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EAN : 9782384110087
432 pages
INCEPTIO ÉDITIONS (12/07/2022)
3.84/5   140 notes
Résumé :
N'ENTREZ PAS DANS CETTE FORET, VOUS POURRIEZ NE JAMAIS EN SORTIR...
.
1958. Lors d’une sortie scolaire, sept adolescents s’égarent en forêt et se réfugient dans une cabane abandonnée, au centre d’une clairière. Très vite, ils comprennent que toute tentative de fuite les ramène systématiquement à leur point de départ. Un constat s’impose : ils sont prisonniers. Et de tous les dangers qui les guettent, le pire n’est peut-être pas cette Chose qui rôde la ... >Voir plus
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3,84

sur 140 notes
Un roman fantastique qui n'est pas sans me rappeler "Lost" ou "Deux ans de vacances".
En 1958, lors d'une sortie scolaire, sept enfants : Élise, Claire, Simon,Romain, Achille, Nagib et Buddy Louis vont s'éloigner du groupe et se perdre dans la forêt, trois d'entre eux vont y mourir, quant aux autres après de nombreuses tentatives infructueuses pour s'échapper, ils vont s'installer tant bien que mal car à douze ans et sans adultes, ils n'ont que peu de connaissances. Ils sont prisonniers de la forêt et quelle que soit la direction prise reviennent à la même clairière où se trouve une cabane. Des animaux apparaissent et disparaissent, un clochard viendra et partira, par où passent-ils ? Cette question les hantera longtemps...
Deux d'entre eux en sortiront, peut-être parce qu'ils veulent qu'il y ait un passage ou parce qu'ils ont décidé de ne pas faire ce que l'Autre, personnage sensé diriger leur vie, et se comporter de façon inattendue, ne plus fuir mais faire face,se dire que parfois il n'y pas de coïncidences, pas de raisons, pas d'être supérieur juste nous et nos limites. Un petit peu déprimant car l'on s'aperçoit quel que soit l'endroit où nous nous retrouvons il y a toujours une prison acceptée ou pas...
Un grand bravo au personnage d'Élise, petite bonne femme prête à se pendre mais qui au final se dit que repousser d'une heure pour voir n'est pas plus mal : une sacrée bouffée d'espoir.
Luca Tathieazym nous emporte dans cette histoire fantastique avec brio, c'est une belle plume. Ce que j'aime beaucoup chez cet auteur c'est cette fin qui nous laisse rêveurs libre à nous d'imaginer, d'interpréter, de comprendre, tout est possible. Dimanche prochain je me promènerai autour de la forêt mais je n'y entrerai pas. Je vous conseille d'en faire autant.
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Bon, se perdre ça arrive, on ne va pas en faire tout un fromage non plus. le GPS n'a pas été inventé pour les prunes.
Quoique, il faut parfois s'en méfier. Déviation sur l'autoroute, on met l'appareil en route, et une vingtaine de kilomètres plus tard, on se retrouve à notre point de départ, devant le panneau déviation.
Trop fort, il a su nous faire revenir sur nos pas après un long détour. Ca aurait pu continuer comme ça pendant longtemps. Jusqu'à la fin des travaux ou jusqu'à ce que ma mère et moi on ne soit plus que des zombis momifiés après mille tours de circuit.
Ou noyés sous les torrents de vomi de mon neveu, malade en voiture, qui se tordait le ventre à l'arrière du véhicule.
Mais finalement, nous avons su échapper à l'autoroute sur elle-même.

