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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pour peu sympathique que soit le régicide Fouché, Zweig essaye au fil des pages du livre qu'il lui a consacré, de nous donner les ressorts de sa psychologie. J'apprécie peu qu'on nous le présente généralement comme l'un des hommes qui nous débarrassa de Robespierre pour la bonne cause : ce dernier demandait au citoyen Fouché des comptes sur son attitude lors des massacres perpétrés à Lyon et ailleurs avec Collot d'Herbois ; les Tallien et d'autres massacreurs du même genre furent sommés par Robespierre de s'expliquer sur ces "boucheries" ; se sentant menacés, ces assassins convainquirent les députés du Marais à la Convention que Robespierre les menaçait (Fouché fit circuler dans l'assemblée de fausses listes de suspects sur lesquelles leurs noms figuraient) et ils trouvèrent par là le moyen de renverser et éliminer Robespierre, en se faisant passer pour des agneaux alors qu'ils n'étaient que des loups. La vérité est que Robespierre inquiétait un peu les "possédants" parce qu'il voulait faire approuver à terme une loi sur le prix maximum des denrées, ce qui eût profité au peuple ; la majorité des "représentants de la nation" possédaient des biens - des industries, des commerces, des rentes : ils se sentaient menacés par l'action de Robespierre qui était regardé de travers parce qu'il avait de la considération pour le peuple et émettait des réserves sur le sacro-saint principe du "droit de propriété imprescriptible et sacré" qui avait remplacé Dieu et tenait la place principale dans la très bourgeoise Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
Zweig a préféré éluder cette question, et c'est dommage, car l'attitude des hommes qui renversèrent Robespierre et le présentèrent comme un monstre assoiffé de sang trouve là sa source : les possédants inquiets de voir trop de révolutionnaires favorables à la cause du peuple envoyèrent ces hommes de la France d'en bas se faire tuer sur les
champs de bataille dans les guerres révolutionnaires puis napoléoniennes. Belle méthode pour se débarrasser de ces gens du commun qui auraient dû être les bénéficiaires de la Révolution et qui ne le furent jamais.
En taisant tout cela, Zweig a manqué quelque chose ; reste qu'il a malgré tout montré dans son portrait de Fouché, devenu l'un des fossoyeurs de la Révolution après en avoir été l'un des apôtres les plus fervents et l'un des serviteurs les plus zélés, que l'homme était un bel opportuniste, qui savait surfer sur la vague, élégamment ou pas, et qui s'en tirait à merveille. Il pratiqua de même avec Napoléon, fut le ministre de sa police et un chercheur de bons limiers et d'espions, tenant des fiches et dossiers pleins de riches informations, qui furent utiles à l'Empereur tant que Fouché vit de l'intérêt à le servir, et qui retourna tout son système, sa puissance d'action et son influence contre lui quand il perdit de son crédit auprès de Napoléon. Il le lâcha résolument quand il sentit le vent de l'Histoire souffler contre "l'Ogre corse".
Fouché forma alors une belle paire avec Talleyrand, l'ancien ministre des Affaires étrangères de Napoléon. "Le vice appuyé sur le bras du crime", comme l'a noté Chateaubriand dans le livre XXIII, chapitre 20, des Mémoires d'Outre-Tombe.
Fouché n'a rien gagné à ce petit jeu après 1815, et Louis XVIII ne lui a pas donné ce qu'il espérait recevoir en récompense de l'abdication de Napoléon, obtenue en grande partie par le duc d'Otrante.
Stefan Zweig brille dans ces pages qui nous montrent cet homme au sommet de son talent puis au creux de la vague. La fin sans gloire de celui qui aida à éliminer Louis XVI, Robespierre et Napoléon nous est magnifiquement décrite. Elles valent autant que celles qui nous montrent les réactions de Fouché au moment de l'arrestation et de l'exécution du duc d'Enghien et celles qui suivirent l'attentat de la rue Saint-Nicaise : rares moments où Fouché eut vraiment raison.
Les routes les plus sinueuses n'empêchent donc pas quelquefois certains hommes d'avoir des pensées droites.
Zweig se met dans la peau du personnage et son portrait psychologique du personnage est une réussite.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Stephan Zweig dresse ici le portrait psychologique d'un des hommes les plus importants de la période révolutionnaire. Il a su traversé la Révolution, le Directoire, l'Empire, la Restauration en choisissant toujours le parti majoritaire. Il a servi et trahi à chaque fois. Robespierre, Barras, Napoléon, Louis XVIII l'ont tous craint et détesté. le style de Stephan Zweig se prête bien à ce personnage énigmatique même si l'analyse est parfois redondante. A lumière de travaux plus récents (ceux de P. Guenifey entre autres) on peut aussi s'interroger sur certaines interprétations psychologiques que l'auteur prête à Napoléon notamment.
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J'ai mis un moment avant d écrire cette critique.
Parce que ce livre m'a laissé un sentiment mêlé.
Non pas que que je sois déçu par l'écriture de Sweig, toujours aussi fluide et élégant, dans la belle traduction originale.
Non pas non plus que le personnage de fouché manque de relief ou de caractère, ou que la période soit trop calme et apaisée.
Mais sans doute fouché, fascinant d'opportunisme et d'intelligence, manque t'il trop fondamentalement de la plus petite once d'humanité, à la seule exception, peut être, de ses enfants. Ses trahisons multiples sont détestables, n'hésitant à envoyer lui même ses anciens complices à la mort pour se sauver.
Alors oui, consacrer un livre si talentueusement écrit soit il, a un tel homme, si dépourvu d'humanité, me gêne.
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Allez, c'est parti pour une biographie de Zweig, parce que Zweig, c'est le bien ! Oui, mais pour une fois, je suis un peu plus mitigée sur cette biographie que j'ai lu avec plaisir pour retrouver la plume de l'auteur, mais avec beaucoup moins d'enthousiasme et d'engouement que les deux précédentes.

A cela, une raison principale : le personnage dont Zweig nous retrace le parcours. Alors oui, si on trouve fouché particulièrement agaçant, arriviste et odieux, ça devient quand même compliqué d'accrocher au livre, enfin pour moi en tout cas !

Ceci dit, il faut reconnaître que le dit fouché a un parcours de vie tout aussi extraordinaire que visionnaire. fouché semble être LE maître de nos politiques actuels, à se demander si son étude n'est pas au programme de toute grande école produisant des élites... Et que je te marche sur les autres pour y arriver... Et que je mets mes scrupules au panier... Et que je te retourne ma veste plus vite que ça... Bref, fouché ou l'art de retomber sur ses pieds et de servir toutes les causes de la France, y compris les plus antagonistes...
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Sublime ! L'un de mes préférés de S Zweig
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L'auteur fait un portrait fort intéressant de cet homme singulier dont l'opportunisme, l'intelligence et la stratégie lui ont permis de traverser les régimes sanglants de la révolution française en passant par la terreur, la convention jusqu'à l'empire napoléonien.
On découvre toute la complexité du personnage qu'il a su décrire avec subtilité au fil de l'histoire dans cette biographie.
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Moi qui aime l'histoire... je n'accroche pas.
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