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EAN : 9782073053978
128 pages
Gallimard (18/01/2024)
3.65/5   10 notes
Résumé :
"Lorsque dans la milonga (ainsi nomme-t-on le bal de tango) les danseurs se rejoignent sur le parquet, leurs bras se lèvent doucement et ils s'enlacent - ils se prennent dans les bras, ils s'embrassent, étymologiquement. D'où le terme argentin, adopté par les Français : l'abrazo. La main gauche de la femme se place sur le haut du bras de l'homme ou sur son omoplate, ou bien encore passe par-dessus son épaule, tandis que celui-ci, glissant sa main droite par en desso... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai eu l'occasion de lire plusieurs livres de cette collection « Petit éloge de .. ». Au vu de ce micro échantillon, ce sont des livres très intéressants, en dépit du format XS.

Au cas présent il s'agit d'une éloge du tango, ce que son titre n'annonce pas spontanément.

Belinda Cannone n'est évidemment pas une inconnue, j'ai eu le plaisir de la lire et d'écrire tout le bien que je pensais de cette auteure, tout particulièrement à travers son très beau « S'émerveiller », un vrai hymne à la vie.

Je ne suis pas du tout pratiquant de cette danse, au demeurant peu populaire, au-delà du cercle des aficionados. le dancefloor privilégie encore et encore le disco, le tatapoum commercial et la variété franchouillarde. On peut attendre longtemps les Stones, les Doors, Creedence….le vrai embrasement, enfin passons.

Revenons en à Belinda Cannone et à son tango.

Disons le sans détour, j'ai été très étonné par le contenu du livre, pas par la forme, très bien écrit et très riche et stimulant comme tout ce que j'ai pu lire de cette auteure.

Que BC prenne son pied avec la tango et l'exprime avec enthousiasme est tout à fait charmant.
Mais elle prend à contrepied ses lecteurs attentifs.

Dans ses ouvrages (« S'émerveiller », « Le baiser peut-être », « Petit éloge du désir » …) elle célèbre la beauté, la poésie, l'amour en épiphanies de l'instant qui s'offrent pour recevoir et cueillir l'émerveillement. Les crètes caressées par la lumière du soleil, le bruissement des feuilles dans la canopée, le baiser sous le porche qui embrase deux êtres...autant de flagrances, de moments de grâce irrésistibles, spontanés.

Or dans la pratique du tango, le lecteur candide découvre que tout est normalisé. Tout est encore plus codifié que la disposition des napperons et de l'alignement de l'argenterie dans Dowtown Abbey.

« Merveille de cette danse de haute civilisation, mise en oeuvre très ritualisée de la relation, puisque tout est ritualisé, l'invitation, la durée de la danse, le renouvellement des partenaires, les positions des corps, ce qui permet de savoir exactement ce à quoi on s'engage » (p. 77 et 78)

Pire, le tango est le royaume du mâle dominant et aveu surprenant l'auteure est dépendante du regard du partenaire, mortifiée de ne pas être choisie. Pour un peu on croirait Sophie Marceau et ses premiers émois dans « la Boum ». Badaboum ! On percevait BC dans son univers intérieur poétique au-dessus de ce relationnel conventionnel si prosaïque. S'embraser, certes mais séduite par ces aurores boréales, ces eaux vives émeraudes, pas par ce mâle qui rode en bordure de piste qui fait la roue du paon.

Bon je grossis peut-être un tantinet le trait sur la présentation qui est faite de cette danse, la contredance menace....

Mais on peut lire tout de même :

« Quand je dois patienter au bord de la piste, je ne suis pas contente, et je me dis qu'il est temps que nous changions la tradition et que nous ne soyons plus réduites à espérer passivement l'invitation. » (p. 64)

« C'est une cruelle épreuve de faire tapisserie » (p. 91).

Mais l'auteure explique aussi que ces rencontres peuvent déclencher une alchimie où sous la conduite du cavalier les corps se meuvent, s'harmonisent dans leur chorégraphie, procurent du bonheur. Il n' y a évidemment pas de raison de douter de cette jouissance ressentie même si du fait de sa scénarisation elle est quelque peu surprenante eu égard à la « ligne éditoriale » des livres précédentes.

En s'éloignant de la piste, BC offre quelques réflexions plus universelles, pleines de vitalité éclairante.

