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4,08

sur 521 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Salman Ruhsdie est avant tout pour moi l'auteur des Versets Sataniques, livre qui défraya les chroniques, mais pas que, à la fin des années 1980. Je me rappelle, jeune adolescente avoir été complètement abasourdie de découvrir que l'on pouvait tuer à cause d'un livre…
J'avoue que j'en étais restée là par rapport à sa bibliographie et c'est finalement grâce au Challenge BBC de Gwen que j'ai découvert « Les enfants de minuit », livre dont j'ignorais complètement l'existence….
Le titre est empreint de poésie et annonce tout de suite le thème du livre puisque « Les enfants de minuit « sont les enfants nés en Inde le 15 août 1947, date à laquelle ce pays accède enfin à l'indépendance et quitte la couronne britannique. le narrateur, Saleem Sinai, est donc un de ces nombreux enfants de minuit. Il va nous raconter son histoire, et à travers elle, c'est un pan de l'histoire de l'Inde que nous allons découvrir.
Je pense sincèrement être absolument incapable de raconter ou de résumer ce livre tellement il est dense et riche …
Ce livre est comme l'Inde, avec une multitude de facettes, de couleurs vives, d'odeurs d'épices, grouillant de personnages, d'éclats de rires, d'histoires dramatiques qui sont reliées entre elles (même s'il est difficile de ne pas perdre le fil, je dois le dire). La guerre avec le Pakistan est évoquée et m'a permis d'en apprendre un peu plus à ce sujet, étant relativement ignare dans ce domaine, je dois le reconnaître…
Un livre inclassable donc, qui m'a permis de découvrir pour la première fois la plume de cet auteur…

Challenge ABC 2020/2021
Challenge BBC
Challenge Pavés 2021
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Retour de lecture sur “Les enfants de minuit” un roman de Salman Rushdie, publié au Royaume-Unis en 1981. Cet auteur est surtout connu pour la fatwa dont il a fait l'objet en 1989, mais c'est d'abord un très grand écrivain. Ce livre a obtenu plusieurs prix littéraires et il est  souvent considéré comme faisant partie des meilleurs romans écrits en langue anglaise. On y retrouve, décliné en 3 parties, les ingrédients qui caractérisent son style narratif notamment le fait de mélanger mythe et fantaisie avec la vie réelle. La première partie raconte les origines de la famille de Saleem, le personnage principal, ainsi que sa naissance à Bombay. Il est né, avec 1000 autres enfants, au moment précis de l'indépendance de l'Inde. Il est le seul avec un autre enfant, avec lequel il a été échangé par sa nurse et qui deviendra son ennemi juré, à être né à minuit pile ce qui leur confère des pouvoirs magiques. Saleen a ainsi le pouvoir de lire dans les pensées des gens grâce à son nez. La deuxième partie raconte l'exode de sa famille au Pakistan. On apprend que les 1001 enfants possèdent tous des pouvoirs magiques mais que leur puissance dépend de la proximité de leur naissance avec minuit. Saleen finit par perdre son pouvoir suite à une opération et sa famille est tuée dans un bombardement. On le retrouve adulte dans la troisième partie ou il participe à la guerre du Pakistan contre le Bangladesh qui en était une province. Après un séjour dans la jungle, il retourne en Inde où il subit la politique très dure de l'état indien, avec un nettoyage du ghetto où il habite et sa stérilisation comme tous les autres enfants de minuit qui représentent un danger potentiel pour le pouvoir en place. Rushdie nous raconte là une saga familiale baroque, une véritable épopée qui mêle l'historique et le fantastique, racontée par un homme dont le destin est intimement lié à celui de l'Inde. C'est un roman assez particulier, avec une histoire incroyablement dense,  foisonnante, avec énormément de personnages. Une lecture très riche, avec une trame et une écriture de très grande qualité qui demande beaucoup de concentration. On passe continuellement de quelque chose de totalement fantastique digne des Contes des milles et une nuits, à une farce ou à une dénonciation violente du milieu politique indien. le tout est réalisé avec brio, c'est très bien construit, on voit clairement qu'on a affaire à un très grand roman. le point négatif réside dans le fait qu'il est très difficile de suivre le récit si on ne connaît pas l'histoire de l'indépendance de l'Inde, ni la culture indienne. Il y a continuellement des références historiques et culturelles, et celles-ci ne sont pratiquement jamais expliquées. Cela se comprend quand on voit la densité du scénario et la complexité de l'histoire de ce pays, le roman est déjà très long comme ça, mais j'ai trouvé que cela enlevait beaucoup au plaisir et à l'intérêt de cette lecture. Cela revient un peu à lire un livre dans une langue étrangère dont on ne maîtrise quasiment aucune subtilité. Ensuite, il faut également adhérer à une écriture d'une telle densité, il y a énormément de personnages, souvent appelés par des noms différents ou des surnoms. Il m'est arrivé d'être totalement perdu ne sachant pas si l'auteur évoque des personnages du roman dont je ne me rappelle plus ou s'il s'agit de personnalités de l'histoire indienne que je ne connait pas. Il y a continuellement des digressions et des explications sur des points de détails dont on ne saisit pas l'intérêt, probablement pour des raisons culturelles. Tout cela dans un monde qui alterne continuellement le fantastique et le réel, avec souvent plusieurs histoires en même temps imbriquées les unes dans les autres. Il faut vraiment aimer ce concept de "réalisme magique", ce mélange des genres est loin d'être ce que j'aime le plus. C'est donc un livre qui est littérairement intéressant, intelligent, terriblement bien construit mais qui m'a fatigué. Me sentant trop souvent exclu à cause de sa complexité, de ses références à la culture indienne et du manque d'intérêt pour ce genre narratif, la lecture a été longue et fastidieuse, elle ne m'a pas vraiment emporté, ou alors beaucoup trop rarement. C'est certainement un très bon livre, mais je n'ai pas su ou pu l'apprécier à sa juste valeur. La magie attendue n'a pas fonctionné.