Une autre fois, chargé comme un baudet en prévision d'un salon du livre le lendemain, sous un soleil de plomb, je rejoignais le domicile de ma soeur qui s'était proposé de m'héberger, en train puis en tramway.
Si je savais globalement me diriger de la station jusqu'à chez elle, j'ai quand même enregistré son adresse sur l'application "Plans" de mon smartphone, merveilleuse technologie permettant de nous voir arriver progressivement à destination.
Ainsi mon petit point bleu évolue sur les routes de Mouvaux, se rapprochant de sa destination. Etrangement, je ne reconnaissais cependant rien autour de moi.
Finalement j'y suis presque, mais je ne le sens pas. Un dernier petit chemin qui mène au parc du Haumont et au point final de mon périple. A noter que ma soeur habite à cinq cent mètres environ dudit parc. Sa maison s'est-elle téléportée ? Me suis-je trompé d'adresse ? de toute façon la jonction ne se fait pas, à quelques mètres près, puisque je me retrouve au fond d'une impasse.
Le sac à dos me sciant les épaules, la sueur dégoulinant sur mon visage, je mets un instant ma fierté de côté et je l'appelle pour lui dire que je suis comme qui dirait un peu perdu. Finalement pas si loin, je la retrouve et nous avons pu partir à Bondues le lendemain rencontrer Amélie Antoine, Solène Bakowski, Maud Tabachnik, beaucoup d'auteurs de chez Taurnada, ainsi que quelques maisons d'éditions dont Inceptio, ceux-là même qui ont réussi à convaincre Luca Tathieazym de signer chez eux après une quinzaine de romans auto-édités lui ayant donné une très grande notoriété parmi les auteurs indépendants.

Aprèsla Mante nue et avant Les larmes écarlates ( prévu le 13 octobre 2022 ) est paru la réédition de la forêt, roman avec lequel j'ai découvert pour ma part cet auteur maintes fois recommandé.
La lecture s'est avérée plus ardue que je ne l'aurais pensé tant la langue y est riche et le langage soutenu. Par le biais de cette écriture extrêmement travaillée, l'auteur a également un sens de la formule assez unique pour nous faire ressentir ce que vivent et ressentent ses personnages, les mystères et la folie de leur environnement.

Comme en 1958 le GPS n'existait pas encore, il n'y avait vraiment aucune raison pour qu'une partie de la classe de collège de Madame Lambert se perde dans la forêt de Benon ( Charente Maritime ) pendant son cours en plein air de biologie.
Et pourtant, il a suffi que Simon soit déséquilibré par une racine puis de la foudre qui s'est abattue juste devant eux pour qu'ils se retrouvent à sept, distancés par le groupe principal.
Que jamais ils ne rejoindront, pas plus que le bus ou la route.
Ce qui leur arrive est totalement impossible et inexplicable.
Tous les chemins ne mènent pas à Rome dans cet univers parallèle mais à une clairière, avec une vieille cabane en son centre.
"Qui avait bien pu fabriquer ce taudis ? Des chasseurs ? Ceux qui avaient bâti la cabane avaient-ils été prisonniers de la forêt sur elle-même ?"
Ils partent par le sud, ils reviennent par le nord. Ils choisissent l'est et la ligne droite les ramène à l'ouest. Ils suivent le petit ruisseau et reviennent à leur point de départ.
"A chaque tentative, c'est comme si on faisait le tour de la terre, comme si elle était devenu toute petite."
Chaque adolescent y va de sa propre hypothèse pour rationaliser l'inconcevable et trouver la brèche qui les ramènera vers le vrai monde. Expérience militaire, enlèvement extra-terrestre, apocalypse, monde parallèle, à moins qu'ils ne soient les jouets d'une force obscure.
Ou alors c'est Gargamel qui les ai réduit à la taille de schtroumpfs avant de les insérer dans une boule à neige.
Et ça n'est qu'un premier aperçu du cauchemar dans lequel ils ont mis les pieds, qui n'a pas fini de les surprendre.
Le lecteur ne sera pas en reste.

