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EAN : 9782234084308
256 pages
Stock (17/01/2018)
3.35/5   26 notes
Résumé :
Marc Martouret, jeune banquier né d'une mère russe antisoviétique et d'un père communiste français, porte en lui ces deux personnes énigmatiques dont on découvrira les secrets tout au long du roman qui nous emmène du Paris de Lénine en 1908 au Moscou de Poutine en 2015, ainsi que dans l'URSS de Brejnev pour le cinquantième anniversaire d'octobre 17. L'épopée révolutionnaire, ses héros et ses martyrs, ses exploits et ses crimes, ses nombreuses ambiguïtés, sont ressus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Marc est un jeune banquier de 37 ans qui travaille " dans l'argent ", sur les marchés financiers de l'Est , notamment Moscou ......
Il est le fils de René, un vieux communiste fatigué de 72 ans , revenu de tout , désenchanté et ironique , qui a fréquenté en des temps anciens les élites soviétiques , au début de leur idéologie et de Tania, Russe, sa mère, traductrice , arrivée en France en 1967 .
Elle lui fera trois enfants Nathalie en 1968, Lara en 1975 , puis le petit Marc , notre banquier en 1978......
Il porte en lui l'ambiguïté de ces deux personnes énigmatiques dont on découvrira les secrets tout au long du récit historique passionnant qui nous balade du Paris de Lénine en 1908 au Moscou de Poutine en 2015 .........
On découvre des tas d'anecdotes , beaucoup de dérision tout au long de l'histoire russe du XX° siécle , trois époques , la Russie d'avant: la révolution d'octobre 1917, l'anniversaire du communisme en 1967 et 2015 avec Poutine ........
On passe de Lénine à Poutine , de Brejnev à Staline et à Khrouchtchev .........
On apprend beaucoup sans s'ennuyer une seconde,en survolant ces époques : l'épopée révolutionnaire ressuscite , au fil des pages, avec ses crimes, ses espions , ses martyrs , ses déportations , ses dissimulations , la terreur rouge et blanche , l'alcoolisme " la surveillance : une très vieille tradition russe " .......
Cet ouvrage regorge de saillies jubilatoires , souvent assassines, de propos mordants, d'une ironie percutante qui fait mouche , la plume est ciselée, fine, acerbe , drôle , juste , trois histoires d'amour se croisent mais c'est un ouvrage où la politique est prégnante à chaque page ou presque .L'auteur comprend parfaitement l'esprit russe et la mentalité de là- bas , il célèbre l'âme russe et les yeux noirs , ardents , et bien d'autres spécificités ...je n'en dirai pas plus ......
C'est aussi une réflexion de qualité sur les rapports entre le pouvoir politique et la littérature .......
On croise Boulgakov , Maxime Gorki, des oeuvres , Boris Pasternak et son "Docteur "Jivago ", Tchekhov , Nabokov, Proust , "Soljenitsyne : le pavillon des cancéreux ", Sagan , Salinger et "L 'attrape coeurs " , "les frères Karamazov, "L'idiot ", moult peintres et films ........
Un livre intéressant et instructif , à l'humour féroce qui parcourt à toute allure l'histoire de la Russie , en y intégrant , à bon escient l'histoire d'une famille paradoxale ........
A ne pas conseiller à ceux qui n'aiment pas la politique .........
Le titre est de Lénine et on doit la construction aux célèbres poupées russes ........publié chez Stock .
Je n'ai encore jamais lu cet auteur , pourtant très connu !

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Plusieurs voix, plusieurs époques, pour une visite touristique russe, depuis les temps héroïques des soviets jusqu'au capitalisme sauvage de la nouvelle Russie. Marc, de mère russe et de père français est banquier sur les juteux marchés de l'est. Son père René est un vieux communiste convaincu mais désenchanté, dont les heures de gloire ont été la fréquentation de potentats du pouvoir soviétique, remontant même aux figures sacrées de l'idéologie.

Des contemporains de Lénine à l'impérialisme de Poutine, l'auteur nous dresse un portrait national sans langue de bois, sur un petit ton guilleret bien sympathique.
À se demander si sous le ton jubilatoire, on s'immerge dans une nostalgie du communisme français à la « papa » ou à une critique condescendante déguisée. Les réflexions sont percutantes, librement provocantes et la compréhension de la mentalité russe est pertinente.

