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De Ruines et de gloire est le troisième volet d'une fresque historique racontant le destin d'une famille kabyle algérienne de 1939 à 1962. Ce qu'il y a de formidable avec ce pur conteur qu'est Akli Tadjer, c'est qu'alors que je n'avais pas lu les deux tomes précédents, j'ai eu l'impression d'avoir tout compris du vécu des deux personnages principaux, le père et le fils, tant l'auteur distille toutes les informations nécessaires, sans lourdauds rappels, pour s'attacher à ses personnages dès les premières pages.

Après deux volets consacrés au père, ancien soldat indigène durant la Deuxième guerre mondiale, place au fils en 1962. Adam El Hachemi Aït Amar est avocat au barreau d'Alger. Il attend avec impatience sa première grosse affaire. Mais ce n'est pas celle qu'il avait imaginé. Il va devoir défendre une fervente partisane de l'Algérie française.

Le contexte historique des derniers feux de la guerre d'Algérie est remarquablement reconstitué. Nous sommes en mars 1962, quelques jours après les Accords d'Evian qui proclame un cessez-le-feu. Cette période d'immédiate pré-indépendance est finalement méconnue et j'ai été saisie par le chaos décrit, à savoir aucun cessez-le-feu mais une guerre sans merci entre l'OAS et le FLN entre attentats, exécutions sommaires et assassinats ciblés, des haines qui se recuisent à l'excès, avec une population ( quel que soit son bord ) prise en otage et un exode des Pieds-noirs qui démarrent.

Le 26 mars, une fusillade a éclaté rue d'Isly à Alger. Les troupes françaises ont tiré sur des civils désarmés lors d'une manifestation pro-OAS. Bilan une quarantaine de morts, près de 200 blessés. le fait déclencheur n'a jamais été totalement éclaircie, mais la version la plus plausible mentionne, comme fait déclencheur de la répression, des tirs partis d'un immeuble en surplomb visant les soldats. Akli Tadjer donne un visage à ce tireur initialement anonyme : Emilienne Postorino, celle qu'Adam doit défendre.

Deux personnages de 24 ans, du même pays mais qui ne voient pas l'avenir de la même façon ; un idéaliste qui rêve de mettre son talent au service de l'indépendance de l'Algérie et une jeune femme en colère qui ne veut pas perdre le pays qu'elle aime, quitte à prendre les armes. L'antagonisme peut sembler artificiellement caricatural mais l'auteur le traite avec un doigté subtil qui évite tout manichéisme en faisant évoluer le dilemme cas de conscience d'Adam tout comme la posture radicale d'Emilienne, et ce sans jamais verser non plus dans l'écueil inverse, à savoir un trop plein d'angélisme béat qui ne serait que bonnes intentions.

Akli Tadjer a le romanesque généreux. A cette intrigue principale nouée autour de la relation entre l'avocat et sa cliente, il ajoute un arc narratif autour du père et de ses agissements mystérieux à el-Kseur. Dans le dernier quart, j'ai trouvé qu'il en faisait un peu trop avec deux événements excessivement rocambolesque qui détonnent avec le reste. Mais la période est tellement extra-ordinaire qu'on se dit que tout est possible, au final, même le plus invraisemblable.

J'aime énormément les romans qui font découvrir la grande Histoire à travers les trajectoires intimes de héros somme toute ordinaires. Et là, on est dans le très bon avec en prime un regard humaniste dont on a particulièrement besoin par les temps qui courent. Les événements racontés sont sombres, et pourtant on sent à quel point Akli Tadjer veut faire vivre la flamme de l'espoir et de la résilience. Certes, cette flamme vacille mais elle ne s'éteint jamais dans ce beau roman qui permet de faire comprendre avec clarté et sans rancoeur les enjeux humains qui ont été au coeur du colonialisme, de la guerre d'Algérie et donc qui sont au coeur de la déconstruction coloniale. Poignant.
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Troisième et dernier volet d'une saga relatant le parcours d'une famille Kabyle de 1939 à 1962, ce roman nous plonge, pendant les derniers mois de la guerre d'indépendance, dans une Algérie sur le point de tourner la page du colonialisme.


