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Critique de 4bis


C'est incroyable ce que le genre « bande dessinée » peut abriter de propos différents. Adepte de la ligne claire dans mon enfance, des facéties de Gotlib à l'adolescence, je tente aujourd'hui des incursions dans le roman graphique contemporain. Mais ici, on est encore dans autre chose car La rose la plus rouge s'épanouit n'est pas romanesque du tout. C'est une très sérieuse enquête sur la disparition d'une faculté dont l'homme s'est pourtant longtemps prévalu : la capacité à tomber amoureux. Pour suivre la piste d'un amour désormais impossible à éprouver, sont convoqués sur un pied d'égalité, des extraits de magazine people et quelques pointures sociologiques ou philosophiques : Eva Illouz, Byung-Chul Han, Platon, Erith Fromm, Randall Collins ou Kierkegaard.
Le cas des amours sérielles de Léonardo di Caprio, qui n'a de crush que pour des mannequins de maillots de bain, sert de fil rouge à ces interrogations. La fascination qu'éprouve toute midinette pour les stars permet d'accrocher la problématique tout en lui conférant un caractère caricatural qui la laisse confortablement à distance de nos propres comportements moins outranciers mais tout aussi révélateurs de cette incapacité contemporaine à tomber amoureux. Je me suis donc trouvée triplement happée : par le désir d'apprendre quelque chose sur Léonardo di Caprio (je partais de très loin, l'ayant plus ou moins laissé à l'époque où il coulait sur un iceberg et j'ignorais ainsi tout de sa fascination pour les catalogues de lingerie), par une scénarisation habile qui utilise tous le potentiel graphique de la mise en case et par la facilité à (re)découvrir la pensée parfois complexe d'auteurs ici obligeamment organisée afin de servir la démonstration. Liv Strömquist traite vraiment son lecteur comme un roi !
Sur le fond, le propos tient les promesses de la forme et sans dévoiler la résolution du mystère, je dirais juste qu'elle a beaucoup à voir avec une société individualiste qui empêche que l'on voie l'autre autrement que comme le miroir d'un narcissisme à rebooster, qui maximise le choix au détriment d'une persévérance à entretenir la mini religion que constitue une vie de couple sur la longueur. Rien de très jojo donc, mais comme c'est expliqué de manière aussi stimulante qu'amusante, ça passe crème.
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