Oh, oh ! Ces cieux ardents ! Oh, oh ! Mes pieds brûlants ! Le feu de mes pieds brûlants !
Oh, oh! This fiery height! Oh, oh! My feet of fire! My burning feet of fire!
-- Tu n'es pas Défago ! Tu n'es pas du tout Défago ! Je ne dis pas de juron mais ce n'est pas toi, mon vieux copain de vingt ans !
Il foudroyait du regard cette silhouette avachie comme s'il avait voulu la réduire à néant.
-- Si ça c'est Défago, je veux bien nettoyer le plancher de l'enfer avec un morceau de coton emmanché dans un cure-dent, ce dont Dieu me garde, ajouta-t-il avec un violent sursaut d'horreur et de dégoût.
[Algernon BLACKWOOD, "The Wendigo", année de première publication : 1910, réédition en recueil : "Le Wendigo et autres contes fantastiques", 1964, traduit par Jacques Parsons en 1972 pour la collection "présence du futur", éd. Denoël - page 62]
Cette année-là, bien des chasseurs arrivèrent au terme de leur expédition sans avoir pu relever seulement une fois des traces fraîches. Les élans étaient anormalement craintifs. Tous ces nemrods durent regagner le sein de leur famille avec les excuses les meilleures, suggérées par les circonstances ou soufflées par leur imagination. Tout comme les camarades, le docteur Cathcart revint sans le moindre trophée ; mais il rapportait en revanche le souvenir d'une expérience qui valait mieux à ses yeux que toutes les têtes d'élan. A cette époque, le docteur Cathcart, d'Aberdeen, s'intéressait, en dehors des cervidés, à d'autres questions : les bizarreries de l'esprit humain, par exemple.
(Algernon BLACKWOOD, "The Wendigo" [incipit], année de première publication : 1910, réédition en recueil : "Le Wendigo et autres contes fantastiques", 1964, traduit par Jacques Parsons en 1972 pour la collection "présence du futur", éd. Denoël - page 11)
Puis il céda au sommeil...
Du moins en eut-il l'impression. Pourtant, le clapotis de l'eau, un peu au-delà de l'ouverture de la tente, continuait sur le même rythme, mais en s'affaiblissant ; il comprit alors qu'il avait les yeux ouverts et qu'un son nouveau venait de s'insérer avec douceur entre le murmure des vaguelettes et le bruit qu'elles faisaient en se brisant sur le rivage.
[Algernon BLACKWOOD, "The Wendigo", année de première publication : 1910, réédition en recueil : "Le Wendigo et autres contes fantastiques", 1964, traduit par Jacques Parsons en 1972 pour la collection "présence du futur", éd. Denoël - page 32]
Un silence pesant tomba sur le petit camp, audacieusement planté au coeur de la nature sauvage. L'étendue sombre du lac scintillait à la lueur des étoiles. L'air était frais et vif. Dans les courants nocturnes et silencieux issus des profondeurs de la forêt, apportant les messages des crêtes lointaines et des lacs dont la surface commençait à se prendre en glace, il y avait déjà les odeurs légères et mélancoliques de l'hiver imminent.
(Algernon BLACKWOOD, "The Wendigo", année de première publication : 1910, réédition en recueil : "Le Wendigo et autres contes fantastiques", 1964, traduit par Jacques Parsons en 1972 pour la collection "présence du futur", éd. Denoël - page 18)
Aujourd’hui encore, l’étudiant se reconnaît incapable d’en donner une description intelligible, car ces sons ne ressemblaient à rien de ce qu’il avait jamais entendu, des caractéristiques tout a fait opposées s’y rencontraient. «Une sorte de voix plaintive, comme le vent, quelque chose de solitaire, d’indompté, de sauvage, et d’une puissance abominable...»
(p.36)