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" Qui suis-je ? Ma réponse : je suis la somme totale de tout ce qui m'a précédé, de tout de ce que j'ai été vu fait, de tout ce qu'on m'a fait. Je suis tout le monde, toutes les choses dont la venue au monde fut affectée par la mienne. Je suis tout ce qui arrivera quand je ne serai plus et qui ne serait pas arrivé si je n'étais pas venu. Et je ne suis pas particulièrement exceptionnel dans ce domaine; chaque "moi", chacun des plus de six cents millions que nous sommes maintenant contient une multitude semblable. Je le répète pour la dernière fois : pour me comprendre, vous devez avaler tout un monde."

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Les Enfants de minuit, ce sont les enfants nés le jour de l'indépendance de l'Inde. Tous ceux qui sont nés entre minuit et une heure reçoivent certains pouvoirs magiques, qui rappellent curieusement les attributs de grands dieux hindous. Saleem Sinai, né à minuit pile, est le plus puissant d'entre eux, avec cependant un adversaire redoutable, né quelques secondes après lui dans la même maternité.

En suivant une famille originaire du Cachemire sur trois générations, Salman Rushdie nous emmène dans l'histoire de l'Inde et du Pakistan, au coeur de leurs naissances complexes, conflictuelles, des grands espoirs et des sévères désillusions que les deux jeunes nations ont suscitées.

Comme dans tous les livres de l'auteur, on sent cependant que ce roman « familial » cache quelque chose de plus grand encore. Que les Enfants de minuit s'affublent de noms de divinités hindoues n'a rien du hasard : chaque protagoniste incarne à lui seul un morceau de l'identité de l'Inde ou du Pakistan, et les conflits inter-personnels rejouent finalement les conflits à un plus haut niveau politique.

Le roman a un petit côté « Forest Gump », car le héros principal, Saleem Sinai, se retrouve toujours par accident impliqué dans les grands événements historiques de ces deux pays. Parfois, il les provoque même, à cause de bêtises d'enfant qui prennent des proportions démesurées.

