J'ai littéralement eu le coup de foudre pour ce livre dès que je l'ai vu dans la vitrine de la librairie ! La couv ? le titre ? le bandeau signé
Thomas VDB ? Sûrement les trois, même si je ne connais pas Breaking bad, mais j'adore
Thomas VDB... Ma fille aussi tentée que moi ! Nous sommes donc reparties de là avec le dernier exemplaire sous le bras.
Grand bien nous en a pris !!!...
Dès la première page j'ai aimé... le style, l'écriture sarcastique, drôle, énergique, à l'humour caustique, le langage, qui me parle à moi comme moi je parle, et puis les réflexions marrantes sur les gens et la vie. C'est politiquement incorrect, voire carrément immoral mais putain qu'est-ce que c'est bon à une époque où on doit bien mesurer chaque parole qui sort et où, par exemple, manifester pour une bonne cause est devenu très mal.
Jacky Schwartzmann met des "horreurs" dans la bouche de Thibault Morel qui est CPE dans un collège en zone sensible, il a des pensées, des idées, des réflexions sur le consumérisme, la superficialité et la futilité, que j'ai adorées. Et je me suis mise à imaginer le surgé de mon adolescence parler comme ça, le mal surnommé Baloo, costard-cravate, gros connard et distributeur de baffes. Et non, ça le fait pas !
Thibault, et Myriam sa voisine, deviennent dealer pour la bonne cause et experts en blanchiment d'argent sale. Des Robin des bois de la zone en somme. Ils dealent et font le bien autour d'eux et on part dans des délires souvent très drôle. Ça nous présente le trafic de drogue comme une économie parallèle indispensable qui fait du bien à tout le monde. Tiens, tiens…
Je mettrai toutefois un bémol dans ce roman. J'ai failli l'adorer. Mais page 60, ceux qui ne veulent pas de porc à la cantine ont raison alors que ceux qui veulent manger végétarien sont des ayatollahs de la bouffe. Pourquoi ??? Sans porc c'est bien, sans viande c'est haram ?? Hallal oui, veggie non ! Mais qui pense ça d'ailleurs ?
Jacky Schwartzmann ou Thibault Morel ? Parce que là, tout comme Thibault Morel juge les crétins de tous poils qui ont des valeurs foireuses, il pourrait s'auto-juger pour intolérance crasse, zéro empathie, ouverture d'esprit en berne et conscience écologique inexistante. Finalement, pages 104 et 105 on a la preuve que Thibault est un crétin borné qui parle de ce qu'il ne connaît pas, assénant au passage des clichés ressassés jusqu'à l'écoeurement "[…] nous mangerions du foin et des pruneaux arrosés de jus de pissenlit". Dommage, je l'aimais bien avant d'avoir la certitude que c'est un ayatollah du carnisme avec une pensée de boomer. Et encore une couche page 200 et 201 : antispéciste militante = asexuée. Waouhhh c'est du lourd ça ! Surtout du gros relou ! L'auteur aurait-il des comptes à régler ? Mais revenons à nos dealers…
Ils font le bien de beaucoup de familles dans le besoin, mais en vendant de la drogue. Hmmm, Hmmm… Auto-entreprenariat dans le
shit, ONG du spliff, vision à grande échelle, adrénaline, le grand frisson du risque mais le risque de se faire coffrer ou pire, se faire buter.
N'empêche, sous ces airs de grosse farce invraisemblable, ce livre nous énumère un paquet de travers de notre société et nous dit que l'égalité des chances c'est plutôt une vue de l'esprit. C'est le système d'qui prévaut quand on n'a pas la chance d'être né au bon endroit.
Ce roman embarque le lecteur dès la première page, l'écriture est fluide et dynamique. J'ai aimé beaucoup de choses, notamment ce que ça dit de nous, des salauds et des gens bien, du monde tel qu'il est, absurde et dégueulasse, qui porte certains très au dessus du sommet tout en laissant beaucoup d'autres dans le caniveau.
C'est souvent drôle et même jubilatoire, mais exaspérant tout autant. L'auteur se veut peut-être un peu trop donneur de leçon, pensant détenir La Vérité. Ou alors c'était du second degré, mais vraiment je ne sais pas.
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