Par conséquent, même si on n'est pas un aficionado du tango un livre agréable à lire.
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« Petit éloge de l'embrassement » : Belinda Cannone (Folio, 120p)
La sensualité, c'est la grande affaire de Belinda Cannone. Ou plutôt les sensualités, celles des sentiments, des corps en mouvements et en désirs, de la musique, des mots aussi bien sûr. A suivre une bibliographie bien dense, on voit que de livre en livre elle explore ces liens qui se tissent entre celles et ceux qui aiment… Bref, la relation, qui est l'essence même de l'humain : « Mes goûts et mes intérêts ont toujours été liés au fait d'être en relation - aimer, étreindre, transmettre, s'adresser, admirer, aider, danser » nous dit-elle.
Et c'est à partir du tango, qu'elle pratique depuis des années, qu'elle analyse le lien qui se tricote entre les danseurs, dans un exercice à la fois très rigoureusement normé, qui demande un long apprentissage, avec des rôles strictement répartis entre danseur et danseuse, entre celui qui guide et celle qui est guidée, mais où l'improvisation tient une place centrale. Les limites de cette répartition très genrée, machiste, que la féministe Bélinda Cannone relève avec lucidité, malice ou irritation ne l'empêchent pas de goûter à la joie de cette danse où se jouent de manière ambiguë mais très encadrée l'élégance, l'accueil respectueux de l'autre, l'attention à autrui, la connivence des corps en accords entre eux et avec la musique, voire un parfum d'érotisme. Les techniques et les termes du tango qu'elle explore (abrazo : manière très spécifique au tango de se prendre dans les bras / miranda : le regard qui sollicite / cabeceo : le regard qui accepte l'invitation…) sont pour elle une métaphore des liens qui se jouent entre humains, qui l'amènent à explorer les notions d'hospitalité (oui, celle que nos sociétés en crise ignorent de plus en plus), de désir, de séduction… Et les règles du jeu de la tanda, qui commandent le changement de partenaire après une série de trois ou cinq danses, protègent les partenaires autant qu'elles autorisent. Danser le tango, c'est une manière de danser sa vie (premier chapitre), et de danser sa mort (dernier chapitre), une manière pour Belinda Cannone d'être au monde.
« Il m'est apparu qu'interroger le sens de la vie était une mauvaise question, suscitée par la mélancolie, et n'appelant aucune réponse : ne s'évanouit-elle pas aussitôt que la joie s'impose en soi ? Qui, au moment où il éprouve le vif désir d'aimer, de danser, ou de travailler, se demanderait « A quoi bon vivre ? » »
Seul l'avant dernier chapitre sur l'hospitalité m'a semblé moins convaincant, plus confus aussi, mais peut-être parce qu'il pose de manière lancinante des questions brulantes et sans solutions (apparemment du moins, car cela prête à débats).
Mais bien sûr, la langue comme toujours chez Belinda Cannone, est d'une belle élégance, les mots dansent dans une telle fluidité qu'on l'imagine absolument spontanée.
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Depuis de nombreuses années, Belinda Cannone danse le tango.

Elle voit dans le tango l'accueil de l'autre, l'hospitalité, la sensualité et la séduction. Mais aussi un art d'improvisation extrêmement codifié qui mérite travail, répétition, travail, répétition, travail, répétition, travail…

Un éloge comme un essai, surprenant, et qui ravira certainement les danseuses et danseurs

