Astrid et Marc viennent de se séparer, ou plutôt Marc s'est évaporé dans la nature sans crier gare laissant Astrid dans l'incompréhension et le désarroi le plus total.
Le récit se divise en trois parties. D'abord celle du point de vue d'Astrid puis, à l'envers, celui de Marc. Enfin des pages centrales roses narrées par un lapin servent de dénouement ou d'explications.
Nous commençons par Astrid, une jeune danseuse qui tente de réussir des concours tout en ressassant sa rupture. Dans cette partie, l'auteure propose un graphisme morcelé avec plusieurs petites cases qui dissequent chaque geste illustrant ainsi une vie qui part en morceaux. On trouve également souvent une alternance de vignettes passé / présent qui montrent l'envahissement des pensées dans le quotidien. On ressent le parasitage que vit Astrid. Si le fond ne m'a pas particulièrement marqué, j'ai beaucoup aimé la forme qui rend très bien le désarroi d'une rupture amoureuse.
Une fois le chapitre Astrid terminé, il faut prendre le livre à l'envers pour découvrir Marc. Là l'auteure propose quelque chose de complètement différent qui relève du fantastique. Après une soirée arrosée Marc se réveille dans un lieu et auprès d'une femme qu'il ne connaît pas. Cette femme, Barbara, l'entraîne dans la recherche d'une pierre qu'on lui aurait dérobée. Marc se trouve alors plongé dans un monde sauvage puis un château occupés par des êtres étranges. Il s'interroge sur l'humanité de Barbara et le sens de cette quête. J'ai eu du mal avec cette partie car je ne voyais pas lien avec celle d'Astrid et, surtout, pas d'explications à cette "fuite" dans un monde imaginaire. Mais il faut être attentif car dans le monologue de Marc il y a des indices, des éléments qui peuvent aider à comprendre les raisons de la rupture. L'ensemble est très symbolique.
La fin du chapitre Marc nous conduit à des pages centrales roses (attention à ne pas les lire comme si elles correspondaient vraiment au milieu du livre) dans lesquelles un lapin digresse sur la vie animale et la vie humaine. Très surprenantes, ces pages apportent ce qui semble être une réponse au silence de Marc.
La symbolique des animaux est très importante dans cette bande dessinée lui donnant un versant animaliste. Les animaux servant aussi de fil conducteur.
Je suis mitigée sur cette lecture pour laquelle je dissocierai vraiment le fond de la forme. Je n'ai pas accroché plus que ça sur le fond. Les personnages ne m'ont pas touchée et le monde imaginaire de Marc m'a surtout déroutée. En revanche, la forme m'a beaucoup plue, je trouve très original le procédé des deux parties inversées qui illustre très bien la rupture, s'en est une aussi pour le lecteur qui doit prendre le livre à l'envers. L'auteure illustre parfaitement la déflagration qu'est une rupture soudaine et elle maîtrise l'art des symboles. L'épilogue en pages centrales à de quoi desarçonner au premier abord, mais à la réflexion, je me suis dit que c'était vraiment bien fait.
Une lecture surprenante pour laquelle je remercie Babelio.
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Si j’entends encore les mots souplesse et souple, ma tête va exploser. C’est tout le paradoxe de la danseuse inflexible…