Bien sûr, aussi énigmatique que soit le décor, ce sont les personnages qui vont lui donner du relief et multiplier l'intérêt de leur confrontation avec cette nature souvent hostile. Il y a d'abord Louis, le narrateur et meneur qui n'hésite pas à alpaguer le lecteur.
"A vous qui ne me jugez pas, les lecteurs ( vous ne me jugez pas, hein ? ), je peux vous le confier : j'avais le trac."
Evoquons ensuite Nagib, le marocain, qui demeure celui à l'esprit le plus cartésien. Simon est aussi timoré que son demi-frère Romain, moqueur, est capable de prendre les choses en main. Deux adolescentes sont là également : la réservée Claire et l'extravertie Elise. Enfin, pour compléter la bande : la Teigne, ou Achille de son véritable patronyme. Un connard fini, égoïste, privilégiant toujours son intérêt sous la menace de ses poings. Un danger public dont les muscles pourraient cependant s'avérer utile s'il daignait rentrer dans le rang.
Mais bien sûr, ce vague portrait esquissé évoluera progressivement, certains caractères se révéleront quand l'enfermement se prolongera au-delà de toute durée acceptable et qu'il faudra s'organiser pour survivre.
Se nourrir, se protéger d'un prédateur à l'extérieur, consolider la cabane en ruines, s'adapter au climat.
Grandir et se responsabiliser bien plus vite que n'importe quel autre jeune de leur âge.
Finie l'innocence et l'insouciance, l'entrée dans le monde adulte sera brutale.
Et oui, ils sont sept, et si leur ennemi n'est pas un clown maléfique, l'hommage à Ca de Stephen King est plus que suggéré.

J'ai ressenti quelques longueurs mais j'ai souvent été piégé par d'imprévisibles tournants. Il se passe quasiment toujours quelque chose qui relance cette histoire fantastique dont le rythme ralentit parfois mais jamais ne s'essouffle. Un nouveau mystère insoluble, une tragédie qui nous prend à la gorge, une situation inédite qui remet en perspective ce que nous pensions savoir. Quelques moments tendres et d'autres d'une incroyable tension dans cet environnement irrationnel.
"A ce rythme, ils seraient tous fous dans peu de temps."
Quelquefois, Luca Tahtiazym dédramatise de façon plus que bienvenue avec un trait d'humour.
"- C'est bien de réfléchir. Tu dois avoir mal à la tête, non ?"