Si l'érudition documentaire est évidente, elle n'est jamais pesante et se cache derrière une narration vivante, un ton cynique, des dialogues en ping-pong et une urgence dans la prose qui donne le tournis. Tout cela constitue une lecture jouissive pour qui s'intéresse au sujet, placé ici entre Histoire géopolitique et tragi-comédie romanesque.

Mention spéciale pour le florilège de notes affligeantes, désopilantes, iconoclastes... que l'auteur regroupe en fin de livre. (Je constate que certains babeliotes en ont apprécié la saveur dans les citations).

Une irrévérence rafraîchissante pour alléger le poids lourd de l'homo soviéticus.
À lire!
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L'Amour est un fleuve russe

À quarante ans de distance, le fils d'un communiste français revient à Moscou et tombe lui aussi amoureux d'une Tania. Historique, ironique, cocasse.

S'il n'y a pas de crime, il y a beaucoup de châtiments dans le nouvel opus de Patrick Besson. On y parle de guerre et paix, pas seulement d'un idiot, mais de nombreux communistes à visage humain, ceux qui ont un nez, ceux qui cachent des choses sous le manteau. Sans oublier le capital qi y joue un rôle non négligeable. Pas celui dont rêvait Karl Marx, mais celui qui permet au banquier Marc Martouret de se pavaner à Moscou.
Il faut dire que la capitale russe a bien changé depuis le premier voyage de son père en 1967. le communisme s'est sans doute dissout dans la vodka, laissant au capitalisme le plus sauvage le soin de poursuivre le travail commencé par Lénine, c'est-à-dire l'égalité du peuple… dans la misère.
Mais autant son père René voulait y croire, autant son fils ne se fait plus d'illusions sur les lendemains qui chantent. Il a pour cela non seulement le recul historique – l'occasion est belle pour faire quelques digressions sur l'utopie communiste et pour survoler un siècle assez fou de 1917 à 2017 – mais aussi une mère qui a fui l'URSS en connaissance de cause. Outre sa connaissance de la langue de Voltaire, cette belle traductrice a très vite compris que le plus beau rêve que pourrait lui offrir le système soviétique serait de le fuir. René et Tania rejoignent la France avec leurs illusions respectives que la naissance du petit Marc ne va pas faire s'évaporer. Et alors que près d'un quart des électeurs français suit la ligne du PCF, entend faire vaincre le prolétariat et entonne à plein poumons l'Internationale, la nomenklatura soviétique entend verrouiller son pouvoir par des purges, l'exil au goulag et des services de renseignements paranoïques. Il faudra du temps pour que les fidèles du marteau et de la faucille ouvrent les yeux… de même, il faudra des années pour que l'histoire secrète de la rencontre de ses parents ne soit dévoilée.
Reste l'âme russe, les fameux yeux noirs, les yeux passionés, les yeux ardents et magnifiques qui font fondre même un banquier désabusé. D'une Tania à l'autre, c'est une histoire mouvementée de la Russie qui défile, à l'image de ces matriochkas s'emboîtant les unes dans les autres, mais aussi cette permanence de l'âme russe qu'il nous est donné à comprendre.
Bien entendu, c'est avec une plume particulièrement acérée et le sens de la formule qu'on lui connaît que Patrick besson construit son roman. On se régale de ces petits détails qui «font vrai», de ces notations assassines, des formules qui rendent sa plume inimitable.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Si ce roman ne se distingue pas particulièrement par la qualité de son écriture, ce qui le rend par contre infiniment jubilatoire c'est le ton enlevé utilisé par Patrick Besson afin de rendre compte des aberrations et turpitudes du régime soviétique qu'il épingle en de plaisants aphorismes, coupants et définitifs !
Cent ans d'histoire russe revisités au pas de charge par un auteur très inspiré par son sujet, du Moscou misérable au moment de la révolution d'octobre, non pas initiée mais récupérée par un certain Lénine, à celui
où triomphent les oligarques de la nouvelle société russe sous la houlette de Poutine, pourrie de et par le fric, voilà ce qui nous est offert dans un tableau très jouissif, qui nous présente trois époques de la vie rêvée en Russie avant, pendant et après le régime soviétique.
Nous y croisons Lénine bien sûr, de son exil parisien à sa prise de pouvoir, que l'auteur dans un raccourci saisissant d'humour nous conte avec une verve bien vacharde. "Tout le pouvoir aux soviets" clamait Lénine qui s'est empressé, le pouvoir enfin conquis, à le réserver pour lui-même et la clique à sa botte.

