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4,07

sur 834 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens de refermer le livre de Jean-Luc Seigle, et je suis sonné par ce que je viens de lire. Que dire d'original sur un roman qui possède une telle force, qui vous chavire avec une telle émotion, estomaqué par sa puissance narratrice.
Monsieur Seigle vous venez de signer un livre qui longtemps m'habitera. Souvent des romans sont couronnés pour de mauvaises raisons, celui-ci lauréat du Prix RTL-Lire mérite ce prix pour les dix années à venir.
Oui, je vieillis et j'ai pleuré en lisant votre roman.
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En vieillissant les hommes pleurent de Jean-Luc Seigle est une véritable pépite.

Dès les premières pages, on ressent le spleen d'Albert, ouvrier de nuit chez Michelin, habité par la pensée de mettre fin à ses jours. Si sa détermination est bien réelle, il lui manque la motivation justifiant son acte. Au fil des pages, on découvre sa famille : Sa femme Suzanne, lassée du tablier de ménagère accomplie qu'elle bannit pour porter des robes de sa création, réveillant ainsi la féminité qui sommeillait en elle au fil des années de mariage. Leurs deux fils, Henri et Gilles ont un caractère diamétralement opposé. Tandis que Gilles trouve son bonheur dans la lecture, dont Eugénie Grandet de l'illustre Honoré de Balzac, Henri se bat en Algérie, au grand dam de Suzanne pour ce fils préféré. Madeleine, la mère d'Albert, usée par le labeur, les accouchements et les fausses couches perpétrées par les faiseuses d'anges, vit dans ce foyer où le modernisme prend un essor considérable. La récente installation d'un téléviseur va provoquer un bouleversement et pas des moindres, au sein de la famille.

Ce roman m'a profondément touchée, et c'est encore peu dire. Albert, un taiseux, perdu dans une réalité dont il se sent exclu est plutôt attachant par ses réflexions et l'admiration qu'il porte à Gilles, ce fils littéraire pour lequel le geste représentera plus que la parole, son acte d'amour pour sauver Henri de cette guerre qui n'en finit pas de miner Suzanne. le respect pour cette femme âgée qui l'a mise au monde est entier.
Certains passages sont terriblement émouvants, de ceux que l'on n'oublient pas. Notamment, celui dans lequel Albert effectue pour la première fois, la toilette intégrale de sa mère, découvrant sa nudité, où chaque parcelle de ce corps qu'il touche, est décrite avec tant de grâce et de pudeur, que l'on retient presque son souffle.
Un récit simple, bouleversant, écrit avec une sensibilité à fleur de peau.

Et si les hommes pleurent en vieillissant, les femmes pleurent en le lisant.
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Je referme à l'instant ce livre. Journée du Patrimoine. Étonnant.

Cet ouvrage est une bombe. Les dernières déflagrations résonnent encore en moi. Comme le flot des larmes sur les joues des hommes qui songent aux champs de bataille, dans le secret de leurs nuits, mes émotions ruissèlent, et je pense à nos aïeux, à tous ceux à qui l'on n'a pas eu le temps de dire adieu.
À ceux qui ont déterré les souvenirs écrits entre les lignes, enfin surtout sur la ligne Maginot.

Je me demande si, sans le savoir, je n'ai pas souri à l'un d'entre eux, dans un couloir :
« Certains sont encore vivants aujourd'hui, on peut les trouver dans les couloirs des hospices, poussant des déambulateurs. Mais qui entend ce qu'ils racontent la nuit quand ils pleurent et qu'ils se pissent dessus en se souvenant de la fin de l'imaginot ? ».(Page 344)

Durant les derniers mois du grand âge, certains semblent perdre la raison. Leurs mots pour vous ne semblent avoir aucun sens, mais en réalité, ils règlent souvent des histoires de leur passé, afin de partir en Paix.

Chaque livre est une rencontre. Pour moi, pas de souvenirs de guerre racontés par un grand-père, non.
Ce livre m'a bousculée pour d'autres aspects, pour celui qui raconte les personnes âgées, celles de ce temps-là.

Ces femmes, qui dans le plus grand et douloureux secret, se défaisaient d'un enfant à venir, quand l'enfant déjà venu était parti au front.
Ces hommes qui culpabilisaient d'être à la maison, leur vie plutôt derrière, quand leur fils était envoyé à la guerre, pas sûr d'avoir la vie devant.