Par contre, j'ai un gros bémol parce que j'ai ressenti une grosse frustration une fois la dernière page tournée.
Je sais bien qu'il s'agit d'un roman surnaturel et qu'à partir de ce moment là, il ne faut pas chercher à tout rationaliser. Il doit rester une part d'inexplicable.
Mais là je me sens comme un con parce beaucoup trop de questions restent en suspens, des évènements majeurs sur lesquels l'auteur lui-même a beaucoup insisté.
A ceux qui ont lu le roman, je tends une main timide pour comprendre pourquoi les livres dans la cabane ? Pourquoi des corps disparaissent et pas d'autres ? Qu'est le Sanglior finalement ? Pourquoi le mutisme s'impose-t-il à certains protagonistes ?
Et ce ne sont que quelques exemples de questions qui persistent à me poursuivre.
Est-ce expliqué ? Est-ce que je n'ai pas su lire entre les lignes d'un auteur trop subtil pour mes petites neurones ? Est-ce que je n'ai pas su lire la notice à la fin du roman ?
Si une âme charitable a ne serait-ce qu'un début de logique pour mettre un peu de cohérence dans cette folie, vous me trouverez dans la clairière du bois de Maroeuil ou en mp sur Babelio.
Par avance merci.
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Une chronique difficile à réaliser. Difficile car j'ai encore ma tête dans ma lecture, difficile car je ne veux pas trop en révéler, je veux vous laisser la surprise de la découverte, et pourtant j'en aurais tellement à dire sur..et sur...et sur..Mais non, ce serait gâcher votre plaisir et ce n'est pas le but recherché, il faut, tout comme je l'ai fait, prendre ce roman sans en savoir rien, entrer dans cette forêt avec ces enfants, et vous n'en sortirez qu'à la fin, en n'ayant pas vu le temps passer et en vous demandant si c'est bien terminé. Je ne suis pas sortie indemne, les personnages et l'histoire par elle-même continuent de me hanter.
On va donc faire la connaissance de sept enfants âgés d'une dizaine d'années. Ils sont en sortie scolaire avec leur maitresse. Il y a Louis, Simon, Romain, Claire, Elise, Nagib et Achille. Les garçons sont amis entre eux, sauf avec Achille qu'ils appellent la Teigne, les filles sont amies entre elles, ils ne se connaissent pas plus que cela. Leur groupe se retrouve à la fin de la troupe que mène la maitresse dans cette forêt. La distance se crée au fur et à mesure, les enfants étant à la file indienne et ils ne sont pas plus motivés que cela pour ramasser des plantes, ils laissent ça à ceux de devant. Un des enfants tombe, créant un peu plus de retard, et arrivés à un embranchement, ils ne savent pas s'ils doivent aller à droite ou à gauche...Et c'est ainsi qu'ils vont essayer plusieurs chemins, mais jamais ils ne retrouveront le reste de la classe. Ils arrivent à une clairière où se trouve une cabane en mauvais état. La nuit arrivant, ils décident de faire une pause et de voir le lendemain. Quelle ne sera pas leur surprise lorsqu'ils essaieront de partir de cette clairière le jour suivant, de se rendre compte qu'ils reviennent tout le temps à cette même carrière, même en empruntant un chemin de départ différent, ils arrivent toujours et encore à cette clairière avec sa cabane.
Ils sont prisonniers de cette forêt, arrivés à un point de non retour, tous leurs efforts sont vains. Ils vont donc essayer de se débrouiller dans les premiers temps en espérant que la maitresse ait lancé les recherches. Ils vont devoir faire avec les moyens du bord, manger ce qu'ils trouvent dans la nature, faire du feu, ne pas paniquer devant la multitude de bruits la nuit, et surtout celui d'une Chose qu'ils n'arrivent pas à définir. Il va falloir aussi qu'ils apprennent à mieux se connaître, à cohabiter, et c'est là que les plus grandes difficultés arrivent. Les filles sont très liées, dans les garçons, certains jouent plus au chef que d'autres. Il est intéressant de voir comment évoluent des personnes inconnues jusqu'à maintenant, évoluer dans la nature et tout mettre en place pour leur survie. Et qui dit survie, dit entraide, seul, c'est beaucoup plus difficile, il faut donc apprendre à faire confiance. Les véritables personnalités se dévoilent lors de coups durs.