Puis, nous sommes aimablement conviés par l'auteur aux festivités de 1967, célébrant le cinquantenaire de la révolution, où le gentil et naïf communiste français René Martouret rencontre, ébloui, sa future épouse, traductrice et surtout sosie de Joanna Shimkus l'actrice qu'il admire par dessus tout.

Mais le fil rouge de toute l'oeuvre c'est incontestablement le rapport que le pouvoir entretient avec la littérature, rapport finement analysé par Dodikov, écrivain et apparatchik du régime soviétique et trait d'union entre tous les personnages de ce roman brillant, qui égratigne sévèrement le communisme, déboulonne les idoles et renvoie à leur médiocrité un certain nombre de sommités de l'ère soviétique.

"La rencontre des écrivains avec des lecteurs a été inventée par le parti communiste russe, peu après octobre. Auparavant les écrivains ne rencontraient pas leurs lecteurs : ils leur écrivaient des livres. le Parti a jugé que ce n'était pas assez. Pas assez communiste. Les auteurs se sont mis à sillonner le pays pour parler de leurs oeuvres à des ouvriers incultes et à des paysans illettrés. Racontait papa en rigolant. Les erreurs et folies du communisme l'ont toujours fait rire." page 83 - le roman fourmille de notations aussi savoureuses, ce qui en rend la lecture franchement réjouissante.

Et l'histoire d'amour me direz-vous ? Pour anecdotique qu'elle soit, là encore l'auteur réserve à son lecteur une surprise de taille, et si le communisme, selon Patrick Besson, s'avère n'être rien d'autre qu'une entreprise criminelle, l'amour, lui, d'illusion devient réalité là où on ne l'attend pas.
Merci à Patrick Besson pour ce régal !
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Tout le pouvoir aux soviets est le premier roman que je lis de Patrick Besson, un auteur dont j'avais déjà entendu parler mais que je n'avais pas encore eu l'occasion de lire. Il ne doit évidemment pas être confondu avec son semi-homonyme Philippe Besson, mon romancier préféré dont j'ai déjà très souvent parlé ici. J'ai eu l'occasion de découvrir cet auteur et ce roman grâce à la plate-forme NetGalley.fr, sur laquelle j'ai sollicité et reçu la version Kindle du livre en service de presse après avoir été attiré par le synopsis :
Marc Martouret, jeune banquier né d'une mère russe antisoviétique et d'un père communiste français, porte en lui ces deux personnes énigmatiques dont on découvrira les secrets tout au long du roman qui nous emmène du Paris de Lénine en 1908 au Moscou de Poutine en 2015, ainsi que dans l'URSS de Brejnev pour le cinquantième anniversaire d'octobre 17. L'épopée révolutionnaire, ses héros et ses martyrs, ses exploits et ses crimes, ses nombreuses ambiguïtés, sont ressuscités au fil des pages. Trois histoires d'amour se croiseront et seule la plus improbable d'entre elles réussira.

Tout le pouvoir aux soviets est aussi une réflexion, chère à l'auteur, sur les rapports entre le pouvoir politique quel qu'il soit et la littérature. le titre est de Lénine et on doit la construction aux célèbres poupées russes.

Le roman est construit comme un récit à tiroirs avec trois lignes temporelles qui s'emboitent l'une dans l'autre à l'image de poupées russes, comme l'indique l'éditeur dans son résumé.

A l'époque contemporaine, Marc, un banquier français, séjourne à Moscou pour affaires et y rencontre Tania, une restauratrice sibérienne. de retour à Paris, il parle de cette rencontre avec son père René, qui raconte à son tour son séjour en URSS en 1967 lorsqu'il faisait partie de la délégation du Parti Communiste Français invité pour les célébrations du cinquantenaire de la Révolution d'Octobre. Lors de cette visite au coeur du régime soviétique, René fait la connaissance d'un apparatchick russe, ancien écrivain désormais à la tête d'une institution politico-littéraire à la solde du pouvoir. Celui-ci lui raconte alors, dans un troisième récit, ses années à Paris au début du siècle aux côtés de Lénine puis les grandes étapes de la vie du père de la Révolution bolchevik en Russie.

