait pas tiré sur des hommes désarmés, des femmes et des enfants dénudés au bord de la fosse… Comment rester soi-même après ces abominations ? Certaines situations souillaient irrémédiablement l’âme, à partir du moment où l’on y était mêlé. Alors peut-être pour ces raisons et parce qu’il n’avait pas participé à ces tueries, Nebe le considérait-il avec envie, comme un être dont la pureté par rapport à sa propre flétrissure pourrait rejaillir sur lui, à défaut lui servir de bouée de sauvetage ou d’écran protecteur. Peut-être ne s’agissait-il que de conjectures sans lien avec la réalité, mais malgré l’inconfort de sa situation, pour rien au monde Gerhard n’aurait échangé sa place avec le Reichskriminalpolizeidirektor.
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On ne pouvait mettre sur le même plan l’assassinat d’une jeune innocente sous prétexte que sa santé mentale ne correspondait pas aux critères nationaux-socialistes et les manœuvres d’un arriviste destinées à obtenir la place de son mentor. Mais après sa première victime, Max n’était plus à ce genre de nuances près. Et lui-même, en s’abandonnant à ce type de considérations, l’avait aussi franchie, la ligne, délicat pas de côté pouvant l’amener à se substituer à la justice. Car de quoi s’agirait-il d’autre, s’il venait à le relâcher ? Mais la justice en question n’hésitait pas à faire exécuter un auteur de graffitis critiques du régime dans des vespasiennes, celui d’un bon mot attentant à la réputation d’Hitler ou le rédacteur d’un journal censé demeurer intime. Dans certaines circonstances, la désobéissance devenait un devoir.
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- Un auteur français a écrit qu’il n’avait jamais souffert d’aucun chagrin qu’une heure de lecture n’ait permis de dissiper. Et pourtant, avez-vous remarqué à quel point cette activité peut isoler du monde, rendre difficile l’adaptation à certaines organisations, à toute forme de hiérarchie, voire au commerce de certaines personnes ?
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La destruction de la ville n'était que la conséquence logique de celle de la société. Les Alliés parachevaient ce qu'avaient entrepris les nazis. Et, sous ce déluge de feu, tous les Berlinois se retrouvaient dans le même bain : aryens et Juifs (ce qu'il en restait), étrangers et Allemands, riches et pauvres, thuriféraires du régime et opposants... Après la destruction psychique, mentale, la destruction physique. Mais peut-être était-ce le prix à payer pour avoir laissé faire, pour ne pas s'être opposé à la montée du national socialisme, pour ne pas s'être élevé contre les exactions de la SA et les répressions contre les communistes, les socialistes, les libéraux, les "associaux", les homosexuels et bien évidemment les Juifs. Alors, peut-être en effet, cette destruction méthodique des maisons, des immeubles, des églises, des théâtres, et de tout ce qui depuis des générations faisait l'identité de leur ville , était à prendre comme une expiation.
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Les opposants au régime pouvaient se trouver partout, dans chaque bureau de chaque administration, mais on ne savait jamais à qui on avait affaire. Dans le doute on taisait donc ses propres opinions et le régime en sortait gagnant. Cette autocensure était l'un des principaux objectifs de la terreur.
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Vidéo de Régis Descott
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