Aucune lecture n'arrive au hasard, j'en suis sûre. Ce titre, je le vois depuis des mois sur babelio, et c'est seulement maintenant que je l'ai lu... quand justement il parle d'un fils qui doit faire la toilette à sa maman âgée, que c'est impensable en effet, sauf cas de force majeure... La fille encore, elle peut peut-être assumer,(je le déconseille), mais le fils ? Il décrit tellement bien le désarroi dans les yeux du fils, ce désarroi que j'ai vu chez moi... il faut des relais, du personnel spécialisé pour ces choses-là. Je vous confierai même que, c'est à ce moment-là, que la vieille Dame a complètement perdu la tête, comme pour ne pas voir un fils, mais quelqu'un d'autre. Les psychiatres disent parfois que perdre la tête c'est une manière de répondre au dilemme : Partir ou Rester ? Être ici et maintenant, dans une réalité devenue insupportable, mais comment ?
« Je suis encore là et parti en même temps ».

Moi, je reste encore un peu pour pouvoir lire davantage de livres terroristes, de ceux qui vous explosent en pleine poire durant un samedi pluvieux.
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Ce livre va rester longtemps dans ma mémoire ; on pourrait le sous-titrer « Chronique d'une mort annoncée », si Gabriel Garcia-Marquez ne l'avait déjà pris…

On fait la connaissance du héros, Albert, un taiseux revenu de la deuxième guerre mondiale, avec une plaie béante dans le coeur, d'autant plus qu'il n'a jamais pu raconter ce qui lui était arrivé (prisonnier de guerre et aussi du mensonge qui a entouré l'histoire de la ligne Maginot) et qui va voir sa vie lui échapper.

Au retour, il retrouve un mariage raté, avec Suzanne, un fils aîné Henri, âgé de cinq ans, qui hurle lorsqu'il veut le prendre dans ses bras et dont il ne pourra jamais être proche. Il a l'impression de devenir le tiers dans le couple formé par Henri et sa mère… plus tard, viendra Gilles, un second fils alors que le mariage bat de l'aile et que Suzanne n'acceptera et n'aimera jamais, tellement éprise de son fils aîné, ingénieur qu'elle n'hésite pas à parer de tous les talents.

Gilles est un gamin qui m'a beaucoup touché, par son amour de la littérature et son amour De Balzac qu'il découvre en ayant choisi par hasard « Eugénie Grandet » dans la bibliothèque de son frère (sacrilège, il a osé toucher un livre d'Henri, en fait sa mère ne supporte pas qu'on touche au mausolée…)

Par contre, la relation que Gilles tisse peu à peu avec son père est très forte, c'est une vraie complicité qui n'a rien du lien Suzanne-Henri. Elle est profonde, sincère et pleine de pudeur.

Albert sent que sa vie lui échappe, qu'elle ne l'intéresse plus car le passé s'en va, plus rien ne sera comme avant et il n'arrive pas à l'accepter et se sent inutile. Il n'a pas forcément envie de mourir, il voudrait seulement que la vie s'arrête, du moins au début. Il va confier Gilles à son voisin, instituteur à la retraite pour l'aider à l'école.

« En vieillissant, les hommes pleurent. C'est vrai. Peut-être pleuraient-ils tout ce qu'ils n'avaient pas pleuré dans la vie, c'était le châtiment des hommes forts. » P 30

Jean-Luc Seigle nous entraîne dans une chronique du temps qui passe, au sein de la famille comme au sein de la société en pleine révolution de l'après-guerre : il oppose l'attachement au passé d'Albert et la volonté de tout changer de Suzanne qui bazarde, pour des sommes ridicules, tous les meubles anciens, pour acheter du formica, ou des appareils modernes et le fameux téléviseur, sans se rendre compte qu'elle détruit Albert (est-ce que vraiment elle ne s'en rend pas compte, je n'en suis pas si sûre, vue la rage qu'elle y met ? )



« Ce fut donc avec la plus grande application et la plus grande dévotion qu'elle se mit à détruire le monde d'avant-guerre pour tenter d'y rebâtir un monde nouveau. » P 39


