Avant d'aborder le fond, un petit mot sur la forme… Des tons sépia, une majorité de plans rapprochés sur les nombreux personnages, des dessins qui sont proches de croquis. Cette impression d'urgence dans les traits collent à la tension qui parcourt cette chronique. Mais, malgré cette unité, ces planches se concentrant à mettre en valeur un scénario haletant, je reste quelque peu frustré par cette esthétique minimaliste.
Cette réserve liminaire n'empêche pas un jugement très positif sur ce livre qui témoigne d'un parcours personnel qui force l'admiration.
Taha Siddiqui est un combattant de la liberté. Nourri au fondamentalisme religieux, il s'est extirpé de l'obscurantisme grâce à des qualités morales et intellectuelles qui forcent le respect. le courage de ce journaliste est remarquable. Ce roman graphique est également passionnant parce qu'il expose, de manière limpide, la situation politique et historique pourtant complexe de ce pays, le Pakistan, qui après une naissance chaotique, a connu des bouleversements politiques importants. le livre revient sur des épisodes connus comme l'attentat de Karachi de mai 2002 et ses zones d'ombre et d'autres pages moins connues. Derrière les événements historiques, il y a toujours des femmes et des hommes et ce n'est pas le moindre mérite de cette contribution essentielle à la connaissance de cette zone du monde, que de pénétrer dans un quotidien éloigné du nôtre. Ce n'est qu'à la fin du livre que l'on comprend le sens de ce titre un peu énigmatique et que la curiosité pour ce Dissident Club est réveillée.
Une fois, de plus, je ne peux que remercier, la bibliothécaire passionnée de mon patelin de m'avoir imposé cette lecture. Il n'est parfois pas si désagréable d'accepter des ordres.