Mars 1962. Les accords d'Evian aboutissant à un cessez-le-feu n'ont pas été signés depuis huit jours qu'éclate la fusillade de la rue d'Isly. Tournant à la panique pour une raison indéterminée, une manifestation de civils favorables à l'Algérie française est mitraillée par des soldats tricolores. Des dizaines de morts et deux centaines de blessés tombent sur le pavé d'Alger. A son grand désarroi, l'avocat frais émoulu Adam El Hachemi Aït Amar, tout entier à ses idéaux d'une Algérie indépendante rassemblant démocratiquement habitants de souche et immigrés français, se voit confier la défense d'Emilienne Postorino, une fervente partisane de l'Algérie française, accusée d'avoir déclenché la panique et le massacre en tirant la première.


Ajouté à la perspective quasi certaine de l'indépendance – un référendum d'autodétermination doit avoir lieu dans trois mois –, cet épisode qui, entre attentats de l'OAS et du FLN, enlèvements et assassinats, vient renchérir sur le climat de violence, précipite l'exode massif de ceux que l'on appellera pieds-noirs et harkis. C'est donc dans un contexte plus que jamais tourmenté qu'Adam, déchiré entre convictions personnelles, éthique professionnelle et inquiétude pour son père vaquant à de mystérieuses affaires dans sa campagne, doit décider quel parti adopter.


« Il y a trois sortes d'avocats : ceux qui se soumettent aux lois, au-dessus ceux qui les refusent, au-delà ceux qui s'en imposent. Débrouillez-vous avec ça, mon cher confrère. Pardon, j'en oublie une, les avocats hors-la-loi, ceux qui n'écoutent que la loi de leur coeur. » Pour notre personnage capable de se garder de tout manichéisme dans un environnement pourtant dramatiquement clivé, ce sera donc la voie du coeur, sans haine et avec la prise de recul autorisant une pondération lucide et douce-amère. Lui qui a dû fuir Paris pour échapper à la conscription ne sait que trop ce que déracinement veut dire et saura reconnaître aussi bien les torts et travers réciproques que l'intensité des drames vécus de part et d'autre.


Immersif et rythmé, le récit très cinématographique embarque efficacement le lecteur dans ses péripéties historiques. Et même si les épisodes relatifs au père finissent, dans leur improbable conclusion, par verser dans l'outrance mélodramatique, l'on se laisse volontiers séduire par cette histoire si bien contée qui sait avec intelligence et empathie souligner responsabilités et souffrances de chaque camp. A noter qu'il n'est pas besoin d'avoir lu les précédents tomes de la saga pour apprécier celui-ci.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Une petite journée, et j'ai déjà terminé ce troisième volet de la trilogie de Akli Tadjer sur le destin de cette famille Kabyle. Et, c'est mon préféré des trois, ce qui s'appelle finir en beauté.

Dans ce tome, le personnage principal est le fils Adam aussi, devenu avocat depuis peu. On est en mars 1962, juste après la signature des accords d'Évian. Les deux Adams vivent maintenant à Alger. Adam fils rêve de mettre son métier au service d'une Algérie libre et indépendante. Las, il se verra confier le dossier d'une militante de l'OAS, emprisonnée après avoir tiré sur des soldats lors d'une manifestation..

Comme dans les livres précédents, l'auteur nous conte la petite histoire de qulques personnages, en s'appuyant sur la grande, L'Histoire avec un grand H. Celle-ci est abordée par petites touches au cours du récit, pas de grandes descriptions des évènements, mais juste les impacts sur la vie de tous les jours de ces hommes et ces femmes du climat très spécial qui régnait en Algérie pendant ces quelques mois. Car, contrairement aux deux premiers tomes qui balayaient plusieurs années, l'action là est concentrée sur les quelques mois qui ont séparé la signature des accord d'Évian, mars 1962, et le référendum sur l'indépendance en Juillet de cette même année. Et c'est une des raisons qui m'a fait préférer ce tome. L'auteur y rentre plus dans les détails des personnages et de l'atmosphère très spéciale qui régnait en Algérie à cette époque.