L'histoire a l'air toute simple, mais on comprend vite les relations ambigües, parfois à la limite de la toxicité, entre tous les membres de cette famille : la soeur et surtout la mère d'Albert, perdue dans les brumes d'Alzheimer, m'ont beaucoup touchée, notamment la scène où Suzanne demande à Albert de faire la toilette de sa mère…

Jean-Luc Seigle nous livre aussi une belle chronique sur le monde rural, en plein désarroi pour cause de la politique de « remembrement » lancée par le ministre de l'agriculture du général De Gaulle, et oui, le malaise du monde agricole ne date pas d'hier ; lui-même est obligé de travailler à l'usine, car il ne peut vivre des seuls revenus de sa terre : est-on paysan par vrai choix et y a-t-il un avenir?

J'ai aimé aussi la manière dont il parle De Balzac qui entre dans la vie de Gilles, comme roman initiatique, car « Eugénie Grandet » a aussi été choc pour moi, vers douze ans, en me faisant entrer dans le monde de la « grande littérature » ; la découverte de cet univers par Gilles me rappelle tant de souvenirs et d'émotions…

Je pourrais parler de ce roman pendant des heures tant les thèmes abordés m'ont touchée, de même que l'écriture simple mais précise, décrivant les émotions avec juste ce qu'il faut de retenue, pour que les héros nous plaisent (enfin pas tout, j'ai adoré détester Suzanne !) et nous semblent authentiques.

J'ai attendu longtemps avant de lire ce roman, car je me méfie de l'engouement médiatique, et préfère prendre mon temps, attendre le bon moment et c'est un véritable uppercut, une belle rencontre…
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Pourquoi pleurent-ils, les hommes vieillissants ? de regret ? de remords ? de nostalgie ? Ou tout simplement de vague à l'âme ?

Albert pleure.
Sa femme s'est éloignée de lui, tout entière tournée vers son fils ainé, le chéri, parti à la guerre en Algérie, dont elle attend fiévreusement les lettres, au point de négliger le plus petit, Gilles, 11 ans.
Que lui reste-t-il, à Albert ?
Le poids du passé, lui qui a été prisonnier en Allemagne après l'attaque de la ligne Maginot. Nous sommes en 1961, mais les sarcasmes demeurent.
André ne se déprend pas du passé, au contraire, il l'accepte, l'accueille même. C'est difficile de cohabiter avec la modernité qui s'invite.
Albert renâcle.
Mais Albert aime les siens. Il trouvera la solution pour qu'ils soient heureux.
Albert pleure.

Plein d'intériorité, ode à la lecture, aux ancêtres, à l'Histoire et aux temps révolus, le roman de Jean-Luc Seigle m'a subjuguée. Quelques scènes m'ont même arraché des larmes, par leur tendresse vive, leur pudeur et leur profondeur. La vieille maman atteinte d'Alzheimer, le petit garçon avide d'amour et de reconnaissance, le vieux maître d'école bienveillant et compréhensif, et Albert, surtout, Albert qui pleure parce qu'il aime trop…tous ces personnages donnent chair à ces pages où le Temps se faufile et nous nargue.

Intense et pénétrant.
Remarquable.
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Sa vie n'est ni bonne, ni mauvaise... elle n'a seulement plus ni sel, ni douceur. Pourquoi continuer ?
Qu'est-ce qui le retient encore ?
Sûrement pas cette épouse si changée qui tend vers un modernisme qui, lui, ne l'intéresse pas.
Ni cette infidélité qui se pointe...il n'est pas dupe, mais ce rapprochement entre elle et le facteur le laisse quasiment indifférent.
Ni ses souvenirs d'un épisode guerrier peu glorifié.
Ni ce fils aîné qui est vraiment trop loin de lui.
Ni leur terre presque abandonnée.
Ni sa mère déjà sur une autre rive.
Ni cette petite soeur trop aimée... impossible à aimer.
L'avenir de ce fils cadet qui aime lire, peut-être...

Ce qui a été ne sera plus... et l'avenir se promet sans goût.
Sur une journée, on voit toute une vie qui glisse, glisse, glisse...