Des personnages fascinants, une histoire riche, un humour toujours présent, … le roman a toutes les qualités pour faire passer un bon moment. Il n'est pas très « reposant » cependant, car ses multiples niveaux de lecture donnent toujours l'impression d'avoir raté une vérité universelle cachée dans chaque paragraphe.
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Même sans être un dévoreur de livre, vous avez certainement déja entendu parler de Salman Rushdie, romancier anglais né à Bombay et auteur de plusieurs best-seller dont un, "Versets sataniques" (1989) a été considéré comme blasphématoire par les musulmans et lui a valu une fatwa de l'ayatollah Khomeini, qui appelait tous les fidèles à l'assassiner.
"Les enfants de minuit" est son premier roman, paru en 1981 et a recu le Booker Prize la même année.



Pitch: Saleem Sinaï est un "enfant de minuit". Il est né à minuit le 15 août 1947, jour de l'indépendance de l'Inde et par cette naissance, lie à jamais son sort avec celui de la nation qui l'a vu naître. Tous les évenements sociaux, politiques ou économiques du pays trouvent leurs causes dans les évenements qui parsèment la vie de Saleem et de toute sa famille.
De plus, tous les enfants nés cette nuit-là entre minuit et une heure du matin (ils sont 1001) ont recu un don. Saleem, né à minuit-pile, a recu le don le plus puissant, le don de pouvoir investir l'esprit des gens, un don encore plus fort que de la simple télépathie et cela, enchevêtré avec le rôle de "symbole" dont il a hérité, fait de sa vie un canevas aux fils multiples et indémêlables.

Salman Rushdie nous livre ici une saga familiale baroque où l'on rencontre les grands-parents de Saleem au Cachemire, où l'on suit ses parents de Bombay au Pakistan, où l'on écoute chanter sa soeur, Jamila, où l'ont suit finalement toutes les aventures burlesques ou grandioses auxquelles Saleem, volontairement ou non, va participer.

C'est un roman riche, extrêmement riche, l'écriture de Salman Rushdie couplée au destin de Saleem Sinaï nous emmène tantôt dans un récit digne des Contes des Mille Et Une Nuits, tantôt dans un pamphlet politique rigoureusement exact, tantôt dans une farce vaudevillesque.
Car c'est tout le talent de Rushdie, celui d'arriver à concilier roman imaginaire et histoire, les deux paraissant impossible à mêler mais dont le mélange final est tout simplement fantastique: que l'on soit ou non un fanatique de l'histoire de l'Inde ou de l'Histoire tout court, on est forcément fasciné par la construction de ce pays aux mille visages, on apprend ou re-découvre des détails historiques sous couvert de suivre la vie d'une famille au destin marqué...

Le style de Rushdie est dense, je ne le nie pas, l'entrée dans le livre est difficile, car Saleem nous fait le récit de sa vie en usant et abusant des flash-backs, des digressions, des commentaires annexes, des détails sans queue ni tête.
Mais une fois entrée dedans, je ne l'ai pas lâché: dès que je me plongeais dans ces 675 pages, je voyais des saris or et pourpre, des madras, des rues poussiéreuses, je sentais l'odeur du curry , du poulet massala et des masures des intouchables, j'entendais les dizaines de dialectes se mélanger, j'étais transportée dans une Inde que je ne connais pas mais que Rushdie décrit avec tant de talent qu'il m'était impossible de ne pas être fascinée.

