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Bernard Oudin (Éditeur scientifique)
EAN : 9782221071755
1398 pages
Robert Laffont (31/10/1992)
4.42/5   6 notes
Résumé :
Elevé dans le sérail littéraire par son père Alphonse Daudet, Léon a appris très tôt à détester son « stupide XIXe siècle » . Sont réunis ici les écrits majeurs d’un des derniers bons haïsseurs ; il cultive au plus haut point l’amour des mots qui frappent, qui écorchent, qui tuent .
Léon Daudet a mauvaise presse parce qu’il a travaillé pour l’Action française de Charles Mauras et défendu dans ses articles, rédigés dans un style coruscant, la tradition, l’arm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
On peut ne pas partager les idées de Léon Daudet, mais c'est un plaisir pervers que de lire ses souvenirs, tant il sait dire du mal de tout le monde ou presque avec talent. C'est donc une lecture délicieuse, à condition de ne pas trop se laisser manipuler par ce remarquable écrivain. On est loin des Lettres de mon moulin de son père!
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Car la femme d’Occident qui se croit libre, est en esclavage. Le code la traite comme une mineure. Son mari peut lui prendre son argent si elle en a, ou, si elle n’en a pas, la réduire à la portion congrue, lui rendre toute charité, toute aide aux siens impossibles. A la mort de son mari, on lui impose un conseil de famille, où se trouve toujours quelqu’un qui la déteste et qui cherche à la dépouiller à l’aide de mille trucs de la loi. Ceci pour la femme de la société. La femme du peuple, elle, c’est une bête de somme, toujours bousculée, souvent battue, en proie à l’ivrogne, au fainéant, au rageur, au ratiocineur – aussi infortunée, à son étage et dans son milieu, que celle de la haute, qui a épousé un vicieux, un faible, un crétin, un demi-maboul ! oui vraiment la condition de la femme est à pleurer, dans cette censée civilisation, si entichée de son machinisme que l’entichement de la noblesse n’était rien à côt. Mais chose admirable, ce que réclame la femme d’Occident, ce n’est pas son émancipation juridique et financière, c’est le droit de voter… Pauvre petite !... Aujourd’hui enfin, la vis de pression des guerres européennes tend à river à l’usine la femme pauvre, à écarteler, briser, corroder ses membres délicats, à donner à l’acier et à la machine ce qui revient de droit à l’amour conjugal ou maternel, à l’amour tout court et tout bref.
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José-Maria de Heredia, pâle et noir, splendide et velu jusqu’aux yeux. Je n’ai jamais entendu bégayer avec autant de force et d’autorité… La légèreté de son bagage a été pour beaucoup dans sa renommée. Il fut homme non seulement unius libri, mais encore unius libelli. Ainsi paraissait-il, à la gent irritable des confrères envieux, moins redoutable que s’il avait été à la tête d’une dizaine de volumes ou de pièces en vers. Heredia était d’un contact agréable mais il manquait totalement de caractère.
Sur Barbey D’Aurevilly
Barbey D’Aurevilly avait une héroïque noblesse, une allure, un ton et des mots inoubliables. Pauvre et fier comme Artaban, mais d’un à-pic extraordinaire dans quelques-uns de ses jugements, ferme en ses opinions et croyances, à une époque où tout vacillait dans l’épaisse sottise démocratique, éloquent et spirituel à la manière d’un Rivarol, aéré comme Chateaubriand, bien plus logique que lui, visionnaire des paysages de son Cotentin comme un vieil aigle, le maître du Chevalier des Touches et d’Une vieille maîtresse inspirait au gamin que j’étais une profonde admiration.
Un soir d’hiver mon père l’emmena jusqu’à un restaurant des Champs -Elysées, encore ouvert et bien chauffé, dont je ne me rappelle plus le nom. Tous deux parlaient vivement de Flaubert, que défendait ave passion Alphonse Daudet qu’attaquait avec passion Barbey D’Aurevilly. Je marchais à côté d’eux, très attentif, car Flaubert, chez nous, était roi.
Une fois installés : « Que prenez-vous ?...
- Du champagne », répondit d’Aurevilly comme il aurait dit : « De l’hydromel. »
- Vieux guerrier édenté, au verbe sifflant et irrésistible, il avala coup sur coup quatre, cinq verres de cet argent liquide et mousseux. Puis il se mit à parler, si fort et si bien, que la caissière émue ne le quittait pas du regard. Mon père lui donnait la réplique. Le soir venait. On alluma le gaz et, au bout d’une heure environ, étant derechef altéré, ce démon de Barbey redemanda : » Une seconde bouteille de champagne, madame, je vous prie. » J’étais émerveillé. Il portait ce jour-là, pour cette prouesse improvisée, un grand manteau noir flottant, doublé de blanc, et le fond de son chapeau haut de forme était de satin écarlate.
- -Sa voix ajoutait au prestige. Il l’enflait, puis la baissait harmonieusement. Il eût fait un orateur consommé. Perpétuellement tourné vers ce qui grand, généreux et original il possédait un répertoire d’exploits galants et militaires, où le farouche le disputait au précieux dans un excellent dosage très français.
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Félix Barret, avocat d’une formidable éloquence, pilier de la République dans le midi, à côté de qui les gens les plus allants et les plus gais ont l’air de sombres et tristes protestants. …
On imagine un repas animé par Baret et Daudet [Alphonse] et si les bouteilles de tavel, d’hermitage ou de côtes-rôties filaient avec rapidité, sous le prétexte fallacieux que l’une ou l’autre était éventée.
- Mais alors, ne les buvez pas…, imploraient les dames, « qui ne comprennent pas du tout les boissons », selon le mot d’un ivrogne bien sympathique rencontré par moi, un dimanche soir, dans une gare de banlieue.
- Nous les buvons pour qu’elles ne se gâtent pas davantage répondaient ces maris incorrigibles. Les caves de Saint-Estève étaient inépuisables et l’amphitryon vigilant avait soin de les regarnir chaque année, en prévision de l’année suivante.
[Face à Edmond de Goncourt invité chez Baret] On se mettait en quatre pour lui plaire, car on le savait difficile et je me souviens d’une conversation culinaire où Baret convint tout de suite, avec une courtoisie qui l’honore, de la supériorité de la matelote sur la bouillabaisse. Pieux mensonge dont j’espère que Goncourt, fanatique des écrevisses authentiques de la Meuse, lui aura su gré. La vérité historique m’oblige néanmoins à consigner ici que, dans le même moment, maître Baret clignait de l’œil imperceptiblement dans ma direction comme pour dire : « Rassure-toi Léon, je ne suis pas un renégat. Ce que j’en fais c’est pour plaire à cet illustre représentant des régions de l’Est. » Le fait est que la meilleure des matelotes semble, à côté de la soupe d’or, un paysage de brume et de pluie en face d’un coucher de soleil qu’embellit encore le parfum de l’ail.
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Je dis, moi : "Comment réussir n'importe quoi sans la bonne humeur ?" Que les débutants en croient mon expérience ; elle est la première condition du succès. Mon père appelait, dans ses meilleurs rêves, le marchand de bonheur. J'appelle le professeur de bonne humeur. Quelqu'un qui me touche de près, et que j'admire, répète aussi : "Les pauvres eux-mêmes devraient demander l'aumône en plaisantant, afin de ne pas attrister les riches. Ils feraient des recettes beaucoup plus belles."
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