Ce sont les derniers mois de l'Algérie française, ponctués par des manifestations, des attentats, même si le cessez-le-feu a été proclamé, la guérilla continue entre partisans de l'OAS et ceux du FLN, et la vie ne tient parfois qu'à un fil. Il suffit de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

Dans cette atmosphère de chaos, Adam père repart au mépris du danger dans le village de son enfance, lieu d'escarmouches, sans avouer à son fils le but de sa quête, tandis que Adam fils essaie de concilier sa foi en l'avenir de son pays et son amour de l'Algérie indépendante, libérée du colonialisme, avec la défense de cette femme, raciste, prête à tout pour que l'Algérie reste française. L'auteur nous peint de façon très subtile l'évolution d'Adam, de ses rapports avec sa cliente. La situation qui pourrait sembler caricaturale est traitée avec beaucoup de nuances, beaucoup de finesse par l'auteur.

En parallèle, par de petites touches, grâce aux personnages que rencontre Adam, on voit les forces en présence, le racisme ordinaire envers les arabes de la part des soldats et de certains colons, le désespoir aussi de ceux qui vont devoir quitter leur pays, pour la métropole où souvent ils ne seront pas bien accueillis.

J'ai encore plus apprécié ce tome par son intérêt historique, sur cette période de quelques mois, précédant l'indépendance, et aussi par le cadre plus « exotique », Alger la belle :
« Alger était belle comme toujours. Comment se peut-il qu'une aussi jolie ville avec un ciel si pur et des flots si bleus puisse charrier autant de malheur, de larmes, de souffrance ? »

Le fait de resserrer le récit sur quelques mois donne aussi plus d'intensité à celui-ci. et enfin, j'ai à nouveau apprécié tout le talent de conteur de l'auteur et son humanisme.
Dans un contexte assez sombre, l'espoir en l'homme est toujours présent.

Merci à NetGalley et aux éditions Les Escales pour ce partage #Deruinesetdegloire #NetGalleyFrance.
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J'ai choisi ce livre d'une part parce qu'il parle de la guerre d'Algérie, c'est-à-dire d'une page d'Histoire dont, en Belgique, on n'est guère familier (moi en tout cas), et que, quand il s'agit d'apprendre en lisant (ou l'inverse), je suis souvent volontaire. D'autre part, parce que la quatrième de couverture résume la trame en annonçant qu'un avocat algérien, partisan d'une Algérie libre, va se trouver contraint de défendre une jeune activiste pro-Algérie française. Et quand il s'agit de plaidoiries, d'argumentation, de raisonnement juridique, de justice et/ou de conscience morale, je salive d'avance. Sur ce point, j'ai été légèrement déçue, parce que je m'attendais à autre chose, mais le roman a d'autres atouts qui contrebalancent ce bémol.

Or donc, nous sommes à Alger en mars 1962. Les accords d'Evian viennent d'être signés, le cessez-le-feu décrété en Algérie. Mais sur place, le chaos est total : affrontements violents entre indépendantistes du FLN et partisans de l'Algérie française, attentats, assassinats, contrôles policiers et suspicion généralisés. Adam, jeune avocat de 24 ans, rêve de contribuer à la construction d'une Algérie libre. Mais, à son corps et à sa morale défendants, il se voit confier la défense d'Emilienne, jeune femme militant pour une Algérie française.

Contrairement à ce que je pensais au départ, ce roman n'est pas un « roman de procès » (comme il y a des films de procès) où l'essentiel se déroulerait dans un tribunal. Au contraire, on est plongé dans le quotidien d'une guerre terrible où chacun risque la mort à n'importe quel coin de rue, et dans la tête d'Adam, en plein dilemme entre deux lois : celle du Code pénal et celle de sa conscience. On revient aussi sur l'histoire de sa famille (et je n'avais pas compris que ce roman était le dernier d'une trilogie, mais cela ne gêne pas la compréhension), avec une sorte de retour aux sources.

Je n'ai donc pas eu droit à des plaidoiries brillantes, mais j'en ai beaucoup appris sur cet épisode de l'histoire franco-algérienne, sur le mépris des colons envers les Algériens, leur désarroi quand ils doivent fuir « leur » pays pour rentrer en France où ils se sentiront étrangers, les humiliations et les tortures subies par les Algériens, la haine et les souffrances atroces de part et d'autre.

A ce contexte historique très bien rendu, l'auteur mêle amour (ceux de et pour une femme, un père, une mère), idéalisme et humanisme. Grâce à son indéniable talent de conteur et à son sens du romanesque, il rend ce livre instructif et captivant de bout en bout.

