Olivier Adam qui a passé quatre mois au Japon dans le cadre d'une résidence d'écriture , à son retour, en dira " Moi qui aime la littérature, la poésie, le cinéma et la peinture de ce pays , je n'ai rien découvert, j'ai tout reconnu, tout m'a semblé d'une totale évidence, lisibilité....Et je savais que j'en ferais un livre...Quand j'ai le lieu, j'ai le livre....des millions d'histoires et de livres possibles." de ces livres possibles, les deux premiers seront "
le coeur régulier" et "
Kyoto Limited Express" , publiés en 2010. Et dix ans plus tard ce troisième où il retourne dans son pays de prédilection avec une histoire de famille douloureuse, voir cruelle.
Nathan exploite un cinema familial, dans une ville maritime en Bretagne. Il est désemparé, son ex-femme japonaise Jun a disparu avec leur fils Leo de cinq ans. Ils sont partis au Japon sans le prévenir. Il ne s'agit pas d'un simple déménagement, il s'agit d'autre chose, mais quoi ? Il sait qu'il est dans le pétrin car au Japon en cas de divorce, la garde de l'enfant est exclusivement attribuée au parent nippon, ici la mère.....
Dans ce dernier opus Adam ne dérogeant pas à la règle, nous campe à nouveau son type de héros récurrent, son double littéraire dans ses nombreux livres, ici incarné en Nathan. Un type solitaire, renfermé, mal à l'aise avec les sentiments et les démonstrations d'affection. Il a "la sensation d'être une sorte de figurant dans le film de sa propre vie, de n'y tenir qu'un rôle secondaire ", qui lui va d'ailleurs très bien mais manifestement pas aux deux femmes de sa vie, vu qu'elles l'ont quitté à tour de rôle. Il y est question de relations de couples qui semblent si simples au départ mais se révèlent si compliquées une fois la rupture entamée. Mais le coeur du sujet sont les enfants, un père / fils séparé, et une autre relation mère/ fils rompue.....
Une histoire qui se déploie entre la côte Émeraude et ses magnifiques paysages et le Japon, où l'on va avoir affaire à la face sombre de ce dernier , sa justice ! Si ce que raconte l'auteur est vrai, c'est une conception de la justice indigne "d'un grand pays démocratique ". Une justice, si on peut appeler ça encore justice, violente et fasciste, qui m'a donnée froid dans le dos.
À travers son histoire , Adam partage aussi avec nous, des réflexions existentielles, des références à l'actualité ,sa déception concernant Macron, les violences policières....,des nombreuses références au cinema d'auteurs , ses piques à ses compatriotes face à l'étranger, qu'il trouve pénibles, vantards, grossiers , impolis, son admiration pour la patience, la courtoisie, la ponctualité , la simplicité dans la forme , la sophistication dans le fond, .......des japonais.
"
Tout peut s'oublier" dit le titre et
Jacques Brel, moi je dirais non si ce "tout" englobe, un enfant, une mère, un père, un frère,.....un lien de sang. le dernier Adam est un livre délicat qui m'a déchirée le coeur. J'en suis une inconditionnelle, rien à dire, un excellent auteur que j'aime énormément lire.
"Après tout la vie était comme ça. Les grandes joies se mêlaient aux chagrins les plus profonds. Les espoirs les plus fous à l'incertitude la plus absolue. On n'y pouvait rien. C'était le grand manège. Un foutu bordel. du grand n'importe quoi."