La narration n'est pas linéaire, puisqu'on alterne entre les trois récits à trois époques différentes : le séjour de Marc à Moscou en 2017, celui de son père René en 1967, et les années 1908 à 1924 de Lénine sous le regard d'un écrivain raté. J'ai bien aimé cette construction, qui transforme le roman en simili-enquête sur le passé des personnages et permet de dresser des parallèles intéressants entre les époques évoquées.
- le monde communiste est petit.

- de plus en plus petit, soupire l'adhérent du PCF (depuis 1963).

Le roman aborde plusieurs thèmes à la fois, et le fait plutôt bien dans ce récit à plusieurs voix.

D'abord, il interroge sur la parentalité et l'héritage, à travers le personnage de Marc, banquier d'affaires, fils d'un Français militant communiste convaincu et d'une Russe farouchement anti-soviétique. Tout semble opposé le père et le fils ; l'un est toujours attaché à l'idéal communiste, alors que l'autre a totalement embrassé le capitalisme en choisissant de la finance son métier, poussant le trait jusqu'à travailler avec des oligarques dans la Russie de Poutine.
- Je ne lis pas les romans.

- Pourquoi ?

- Je suis banquier.

Dans une moindre mesure, c'est un livre qui nous parle des relations franco-russes, avec cet exil de Lénine à Paris au début du siècle, l'emprunt russe non remboursé que la bourgeoisie française n'a jamais pardonné, l'accueil des Russes blancs après 1917, et bien sûr les liens entre le PCF et le parti-frère (ou plutôt père, ou maître) en URSS.
Être communiste en France, ce n'est pas comme être communiste en URSS.

C'est un argument de mon père, toujours accueilli par ma mère ex-soviétique avec le même grincement de mots : "C'est pire parce qu'en URSS, ils ont une excuse : ils n'ont pas le choix."

Patrick Besson évoque également à plusieurs reprises les liens entre littérature et pouvoir, à travers plusieurs figures d'écrivains proches du Parti ou au contraire hostiles au régime et victimes de sa censure, ou pire. J'ai également noté quelques réflexions attribuées à Lénine ou Staline sur la littérature et l'art en général.
La révolution, c'est le livre. Voilà pourquoi, dans les pays dits libres, on décourage la lecture par diverses distractions obligatoires comme le sport, la télévision ou le spectacle. Les prolétaires n'y trouveront aucune méthode pour se débarrasser de leurs exploiteurs qui, par surcroît, s'enrichissent grâce au post, à la télévision ou au spectacle. le révolutionnaire est un lecteur, ce qui le sépare de l'élection qui ne lit même pas le programme bidon proposé par son candidat bourgeois.

C'est aussi, bien sûr, une critique acerbe du communisme, et en particulier du régime soviétique et de la complaisance du PCF à son égard. Il y a beaucoup de cynisme de la part des personnages du roman, qui pour la plupart ne croient pas ou ne croient plus au grand idéal marxiste y compris ceux rencontrés en 1967 et qui sont pourtant des bureaucrates bien installés du régime.
A une révolution comme au tournage d'un film, personne ne comprend rien sauf le metteur en scène. Notre metteur en scène, c'était Lénine. Il était bon, c'est-à-dire mauvais. "Comment peut-on faire une révolution sans fusiller ?", c'est de lui. A quoi répond la phrase célèbre de Trotski : "Il est impossible de faire régner la discipline sans révolver." Selon eux, la Commune a perdu de ne pas avoir assassiné assez de bourgeois.

Je dois dire que je m'attendais à un roman totalement à charge contre le communisme, mais j'ai été agréablement surpris. Bien sûr, l'auteur dénonce le régime totalitaire et liberticide de l'ex-URSS et la complicité du PCF et de ses dirigeants, mais ce n'est pas outrancier comme je le craignais. C'est un regard sans concession sur le communisme réel du XXème siècle, tel qu'il a été vécu en Russie et dans les anciens pays satellites de l'URSS. Ce n'est pas pour autant une ode au capitalisme, dont les travers (de porc ?) sont également dénoncés.