En partenariat avec les Editions Les Escales via Netgalley.
#Deruinesetdegloire #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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De Ruines et de Gloire, est le troisième tome de la saga franco-algérienne d'Akli Tadjer, après D'amour et de guerre et D'audace et de liberté. Ce roman poignant nous plonge dans l'Algérie de 1962, au lendemain de la signature des accords d'Évian, marquant la fin de la guerre d'indépendance.
Le récit suit le destin d'Adam El Hachemi Aït Amar, jeune avocat idéaliste qui rêve de mettre ses compétences au service de l'Algérie libre. Mais ses convictions sont mises à l'épreuve lorsqu'il se voit confier la défense d'Émilienne Postorino, une activiste de l'Algérie française accusée d'un crime odieux. Tiraillé entre son devoir et ses sentiments, Adam se retrouve au coeur d'une spirale de tensions et de contradictions, symbolisant les fractures profondes qui traversent la société algérienne de l'époque.
Autour d'Adam et d'Émilienne gravite une galerie de personnages hauts en couleur, tous marqués par les cicatrices de la guerre et en quête de leur place dans la nouvelle Algérie. Il y a le père d'Adam, hanté par les démons du passé, le frère d'Émilienne, tiraillé entre ses deux patries, et les amis d'Adam, confrontés aux défis de la reconstruction d'un pays meurtri. A travers leurs destins entremêlés, Tadjer brosse un portrait saisissant de l'Algérie postcoloniale, une société en pleine mutation où l'espoir se mêle aux rancoeurs et où les identités se heurtent.
La plume d'Akli Tadjer est à la fois poétique et engagée. Il utilise un langage riche et imagé pour décrire les paysages algériens, les émotions complexes de ses personnages et les bouleversements historiques qui marquent cette période charnière. Son récit est ponctué de réflexions profondes sur la liberté, la justice et la mémoire, invitant le lecteur à une réflexion sur les cicatrices de la colonisation et les défis de la construction d'une nation indépendante.
De Ruines et de Gloire est un roman puissant et poignant qui offre une lecture éclairante de l'histoire tourmentée de l'Algérie. Un récit indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à la littérature algérienne, à l'histoire coloniale et aux défis de la construction d'une identité nationale postcoloniale.
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Après D'Amour et de Guerre puis D'Audace et de Liberté voici donc le troisième opus de cette trilogie de ruines et de gloire signé Akli Tadger aux éditions Les escales.
Pour ne rien vous cacher j'étais impatiente de lire cette suite et, tellement les personnages des deux premiers tomes m'avaient littéralement séduites !
Qu'allait il advenir d'Adam et d'Amezyane, cet enfant, en provenance d'Alger, débarqué à Paris, ce fils qui ressemble tant à sa mère Zina, le grand amour d'Adam.

De ruines et de gloire s'ouvre sur un Alger meurtri, au lendemain de cet évènement tragique qui a eut lieu lors de la manifestation du 26 mars 1962, une fusillade déterminante pour la suite des évènements. Adam est là avec son père, un père semble-il malheureux, nostalgique de Paris. Mais Adam lui qui s'est toujours senti étranger là-bas voulait rentrer au pays. Car là une volonté farouche de défendre la liberté des citoyens l'anime.
Après des études brillantes de droit, il est devenu avocat. Aujourd'hui travaillant au cabinet de maître Reverdy, Adam attend l'affaire, l'affaire importante; Son affaire.
Ainsi commence l'histoire, une histoire certes romanesque mais qui s'inscrit dans la grande histoire qui fut celle de l'indépendance de l'Algérie.

Sous le charme complet de la plume d'Akli Tadjer, j'ai apprécié la subtilité avec laquelle il parvient dans ce roman très sensible à décrire l'engagement, la bêtise humaine, l'amour.

N'attendez pas plus longtemps, courrez chez votre libraire et plongez dans cette histoire émouvante à souhait !

