Portrait inachevé

Tout le monde, ou presque connaît Agatha Christie. Vous prononcez son nom et immédiatement surgissent ses personnages emblématiques : Hercule Poirot, Jane Marple , Tuppence et Thomas Beresford, Parker Pyne. Mais la Reine du Crime a également écrit des romans plus intimistes sous le pseudonyme de Mary Westmacott.

Dans Portrait Inachevé, Celia rencontre le peintre Larraby. le temps d'une nuit, elle lui raconte ce que fut sa vie, influencée par sa mère, sa grand-mère et sa fille.

Publié en 1934, Portrait Inachevé est généralement considéré comme un roman largement autobiographique. Nous découvrons la vulnérabilité d'une femme naïve qui perd successivement sa mère, son époux, puis sa fille. Et lorsque l'amour semble se présenter, elle manifeste la peur de s'engager bien qu'elle supporte mal la solitude.

Cet autoportrait est sans concession. La manière dont elle évoque son enfance, sa passion pour le piano mais sa timidité à se présenter en public qui ne lui permettra pas d'en faire son métier. L'auteur n'hésite pas à nous parler des relations difficiles entretenues avec son mari et sa fille, de sa dépression ou de son envie de suicide lorsqu'elle est quittée par son époux, de la méfiance qu'elle éprouve désormais envers les hommes. Un tableau bien évidemment partiel et inachevé qui permet néanmoins de mieux cerner l'auteur.

Je ne peux pas me lasser de l'écriture de Agatha Christie.
Ce n'est pas un policier, c'est un roman classique, psychologique, et très autobiographique qui revient, pour qui connaît sa vie, sur son enfance heureuse et sa relation avec son premier mari, Archibald Christie, qui prend ici le nom Dermot tandis qu'Agatha devient Celia. On retrouvera presque le même récit dans son autobiographie, mais l'intérêt du livre est que, cachée sous le voile du roman, Lady Christie se dévoile peut être un peu plus. Notamment sur l'atrocité de la douleur ressentie à cause de son mari, sa dépression, son désir de mort, l' anéantissement de sa vie. Elle dresse aussi un portrait éblouissant de sa mère dont l'amour incomparable la protège et la rend vulnérable ( oh les promesses de l'aube ...)
C'est donc un livre à découvrir pour tous les amoureux d'Agatha Christie, et ceux que tente un histoire-quelle qu'elle soit- racontée par la plus merveilleuse des Sheherazade...

Ce livre écrit par Agatha Christie et publié en 1934 sous le pseudonyme de Mary Westmacott m'intriguait beaucoup. Ici, pas d'enquête policière mais plutôt un portrait intime de femme qui ressemble à s'y méprendre à celui de l'autrice.
Un homme, anciennement artiste peintre, rencontre Célia une jeune femme qui lui raconte sa vie. Celle-ci est jeune et naïve et il semblerait qu'Agatha Christie ait ici livré un récit en grande partie autobiographique.
J'ai aimé découvrir ce personnage, ses relations avec sa grand-mère, avec sa mère ainsi qu'avec son premier mari puis avec sa fille. Célia qui nous apparait parfois agaçante étant donné son aveuglement vis-à-vis de Dermot, son époux, mais reste néanmoins attachante car sensible, rêveuse et pleine d'imagination. On souffre avec elle lors de la perte de sa mère bien-aimée et face à l'attitude insensible et égoïste de son mari auquel elle ne peut s'empêcher de trouver des excuses mais à cause duquel elle sombrera dans la dépression.
Ce portrait un peu désuet d'une jeune fille au début du XXème qui dépeint l'enfance heureuse puis la vie de jeune femme de l'autrice qui va devoir faire face aux pertes des êtres chers et voir se disloquer son idéal de vie de couple se lit très agréablement et intéressera tous les fans d'Agatha Christie.

Lu dans le cadre du challenge Read Christie 2023

Pour le thème "trahison" du mois de mai, j'avais choisi "Témoin muet", que j'ai beaucoup aimé. Cependant, le compte officiel Agatha Christie proposait "Portrait inachevé", un titre qui m'intriguait beaucoup car c'est un des romans qu'Agatha Christie a publié sous le pseudonyme de Mary Westmacott. Et comme je n'en avais jamais lu... l'occasion était trop tentante pour la laisser passer.

C'est évidemment très différent de ses enquêtes habituelles, mais ce n'est pas désagréable à lire, au contraire.
L'histoire en elle-même est assez contemplative, et le début sur l'île m'a fait penser à une des nouvelles du mystérieux Mr Quinn, "l'Homme qui venait de la mer".
La suite de la lecture a été plutôt surprenante car je ne m'y attendais pas : il y a une part autobiographique non négligeable et beaucoup d'Agatha Christie dans le personnage de Célia. On la découvre au fil des pages, touchante dans sa vulnérabilité, d'une enfance joyeuse à l'effondrement devant la tromperie. Une détresse profonde qui lui fait craindre de connaître à nouveau le bonheur.

A lire pour découvrir une autre facette de la reine du crime donc.

Portrait inachevé résonne en moi comme une confession intime d'Agatha Christie. L'histoire d'une jeune femme à l'enfance choyée et heureuse qui, dans la pire période de sa vie (l'après décès de sa mère bien aimée), affronte la trahison de son mari. Quel choc émotionnel! Quel gouffre de détresse! Agatha Christie, déguisée en Celia, semble nous livrer une partie de sa vie, douloureuse, qui a amené l'héroïne au bord du suicide. Une explication sur sa disparition en 1926? Geste ultime pour regagner l'amour de son mari? Sans cette épreuve, Mary Westmacott serait-elle devenue Agatha Christie, la femme et l'auteure mondialement connue et appréciée par des générations de lecteurs.trices? Pas sûr.