Les histoires tristes sont souvent les plus belles... celle-ci est l'exemple qui confirme la règle.
Triste, belle... émouvante jusqu'aux larmes... aux larmes des hommes vieillissants.
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En deux lectures, Jean-Luc Seigle est devenu mon auteur contemporain préféré. Mais quel est ce prodige ? : « Grâce aux mots, à la manière de les agencer, je suis parvenu à sauter dans le décor, sans même me rendre compte que c'était une part de mon histoire que je revivais. »
Tellement dépendant que même cette courte phrase est adaptée librement de ce roman.
« C'est toujours un mystère ce que l'on retient d'un livre. »
Dans l'atmosphère provinciale auvergnate des années 60, du remembrement des terres initié par De Gaulle, de la guerre d'Algérie, de l'arrivée de la télévision dans les foyers, l'intimité du couple Albert-Suzanne est disséquée, fouillée.
Dans leur maison ancestrale où le cuivre brille au « Mirror » et où les parquets reniflent l'encaustique un drame se joue. La joie, la détresse, l'amertume d'une vie, tout est passé au tamis de la fine écriture de ce romancier : « Il avait l'impression que le livre parlait de lui, comme lui-même n'était pas encore capable de le faire. »
C'est le bilan d'une existence, émouvant, profondément.
Lui, éperdument passéiste. Elle, passionnément tournée vers l'avenir. La télévision, fraichement éclose sera le déclencheur qui précipitera le dénouement de cette tragédie. Impressionnant dans la justesse des situations et des propos.
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Je me rappelle ce livre tout en pudeur qui m'a particulièrement ému. Le titre, magnifique, est déjà comme un geste que l'on retient aux abords de la vie, là où tout commence, où tout finit peut-être en même temps, une invitation à se pencher sur l'indicible et le désespoir : En vieillissant les hommes pleurent.
Je ne connaissais pas son auteur, Jean-Luc Seigle, avant de découvrir ce roman sensible. Je ne savais pas qu'on pouvait parler aussi bien du silence, de l'abîme dans le cœur, de la vie que l'on retient par nos gestes. Il faut beaucoup de grâce pour cela.
Nous sommes en 1961, précisément le 9 juillet, et l'auteur nous invite au fil des pages à entrer dans la vie de la famille Chassaing. Albert est ouvrier de nuit chez Michelin. Il est las. Il voudrait en finir avec la vie, mais il n'a pas la force de passer à l'acte. C'est un spleen, une mélancolie à l'âme, une vie terne dans laquelle il ne sait plus trouver de sens, quelque chose qui vient sans doute de loin, de très loin, de cette guerre presqu'ancienne puisqu'une autre rugit là-bas de l'autre côté de la Méditerranée. Sa femme Suzanne, elle aussi est lassée de cette vie ordinaire de femme au foyer, de ce mariage raté, mais elle voit que les temps changent. La modernité arrive à grands pas dans la vie de tous les jours. Suzanne est prête à s'en saisir pour réveiller son existence de belle endormie. Elle est prête à tout pour cela.
Ils ont deux enfants. Henri, le préféré de Suzanne, l'enfant qu'Albert n'a quasiment connu qu'au retour de la guerre, et à cause de cet éloignement, de cet enfant qu'il n'a pas vu grandir, il y a une distance entre Henri et lui. Et puis il y a Gilles, l'enfant arrivé plus tard. Une belle connivence est née entre Albert et ce fils dans lequel il se projette et tente de transmettre des rêves qu'il n'a pas su mettre en oeuvre. Enfin, il y a Madeleine, la mère d'Albert, qui vit dans la maison de la famille Chassaing, elle est vieille, usée par son travail, touchante dans les gestes que lui porte son fils aimant.
Et puis nous sommes au début des années 1960. Henri est parti comme soldat combattre dans la guerre d'Algérie. La télévision entre dans les foyers, le formica aussi. C'est aussi la volonté de Suzanne. Personne ne soupçonne encore que ce drôle d'objet volumineux qu'est le poste de télévision et qui entre par irruption dans leur vie quotidienne, va totalement la bousculer...
Nous sommes précisément le 9 Juillet 1961. C'est juste une date comme une autre, posée là sur le calendrier et dans la vie ordinaire de la famille Chassaing, sauf que c'est le jour où le téléviseur entre dans la maison, il devient comme le centre du monde, c'est une fenêtre qui le soir venu s'allumera pour parler de la guerre d'Algérie et peut-être, espère Suzanne, montrer le visage de son fils qui lui manque tant...
Sur cette journée qui se déroule comme une autre, nous voyons les personnages entrer dans le décor, se mettre en place, parfois là où ils doivent être, parfois aussi de manière décalée, insolite, portée par la vie qui passe par là, celle qui les amène parfois justement à faire ce petit pas de côté...
Albert ne sait pas bien dire les choses, c'est un taiseux. Il ne sait plus vivre sa vie. Comment transmettre des rêves que l'on porte à un fils que l'on aime. Gilles est différent des autres enfants, différent de son frère Henri, mais sans doute si proche de la sensibilité d'Albert. Gilles est passionné de lectures, il aime Balzac plus que tout et notamment Eugénie Grandet, ce n'est sans doute pas un hasard.
Comment transmettre à ce fils complice quelque chose que l'on n'a pas, du rien, du vide, ce que l'on ne sait pas dire, impuissant par les mots. Alors Albert a une merveilleuse idée de « confier » son fils à un instituteur en retraite. C'est comme une adoption en quelque sorte, ce geste s'accomplit par l'amour des livres.
Les vies sont parfois faites de routes qui se frôlent, s'effleurent, mais ne se croisent pas au bon moment. Laissez-vous prendre la main, pleurer un peu dans le silence des choses qui se défont au sein d'une famille qui nous ressemble sans doute un peu, sinon pourquoi s'en émouvoir, les pages de ce livre ont une grâce qui vous porteront avec légèreté jusqu'à son dénouement.
Ce roman est la preuve qu'on peut écrire sur le désespoir, mettre des mots sur le silence, tout en célébrant la vie...
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Dire que j'ai apprécié ce livre serait un euphémisme. Je l'ai vécu de l'intérieur, m'identifiant tour à tour à l'un ou à l'autre personnage tant l'histoire contée est entrée en résonance avec ma propre histoire sans que pourtant rien n'y ressemble de près. Seigle est un magicien qui décrit avec subtilité tout ce sur quoi il est difficile de mettre des mots et qui procède des émotions réprimées. J'ai pioché çà et là plusieurs citations, trouvant quasiment dans chaque page une bribe qui méritait d'être extraite tant elle portait de sens même en dehors de son contexte. Je m'aperçois que je ne suis pas la seule. C'est selon moi, en accord avec la note moyenne des lecteurs, un gage non seulement de la qualité de l'écriture mais de la finesse de la pensée de l'auteur.
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Dans cette lecture que nous propose Jean Luc Seigle, Albert est un paysan attaché à ses terres et également un ouvrier de nuit chez Michelin.

