Nell Pfeiffer

J'aurais souhaité être une raison suffisante pour que vous restiez, mais j'ai plutôt été celle qui vous a poussée à partir.

— Parfois, je me dis que les cauchemars ne cesseront jamais.
— Si, avec le temps, Sophie.
— Je crois qu'il ne me laisse pas oublier, comme pour me punir.
— Oublier, non. Le temps passe, apaise. Quoique, il fait oublier, mais il faut être très vieux, il me semble.

Je veux pouvoir trouver ma voie toute seule, sans que mon passé me dicte mon avenir.

Sophie

Je le demande si même le temps en personne serait capable d'immobiliser cette ville.

Elias

Tu peux devenir qui tu veux. Ton passé n'a pas d'importance.

-Mamie est rentrée ! S'exclama Farandole

Charles, cette demoiselle est Sophie Delapointe. Elle remplace son père, que tu avais toi-même engagé lorsque tu as choisi de placer ces surprenantes horloges dans le palais. Une décision, ma foi, extrême. Elles sont adorables, mais il y en a tout de même beaucoup, si tu veux mon avis...

Dimitri et elle étaient tels deux aimants aux polarités similaires : ils avaient beau se rapprocher, l'univers refusait qu'ils se touchent.

Le temps est un ramassis d'événements qui volent autour de nous à la vitesse de l'éclair.

Pour nous, il n'y a pas de passé ou de futur, il n'y a que des voix dans la tempête que représente le temps.

- Vous êtes décidée à ne pas renoncer, n'est-ce pas ?

- Ne sommes-nous pas trop loin dans l'inconnu pour renoncer maintenant ?

- Vous avez toujours le choix de refuser de continuer.

Même si les évènements sont modifiables, l'humain, lui, n'évolue pas. Il répète toujours les mêmes erreurs.

« — Puisque vous m’avez appelé par mon prénom hier sans vous étouffer, je vous permets de continuer. Ainsi, je pourrai vous appeler Sophie.
La jeune femme serra les dents.
— Je tiens à m’excuser pour ma maladresse…
— Je ne vous en veux pas, j’aime les femmes qui me surprennent. »

« Consciente de l’homme qu’il allait devenir, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir pour lui une aversion qui faisait bouillonner son sang et vibrer sa gorge d’angoisse. Tout en lui l’exaspérait, de son sourire à la façon dont ses bottes claquaient sur le sol.
Pourtant, elle s’autorisa un regard. Un seul, de biais, afin de confirmer qu’elle le détestait. Il avait le menton levé et ses cheveux sombres caressaient sa mâchoire finement dessinée. Son cou était entouré d’une lavallière de soie noire tranchant sur la blancheur de sa peau. Pas une seule imperfection sur son visage, ce qui agaça d’autant plus Sophie. Soudain, un sourire en coin fit apparaître une fossette.
— Suis-je à votre goût, mademoiselle Carillet ?
Le cœur de l’horlogère bondit dans sa poitrine et elle détourna les yeux, rouge de honte. Comment osait-il ?
— Il va pas bien, celui-là, rouspéta Farandole. »

Sophie avait l'impression d'avoir la tête à l'envers, comme coincée dans une boule à neige que l'on aurait renversée et secouée.

Vous, humains, percevez le temps de manière linéaire. Pour nous, Horanimas, le temps est une tempête de sable qui nous fouette le visage. Chaque grain représente une période. Parfois un grain nous frôle pour ensuite repartir comme l'éclair. Pour nous, Sopbie, les événements arrivent tous en même temps, nous n'arrivons à les entrevoir que lorsque l'un d'eux nous frôle.

𝑽𝒐𝒖𝒔 𝒎𝒆 𝒓𝒆𝒏𝒅𝒆𝒛 𝒔𝒆𝒓𝒗𝒊𝒄𝒆 𝒆𝒏 𝒍'𝒂𝒄𝒕𝒊𝒗𝒂𝒏𝒕 𝒆𝒕 𝒋𝒆 𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒓𝒆𝒏𝒅𝒔 𝒔𝒆𝒓𝒗𝒊𝒄𝒆 𝒆𝒏 𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒐𝒇𝒇𝒓𝒂𝒏𝒕 𝒍𝒆 𝒗𝒐𝒚𝒂𝒈𝒆 𝒍𝒆 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒊𝒏𝒄𝒓𝒐𝒚𝒂𝒃𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝒗𝒐𝒕𝒓𝒆 𝒗𝒊𝒆,𝒒𝒖'𝒆𝒏 𝒅𝒊𝒕𝒆𝒔-𝒗𝒐𝒖𝒔 ?

Peu de personnes au palais comprenaient les Horanimas, réduisant ainsi la fréquence de leurs interactions. La chronolangue était une pratique rigoureuse et que Sophie avait eu la chance d'exercer auprès de son père. complexe, Il s'agissait de déverrouiller ses sens pour distinguer dans l'es- pace les mots du temps. Comprendre une Horanima, c'était aussi accepter qu'elle nous chatouille les tympans et nous picote l'esprit. Cet aspect ne séduisait pas tout le monde.

- Vous, humains, percevez le temps de manière linéaire. Pour nous, Horanimas, le temps est une tempéte de sable qui nous fouete le visage. Chaque grain représente une période. Parfois, un grain nous fróle pour ensuite repartir comme l'éclair. Pour nous, Sophie, les événements arrivent tous en même temps, et nous n arrivons à les entrevoir que lorsque l'un d'eux nous frôle.
- Donc.. si nous nous sommes rencontrées à un moment dans ton existence, je suis ancrée dans ta mémoire, peu importe l'époque où l'on se rencontrera à nouveau ?
- Tout à fait, ma chérie. Pour nous, il n'y a pas de pasé ou de futur, il n'y a que des voix dans la tempête que eprésente le temps.

Mais elle devait se l'avouer : elle était effrayée à l'idée de voir son avenir ainsi tracé. Son destin était une ligne temporelle sans faille ni déviation. Sophie suivait le chemin dessiné par le temps et ne pouvait lui échapper. Il arrivait, elle était prête.