Un livre merveilleux, à ne pas manquer. Accrochez-vous au début et laissez-vous emporter au pays des rickshaws...
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Une épopée ,une saga familiale ,un conte non pas dit par une femme telle Shéhérazade dans les Mille et une nuits mais par un homme à sa future épouse ,un roman dense qui mêle Histoire et fantastique ,baroque et burlesque .On pourrait enchaîner avec d'autres qualificatifs , c'est un roman sur l'Inde depuis son indépendance jusqu'aux années 80 ,une critique virulente de ses différents gouvernements et chefs politiques qui partagèrent ce pays après plusieurs guerres fratricides , critique de ses religions :l'Islam ,l'Hindouisme ,le Bouddhisme ,de la corruption ,des inégalités sociales etc...C'est un livre dans lequel j'ai eu du mal à entrer ,fatiguée parfois par sa logorrhée mais qui au final m'a envoutée à l'image du pays lui-même et me laissera un souvenir tout à fait particulier.
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Un monde déconcertant, dans lequel fantastique et pamphlet politique se mélangent. On est parfois un peu perdus, mais le parfum est communicatif et attachant. J'aurais du me replonger avant dans l'histoire de l'Inde et du Pakistan pour en apprécier mieux les subtilités politiques. J'y reviendrai.
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Raconter une tranche de l'histoire d'un pays ou décrire une société par une saga familiale est courant, c'est sur la forme que "Les enfants de minuit" sort du lot commun.
Salma Rushdie fait preuve d'une imagination et d'une verves bluffantes, il marie le réalisme magique au roman picaresque dans une fresque torrentielle qui bouscule le lecteur.
L'histoire de la famille Sinai lui permet de mettre en perspective les différents visages de l'Inde et d'aborder les moments clés de son histoire récente.
Saleem le narrateur est né le 15.8.1947 jour de l'indépendance. Comme mille et un autres enfants nés vers minuit ce jour là il est doté de pouvoirs magiques qui lui donnent une perception aiguë des évènements. Au fil du roman les enfants de minuit seront pourchassés par le pouvoir indien qui les craint, cette dimension politique est majeure, le message de Rushdie est que l'Inde n'a pas su tirer profit de son potentiel immense, de ses talents incroyables comme ceux des enfants de minuits par la faute d'un pouvoir corrompu et de l'obscurantisme religieux qui a amené aux partitions sanglantes avec le Pakistan et le Bengladesh.
Si les deux premières parties sont plutôt enthousiasmantes, la troisième qui raconte la maturité de Saleem est laborieuse, le lecteur a l'estomac chargé et commence à voir les ficelles : l'emploi du fantastique permet à l'auteur de sortir facilement de ses impasses narratives. de plus le lecteur occidental ne saisit pas toutes les références à la culture et la mythologie indienne.
Il n'en reste pas moins que l'on est devant une oeuvre brillante et pleine d'humour qui mérite que l'on fasse des efforts pour suivre une narration endiablée, pleine de digressions humoristiques et d'images ensorcelantes.
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Saleem, le narrateur de ce roman fleuve, est né à minuit le 15 aout 1947, à l'instant où l'ex-empire des Indes accède à l'indépendance. C'est l'enfant tardif et difforme des Sinai, une famille prospère de musulmans non pratiquants. La filiation est trompeuse car la sage-femme chrétienne qui l'a mis au monde, et qui deviendra aussitôt sa nourrice, l'a échangé avec un autre enfant de minuit, Shiva, né du clown Wee Willie Winnie et de sa Vanita (sic), laquelle Vanita meurt en couches. Chez Perrault, la fable conterait les péripéties du retour de l'enfant dépossédé, mais nous n'y sommes pas du tout : Shiva reparaitra en assassin à la fin du livre. Dans l'immédiat, les Sinai reçoivent une lettre de félicitation de Nehru et les honneurs de la presse, car cette naissance à la seconde même de l'indépendance symbolise la genèse d'une Inde nouvelle. La saga commence dans la duperie, le non-sens, l'ambiguïté culturelle et religieuse, et dans la politique.

Saleem progresse en taille et en laideur avec une vitesse étrange, accepte sans surprise la bizarrerie de sa famille et de sa nourrice, subit la naissance de sa soeur le Singe de Cuivre et l'agressivité des enfants du quartier. A neuf ans, dans un épisode drolatique à la limite de l'inceste maternel, il découvre qu'il a le pouvoir de pénétrer les pensées d'autrui. A dix ans : Pour mon dixième anniversaire, de nombreux poulets vinrent à la maison pour y être rôtis (p 365), mais ce n'est pas l'essentiel : Pour mon dixième anniversaire, abandonné par un groupe d'enfants, j'appris qu'il y en avait cinq cent quatre-vingt-un autres qui fêtaient eux aussi leur anniversaire ; et c'est ainsi que je compris le secret de l'heure de ma naissance ; et, ayant été chassé d'une bande, je décidai de former la mienne, une bande qui s'étendait sur tout le pays, et dont le quartier général était derrière mes sourcils (p 367). Il forme la vocation paranoïaque de mettre au service de l'Inde sa prédestination, son rôle-miroir-de-la-nation et sa capacité magique. Il crée le Congrès des Enfants de Minuit, le réseau des survivants des 1001 enfants nés à l'heure fatidique.

