Après la perte de son fiancé lors d'un accident de la route, Lydia essaie de faire son deuil mais ne se remet pas de la disparition de son promis. Elle prend alors des somnifères afin de mieux dormir et découvre durant ses phases de sommeil une vie parallèle où son fiancé est encore bien vivant…
J'avais adoré le premier roman de l'auteure qui avait réussi à nous offrir une comédie romantique poignante et pleine de charme. Je me suis donc lancée dans la lecture de son second récit dès sa sortie en poche. Et je dois dire que même si cette histoire a un certain charme, elle n'arrive pas à la cheville de la précédente.
Dans ce roman, l'auteure aborde la thématique complexe du deuil. Notre personnage principal, Lydia, n'est donc pas des plus sympathiques-mais qui l'est vraiment durant ces moments difficiles ?- embourbée dans un travail de deuil qu'elle ne parvient pas à surmonter. Je trouve que l'auteure est parvenue à bien retranscrire la douleur et le poids du quotidien après la perte de l'être aimé, les difficultés des proches pour témoigner de leur soutien, ils ne savent en effet jamais trop comment réagir ni quoi dire dans ces moments difficiles. Mais les passages les plus touchants sont ceux partagés par Lydia et Jonah, meilleur ami du défunt présent au moment de l'accident. Ce personnage est vraiment le point fort du roman et j'aurais aimé le voir un peu plus souvent dans ce récit. Il est extrêmement émouvant dans sa vulnérabilité et son sentiment de culpabilité, son ami ayant fait un détour pour venir le chercher. Je trouve également que l'auteure a su aborder habilement le thème du ressentiment, celui que Lydia a inconsciemment à l'idée que sans ce détour, son fiancé serait toujours là. Vous l'aurez donc compris, j'ai particulièrement apprécié cette relation complexe entre deux êtres qui vivent le même deuil mais dotés de sentiments différents vis-à-vis de celui-ci. de même, à travers cette relation amicale,
Josie Silver n'ignore pas l'épineuse question de l'intensité et de la légitimité du deuil. Dès lors, elle nous amène à réfléchir sur le « concours » du « qui souffre le plus » qui s'installe inconsciemment dans l'imaginaire collectif, la souffrance de la fiancée étant socialement acceptée comme étant a priori la plus grande, à un niveau au-dessus de celle du meilleure ami. Ces sentiments sont intelligemment traités et l'auteure fait en sorte que ses personnages n'ignorent pas la complexité de ceux-ci tout en essayant de les surmonter via le dialogue.
Venons-en désormais à l'autre point du roman, la vie parallèle. le pourquoi de l'existence de cette vie n'est pas ce qui intéresse l'auteure. Non, on comprend que cet axe narratif est là pour montrer le lent processus de deuil de Lydia qui se réfugie dans ce monde a priori parfait, car Freddie est encore là. le fait que l'auteure nuance cette vie idyllique au premier abord par des tracas quotidiens sans tomber dans le sensationnalisme est également un élément positif. On aurait en effet pu penser qu'elle joueait la carte tromperie pour faire réaliser à Lydia que sa vie maritale avec Feddie n'aurait pas été toute rose, mais non, elle ne tombe pas dans ce travers là, dieu merci ! Bref, même si ces passages n'ont pas été mes préférés, je les ai tout de même appréciés car ils permettent à Lydia de réfléchir sur sa vraie vie sans forcément tomber dans les diatribes du développement personnel.
Jusque-là, et ce n'est que mon ressenti personnel, je trouvais donc que l'auteure avait su aborder intelligemment, sans trop de pathos mais sans bienveillance extrême non plu, cette thématique du deuil. Mais j'ai moins adhéré aux étapes constituant la phase de reconstruction. J'ai trouvé celles-ci beaucoup trop clichés et attendues.
Ainsi, le personnage, qui n'a connu que Freddie, tombe sous le charme d'un homme (attention ce n'est pas cela qui me pose problème) et passe à la vitesse supérieure extrêmement vite tout en ayant conscience que ce n'est qu'un moyen de se reconstruire. Ces passages autour de la « relation pansement » m'ont semblé un peu trop galvaudés, le message transmis étant que l'on ne peut surmonter un deuil amoureux que via une aventure passagère avec un gentil garçon qui n'en demande pas plus de son côté. J'ai trouvé ce point trop cliché et , avouons-le, il n'apportait pas grand chose à la construction du personnage. Car la complexité des sentiments amoureux et la difficulté d'aimer à nouveau sont beaucoup mieux traitées à la fin de l'histoire. Bref, cette amourette de passage ne m'a pas paru indispensable et laisse trop penser qu'il n'y a pas d'autre alternative pour se remettre de la perte de l'être aimé.
Autre point qui m'a fait tiquer, c'est le voyage de l'héroïne. Là encore, cela nous laisse penser que le seul moyen de fuir le quotidien, c'est de fuir géographiquement ( pas de chance pour ceux qui n'en ont pas les moyens...) de plus, contrairement à ce que je disais plus haut, comme quoi certaines thématiques étaient traitées de manière réaliste, nous avons ici affaire à des concours de circonstances beaucoup trop angéliques pour être crédibles : l'héroïne débarque dans un pays qu'elle ne connaît pas, dont elle ignore la langue, et tombe miraculeusement sur un chauffeur fiable dont la femme a une petite pension idyllique. Excusez mon pessimisme, mais je trouve cela beaucoup trop beau pour être vrai. Plus le récit avançait, plus je trouvais que l'auteure tombait dans des facilités attendues, ce qui m'a donc empêchée d'apprécier le roman dans son intégralité. Ainsi, pour résumer mon ressenti, je trouvais les premières phases du deuil bien traitées alors que celle de la reconstruction ne va pas plus loin qu'un ramassis de clichés vus et revus dans plein d'autres bouquins. L'histoire a donc peu à peu perdu de son charme et c'est quelque peu dommage. Mais heureusement, ce charme refait son apparition lors du retour de Lydia en Angleterre.
Il n'en reste pas moins que j'ai aimé cette lecture, mis à part les petits points mentionnés auparavant. Mais comme dans son premier roman, je ne peux m'empêcher de regretter que l'auteure s'arrête là où les personnages commencent à construire quelque chose. J'ai l'impression que cela devient un mantra chez
Josie Silver. Et là où c'était rafraîchissant dans le premier récit, c'est assez frustrant dans le second.