En mai 1941, Sofia a seize ans. Depuis dix-huit mois, son pays, la Pologne, est occupé par les Allemands. Elle est juive, comme sa mère. Son père ne l'est pas, ce qui offre un statut « privilégié » à son épouse et à sa fille. Cependant, ce médecin est forcé de fermer son cabinet. La Waffen SS lui propose de former les médecins allemands. Pour protéger sa famille, il est forcé d'accepter. J'ai été bouleversée par la déchirure que les nazis ont provoquée dans son foyer. En travaillant pour l'ennemi, Friedrich a perdu le respect et l'amour de ses proches. Ils l‘accusent de pactiser avec le diable.
Depuis sept mois, Isaac est enfermé avec ses parents et sa soeur dans le ghetto de Varsovie. Chaque jour, cet adolescent aide son père à ramasser les corps qui jonchent les trottoirs. Il décrit les terribles conditions de survie. Son récit est glaçant et immersif. Ce jeune garçon fait preuve d'un courage exemplaire et d'une générosité exceptionnelle. En mars 1943, alors âgé de dix-huit ans, il est déporté à Auschwitz. Il se promet de veiller sur sa soeur.
Un jour, par sa fenêtre, Sofia observe les ouvriers, chargés de creuser la terre gelée de sa maison. Ce sont des prisonniers juifs. Isaac fait partie du nombre. La jeune fille est révoltée. Elle ressent un fort sentiment de culpabilité : elle est juive, mais bénéficie, pour le moment, d'un statut privilégié. Elle en veut à son père de se plier aux règles nazies, même si c'est pour la sauver. J'ai été très émue par ses questionnements, par son sentiment d'injustice et par ses actes. En effet, au péril de sa vie, elle tente d'adoucir le quotidien des déportés. Hélas, elle est rattrapée par le rouleau compresseur de la barbarie…
Ce roman est empli d'émotion, de douleur, de courage, d'amour et de sacrifice. Avec des possibilités différentes, en fonction de leur situation, chaque personnage veille sur des êtres chers. Les parents essaient de protéger leurs enfants. Ces derniers veulent sauver leurs aînés. Des fratries tentent de se soutenir. Et au coeur de la peur, l'amour parvient à éclore.
Deux voix s'expriment : celle de Sofia et celle de Isaac ; une troisième intervient parfois. Les trois m'ont bouleversée. J'ai été touchée par leurs valeurs, leur abnégation, les tourments de leur conscience et leur capacité à révéler la beauté des âmes au sein de l'horreur de leur situation. J'ai, aussi, été meurtrie par leurs épreuves et j'ai tremblé pour leur vie. Enfin, j'ai été ébranlée par certains destins. J'ai adoré
La Fille du Docteur.
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