Après ces évènements fondateurs, l'intrigue prolifère sur trois étages, personnel, familial et politique. Quand Saleem a onze ans, un rival de son âge lui tranche un doigt dans une porte, il saigne en jet, une transfusion est nécessaire, ses parents se proposent, les groupes sanguins font découvrir l'impossible filiation. La famille le tolère avec répugnance, fait faillite, migre au Pakistan. le Singe de Cuivre devient du jour au lendemain Jamila la Chanteuse au service de l'état Pakistanais, Saleem lui dévoile un amour interdit, elle le repousse, il s'engage dans l'armée, il perd la mémoire, il est recruté comme chien pour l'affreuse répression de la sécession du Bangladesh, c'est une progression en noirceur et une profusion d'évènements impossible à résumer, jusqu'à la liquidation des enfants de minuit par les sbires de la Veuve (Indira Gandhi).

Le narrateur, Saleem Sinai adulte, est assisté par sa maitresse Padma qui joue un rôle d'amplificateur : elle souligne les bizarreries du récit et le relance quand il faiblit. L'auteur assume pleinement le déni de vraisemblance dans l'histoire privée, dans le même temps qu'il souligne l'incohérence destructrice de l'histoire politique. le mélange du surnaturel (voir le chapitre Dans les sundarbans p 634) et de la cruelle absurdité des propagandes, des coups d'état, des tortures et des guerres (voir la relation du massacre d'Amritsar p 62) est une version noire du réalisme magique. Rappelons-nous le visage de Rushdie, sourire narquois, regard asymétrique, et sa vie recluse quand la fatwa de Khomeiny l'a condamné à mort. Son imagination est prolifique et son écriture virtuose, mais elles laissent partout un résidu amer : quand il compose pour Padma un péan solennel à la Bouse (p 54) ; quand il moque le prosélytisme (Bleu, dit très sérieusement le jeune prêtre. Toutes les connaissances actuelles, ma fille, nous incitent à penser que Notre-Seigneur Jésus-Christ était du plus beau bleu, comme un ciel pâle p 181) ; ou quand il résume en un trait la condition féminine au Pakistan (Une ville qui enferme ses femmes ne manque jamais de putains p 561).
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L'histoire de Saleem Sinaï, né à Bombay, à OH (minuit),le 15 août 1947, le jour de l'indépendance de l'Inde. Cette histoire commence le jour, où Aadam Aziz se cogne le front en faisant sa prière et perd la foi. Les héros du livre ont leur destin inextricablement lié à L Histoire ; Saleem, tout particulièrement, lui qui est né en même temps que l'Inde (de même que 1000 autres enfants).

C'est un roman foisonnant, coloré, odorant, baroque à l'effigie de l'Inde et de ses multiples communautés.
Saleem se sent plus indien que musulman et vivra avec désespoir la partition de l'Inde et la création du Pakistan puis plus tard celle du Bangladesh.
Durant cette période de 60 ans (30 ans avant la naissance de l'Inde, 30 ans après) , l'Inde aura vécu plusieurs guerres et de nombreux bouleversements dont l'avènement d'Indira Gandhi n'est pas le moindre, en particulier lors de la promulgation de l'état d'urgence.
Elle mettra en place la politique d'embellissement des villes en organisant la destruction des bidonvilles, jetant ainsi des milliers de gens à la rue ; le contrôle des naissances et la stérilisation forcée...
Saleem, l'alter ego de l'Inde, aura été malmené par la vie et aura vu disparaître sa famille.

On sent l'immense amour de Salman Rushdie pour l'Inde, ce qui ne l'empêche d'en critiquer certains de ses aspects, notamment les dérives religieuses et politiques.
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Ne nous le cachons pas: Les Enfants de Minuit est un sacré pavé à ingurgiter. Dès la première page, le protagoniste Saleem Sinaï nous annonce : " J'ai été un avaleur de vie ; et pour me connaître, moi seul, il va vous falloir avaler également l'ensemble." C'est pour cela que nous nous retrouvons avec près de 500 pages - police de caractère très petite - dans les mains. Et comme tout pavé littéraire, soyons honnête, nous appréhendons la lecture de ce dernier. En tout cas, je l'ai fortement appréhendé, pensant que je ne le finirai jamais. Dans ce cas de figure, deux solutions se sont offertes à moi ; soit on va à la guerre : "je finirai ce livre coûte que coûte!", soit on espère être emporté dès le départ dans l'univers du narrateur qui nous accompagnera dans la longue et éprouvante quête du point final.

