Lors de l'inauguration de la COP24 en décembre 2018,
Charlotte Gainsbourg a lu un texte de
Fred Vargas. Et voilà comment notre autrice de polars préférée conçoit « le projet de fourbir un texte de la même eau, mais un peu plus long, …sur l'avenir de la Terre, du monde vivant, de l'Humanité. Rien que ça »
Le résultat ? Une grosse baffe qu'on se prend en pleine figure, nous « les Gens » comme elle nous nomme tandis que « Eux », ce sont nos dirigeants qui ne nous disent pas tout et les industriels, attentistes et irresponsables.
Que faire ? La troisième révolution, celle qui peut sauver Dame Nature.
Que nous apprend-elle,
Fred Vargas ? Elle nous noie sous des données scientifiques, des chiffres, des expériences novatrices et prometteuses, des exemples de désastres écologiques. On frissonne de peur comme dans un roman noir, mais le meurtrier, on le connait, c'est l'homme, responsable de sa propre perte puisque sa disparition pourrait commencer à la fin de ce siècle.
Difficile à lire tant ça abonde en infos de tout genre, de quoi donner le vertige.
Pour ménager des pauses au lecteur et apporter un peu de légèreté (et d'humour ?) à un texte compact, voire indigeste,
Fred Vargas a inventé le CEI, Censeur d'écriture intégré, lequel doit la stopper dans ses digressions, ses hors-sujets et ses familiarités avec le lecteur. le CEI, qui émet un BIP et oblige à des demi-tours, original certes, est assez drôle au début pour vite devenir insupportable.
Cet essai n'est pas vraiment un ouvrage scientifique, il veut faire simple mais n'y arrive pas toujours.
J'ai trouvé certains passages franchement fastidieux et apprécié quelques pages comme celle sur un tour du monde du réchauffement climatique.
Certains exemples sont parlants comme la mesure de la production de viande en équivalent gaz à effet de serre. Ainsi on apprend « qu'un kilo de veau rejette la même quantité de gaz à effet de serre qu'un trajet de 220 km en voiture » le poulet est le plus vertueux avec seulement 7 km ! Il faudrait donc diminuer sa consommation de viande de 90 %
Intéressant aussi le passage sur les poissons, ceux qui ne devraient pas être mangés, ceux qu'on peut consommer avec modération ou sans restriction. L'autrice nous alerte aussi sur le manque d'eau potable à venir et c'est glaçant.
J'avoue que j'attendais plus de cet essai, et je reste sur ma faim (en me demandant ce que je vais bien pouvoir manger sans prendre de risque pour ma santé et sans nuire à la planète !)
Déçue aussi de ne pas retrouver l'écriture subtile et vive de
Fred Vargas
Surprise également qu'après avoir énoncé des solutions aux catastrophes écologiques présentes et à venir, ce livre ne soit pas imprimé sur du papier recyclé et qu'il ne mentionne pas son empreinte carbone et sa compensation. Cela aurait été un chouia plus convaincant, non ?