Luca Tathieazym n'épargne pas le lecteur. J'ai retrouvé sa plume et son style avec plaisir. Il a cette marque et apporte toujours une particularité à la construction de son roman. Ici, tous les mots ayant comme référence la nuit, l'obscurité ou tout autre synonyme est surligné en noir, cela donne encore plus de profondeur et de noirceur à l'histoire. Je crois avoir eu autant peur que les protagonistes. Ces personnages sont toujours aussi bien travaillés, je me suis attachée à chacun d'eux même si certains ne sont pas sympathiques de prime abord, ils ont tous une petite faiblesse ou une histoire qui les rendent émouvants. Tous les faits sont racontés par Louis, j'aime la façon dont l'auteur en a fait le narrateur, prenant à partie le lecteur pour lui montrer une situation, l'interpellant avec un « les mecs » qui incluent filles et garçons, j'ai trouvé ce style très original et singulier, il nous rend encore plus intimes avec les héros.
Je ne peux pas vous en dire plus, malgré ce huis clos, il va se passer beaucoup d'événements dans la vie de ces jeunes, je ne m'attendais pas à tout ce qu'il s'est passé, j'ai été triste, contente pour eux, la solitude va révéler leur être profond, ce qu'il n'aurait pas forcément dévoilé s'ils avaient vécu « normalement » en société. le suspense reste entier et omniprésent tout le temps de la lecture, je me suis demandée jusqu'où allait pouvoir m'emmener l'auteur, il est allé loin, très loin, je ne m'attendais pas à certains faits, j'ai ressenti une tonne d'émotions et de sensations contradictoires. Et la fin, malgré toute la rudesse, est belle, m'a particulièrement émue, il est vraiment des endroits où l'on revient indéfiniment.
Bon faut que j'arrête d'être bavarde. Je trouve toujours le dernier roman de l'auteur meilleur que celui d'avant, ils sont aussi bons, c'est juste que ce sont des lectures marquantes à chaque fois dont j'ai du mal à sortir. Je ne vais pas oublier tous ces jeunes et l'histoire de cette forêt, je vous avoue même que j'ai pensé à ce roman en me promenant dans les bois près de chez moi et me suis demandée ce que j'aurais fait à la place des héros...ah..cette lecture pousse à se questionner sur nous-mêmes et se demander si on aurait réagi de la même façon...
Bien évidemment, vous vous doutez que je vous recommande vivement ce roman. Je peux vous assurer que vous allez découvrir une histoire hors du commun, tellement réaliste malgré son originalité, une accroche à la lecture du début à la fin, un très bon moment de lecture. Je me pose une seule question...où l'auteur va-t-il chercher de telles idées renouvelées à chaque roman? une imagination débordante !
Un grand merci à Luca Tathieazym, encore une histoire que je n'oublierai pas et que je prendrai plaisir à relire !
Lien : http://marienel-lit.over-blo..
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Voici mon avis sur cette petit lecture plaisir, dans ma Pal depuis longtemps La forêt a enfin trouvé le haut de ma pile.
Comme chacune de ces lectures plaisir je lis à peine le résumé et à peine les avis, je me lance car j'ai vu ce livre passer souvent sur les réseaux sociaux et les blogs dernièrement.
J'ai adoré le thème, les enfants, l'époque, et hop! L'intrigue démarre et je me retrouve embarquer dans une lecture addictive, chaque minute où je peux en prendre une bouffée m'est bénéfique, je suis accroc, tout simplement.
Je cogite, j'émet des hypothèses qui tombent à l'eau, j'essaie vraiment de comprendre, pourtant rien ne me prépare à la tournure que prennent les choses.
Je termine ma lecture, très emballée, et là j'ai le malheur de regarder les commentaires Amazon, certains ne sont que méchanceté, je me demande donc comment on peut à ce point descendre un roman, cracher sur le travail de l'auteur. Que l'on n'ai pas aimé c'est une chose, mais un tel maque de respect me sidère.
Cela ne me donne donc qu'encore plus envie de faire la publicité de ce roman, de vous inciter à le lire et de vous faire votre propre avis, car dîtes-vous que des commentaires aussi haineux cachent automatiquement une mauvaise intention ou une jalousie mal placée.
Lien : https://livresque78.wordpres..
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La forêt est encore un nouveau livre De Luca qui m'a retourné la tête. Qu'est-ce que c'est que ce lieu étrange ?
Nous partons pour une balade dans les bois avec un petit groupe de jeunes. Ce qu'on apprend trop tard, c'est que, de cette forêt, il n'existe nul moyen de s'échapper.
Quoi qu'on tente, quelque chemin qu'on emprunte, on se retrouve toujours au même endroit. Voilà comment une sortie bucolique vire progressivement au cauchemar.
Cauchemar à plus d'un titre, car, au-delà du fait totalement invraisemblable de ne pouvoir s'échapper d'un lieu censé être ouvert, il va falloir gérer bien des choses auxquelles ce petit groupe n'était pas préparé.