Dès les premières lignes, je me retrouve dans la deuxième solution. le narrateur vous capture, vous invite dans ses interrogations intimes d'écrivain (car le narrateur écrit sa propre vie) et vous fait plonger immédiatement dans la période indépendantiste indienne, puis dans l'Inde contemporaine du narrateur, pour ensuite vous retrouver une trentaine d'années avant cette indépendance. Et tout ceci en une page... Bref, vous vous retrouvez dans une sorte de tunnel temporel dans lequel vous êtes étrangement à l'aise. Tout est fluide, logique, vous n'êtes jamais perdu. Bien que profane de l'écriture, je devine que c'est une énorme prouesse que réussit là Salman Rushdie. Passé, futur, et le présent s'entremêlent pour ce conte fantastique/récit politique, ce que la quatrième de couverture qualifie de "saga baroque et burlesque [...] pamphlet politique impitoyable".

Je vais être honnête: le pamphlet politique ne m'a pas vraiment plu. J'émets une certaine nuance car, même s'il m'a été difficile de comprendre de quoi parlait Saleem - notamment lorsqu'il évoque les différents partis et courants politiques qui se succèdent au fils des ans et des indépendances revendiquées - ce récit politique est obligatoire. le conte fantastique ne peut exister sans ce récit politique car les deux s'articulent nécessairement ensemble. de ce fait, le récit politique reste un élément clé du récit - qu'il nous intéresse ou non - et il ne peut donc pas être totalement déplaisant. C'est très bien joué de la part de Rushdie.

Allons donc au plus intéressant d'après moi: le conte fantastique. On peut parler de biographie de la famille Sinaï dans le premier livre, puis d'autobiographie de Saleem sur les deux derniers livres. (Oui, le roman est scindé en trois livres qui représente trois phases importantes de la vie de Saleem, bien que la première partie ne soit pas vraiment sa vie mais celles de ses aïeux. Mais, comme on le comprend très vite, tout est lié dans la vie de Saleem, rien n'existe aléatoirement et indépendamment du narrateur...) La vie de Saleem - racontée à travers les TROIS livres donc - est fantastique, on ne devrait d'ailleurs pas parler d'une seule et même vie, mais de vies multiples. (Preuve étant, le narrateur change parfois de nom...) Et tout s'articule très bien, tout est logique, on n'est jamais perdu. Ceci est du à une chose: la façon dont Rushdie arrive à développer les personnages secondaires afin d'étoffer et nous permettre de mieux comprendre la vie de Saleem Sinaï. Par cet excellent tour de force, Rushdie nous oblige à nous identifier au personnage et c'est grâce à cela que tout semble logique et coule de source. Il faut bien le préciser : Saleem nous conte sa vie, mais pour y arriver il doit nous conter la vie des autres. Et les autres sont sa famille, ses amis, les voisins, les indiens, les pakistanais, les apatrides, les illusionnistes, les animaux, les lieux, etc... En d'autres termes : pour comprendre Saleem, il nous faut comprendre le monde. "Rien que ça!" me diriez-vous. Et pourtant, c'est réussi.

Pour conclure, j'en reviens à ce que j'écrivais un peu plus haut: c'est effectivement un gros pavé littéraire, ce qu'on appelle un "roman-fleuve". Mais lorsque l'on sait qu'il contient plus de 60 années d'Histoire de 3 pays distincts, les vies de mille et une personnes, un arbre généalogique bien fourni et des péripéties à rendre jaloux Jamal Malik de Slumdog Millionaire, on se dit que "presque 500 pages" ce n'est finalement rien... Croyez-le ou non, mais je l'ai fini... et j'ai apprécié cette longue et agréable quête du point final.
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