Merci Akli Tadjer !

je vous propose la lecture d'un extrait de ce roman sur ma chaine youtube : https://www.youtube.com/watch?v=B5¤££¤23D Amezyane28¤££¤
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Algérie, mars 1962. Adam El Hachemi Aït Amar, avocat, 24 ans, le narrateur et son père, 47 ans, tous deux kabyles, décident, après le cessez-le feu en Algérie, instauré suite au traité d'Evian le 19 mars 1962, de quitter Paris où Adam était venu faire ses études,
Ils arrivent dans un pays déchiré par les attentats, les assassinats, la violence, perpétrés par l'OAS et le FLN, la fuite des colons français. Adam se retrouve à devoir défendre Emilienne Postorino, fervente partisane de l'Algérie française, en complète contradiction avec ses valeurs. Son père, quant à lui, part dans le village où il est né, où il a aimé Zina, la mère d'Adam, disparue dans un incendie alors qu'Adam avait 9 ans et qu'il n'a jamais oubliée.
Ce roman foisonnant, puissant, tire toute sa force émotionnelle de personnages broyés par L Histoire, qui se débattent pour rester debout, tiraillés entre plusieurs fidélités, dans une vie où rien n'est tout à fait blanc ou tout à fait noir. le personnage d'Adam incarne le dilemme de l'avocat qui défend une accusée dont il rejette viscéralement les idées et les actions; l'accusée, de son côté, doit accepter d'être représentée par un Arabe dont elle méprise le peuple, qu'elle combat en étant membre de l'OAS.
L'amour, au milieu de l'extrême violence, est très présent : celui d'un fils pour son père mais aussi celui d'un homme qui n'a jamais oublié son amour de jeunesse, la mère de son fils à laquelle il a été arraché par la 2ème guerre mondiale, envoyé combattre pour la France, pour défendre un pays qui n'était pas le sien.
L'arrière-plan historique, très bien documenté, est très prégnant, c'est un personnage à part entière; c'est lui qui oriente le destin des personnages. L'auteur a inscrit son intrigue dans une des périodes les plus sombres de l'histoire algérienne, avant l'Indépendance, au moment où les tensions, les haines sont à leur apogée. Il nous fait ressentir le mépris des colons français sans être manichéen, sans faire de généralisation, déclenche en nous la nausée lorsqu'il évoque la torture; il manifeste de l'empathie et de la sympathie pour les Algériens qui ont combattu pour la liberté tout en condamnant la violence aveugle.
Un très beau roman dont la fin nous réserve une surprise de taille, une leçon d'histoire vu par le prisme d'un jeune homme idéaliste, pétri d'humanité. Je regrette de n'avoir pas su, avant d'entamer ma lecture, que "De ruines et de gloire" est le dernier opus d'une trilogie.
#Deruinesetdegloire #NetGalleyFrance
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Akli Tadjer a un grand talent de conteur, aussi est-ce avec un réel plaisir que j'ai suivi sous sa plume le destin d'une famille algérienne entre 1939 et 1962.
Dans le troisième et dernier volet de cette saga, nous suivons Adam El Hachemi Aït Amar, jeune avocat de retour à Alger. Il croit à une Algérie indépendante et démocratique où les algériens de souche et les Européens vivraient en harmonie.
Akli Tadjer s'attarde, sans lasser le lecteur, sur le contexte politique : les partisans de l'OAS affrontent ceux du FLN, sous le regard de l'armée. le 18 mars 1962, le général De Gaulle a annoncé un cessez-le-feu. En représailles, l'OAS déclenche une insurrection : le 26 mars 1962, 8 jours après les accords d'Evian, les troupes françaises ouvrent le feu sur des manifestants civils favorables à l'Algérie française, rue d'Isly à Alger, faisant 46 morts.
Dans le cabinet d'avocat où il vient d'être recruté, Adam attend l'affaire qui fera décoller sa carrière. Contre ses convictions, il va accepter d'assurer la défense d'Emilienne Postorino, une jeune femme partisane intransigeante d'une Algérie française.
J'ai aimé ce roman pour le contexte historique mais aussi pour ces personnages que l'auteur nous invite à découvrir en mettant en lumière leur quête identitaire.
Adam, brillant avocat formé en France, incarne toutes les contradictions de cette génération prise entre deux cultures. Émilienne Postorino illustre la complexité de la situation des pieds-noirs pendant la guerre d'indépendance. Accusée d'un acte violent, elle se retrouve prisonnière de ses choix et de ses convictions. À travers ce personnage ambigu, miroir des déchirements de l'époque, Akli Tadjer explore la difficulté de trouver sa place dans une Algérie en pleine mutation.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste, chacun dans son rôle fait avancer l'histoire, tantôt politique, tantôt histoire d'amour ou d'amitié.
J'ai été absolument subjuguée par ce roman, où tout fonctionne parfaitement : l'intrigue addictive, les personnages profonds, et l'écriture subtile, parfaite.

