Algernon Blackwood est une figure importante de la littérature fantastique. En tout cas, il est considéré comme tel dans le monde anglo-saxon mais il reste assez injustement méconnu en France. C'est aussi une personnalité singulière au parcours hors norme. Parmi ses excentricités, il était membre de la fameuse Golden Dawn. D'ailleurs, à la lecture des histoires qui composent ce recueil, on perçoit très nettement qu'il s'agit de l'oeuvre d'un mystique.
En effet, au long des 3 récits, on trouve les thèmes chers à ce type de personnalité versé dans l'occulte et intéressé par le monde invisible : des personnages instruits du monde des mystères, la dualité qui oppose en l'Homme ses deux natures : la sauvage et la civilisée, l'existence d'une sorte d'énergie cosmique qui dirige l'univers et les éléments et fait des humains de faibles pantins.
Le 1er récit intitulé « la folie de Jones » met ainsi en scène un homme qui, apprenant des événements lui étant arrivés dans une vie antérieure, va commettre l'irréparable. Cette histoire est bien menée et j'ai particulièrement aimé le fait qu'on ne sache jamais si le personnage est fou ou bien si ce qu'il croit est vrai.
La 2ème nouvelle qui donne son titre au recueil, la plus longue, est selon moi la meilleure. Je connaissais de nom le personnage de John Silence mais s'agissant de ma 1ère lecture de Blackwood, j'ai fait sa connaissance. Ce n'est pas vraiment le personnage en lui-même qui m'a séduite, je l'ai trouvé finalement assez fonctionnel et peu caractérisé même si ce n'est en rien gênant. C'est vraiment l'intrigue que j'ai adorée. «
le camp du chien » est une formidable histoire d'amour qui donne l'occasion à l'auteur d'illustrer la double nature de l'Homme. On perçoit très nettement que Blackwood regrette que la nature sauvage de l'humain soit étouffée par le carcan de la civilisation. le salut pour les personnages du récit ne peut venir qu'en acceptant leur nature sauvage, en s'abandonnant à elle.
Enfin, le dernier récit, « la vallée perdue, encore une histoire où l'amour tient une place centrale, voit des personnages subir des forces qu'ils sont incapables de maîtriser et qui déterminera leur destin. Cette nouvelle est sans doute la moins bonne du recueil mais est tout de même agréable à lire.
Cette première découverte de l'oeuvre d'
Algernon Blackwood en appellera d'autres tant j'ai passé un bon moment.