Comme toujours avec Luca, les mots sont savamment choisis, l'écriture est travaillée, le sens du détail atteint son paroxysme. L'angoisse de la situation s'installe insidieusement. Une page après l'autre, on se pose des questions, on se dit que ce n'est pas possible, qu'il va y avoir une explication rationnelle. Puis on s'enroule dans sa couverture pour se sentir plus en sécurité.

Le narrateur nous prend à partie directement, il nous plonge totalement dans l'aventure, nous invite dans la galère avec son groupe.
Nous aussi nous sommes bloqués dans cette forêt, à la recherche d'une issue, à tenter jour après jour un nouveau chemin dans l'espoir de comprendre, de s'échapper.
Mais non, les jours passent et il faut bien accepter l'évidence, s'organiser, survivre. Combien de temps cela peut-il durer ? Deux jours ? Une semaine ? Un an ? Plus encore ?
Ça prend les tripes et on s'imagine à leur place, tout ce qu'on a perdu, tous les gens qui s'inquiètent pour nous de l'autre côté, mais de l'autre côté de quoi, en fait ? Où sommes-nous réellement ? Que s'est-il passé ?
Tout semble tellement irréel, impossible, mais a-t-on vraiment le temps de penser à tout cela ? Parce que finalement, le plus important, c'est aussi de rester en vie. Et comment s'y prendre quand on est à peine sorti de l'enfance ?
Si tous se permettent d'avoir peur, de cogiter, qui va les soutenir ? Alors bien sûr, il en faut toujours un pour prendre les choses en mains, tenter de souder le groupe, l'empêcher de partir à la dérive.
Du coup, petit à petit, l'impossible devient notre quotidien, on y pense plus vraiment, c'est comme ça, c'est la seule vie qui nous reste, alors on s'adapte, on ne cherche plus trop à comprendre.
Les corvées routinières mises en place permettent d'éviter de projeter les pensées vers l'avenir, et c'est tant mieux, car, dans ce contexte, quel avenir peut-il y avoir ?

On voit tous ces jeunes évoluer de l'intérieur, puisqu'on vit avec eux. Vous ne sentez pas cette odeur de pin, celle de la mousse humide et des sous-bois ?
Vous n'avez pas ce sentiment de peur qui vous tombe dessus au crépuscule ? Et tous ces bruits qui vous empêchent de dormir, on n'y prête pas attention dans la journée, mais la nuit, quand tout se montre calme, c'est une autre histoire…
Vous sentez ce mal au dos le matin au réveil ? Les conditions de vie s'avèrent plutôt basiques, bah, oui, en pleins bois, le confort moderne, vous repasserez…

Ce huis clos n'est pas sans me faire penser à celui écrit par Jean-Paul Sartre. L'enfer, c'est les autres, et cet adage va une fois de plus se vérifier. Bloquez un groupe de personnes dans un lieu confiné et l'expérience peut démarrer.
Les caractères vont se révéler, les tensions naître.
Quoi de plus dur que de devoir cohabiter avec d'autres dans un espace réduit ? Devoir se croiser, se parler, s'entraider chaque jour, même quand on n'en a pas envie. Parce que la situation va les conduire à tout partager, tout vivre en commun. La survie est à ce prix.
Malheur à celui qui veut se la jouer perso, parce que c'est ensemble qu'on se montre les plus forts.
En pleine nature, ou dans 20m2 peu importe, la situation reste la même, il faut se supporter.
Consentir à un effort de quelques heures, c'est tenable, mais quand les heures deviennent des jours, des mois … c'est bien plus compliqué.
L'horreur est en marche et chemine dans les têtes fragilisées et les corps affaiblis. À quel moment la raison bascule-t-elle ? Jusqu'où peut-on aller avant de perdre toute moralité et laisser sur place une part de notre humanité ?
Qui sommes-nous et qu'accepterions-nous de faire au nom de notre propre survie ?
Combien vont s'égarer en chemin, combien vont s'accrocher jusqu'au bout ?

Bon sens et intelligence vont être nécessaires pour espérer trouver une solution à ce problème hors du commun. le temps file à son rythme, mais devient soudain votre ennemi. Il s'égrène, lentement et trop vite à la fois. Il semble figé, et, pourtant, les heures, les jours, passent inexorablement.
On avance, on grandit, mais on n'évolue pas vraiment. Les corps changent, mais certaines choses restent immuables. Impossible de continuer les apprentissages nécessaires pour atteindre une certaine maturité, livré à soi-même sans personne pour nous guider. Nous voilà face à des enfants dans des corps d'adultes.
En cas de retour à la « normale », il y a fort à parier que nous serions en total décalage, tel un Hibernatus revenu à la vie bien des décennies après sa congélation. Et plus la durée de l'exile est longue, plus ce décalage risque de se faire sentir.
Et d'un autre côté, on apprend des choses qui ne nous auraient jamais effleurées dans un autre endroit. La débrouillardise est de mise, le contexte nous pousse à l'ingéniosité.
Les affinités qui se créent auraient-elles eu une chance dans une vie normale ?