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Akli Tadjer est un Français d'Algérie. Son roman est plein de poésie. Il écrit sur l'indépendance de l'Algérie. Chaque côté a droit à son portrait, il n'y a pas de tout blanc ou tout noir. Chacun a ses vérités, ses crimes et ses convictions. le gouvernement De Gaulle, les harkis, les proindépendantistes et procoloniaux, tout le monde passent devant la justice, aucun n'est épargné. Akli Tadjer est clairement pour l'indépendance de l'Algérie, mais ils s'évertuent à nuancer son discours, et surtout, il fait parler tous les acteurs de ce combat.

La faute de cette tragédie, les Français qui ont laissé leur coeur en Algérie, la volonté d'indépendance tout en aimant la France et la lassitude de la domination coloniale s'affrontent. Chacun a le coeur qui balance. L'Algérie est un pays de coeur et de passion.

Adam Hachemi Ait Amar est fils d'Algérien, il a vécu à Paris. Dès que ce fut possible, ils sont descendus de nouveau à Alger. Adam a passé les examens du barreau et obtenu un poste dans un cabinet d'avocat. Ils ne s'occupent que de cas mineurs. Cependant, plusieurs années à faire, la paperasse et les cas mineurs, c'est lassant. Quand est-ce que maître lui confiera une grosse affaire ? Ne dit-on pas attention à tes rêves ? Maître Reverdy lui confie une affaire où il s'agit de défendre une harki, Émilienne Posterino. Elle se bat bec et ongle pour que l'Algérie reste une colonie française. Elle serait même responsable d'un coup de feu sur la foule pour défendre des militants pro-OAS.

Les idéaux d'Émilienne sont à l'opposé de ceux d'Adam. Il ne peut la défendre. Il n'y arrivera pas. Il avait demandé une affaire d'envergure. Cependant, il a oublié l'essentiel, un avocat défend son client malgré ses valeurs et envers et contre tout. Émilienne Posterino est sa limite. Il n'en est pas capable. Les événements ne lui laisseront pas le choix. Il va devoir se battre contre ses valeurs et son métier de coeur. Adam cherche à défendre sa cliente. Il s'intéresse à sa vie. La frontière entre les deux camps est mince, mais il n'abandonne pas ses convictions. Cette empathie qu'il développe pour sa cliente est ce qui m'a le plus touchée. Il ne défend pas ses actes, mais il les nuance. Ceux-ci ont une histoire.

J'ai été ravie de découvrir la plume de l'auteur avec cette publication. Il ne tombe jamais dans le mélodrame, il donne une version plus complexe qu'il y a deux camps et deux idéaux qui s'affrontent.

En écrivant cette chronique, j'ai également lu des retours. Je suis curieuse et je voulais savoir si le livre avait plu. Et je découvre que ce livre est le troisième volet d'une série. J'ai dû manquer l'information. Dommage ! Cela ne m'a pas empêché d'apprécier ma lecture pour autant.

En bref
C'est une explosion de saveurs, de mots et de poésie pour un pays transcendant et passionné. Je suis admirative de la mélodie des mots et de la rapidité avec laquelle. Je me suis glissée dans cette histoire. Elle est belle, tragique et passionnante.
Lien : https://lesparaversdemillina..
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Bien forcé d'admettre qu'une trilogie peut garder un attrait en ne succombant pas au plaisir de séduire.
Akli TADJER est si libre dans l'écoute de ses personnages que, l'air de rien, il nous transpose dans une histoire plus vraie que nature, abandonnant toute idée de fiction. le personnage principal tire son nom de "Adamah, formé à partir du sol". Même si la quête engagée dans ce livre est différente des autres opus il est palpable que l'auteur lui-même s'est laissé façonné par cette terre commune, d'autant plus attachante qu'elle a su nous révéler que d'amour et de guerre, d'audace et de liberté, de ruines et de gloire, les forces des coeurs qui battent ne peuvent exister que dans des liens si forts et si fort bien trouvés.
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