Il est peu loquace avec les siens depuis son retour de la guerre, à cause de sa captivité, mais il n'est pas dénué d'intelligence, un homme de coeur qui pense au bien être des siens.

De son union avec Suzanne, naitront deux fils. Henri, ingénieur, parti à son tour sur le front en Algérie et Gilles, le petit dernier qui n'a pas de bons résultats scolaires, mais est un grand lecteur.

Il y a aussi la grand-mère paternelle, dépendante, emmurée dans sa chambre, mais dont ils prennent bien soin et puis la famille élargie qui vient leur rendre visite régulièrement.

Suzanne est dans une souffrance maternelle, elle n'arrive pas à s'épanouir avec son époux parce qu'elle s'enferme dans une relation épistolaire avec son ainé. Elle incarne dans cette histoire la modernité avec son changement de look, la photographie, l'arrivée du réfrigérateur, de la télévision… Ils voient leur fils soldat à l'écran et sont rassurés.

Albert est dans le désespoir, il sait ce qui se trame. Lucide, abandonné, délaissé par son épouse, il fait connaissance avec un instituteur qui vient s'exiler à la campagne près de chez eux.

Un lien étroit va se nouer avec Gilles, une belle amitié qui va changer la trajectoire de vie de ce jeune enfant et le faire grandir.

En vieillissant les hommes pleurent, est un récit poignant, où la simplicité des personnages est à son apogée mettant en avant la bonté et le désespoir d'un homme faisant contradiction avec son épouse belle et fuyante face à son destin.
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