Toute une existence axée sur la recherche d'un moyen de s'enfuir et, pourtant, la liberté n'est-elle pas parfois pire que ce qu'on vit comme une prison ? On sait ce qu'on a, quand on le laisse, on ne peut jamais être sûr de ce qu'on va trouver après.

Je me suis une nouvelle fois régalée, et, comme je le dis chaque fois, cette histoire est la meilleure que Luca nous a proposée. Alors vivement la prochaine.



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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
_ Oui, peut-être. Je crois que c'est une bonne option.Se suicider, c'est pas mal. Pourquoi on ne l'a pas fait avant ?
Les yeux perdus dans le vague, Élise tapota sa joue avec son index.
"À cause des montagnes russes dont tu parlais. Quand on s'est dit que ça ne valait plus la peine, y avait quelque chose qui nous remettait du baume au cœur. Je sais pas. Je me souviens plus. Mais j'ai songé à me pendre. Et quand j'étais à deux doigts de passer à l'acte, pan ! on trouvait un beau lapin à manger ou il y avait du soleil.
_ Il y aura toujours des lapins à manger et du soleil. Pas tout le temps, mais parfois. Même quand je ne serai plus là.
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Il n'y avait pas un précipice. Il n'y avait pas une bête rugissante. Il n'y avait pas une espèce de taré aux yeux de feu prêt à nous découper en morceaux. Non, c'était beaucoup plus simple que tout ça. Plus simple que tout ça. Plus simple et pernicieux.
Je venais de déboucher dans une clairière. Jusque là, pas de malaise, Blaise. Le problème, c'est qu'il s'agissait de notre clairière;
J'en fus convaincu, car la maison en bois pourri qui sortait de terre au milieu de l'étendue ne pouvait prêter à confusion. Il n'y avait pas deux taudis identiques sur terre.
J'aurais voulu arrêter les autres et les forcer à emprunter un autre chemin avant qu'ils ne voient, cette maudite clairière, mais ce ne fut pas possible. Je savais les découragements prompts à envahir les âmes avec plus de poigne que d'optimisme.
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Les idées, parfois, sont comme les fantômes dont on se raconte les histoires au coin du feu, pendant les fêtes de village, à la Saint-Jean : tout le monde en parle, mais personne n'en a.
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"Je ne sais pas encore comment je dois réagir, Romain. Moi aussi, j'accepte. Je suis toujours écœurée de me retrouver captive ici, mais à force de réfléchir en vain à une issue, eh bien j'ai perdu ma rage, mes envies d'évasion. Mais je ne crois pas au hasard ça non... Ce type n'est pas arrivé ici par hasard. Mais devenir fou à force de ne pas comprendre, ce serait admettre sa défaite et entrer dans le jeu de l'Autre.
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Dans ce monde, tous jacassaient sans cesse.
Élise aurait aimé devenir sourde. On lui avait assuré qu’à part les multiples estafilades qui striaient sa peau abîmée et les ravages de son alimentation sur son organisme, elle était dans une excellente forme pour son âge. Musclée, la vue et l’ouïe parfaites, elle était une vieille femme qui paraissait vingt ans de moins. Mais ils la croyaient folle.
Dommage, si seulement je pouvais être sourde…
En réalité, ce n’était pas tant la surdité qui la séduisait, mais plutôt la possibilité de dresser entre les stimuli de son environnement et elle une muraille qui la protégerait de ce tumulte qui la tuait à petit feu.
Du reste, si elle devenait vraiment sourde, jamais elle ne réentendrait le pépiement des oiseaux…
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