Bref, pas vraiment un livre pour moi… par contre, son petit éloge du désir est un vrai bonheur !
Lien : https://www.noid.ch/petit-el..
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Petit éloge de l'embrassement, du tango, des relations humaines, et de la danse en général, ce petit livre nous explique l'histoire, les bases et les particularités d'une danse venue d'ailleurs. Une danse du monde qui, comme toutes, met l'accent sur le lien social, la relation à autrui. Comment communier physiquement et mentalement avec l'autre pour vivre un instant de beauté ? Comment se reconnecter à soi en acceptant son partenaire ? Quelles évolutions illustrent les changements actuels de notre société et de nos interactions sociales ? Comment la danse peut-elle nous rappeler ce que c'est que d'être un hôte, un humain, un être tout simplement… ?
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critiques presse (1)
Actualitte
06 juillet 2021
Un texte sensuel où l’autrice part de la danse pour aboutir à une une poétique du lien et de la relation.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
Nous n’avons certes pas tous connu la faim, l’abandon ou la misère extrême, mais chacun ne porte-t-il pas en lui la mémoire confuse de la très petite enfance, quand un rien ou un instant de négligence pouvait nous tuer ? Nous naissons si fragiles et dépourvus de tout que nous apprenons d’emblée, sans mots, sans idées, à travers notre absolu besoin des adultes qui prennent soin de nous, que nous dépendons d’autrui pour survivre. Et, au-delà de l’expérience personnelle, peut-être conservons-nous, profondément inscrite, cette conscience obscure de la vulnérabilité de notre espèce qui fait que nous mettons plus de temps que n’importe quel animal à devenir un adulte autonome et que, contrairement aux bêtes, nous ne sommes pas « programmés » pour notre environnement mais devons, à nos risques et périls, inventer notre relation avec lui.
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J’éprouve toujours un vif plaisir à engendrer et habiter une petite île, comme celle que crée l’espace entre nos bras enlacés. Vieille lune, chez moi, ce souhait qu’on sache parfois annuler la distance, qu’on invente des moments et des gestes qui nous relient et nous accordent, comme le baiser pour lequel il faut être deux — le baiser solitaire n’existe pas. Ce désir d’embrassement n’est pas si éloigné de ce qui me pousse à écrire : faire advenir un terrain d’entente, un lieu où l’on se rejoigne, où l’on crée une connivence.
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Quelle joie quand je comprends soudain vraiment comment améliorer le pivot, le pas de côté, le tour… Le tango ne requiert pas de dispositions physiques exceptionnelles — c’est d’ailleurs un de ses charmes, on peut pratiquer une danse si sophistiquée sans avoir vingt ans de danse classique derrière soi. C’est pourquoi, comme me le disait avec des étoiles dans les yeux Brina, romancière et excellente tanguera, il est une des rares activités humaines dans lesquelles on peut progresser jusqu’à la fin de la vie.
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La femme — c’était une grande femme forte, m’expliqua Élisa — l’avait déshabillée, enveloppée dans sa blouse qu’elle venait d’ôter, puis serrée contre elle longtemps. Tandis qu’Élisa tremblait de froid, elle lui avait parlé doucement dans un long murmure incompréhensible mais tendre — j’imaginais ces mots qu’on chuchote aux enfants pour les rassurer, mots de nuit qui accompagnent les ondulations des rideaux et les stridences régulières des insectes, mots siciliens rugueux que la bonté rendait caressants —, et elle avait tenu le corps d’Élisa contre elle jusqu’à ce qu’elle soit réchauffée. Après un court séjour au centre d’accueil — elle ne voulait pas parler du centre d’accueil —, Élisa était repartie vers le nord. Pendant son récit, sa voix s’était éparpillée en brefs sanglots à deux reprises, quand elle avait suggéré l’horreur de la Libye, puis quand elle avait évoqué la tendresse de la femme sicilienne. Deux attitudes humaines qui pulvérisent la raison.
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L’homme civilisé, c’est celui qui porte les autres en lui, celui qui se sait profondément fragile et sait fragile autrui qui demande aide, soutien et amour, et qui peut les donner en retour. Une grande partie de nos activités illustre cette condition précaire de l’humanité, et la littérature est là pour en témoigner. Plus encore, l’existence même de la littérature tient à la conscience aiguë qu’a l’écrivain, conscience réfléchissante, de contenir les autres en lui.
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Videos de Belinda Cannone (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Belinda Cannone
Une conversation présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Isabelle Alfandary, auteure et professeure Belinda Cannone, auteure Serge Hefez, psychiatre
Le «un» n'est jamais le chiffre de la vie. Certes, il y a les organismes unicellulaires, bactéries, levures, plancton et autre protozoaires… Mais eux aussi on besoin de quelque chose d'autre, d'un milieu.. A la base de toute molécule organique, outre la durée temporelle et les sources d'énergie, se trouvent des multiplicités, des altérités, des combinaisons d'éléments, carbone, oxygène, hydrogène, eau, azote, dioxyde de carbone, diazote… Bien sûr, cela fait la vie sur Terre, la vie des vivants, mais ne dit rien sur la façon dont les êtres humains, eux, choisissent de la porter, cette vie, c'est-à-dire d'exister. de là aussi l'unicité est exclue: on vient au monde «plein des autres», le monde ne vient à l'enfant que par les autres, et il n'y tient que si d'autres d'abord le tiennent et tiennent à lui. Né d'une union qu'il n'a pas choisie, il lui appartiendra ensuite de s'unir volontairement à qui il voudra, par affinité, par intérêt même, par amitié, par amour, et de constituer des couples, des clans, des groupes, des familles, des communautés, des sociétés… Il se peut dès lors que des personnes, pour supporter le faix de la vie, choisissent de la porter à deux, de faire de leur cohabitation une convivance, et de leur existence une coexistence, le plus souvent solidifiée par le ciment de l'amour. La «vie à deux» devient dès lors une vie rêvée que les partages quotidiens rendent réelle. Mais est-ce si sûr? Combien coûte le sacrifice du «un», de la libre et insouciante existence solitaire, qui n'a de comptes à rendre à personne? Combien coûte le sacrifice du trois, ou du quatre, d'union plurielles où la diversité fait loi, où les plaisirs varient et s'égaient de ne point devoir s'abreuver à une seule source? Est-il possible qu'une «vie à deux», soudée par le plus bel amour, résiste aux soudaines envies d'autonomie, demeure imperméable aux petites disputes, aux grosses scènes de ménage, aux soupçons, aux jalousies, aux perfidies, aux humeurs insupportables, aux messages indus sur le portables, aux désirs d'être seule(e), de partir seul(e), de dormir seul(e)? On ne sait pas. On ne sait pas si la «vie à deux» est le paradis de l'amour ou l'enfer de la liberté.
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