Même si les thèmes abordés sont sérieux, le ton du livre est parfois enjoué, avec un humour efficace, des formules qui tombent juste et un point d'ironie appréciable. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, à la fois plaisant et enrichissant. S'enrichir avec un livre sur le communisme, c'est suffisamment remarquable pour le signaler !
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critiques presse (4)
LeFigaro
02 mars 2018
Son nouveau roman, qui mêle grande Histoire et grands sentiments, dessine superbement les contours de la maison Russie. Celle d'hier comme celle d'aujourd'hui.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Bibliobs
21 février 2018
Dans la France de 2018, il faut autant d'énergie pour publier «Tout le pouvoir aux soviets» que pour organiser une exposition autour de Che Guevara
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LePoint
12 février 2018
Un roman russe sur l'amour au temps du communisme… et après.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeFigaro
26 janvier 2018
Tout le pouvoir aux soviets, l'histoire de l'URSS vue par trois générations. Ça se passe un peu à Paris, où Lénine a séjourné avant la Révolution. Et surtout à Moscou: après 1917, quand les bolcheviks arrivent; en 1967, lorsqu'un Français, membre du PCF...
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Qu’y a-t-il de plus rapide qu’un financier ? Peut-être un footballeur. Une négociation est un soufflé au fromage: ne doit pas retomber. Je fais ma première offre à la Sibérienne: un verre après son service. Tania – les femmes russes n’ont, depuis des siècles, qu’une dizaine de prénoms à leur disposition, c’est pourquoi Tania s’appelle comme ma défunte mère – ne sourit pas. Elle me regarde avec une insistance étonnée. Elle dit qu’elle n’a pas soif. A-t-elle sommeil? Si oui, je l’emmène à mon hôtel. Il faut d’abord, me dit-elle, qu’elle appelle son mari pour obtenir son accord. Je lui dis que je peux l’appeler moi-même. Entre hommes cultivés, nous finirons par trouver un arrangement. Qu’est-ce qui me fait croire que son mari est cultivé ? demande-t-elle. Elle entre dans mon jeu, c’est bien: on progresse vers le lit. Je ne réponds pas car ce n’est pas une question, juste un revers lifté. Elle dit que, bien sûr, elle n’est pas mariée, sinon j’aurais déjà reçu une claque, bientôt suivie d’une balle dans la tête administrée par ledit époux. Je propose que nous allions nous promener autour de l’étang du Patriarche. Elle me demande si je suis romantique. Non: boulgakovien. Le numéro deux dans le cœur sec de maman, après Pouchkine.
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"La littérature doit devenir un élément de la cause générale du prolétariat" a écrit LÉNINE .

" Le parti éduque le poéte prolétarien , il crée l'écrivain authentique "..........a écrit TROSTKI
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La révolution, c'est le livre. Voilà pourquoi, dans les pays dits libres, on décourage la lecture par diverses distractions obligatoires comme le sport, la télévision ou le spectacle.
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Le révolutionnaire est un lecteur, ce qui le sépare de l'électeur qui ne lit même pas le programme bidon proposé par son candidat bourgeois.
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Va pour le club. Dans le goulet d’étranglement de l’entrée, un distributeur de billets qui annonce la couleur : celle de l’argent. L’air mélancolique des deux gros videurs. À droite le bar, à gauche des seins. Il y a aussi des seins au bar. Je compte – c’est mon métier – quatorze filles nues ou en sous-vêtements pornographiques. Peaux d’enfant, visages d’anges. Elles me dansent dessus à tour de rôle. Obligé d’en choisir une pour échapper aux autres. Je prends la plus habillée, ça doit être la moins timide. Et j’aurai une occupation : la déshabiller. C’est une Kazakh ne parlant ni anglais ni français, dans une courte robe qui, dans la pénombre, semble bleue. On discute du prix à l’aide de nos doigts. Je l’emmène dans une chambre aux murs noirs et sans fenêtres qui se loue à la demi-heure. Le cachot du plaisir. Le point faible de la prostitution moderne : l’immobilier. Les bordels de nos grands-pères avaient des fenêtres. Et parfois des balcons.
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Ma dernière nuit à Moscou, capitale de la Russie lubrique et poétique. La ville où les piétons sont dans les escaliers des passages souterrains et les automobilistes au-dessus d’eux dans les embouteillages. Avenues larges et longues comme des pistes d’atterrissage. Retrouver la chambre 5515 du Métropole ou aller boire un verre ailleurs? J’aime sortir, mais aussi rentrer. Il y a ce club libertin sur Tverskaïa, où mes clients étaient sans moi hier soir, après la signature de notre contrat. Jamais dans un club libertin avec des clients, même après la signature d’un contrat : photos, puis photos sur les réseaux sociaux. Je travaille dans l’argent, et l’argent, c’est la prudence.
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